HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Le Banquet

Page 183

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[183] (183a) βουλόμενος διαπράξασθαι πλὴν τοῦτο, πλὴν φιλοσοφίας, τὰ μέγιστα καρποῖτἂν ὀνείδη· εἰ γὰρ χρήματα βουλόμενος παρά του λαβεῖν ἀρχὴν ἄρξαι τινα ἄλλην δύναμιν ἐθέλοι ποιεῖν οἷάπερ οἱ ἐρασταὶ πρὸς τὰ παιδικά, ἱκετείας τε καὶ ἀντιβολήσεις ἐν ταῖς δεήσεσιν ποιούμενοι, καὶ ὅρκους ὀμνύντες, καὶ κοιμήσεις ἐπὶ θύραις, καὶ ἐθέλοντες δουλείας δουλεύειν οἵας οὐδἂν δοῦλος οὐδείς, ἐμποδίζοιτο ἂν μὴ πράττειν οὕτω τὴν πρᾶξιν καὶ ὑπὸ φίλων καὶ ὑπὸ ἐχθρῶν, (183b) τῶν μὲν ὀνειδιζόντων κολακείας καὶ ἀνελευθερίας, τῶν δὲ νουθετούντων καὶ αἰσχυνομένων ὑπὲρ αὐτοῦ· τῷ δἐρῶντι πάντα ταῦτα ποιοῦντι χάρις ἕπεται, καὶ δέδοται ὑπὸ τοῦ νόμου ἄνευ ὀνείδους πράττειν, ὡς πάγκαλόν τι πρᾶγμα διαπραττομένου· δὲ δεινότατον, ὥς γε λέγουσιν οἱ πολλοί, ὅτι καὶ ὀμνύντι μόνῳ συγγνώμη παρὰ θεῶν ἐκβάντι τῶν ὅρκων· ἀφροδίσιον γὰρ ὅρκον οὔ φασιν εἶναι· οὕτω (183c) καὶ οἱ θεοὶ καὶ οἱ ἄνθρωποι πᾶσαν ἐξουσίαν πεποιήκασι τῷ ἐρῶντι, ὡς νόμος φησὶν ἐνθάδε· ταύτῃ μὲν οὖν οἰηθείη ἄν τις πάγκαλον νομίζεσθαι ἐν τῇδε τῇ πόλει καὶ τὸ ἐρᾶν καὶ τὸ φίλους γίγνεσθαι τοῖς ἐρασταῖς. ἐπειδὰν δὲ παιδαγωγοὺς ἐπιστήσαντες οἱ πατέρες τοῖς ἐρωμένοις μὴ ἐῶσι διαλέγεσθαι τοῖς ἐρασταῖς, καὶ τῷ παιδαγωγῷ ταῦτα προστεταγμένα , ἡλικιῶται δὲ καὶ ἑταῖροι ὀνειδίζωσιν ἐάν τι ὁρῶσιν τοιοῦτον γιγνόμενον, καὶ τοὺς ὀνειδίζοντας αὖ οἱ (183d) πρεσβύτεροι μὴ διακωλύωσι μηδὲ λοιδορῶσιν ὡς οὐκ ὀρθῶς λέγοντας, εἰς δὲ ταῦτά τις αὖ βλέψας ἡγήσαιτἂν πάλιν αἴσχιστον τὸ τοιοῦτον ἐνθάδε νομίζεσθαι. τὸ δὲ, οἶμαι, ὧδἔχει· οὐχ ἁπλοῦν ἐστιν, ὅπερ ἐξ ἀρχῆς ἐλέχθη, οὔτε καλὸν εἶναι αὐτὸ καθαὑτὸ οὔτε αἰσχρόν, ἀλλὰ καλῶς μὲν πραττόμενον καλόν, αἰσχρῶς δὲ αἰσχρόν. αἰσχρῶς μὲν οὖν ἐστὶ πονηρῷ τε καὶ πονηρῶς χαρίζεσθαι, καλῶς δὲ χρηστῷ τε καὶ καλῶς. πονηρὸς δἐστὶν ἐκεῖνος ἐραστὴς πάνδημος, (183e) τοῦ σώματος μᾶλλον τῆς ψυχῆς ἐρῶν· καὶ γὰρ οὐδὲ μόνιμός ἐστιν, ἅτε οὐ μονίμου ἐρῶν πράγματος. ἅμα γὰρ τῷ τοῦ σώματος ἄνθει λήγοντι, οὗπερ ἤρα, οἴχεται ἀποπτάμενος, πολλοὺς λόγους καὶ ὑποσχέσεις καταισχύνας· δὲ τοῦ ἤθους χρηστοῦ ὄντος ἐραστὴς διὰ βίου μένει, τε μονίμῳ συντακείς. τούτους δὴ βούλεται [183] si l'on voulait poursuivre et réaliser tout autre dessein, sans encourir les reproches les plus graves de la philosophie — si en effet un homme consentait, en vue de recevoir de l'argent de quelqu'un ou d'obtenir une magistrature ou quelque autre place, à faire ce que font les amants pour l'objet aimé, quand ils appuient leurs prières de supplications et d'objurgations, font des serments, couchent aux portes, descendent à une servilité qui répugnerait même à un esclave, il serait empêché d'agir ainsi et par ses amis et par ses ennemis, les uns lui reprochant ses adulations et ses bassesses, les autres l'admonestant et rougissant pour lui, tandis qu'au contraire on passe à l'amant toutes ces extravagances et que la loi lui permet de les commettre sans honte, comme s'il faisait quelque chose d'irréprochable; et, ce qu'il y a de plus fort, c'est que, selon le dicton populaire, seul le parjure d'un amant obtient grâce devant les dieux, car on dit qu'un serment d'amour n'engage pas ; c'est ainsi que les dieux et les hommes donnent à l'amant toute licence, comme l'atteste la loi d'Athènes — si, dis-je, on fait réflexion sur tout cela, on sera conduit à penser qu'il est parfaitement honorable dans cette ville et d'aimer et de payer d'amitié qui nous aime. Mais en revanche, quand on voit les pères mettre les garçons qu'on poursuit sous la surveillance de pédagogues, défendre à ces enfants de parler à leurs amants et prescrire aux pédagogues de faire observer cette défense ; quand on voit, d'autre part, que les garçons de leur âge et leurs camarades, lorsqu'ils les voient nouer de telles relations, leur en font honte, et que les vieillards, de leur côté, ne s'opposent pas à ces taquineries, n'en blâment pas les auteurs et ne leur trouvent point de tort, quand on considère, dis-je, ces procédés, on pourrait croire au contraire que l'amour des garçons passe ici pour une chose infamante. Voici ce qui en est, à mon avis. L'amour n'est pas une chose simple. J'ai dit en commençant qu'il n'était de soi ni beau ni laid, mais que, pratiqué honnêtement, il était beau, malhonnêtement, laid. Or c'est le pratiquer malhonnêtement que d'accorder ses faveurs à un homme mauvais ou pour de mauvais motifs; honnêtement de les accorder à un homme de bien ou pour des motifs honorables. J'appelle mauvais l'amant populaire qui aime le corps plus que l'âme; car son amour n'est pas durable, puisqu'il s'attache à une chose sans durée, et quand la fleur de la beauté qu'il aimait s'est fanée, «il s'envole et disparaît», trahissant ses discours et ses promesses, tandis que l'amant d'une belle âme reste fidèle toute sa vie, parce qu'il s'est uni à une chose durable.


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Dernière mise à jour : 14/04/2005