[2,18] (1) ἐκ Μυκηνῶν δὲ ἐς Ἄργος ἐρχομένοις ἐν ἀριστερᾷ Περσέως παρὰ τὴν ὁδόν ἐστιν ἡρῷον. ἔχει
μὲν δὴ καὶ ἐνταῦθα τιμὰς παρὰ τῶν προσχωρίων, μεγίστας δὲ ἔν τε Σερίφῳ καὶ παρ᾽ Ἀθηναίοις<, οἷς>
Περσέως τέμενος καὶ Δίκτυος καὶ Κλυμένης βωμὸς σωτήρων καλουμένων Περσέως. ἐν δὲ τῇ Ἀργείᾳ
προελθοῦσιν ὀλίγον ἀπὸ τοῦ ἡρῴου τούτου Θυέστου τάφος ἐστὶν ἐν δεξιᾷ· λίθου δὲ ἔπεστιν αὐτῷ κριός,
ὅτι τὴν ἄρνα ὁ Θυέστης ἔσχε τὴν χρυσῆν, μοιχεύσας τοῦ ἀδελφοῦ τὴν γυναῖκα. Ἀτρέα δὲ οὐκ ἐπέσχεν ὁ
λογισμὸς μετρῆσαι τὴν ἴσην, ἀλλὰ τῶν Θυέστου παίδων σφαγὰς καὶ τὰ ᾀδόμενα δεῖπνα ἐξειργάσατο.
(2) ὕστερον δὲ οὐκ ἔχω σαφὲς εἰπεῖν πότερον ἀδικίας ἦρξεν Αἴγισθος ἢ προϋπῆρξεν Ἀγαμέμνονι φόνος
Ταντάλου τοῦ Θυέστου· συνοικεῖν δέ φασιν αὐτὸν Κλυταιμνήστρᾳ παρθένῳ παρὰ Τυνδάρεω λαβόντα.
ἐγὼ δὲ καταγνῶναι μὲν οὐκ ἐθέλω φύσει σφᾶς γενέσθαι κακούς· εἰ δὲ ἐπὶ τοσοῦτον αὐτοῖς τὸ μίασμα
τὸ Πέλοπος καὶ ὁ Μυρτίλου προστρόπαιος ἠκολούθησε, τούτοις ἦν ἄρα ὁμολογοῦντα, ἡνίκα ἡ Πυθία
Γλαύκῳ τῷ Ἐπικύδους Σπαρτιάτῃ, βουλεύσαντι ἐπίορκα ὀμόσαι, καὶ τοῦδε εἶπεν ἐς τοὺς ἀπογόνους
κατιέναι τὴν δίκην.
(3) ἀπὸ δὲ τῶν Κριῶν—οὕτω γὰρ τοῦ Θυέστου τὸ μνῆμα ὀνομάζουσι—προελθοῦσιν ὀλίγον ἐστὶν ἐν
ἀριστερᾷ χωρίον Μυσία καὶ Δήμητρος Μυσίας ἱερὸν ἀπὸ ἀνδρὸς Μυσίου τὸ ὄνομα, γενομένου καὶ
τούτου, καθάπερ λέγουσιν Ἀργεῖοι, ξένου τῇ Δήμητρι. τούτῳ μὲν οὖν οὐκ ἔπεστιν ὄροφος· ἐν δὲ αὐτῷ
ναός ἐστιν ἄλλος ὀπτῆς πλίνθου, ξόανα δὲ Κόρης καὶ Πλούτωνος καὶ Δήμητρός ἐστι. προελθοῦσι δὲ
ποταμός ἐστιν Ἴναχος, καὶ διαβᾶσιν Ἡλίου βωμός. ἐντεῦθεν δὲ ἐπὶ πύλην ἥξεις καλουμένην ἀπὸ τοῦ
πλησίον ἱεροῦ· τὸ δὲ ἱερόν ἐστιν Εἰλειθυίας.
