[6,11] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΑ'. Βασιλέων Μακεδόνων ἀνδριάντες
καὶ ἄλλων. Θεαγένους ἀνδριάντες πολλαχοῦ τῆς Ἑλλάδος, καὶ
παρὰ Βαρβάροις.(1) Ἐφεξῆς τούτων ἀναθήματά ἐστιν Ἠλείων,
Φίλιππος ὁ Ἀμύντου, καὶ Ἀλέξανδρος ὁ Φιλίππου, καὶ Σέλευκός τε
καὶ Ἀντίγονος· τοῖς μὲν δὴ ἐφ' ἵππων, Ἀντιγόνῳ δὲ ἀνὴρ πεζός ἐστιν
ἡ εἰκών. (2) Τῶν δὲ βασιλέων τῶν εἰρημένων ἕστηκεν οὐ πόρρω
Θεαγένης ὁ Τιμοσθένους Θάσιος. Θάσιοι δὲ οὐ Τιμοσθένους παῖδα
εἶναι Θεαγένην φασίν, ἀλλὰ ἱερᾶσθαι μὲν Ἡρακλεῖ τὸν Τιμοσθένην
Θασίῳ, τοῦ Θεαγένους δὲ τῇ μητρὶ Ἡρακλέους συγγενέσθαι φάσμα
ἐοικὸς Τιμοσθένει. Ἔνατόν τε δὴ ἔτος εἶναι τῷ παιδὶ, καὶ αὐτὸν ἀπὸ
τῶν διδασκάλων φασὶν ἐς τὴν οἰκίαν ἐρχόμενον, ἄγαλμα ὅτου δὴ
θεῶν ἀνακείμενον ἐν τῇ ἀγορᾷ χαλκοῦν (χαίρειν γὰρ τῷ ἀγάλματι
αὐτόν) ἀνασπάσαι τε δὴ τὸ ἄγαλμα, καὶ ἐπὶ τὸν ἕτερον τῶν ὤμων
ἀναθέμενον ἐνεγκεῖν παρ' αὑτόν. (3) Ἐχόντων δὲ ὀργὴν ἐς αὐτὸν ἐπὶ
τῷ πεποιημένῳ τῶν πολιτῶν, ἀνήρ τις αὐτῶν δόκιμος καὶ ἡλικίᾳ
προήκων ἀποκτεῖναι μὲν σφᾶς τὸν παῖδα οὐκ ἐᾷ, ἐκεῖνον δὲ
ἐκέλευσεν ἐκ τῆς οἰκίας αὖθις κομίσαι τὸ ἄγαλμα ἐς τὴν ἀγοράν. Ὡς
δὲ ἤνεγκε, μέγα αὐτίκα ἦν κλέος τοῦ παιδὸς ἐπὶ ἰσχύι, καὶ τὸ ἔργον
ἀνὰ πᾶσαν ἐβεβόητο τὴν Ἑλλάδα. (4) Ὅσα μὲν δὴ ἔργων τῶν
Θεαγένους ἐς τὸν ἀγῶνα ἥκει τὸν Ὀλυμπικόν, προεδήλωσεν ὁ λόγος
ἤδη μοι τὰ δοκιμώτατα ἐξ αὐτῶν, Εὔθυμόν τε ὡς κατεμαχέσατο τὸν
πύκτην, καὶ ὡς ὑπὸ Ἠλείων ἐπεβλήθη τῷ Θεαγένει ζημία. Τότε μὲν
δὴ τοῦ παγκρατίου τὴν νίκην ἀνὴρ ἐκ Μαντινείας Δρομεὺς ὄνομα,
πρῶτος ὧν ἴσμεν ἀκονιτὶ λέγεται λαβεῖν· τὴν δὲ ὀλυμπιάδα τὴν ἐπὶ
ταύτῃ παγκρατιάζων ὁ Θεαγένης ἐκράτει. (5) Γεγόνασι δὲ αὐτῷ καὶ
Πυθοῖ νῖκαι τρεῖς, αὗται μὲν ἐπὶ πυγμῇ, Νεμείων δὲ ἐννέα, καὶ
Ἰσθμίων δέκα παγκρατίου τε ἀναμὶξ καὶ πυγμῆς. Ἐν Φθίᾳ δὲ τῇ
