[63] LXIII (114d) Τὸ μὲν οὖν ταῦτα διισχυρίσασθαι οὕτως ἔχειν ὡς ἐγὼ διελήλυθα,
οὐ πρέπει νοῦν ἔχοντι ἀνδρί· ὅτι μέντοι ἢ ταῦτ᾽ ἐστὶν ἢ τοιαῦτ᾽ ἄττα περὶ τὰς
ψυχὰς ἡμῶν καὶ τὰς οἰκήσεις, ἐπείπερ ἀθάνατόν γε ἡ ψυχὴ φαίνεται οὖσα,
τοῦτο καὶ πρέπειν μοι δοκεῖ καὶ ἄξιον κινδυνεῦσαι οἰομένῳ οὕτως ἔχειν -
καλὸς γὰρ ὁ κίνδυνος - καὶ χρὴ τὰ τοιαῦτα ὥσπερ ἐπᾴδειν ἑαυτῷ, διὸ δὴ
ἔγωγε καὶ πάλαι μηκύνω τὸν μῦθον. Ἀλλὰ τούτων δὴ ἕνεκα θαρρεῖν χρὴ
περὶ τῇ ἑαυτοῦ ψυχῇ (114e) ἄνδρα ὅστις ἐν τῷ βίῳ τὰς μὲν ἄλλας ἡδονὰς τὰς
περὶ τὸ σῶμα καὶ τοὺς κόσμους εἴασε χαίρειν, ὡς ἀλλοτρίους τε ὄντας, καὶ
πλέον θάτερον ἡγησάμενος ἀπεργάζεσθαι, τὰς δὲ περὶ τὸ μανθάνειν
ἐσπούδασέ τε καὶ κοσμήσας τὴν ψυχὴν οὐκ ἀλλοτρίῳ ἀλλὰ τῷ αὐτῆς
κόσμῳ, σωφροσύνῃ τε καὶ (115a) δικαιοσύνῃ καὶ ἀνδρείᾳ καὶ ἐλευθερίᾳ καὶ
ἀληθείᾳ, οὕτω περιμένει τὴν εἰς Ἅιδου πορείαν (ὡς πορευσόμενος ὅταν ἡ
εἱμαρμένη καλῇ). Ὑμεῖς μὲν οὖν, ἔφη, ὦ Σιμμία τε καὶ Κέβης καὶ οἱ ἄλλοι, εἰς
αὖθις ἔν τινι χρόνῳ ἕκαστοι πορεύσεσθε· ἐμὲ δὲ νῦν ἤδη καλεῖ, φαίη ἂν ἀνὴρ
τραγικός, ἡ εἱμαρμένη, καὶ σχεδόν τί μοι ὥρα τραπέσθαι πρὸς τὸ λουτρόν·
δοκεῖ γὰρ δὴ βέλτιον εἶναι λουσάμενον πιεῖν τὸ φάρμακον καὶ μὴ πράγματα
ταῖς γυναιξὶ παρέχειν νεκρὸν λούειν. »
| [63] LXIII. — Soutenir que ces choses-là sont comme je les ai décrites ne convient pas à un
homme sensé ; cependant, qu’il en soit ainsi ou à peu près ainsi en ce qui concerne nos
âmes et leurs habitacles, il me paraît, puisque nous avons reconnu que l’âme est
immortelle, qu’il n’est pas outrecuidant de le soutenir, et, quand on le croit, que cela
vaut la peine d’en courir le risque, car le risque est beau ; et il faut se répéter cela à soi-
même, comme des paroles magiques. Voilà pourquoi j’ai insisté si longtemps sur ce
mythe. Ces raisons doivent rassurer sur son âme l’homme qui pendant sa vie a rejeté les
plaisirs et les ornements du corps, parce qu’il les jugeait étrangers à lui-même et plus
propres à faire du mal que du bien, et qui s’est adonné aux plaisirs de la science, et qui,
après avoir orné son âme, non d’une parure étrangère, mais de celle qui lui est propre,
j’entends la tempérance, la justice, le courage, la liberté, la vérité, attend en cet état son
départ pour l’Hadès, prêt à partir quand le destin l’appellera. Vous, Simmias et Cébès,
et les autres, ajouta-t-il, vous ferez plus tard ce voyage, chacun à votre tour et à votre
temps ; pour moi, c’est en cet instant que la destinée m’appelle, comme dirait un héros
de tragédie. C’est en effet à peu près l’heure pour moi d’aller au bain ; car je crois qu’il
vaut mieux prendre le bain avant de boire le poison et épargner aux femmes la peine de
laver un cadavre. »
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