[22] XXII - Ἆρ᾽ οὖν οὕτως ἔχει, ἔφη, ἡμῖν, ὦ Σιμμία; Εἰ μὲν ἔστιν ἃ θρυλοῦμεν ἀεί,
καλόν τέ τι καὶ ἀγαθὸν καὶ πᾶσα ἡ τοιαύτη οὐσία, καὶ ἐπὶ ταύτην τὰ ἐκ τῶν
αἰσθήσεων πάντα ἀναφέρομεν, (76e) ὑπάρχουσαν πρότερον ἀνευρίσκοντες
ἡμετέραν οὖσαν, καὶ ταῦτα ἐκείνῃ ἀπεικάζομεν, ἀναγκαῖον, οὕτως ὥσπερ
καὶ ταῦτα ἔστιν, οὕτως καὶ τὴν ἡμετέραν ψυχὴν εἶναι καὶ πρὶν γεγονέναι
ἡμᾶς· εἰ δὲ μὴ ἔστι ταῦτα, ἄλλως ἂν ὁ λόγος οὗτος εἰρημένος εἴη; ἆ-Ἆρ᾽
οὕτως ἔχει, καὶ ἴση ἀνάγκη ταῦτά τε εἶναι καὶ τὰς ἡμετέρας ψυχὰς πρὶν καὶ
ἡμᾶς γεγονέναι, καὶ εἰ μὴ ταῦτα, οὐδὲ τάδε;
- Ὑπερφυῶς, ὦ Σώκρατες, ἔφη ὁ Σιμμίας, δοκεῖ μοι ἡ αὐτὴ ἀνάγκη εἶναι, καὶ
εἰς καλόν γε καταφεύγει ὁ λόγος εἰς (77a) τὸ ὁμοίως εἶναι τήν τε ψυχὴν ἡμῶν
πρὶν γενέσθαι ἡμᾶς καὶ τὴν οὐσίαν ἣν σὺ νῦν λέγεις. Οὐ γὰρ ἔχω ἔγωγε
οὐδὲν οὕτω μοι ἐναργὲς ὂν ὡς τοῦτο, τὸ πάντα τὰ τοιαῦτ᾽ εἶναι ὡς οἷόν τε
μάλιστα, καλόν τε καὶ ἀγαθὸν καὶ τἆλλα πάντα ἃ σὺ νυνδὴ ἔλεγες· καὶ
ἔμοιγε δοκεῖ ἱκανῶς ἀποδέδεικται.
- Τί δὲ δὴ Κέβητι; ἔφη ὁ Σωκράτης· δεῖ γὰρ καὶ Κέβητα πείθειν.
- Ἱκανῶς, ἔφη ὁ Σιμμίας, ὡς ἔγωγε οἶμαι· καίτοι καρτερώτατος ἀνθρώπων
ἐστὶν πρὸς τὸ ἀπιστεῖν τοῖς λόγοις. Ἀλλ᾽ οἶμαι οὐκ ἐνδεῶς τοῦτο πεπεῖσθαι
αὐτόν, ὅτι πρὶν γενέσθαι (77b) ἡμᾶς ἦν ἡμῶν ἡ ψυχή·
| [22] XXII. — Voici donc où nous en sommes, Simmias, reprit Socrate : si ces choses que nous
avons toujours à la bouche, le beau, le bien et toutes les essences de cette nature existent
réellement, si nous rapportons tout ce qui vient des sens à ces choses qui nous ont paru
exister avant nous et nous appartenir en propre, et, si nous le comparons à elles, il faut
nécessairement que, comme elles existent, notre âme existe aussi et antérieurement à
notre naissance ; si elles n’existent pas, notre raisonnement tombe à plat. N’en est-il pas
ainsi et n’est-ce pas une égale nécessité et que ces choses existent et que nos âmes aient
existé avant nous, et que, si celles-là n’existent pas, celles-ci n’existent pas non plus ?
— C’est merveilleusement exact, à mon avis, Socrate, dit Simmias : c’est vraiment la
même nécessité et ton argumentation a recours fort à propos à l’étroite liaison qu’il y a
entre l’existence de l’âme avant notre naissance et l’essence dont tu parles. Car je ne
vois rien de plus clair que ceci, c’est que le beau, le bien et toutes les autres choses de
même nature dont tu parlais tout à l’heure existent d’une existence aussi réelle que
possible. Et, pour ma part, je suis satisfait de la démonstration.
— Mais Cébès ? dit Socrate : car il faut aussi convaincre Cébès.
— Je pense, dit Simmias, qu’il est satisfait aussi, quoiqu’il soit le plus obstiné des
hommes à se méfier des raisonnements. Cependant je crois qu’il est suffisamment
persuadé que notre âme existait avant notre naissance.
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