(4) μόνους δὲ Ἑλλήνων οἶδα Ἀργείους ἐς τρεῖς βασιλείας νεμηθέντας. ἐπὶ γὰρ τῆς ἀρχῆς τῆς
Ἀναξαγόρου τοῦ Ἀργείου τοῦ Μεγαπένθους μανία ταῖς γυναιξὶν ἐνέπεσεν, ἐκφοιτῶσαι δὲ ἐκ τῶν
οἰκιῶν ἐπλανῶντο ἀνὰ τὴν χώραν, ἐς ὃ Μελάμπους ὁ Ἀμυθάονος ἔπαυσε σφᾶς τῆς νόσου, ἐφ᾽ ᾧ τε
αὐτὸς καὶ ὁ ἀδελφὸς Βίας Ἀναξαγόρᾳ τὸ ἴσον ἕξουσιν. ἀπὸ μὲν δὴ Βίαντος βασιλεύουσι πέντε ἄνδρες
ἐπὶ γενεὰς τέσσαρας ἐς Κυάνιππον τὸν Αἰγιαλέως, ὄντες Νηλεῖδαι τὰ πρὸς μητρός, ἀπὸ δὲ
Μελάμποδος γενεαί τε ἓξ καὶ ἄνδρες ἴσοι μέχρις Ἀμφιλόχου τοῦ Ἀμφιαράου· (5) τὸ δὲ ἐγχώριον γένος οἱ
Ἀναξαγορίδαι βασιλεύουσι πλέον. Ἶφις μὲν γὰρ ὁ Ἀλέκτορος τοῦ Ἀναξαγόρου Σθενέλῳ τῷ Καπανέως
ἀδελφοῦ παιδὶ ἀπέλιπε τὴν ἀρχήν· Ἀμφιλόχου δὲ μετὰ ἅλωσιν Ἰλίου μετοικήσαντος ἐς τοὺς νῦν
Ἀμφιλόχους, Κυανίππου <δ᾽> ἄπαιδος τελευτήσαντος, οὕτω Κυλαράβης ὁ Σθενέλου μόνος τὴν
βασιλείαν ἔσχεν. οὐ μέντοι παῖδας κατέλιπεν οὐδ᾽ οὗτος, ἀλλὰ Ὀρέστης ὁ Ἀγαμέμνονος τὸ Ἄργος
κατέσχε παροικῶν τε ἐγγὺς αὐτῷ καὶ ἄνευ τῆς πατρῴας ἀρχῆς προσπεποιημένος μὲν Ἀρκάδων τοὺς
πολλούς, παρειληφὼς δὲ καὶ τὴν ἐν Σπάρτῃ βασιλείαν, συμμαχικοῦ δὲ ἐκ Φωκέων ἀεί ποτε ἐπ᾽ ὠφελείᾳ
ἑτοίμου παρόντος. (6) Λακεδαιμονίων δὲ ἐβασίλευσεν Ὀρέστης Λακεδαιμονίων ἐφέντων αὐτῷ· τοὺς
γὰρ Τυνδάρεω θυγατριδοῦς τὴν ἀρχὴν ἔχειν (οὐκ) ἠξίουν πρὸ Νικοστράτου καὶ Μεγαπένθους Μενελάῳ
γεγενημένων ἐκ δούλης. Ὀρέστου δὲ ἀποθανόντος ἔσχε Τισαμενὸς τὴν ἀρχήν, Ἑρμιόνης τῆς Μενελάου
καὶ Ὀρέστου παῖς. τὸν δὲ Ὀρέστου νόθον Πενθίλον Κιναίθων ἔγραψεν ἐν τοῖς ἔπεσιν Ἠριγόνην τὴν
Αἰγίσθου τεκεῖν. (7) ἐπὶ δὲ τοῦ Τισαμενοῦ τούτου κατίασιν ἐς Πελοπόννησον Ἡρακλεῖδαι, Τήμενος μὲν
καὶ Κρεσφόντης Ἀριστομάχου, τοῦ τρίτου δὲ Ἀριστοδήμου προτεθνεῶτος εἵποντο οἱ παῖδες. Ἄργους μὲν
δὴ καὶ τῆς ἐν Ἄργει βασιλείας ὀρθότατα ἐμοὶ δοκεῖν ἠμφισβήτουν, ὅτι ἦν Πελοπίδης ὁ Τισαμενός, οἱ δὲ
