[16] XVI - (71c) Τί οὖν; ἔφη, τῷ ζῆν ἐστί τι ἐναντίον, ὥσπερ τῷ ἐγρηγορέναι τὸ
καθεύδειν;
- Πάνυ μὲν οὖν, ἔφη.
- Τί;
- Τὸ τεθνάναι, ἔφη.
- Οὐκοῦν ἐξ ἀλλήλων τε γίγνεται ταῦτα, εἴπερ ἐναντία ἐστιν, καὶ αἱ γενέσεις
εἰσὶν αὐτοῖν μεταξὺ δύο δυοῖν ὄντοιν;
- Πῶς γὰρ οὔ;
- Τὴν μὲν τοίνυν ἑτέραν συζυγίαν ὧν νυνδὴ ἔλεγον ἐγώ σοι, ἔφη, ἐρῶ, ὁ
Σωκράτης, καὶ αὐτὴν καὶ τὰς γενέσεις· σὺ δέ μοι τὴν ἑτέραν. Λέγω δὲ τὸ μὲν
καθεύδειν, τὸ δὲ ἐγρηγορέναι, καὶ ἐκ τοῦ καθεύδειν τὸ ἐγρηγορέναι
γίγνεσθαι καὶ (71d) ἐκ τοῦ ἐγρηγορέναι τὸ καθεύδειν, καὶ τὰς γενέσεις αὐτοῖν
τὴν μὲν καταδαρθάνειν εἶναι, τὴν δ᾽ ἀνεγείρεσθαι. ἱκανῶς σοι, ἔφη, ἢ οὔ;
- Πάνυ μὲν οὖν.
- Λέγε δή μοι καὶ σύ, ἔφη, οὕτω περὶ ζωῆς καὶ θανάτου. Οὐκ ἐναντίον μὲν
φῂς τῷ ζῆν τὸ τεθνάναι εἶναι;
- Ἔγωγε.
- Γίγνεσθαι δὲ ἐξ ἀλλήλων;
- Ναί.
- Ἐξ οὖν τοῦ ζῶντος τί τὸ γιγνόμενον;
- Τὸ τεθνηκός, ἔφη.
- Τί δέ, ἦ δ᾽ ὅς, ἐκ τοῦ τεθνεῶτος;
- Ἀναγκαῖον, ἔφη, ὁμολογεῖν ὅτι τὸ ζῶν.
- Ἐκ τῶν τεθνεώτων ἄρα, ὦ Κέβης, τὰ ζῶντά τε καὶ οἱ ζῶντες γίγνονται;
- (71e) Φαίνεται, ἔφη.
- Εἰσὶν ἄρα, ἔφη, αἱ ψυχαὶ ἡμῶν ἐν Ἅιδου.
- Ἔοικεν.
- Οὐκοῦν καὶ τοῖν γενεσέοιν τοῖν περὶ ταῦτα ἥ γ᾽ ἑτέρα σαφὴς οὖσα
τυγχάνει; Τὸ γὰρ ἀποθνῄσκειν σαφὲς δήπου, ἢ οὔ;
- Πάνυ μὲν οὖν, ἔφη.
- Πῶς οὖν, ἦ δ᾽ ὅς, ποιήσομεν; Οὐκ ἀνταποδώσομεν τὴν ἐναντίαν γένεσιν,
ἀλλὰ ταύτῃ χωλὴ ἔσται ἡ φύσις; Ἢ ἀνάγκη ἀποδοῦναι τῷ ἀποθνῄσκειν
ἐναντίαν τινὰ γένεσιν;
- Πάντως που, ἔφη.
- Τίνα ταύτην;
- Τὸ ἀναβιώσκεσθαι.
- Οὐκοῦν, ἦ δ᾽ ὅς, εἴπερ ἔστι τὸ ἀναβιώσκεσθαι, ἐκ τῶν (72a) τεθνεώτων ἂν
εἴη γένεσις εἰς τοὺς ζῶντας αὕτη, τὸ ἀναβιώσκεσθαι;
- Πάνυ γε.
- Ὁμολογεῖται ἄρα ἡμῖν καὶ ταύτῃ τοὺς ζῶντας ἐκ τῶν τεθνεώτων γεγονέναι
οὐδὲν ἧττον ἢ τοὺς τεθνεῶτας ἐκ τῶν ζώντων, τούτου δὲ ὄντος ἱκανόν που
ἐδόκει τεκμήριον εἶναι ὅτι ἀναγκαῖον τὰς τῶν τεθνεώτων ψυχὰς εἶναί που,
ὅθεν δὴ πάλιν γίγνεσθαι.
- Δοκεῖ μοι, ἔφη, ὦ Σώκρατες, ἐκ τῶν ὡμολογημένων ἀναγκαῖον οὕτως ἔχειν.
| [16] XVI. — Et la vie, reprit Socrate, n’a-t-elle pas aussi un contraire, comme la veille a pour
contraire le sommeil ?
— Certainement, dit-il.
— Quel est-il ?
— La mort, répondit-il.
— Alors ces deux choses naissent l’une de l’autre, si elles sont contraires, et, comme elles
sont deux, il y a deux naissances entre elles ?
— Sans doute.
— Pour l’un des deux couples que je viens de mentionner, c’est moi, dit Socrate, qui vais
parler de lui et de ses générations ; c’est toi qui parleras de l’autre. Je rappelle donc que
l’un est le sommeil et l’autre la veille, et que du sommeil naît la veille, et de la veille le
sommeil, et que leurs naissances aboutissent pour l’une à s’endormir, pour l’autre à
s’éveiller. Trouves-tu cela suffisamment clair ?
— Très clair.
— A ton tour maintenant, reprit Socrate, d’en dire
autant de la vie et de la mort. N’admets-tu pas que le contraire de la vie, ce soit la mort ?
— Si.
— Et qu’elles naissent l’une de l’autre ?
— Si.
— Alors, de la vie, que naît-il ?
— La mort, répondit-il.
— Et de la mort ? reprit Socrate.
— Il faut, dit-il, avouer que c’est la vie.
— C’est donc des morts, Cébès, que naît ce qui a vie, choses et animaux ?
— Apparemment, dit-il.
— Dès lors, reprit Socrate, nos âmes existent dans l’Hadès ?
— Il semble.
— Or, des deux générations de ces contraires, il y en a une qui est facile à voir ; car il est
certainement facile de voir que l’on meurt, n’est-ce pas ?
— Assurément, dit-il.
— Que ferons-nous donc ? reprit Socrate. A cette génération n’opposerons-nous pas la
génération contraire, et la nature est-elle boiteuse de ce côté-là ? ou faut-il opposer à
mourir une génération contraire ?
— Il le faut absolument, dit-il.
— Quelle est cette génération ?
— C’est revivre.
— Dès lors, reprit Socrate, si revivre existe, revivre, c’est une génération qui va des
morts aux vivants ?
— Oui.
— Nous convenons donc par là aussi que les vivants naissent des morts, tout comme les
morts des vivants. Cela étant, j’ai cru y trouver une preuve suffisante que les âmes des
morts existent forcément quelque part, d’où elles reviennent à la vie.
— Il me semble, Socrate, repartit Cébès, que c’est une conséquence forcée des principes
dont nous sommes tombés d’accord.
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