[15] XV - Σκεψώμεθα δὲ αὐτὸ τῇδέ πῃ, εἴτ᾽ ἄρα ἐν Ἅιδου εἰσὶν αἱ ψυχαὶ
τελευτησάντων τῶν ἀνθρώπων εἴτε καὶ οὔ. Παλαιὸς μὲν οὖν ἔστι τις λόγος
οὗ μεμνήμεθα, ὡς εἰσὶν ἐνθένδε ἀφικόμεναι ἐκεῖ, καὶ πάλιν γε δεῦρο
ἀφικνοῦνται καὶ γίγνονται ἐκ τῶν τεθνεώτων· καὶ εἰ τοῦθ᾽ οὕτως ἔχει, πάλιν
γίγνεσθαι ἐκ τῶν ἀποθανόντων τοὺς ζῶντας, ἄλλο τι ἢ εἶεν (70d) ἂν αἱ ψυχαὶ
ἡμῶν ἐκεῖ; Οὐ γὰρ ἄν που πάλιν ἐγίγνοντο μὴ οὖσαι, καὶ τοῦτο ἱκανὸν
τεκμήριον τοῦ ταῦτ᾽ εἶναι, εἰ τῷ ὄντι φανερὸν γίγνοιτο ὅτι οὐδαμόθεν
ἄλλοθεν γίγνονται οἱ ζῶντες ἢ ἐκ τῶν τεθνεώτων· εἰ δὲ μὴ ἔστι τοῦτο, ἄλλου
ἄν του δέοι λόγου.
- Πάνυ μὲν οὖν, ἔφη ὁ Κέβης.
- Μὴ τοίνυν κατ᾽ ἀνθρώπων, ἦ δ᾽ ὅς, σκόπει μόνον τοῦτο, εἰ βούλει ῥᾷον
μαθεῖν, ἀλλὰ καὶ κατὰ ζῴων πάντων καὶ φυτῶν, καὶ συλλήβδην ὅσαπερ ἔχει
γένεσιν περὶ πάντων (70e) ἴδωμεν ἆρ᾽ οὑτωσὶ γίγνεται πάντα, οὐκ ἄλλοθεν ἢ
ἐκ τῶν ἐναντίων τὰ ἐναντία, ὅσοις τυγχάνει ὂν τοιοῦτόν τι, οἷον τὸ καλὸν τῷ
αἰσχρῷ ἐναντίον που καὶ δίκαιον ἀδίκῳ, καὶ ἄλλα δὴ μυρία οὕτως ἔχει.
Τοῦτο οὖν σκεψώμεθα, ἆρα ἀναγκαῖον ὅσοις ἔστι τι ἐναντίον, μηδαμόθεν
ἄλλοθεν αὐτὸ γίγνεσθαι ἢ ἐκ τοῦ αὐτῷ ἐναντίου. Οἷον ὅταν μεῖζόν τι
γίγνηται, ἀνάγκη που ἐξ ἐλάττονος ὄντος πρότερον ἔπειτα μεῖζον γίγνεσθαι;
- Ναί.
- Οὐκοῦν κἂν ἔλαττον γίγνηται, ἐκ μείζονος ὄντος πρότερον (71a) ὕστερον
ἔλαττον γενήσεται;
- Ἔστιν οὕτω, ἔφη.
- Καὶ μὴν ἐξ ἰσχυροτέρου γε τὸ ἀσθενέστερον καὶ ἐκ βραδυτέρου τὸ θᾶττον;
- Πάνυ γε.
- Τί δέ; Ἄν τι χεῖρον γίγνηται, οὐκ ἐξ ἀμείνονος, καὶ ἂν δικαιότερον, ἐξ
ἀδικωτέρου;
- Πῶς γὰρ οὔ;
- Ἱκανῶς οὖν, ἔφη, ἔχομεν τοῦτο, ὅτι πάντα οὕτω γίγνεται, ἐξ ἐναντίων τὰ
ἐναντία πράγματα;
- Πάνυ γε.