Θεσσαλῶν, πυγμῆς μὲν ἢ παγκρατίου παρῆκε τὴν σπουδήν,
ἐφρόντιζε δὲ, ὅπως καὶ ἐπὶ δρόμῳ ἐμφανὴς ἐν Ἕλλησιν εἴη, καὶ τοὺς
ἐσελθόντας ἐς τὸν δόλιχον ἐκράτησεν. Ἦν δέ οἱ πρὸς Ἀχιλλέα (ἐμοὶ
δοκεῖν) τὸ φιλοτίμημα, ἐν πατρίδι τοῦ ὠκίστου τῶν καλουμένων
ἡρώων ἀνελέσθαι δρόμου νίκην. Τοὺς δὲ σύμπαντας στεφάνους
τετρακοσίους τε ἔσχε καὶ χιλίους. (6) Ὡς δὲ ἀπῆλθεν ἐξ ἀνθρώπων,
ἀνὴρ τῶν τις ἀπηχθημένων ζῶντι αὐτῷ, παρεγίνετο ἀνὰ πᾶσαν
νύκτα ἐπὶ τοῦ Θεαγένους τὴν εἰκόνα, καὶ ἐμαστίγου τὸν χαλκὸν ἅτε
αὐτῷ Θεαγένει λυμαινόμενος. Καὶ τὸν μὲν ὁ ἀνδριὰς ἐμπεσὼν
ὕβρεως παύει· τοῦ ἀνθρώπου δὲ τοῦ ἀποθανόντος οἱ παῖδες τῇ εἰκόνι
ἐπεξῄεσαν φόνου. Καὶ οἱ Θάσιοι καταποντοῦσι τὴν εἰκόνα,
ἐπακολουθήσαντες γνώμῃ τῇ Δράκοντος, ὃς Ἀθηναίοις θεσμοὺς
γράψας φονικοὺς, ὑπερώρισε καὶ τὰ ἄψυχα, εἴγε ἐμπεσόν τι ἐξ αὐτῶν
ἀποκτείνειεν ἄνθρωπον. (7) Ἀνὰ χρόνον δέ, ὡς τοῖς Θασίοις οὐδένα
ἀπεδίδου καρπὸν ἡ γῆ, θεωροὺς ἀποστέλλουσιν ἐς Δελφούς, καὶ
αὐτοῖς ἔχρησεν ὁ θεὸς καταδέχεσθαι τοὺς δεδιωγμένους. Καὶ οἱ μὲν
ἐπὶ τῷ λόγῳ τούτῳ καταδεχθέντες, οὐδὲν τῆς ἀκαρπίας παρείχοντο
ἴαμα. Δεύτερα οὖν ἐπὶ τὴν Πυθίαν ἔρχονται, λέγοντες ὡς καὶ
ποιήσασιν αὐτοῖς τὰ χρησθέντα διαμένοι τὸ ἐκ τῶν θεῶν μήνιμα. (8)
Ἐνταῦθα ἀπεκρίνατό σφισιν ἡ Πυθία·Θεαγένην δ' ἄμνηστον
ἀφήκατε τὸν μέγαν ὑμέων. Ἀπορούντων δὲ αὐτῶν, ὁποίᾳ μηχανῇ τοῦ
Θεαγένους τὴν εἰκόνα ἀνασώσωνται, φασὶν ἁλιέας ἀναχθέντας ἐς τὸ
πέλαγος ἐπὶ ἰχθύων θήραν, περισχεῖν τῷ δικτύῳ τὴν εἰκόνα, καὶ
ἀνενεγκεῖν αὖθις ἐς τὴν γῆν. Θάσιοι δὲ ἀναθέντες, ἔνθα καὶ ἐξ ἀρχῆς
ἔκειτο, νομίζουσιν ἅτε θεῷ θύειν. (9) Πολλαχοῦ δὲ καὶ ἑτέρωθι ἔν τε
Ἕλλησιν οἶδα καὶ παρὰ βαρβάροις ἀγάλματα ἱδρυμένα Θεαγένους,
καὶ νοσήματά τε αὐτὸν ἰώμενον, καὶ ἔχοντα παρὰ τῶν ἐπιχωρίων
τιμάς. Ὁ δὲ ἀνδριὰς τοῦ Θεαγένους ἐστὶν ἐν τῇ Ἄλτει, τέχνη τοῦ
Αἰγινήτου Γλαυκίου.