- Τί δ᾽ αὖ; Ἔστι τι καὶ τοιόνδε ἐν αὐτοῖς, οἷον μεταξὺ ἀμφοτέρων πάντων τῶν
ἐναντίων δυοῖν ὄντοιν δύο γενέσεις, (71b) ἀπὸ μὲν τοῦ ἑτέρου ἐπὶ τὸ ἕτερον,
ἀπὸ δ᾽ αὖ τοῦ ἑτέρου πάλιν ἐπὶ τὸ ἕτερον· μείζονος μὲν πράγματος καὶ
ἐλάττονος μεταξὺ αὔξησις καὶ φθίσις, καὶ καλοῦμεν οὕτω τὸ μὲν
αὐξάνεσθαι, τὸ δὲ φθίνειν;
- Ναί, ἔφη.
- Οὐκοῦν καὶ διακρίνεσθαι καὶ συγκρίνεσθαι, καὶ ψύχεσθαι καὶ
θερμαίνεσθαι, καὶ πάντα οὕτω, κἂν εἰ μὴ χρώμεθα τοῖς ὀνόμασιν ἐνιαχοῦ,
ἀλλ᾽ ἔργῳ γοῦν πανταχοῦ οὕτως ἔχειν ἀναγκαῖον, γίγνεσθαί τε αὐτὰ ἐξ
ἀλλήλων γένεσίν τε εἶναι ἑκατέρου εἰς ἄλληλα;
- Πάνυ μὲν οὖν, ἦ δ᾽ ὅς.
| [15] XV. — Pour l’examiner, demandons-nous si les âmes des hommes qui sont morts sont
dans l’Hadès ou non. Une ancienne tradition, qui me revient en mémoire, veut que les
âmes existent là-bas, où elles sont venues d’ici, et qu’elles reviennent ici et naissent des
morts. Et s’il en est ainsi, si les vivants renaissent des morts, il faut en conclure que nos
âmes sont là-bas ; car elles ne sauraient renaître, si elles n’existaient pas, et leur
existence nous sera suffisamment prouvée, si nous voyons clairement que les vivants ne
naissent que des morts. Si cela n’est pas, il nous faudra chercher une autre preuve.
— Parfaitement, dit Cébès.
— Maintenant, reprit Socrate, ne borne pas ton enquête aux hommes, si tu veux
découvrir plus aisément la vérité ; étends-la à tous les animaux et aux plantes, bref à
tout ce qui a naissance et voyons, en considérant tout cela, s’il est vrai qu’aucune chose
ne saurait naître que de son contraire, quand elle a un contraire, comme par exemple le
beau qui a pour contraire le laid, le juste, l’injuste, et ainsi de mille autres choses.
Voyons donc si c’est une nécessité que tout ce qui a un contraire ne naisse d’aucune
autre chose que de ce contraire, par exemple, s’il faut de toute nécessité, quand une
chose devient plus grande, qu’elle ait été plus petite avant de devenir plus grande.
— Oui.
— Et si elle devient plus petite, qu’elle ait été plus grande pour devenir ensuite plus
petite.
— C’est bien cela, dit-il.
— Et de même le plus faible vient du plus fort, et le plus vite du plus lent.
— Cela est certain.
— Et si une chose devient pire, n’est-ce pas de meilleure qu’elle était, et si elle devient
plus juste, de plus injuste ?
— Sans doute.
— Alors, dit Socrate, nous tenons pour suffisamment
prouvé que toutes les choses naissent de cette manière, c’est-à-dire de leurs contraires ?
— Oui.
— Autre question : n’y a-t-il pas ici, entre tous ces couples de contraires, une double
naissance, l’une qui tire l’un des deux contraires de l’autre, et l’autre qui tire celui-ci du
premier ? Entre une chose plus grande et une plus petite il y a accroissement et
diminution et nous disons que l’une croît et que l’autre décroît.
— Oui, dit-il.
— N’en est-il pas de même de ce que nous appelons se décomposer et se combiner, se
refroidir et s’échauffer, et ainsi de tout ? Et si parfois les mots nous font défaut, en fait
du moins, c’est toujours une nécessité qu’il en soit ainsi, que les contraires naissent les
uns des autres et qu’il y ait génération de l’un des deux à l’autre.
— Certainement, dit-il.
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