| [6,11] CHAPITRE XI. Statues des rois de Macédoine et d'autres. Statues de Théagène
dans plusieurs villes de la Grèce et chez les barbares.Vous voyez après ces
statues celles de Philippe, fils d'Amyntas; d'Alexandre, fils de Philippe; de
Séleucus et d'Antigone, qui ont toutes été érigées par les Éléens; les autres
sont à cheval, mais celle d'Antigone est à pied : on voit à peu de distance de
ces rois celle de Théagène de Thase, fils de Timosthène. Les Thasiens disent
que Timosthène n'était pas son père, et qu'Hercule Thasien, dont il était
prêtre, prit sa ressemblance et eut commerce avec la mère de Théagène. On
dit qu'à neuf ans, revenant de l'école, il vit sur la place publique une statue
en bronze, de je ne sais quelle divinité, qui lui plut fort; il l'enleva de son
piédestal, et rayant mise sur une de ses épaules, il l'emporta chez lui. Cette
action ayant irrité contre lui la multitude, un personnage marquant et d'un
âge avancé, empêcha qu'il ne fût tué, et lui ordonna de reporter cette statue
de sa maison sur la place publique. Théagène l'ayant reportée, acquit sur le
champ une grande célébrité par sa force, et le bruit de cette action se
répandit dans toute la Grèce. J'ai déjà parlé des principaux triomphes qu'il
obtint aux jeux olympiques, comment il vainquit Euthymus au pugilat, et
comment il fut condamné à ramende par les Éléens. Alors il arriva que le
prix du pancrace fut adjugé à Droméus de Mantinée, le premier à notre
connaissance, qui passe pour l'avoir remporté sans combattre. L'olympiade
suivante, Théagène fut vainqueur au pentathle. Il remporta trois prix au
pugilat dans les jeux pythiques; il en eut soit au pancrace, soit au pugilat,
neuf à Némée, et dix dans l'Isthme; mais à Phthie, dans la Thessalie, il
renonça à ces deux exercices, et ne songea qu'à se rendre célèbre à la course
parmi les Grecs. Il obtint le prix du dolichus, ce qu'il fit, à ce que je pense,
pour rivaliser avec Achille, voulant remporter le prix de la course dans la
patrie du plus vaillant de ceux qu'an nomme héros. Il obtint en tout
quatorze, cents couronnes.
Lorsqu'il eut terminé ses jours, un de ceux qui avaient été ses ennemis
durant sa vie, allait toutes les nuits à sa statue et la frappait de verges,
comme si Théagène avait crû sentir les coups qu'il donnait au bronze; mais
cette insulte ne resta pas impunie, et cette statue le tua en tombant sur lui.
Les enfants du mort attaquèrent en justice la statue, comme coupable de
meurtre, d'après une loi de Dracon, qui, dans celles qu'il a données aux
Athéniens sur les meurtres, a ordonné qu'on portât hors des frontières, les
choses même inanimées, qui, en tombant, ôteraient la vie à un homme. Les
Thasiens jetèrent la statue de Théagène dans la mer. Depuis ce temps,
comme leur pays ne produisait aucun fruit, ils envoyèrent des députés à
Delphes, et l'oracle leur ordonna de rappeler les exilés : ils les rappelèrent,
mais la stérilité ne cessa pas pour cela. Ils allèrent donc une seconde fois
vers la Pythie, et lui dirent que quoiqu'ils eussent fait ce qui leur avait été
ordonné, la colère des dieux durait toujours. Alors elle leur répondit: Vous
avez laissé dans l'oubli Théagène, le plus grand de vos concitoyens. Comme ils
étaient très embarrassés sur les moyens de retrouver la statue de Théagène,
on dit que des pêcheurs s'étant avancés dans la mer pour chercher des
poissons, ramenèrent dans leurs filets et la reportèrent ensuite à terre. Les
Thasiens qui font replacée dans l'endroit ù elle était primitivement, lui
offrent des sacrifices comme à une divinité. Je sais qu'on a érigé à Théagène
des statues dans beaucoup d'autres endroits de la Grèce, et même chez des
peuples barbares : les gens de ces différents pays lui rendent un culte, et
croient qu'il procure la guérison aux malades. La statue qu'il a dans l'Altis,
est l'ouvrage de Glaucius d'Égine.
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