Ἡρακλεῖδαι τὸ ἀνέκαθέν εἰσι Περσεῖδαι· Τυνδάρεω δὲ καὶ αὐτὸν ἐκπεσόντα ἀπέφαινον ὑπὸ
Ἱπποκόωντος, Ἡρακλέα δὲ ἔφασαν ἀποκτείναντα Ἱπποκόωντα καὶ τοὺς παῖδας παρακαταθέσθαι
Τυνδάρεῳ τὴν χώραν· τοιαῦτα δὲ καὶ περὶ τῆς Μεσσηνίας ἕτερα ἔλεγον, παρακαταθήκην Νέστορι
δοθῆναι καὶ ταύτην ὑπὸ Ἡρακλέους ἑλόντος Πύλον. (8) ἐκβάλλουσιν οὖν ἐκ μὲν Λακεδαίμονος καὶ
Ἄργους Τισαμενόν, ἐκ δὲ τῆς Μεσσηνίας τοὺς Νέστορος ἀπογόνους, Ἀλκμαίωνα Σίλλου τοῦ
Θρασυμήδους καὶ Πεισίστρατον τὸν Πεισιστράτου καὶ τοὺς Παίονος τοῦ Ἀντιλόχου παῖδας, σὺν δὲ
αὐτοῖς Μέλανθον τὸν Ἀνδροπόμπου τοῦ Βώρου τοῦ Πενθίλου τοῦ Περικλυμένου. Τισαμενὸς μὲν οὖν
ἦλθε σὺν τῇ στρατιᾷ καὶ οἱ παῖδες ἐς τὴν νῦν Ἀχαΐαν· (9) οἱ δὲ Νηλεῖδαι πλὴν Πεισιστράτου—τοῦτον
γὰρ οὐκ οἶδα παρ᾽ οὕστινας ἀπεχώρησεν—ἐς Ἀθήνας ἀφίκοντο οἱ λοιποί, καὶ τὸ Παιονιδῶν γένος καὶ
Ἀλκμαιωνιδῶν ἀπὸ τούτων ὠνομάσθησαν. Μέλανθος δὲ καὶ τὴν βασιλείαν ἔσχεν ἀφελόμενος
Θυμοίτην τὸν Ὀξύντου· Θυμοίτης γὰρ Θησειδῶν ἔσχατος ἐβασίλευσεν Ἀθηναίων.
| [2,18] CHAPITRE XVIII.
En allant de Mycènes à Argos, on trouve sur le bord de la route, à gauche, le monument
héroïque de Persée. Les gens du pays lui rendent quelques honneurs, mais il en
reçoit de bien plus grands à Sériphe. Les Athéniens lui ont aussi consacré
une enceinte, et ont érigé un autel à Dictys et à Clymène, qu'on nomme les
Sauveurs de Persée. En partant de ce monument, si vous avancez un peu
dans l'Argolide, vous voyez à droite le tombeau de Thyeste; le bélier de
marbre qu'on a placé dessus, indique sans doute, le mouton à toison d'or
que Thyeste obtint en séduisant la femme de son frère. Atrée ne sut point se
contenir dans les bornes d'une juste vengeance; il égorgea les enfants de
Thyeste, et lui donna ce festin tant célébré par les poètes. Quant à ce qui se
passa dans la suite, je ne saurais dire au juste si l'attentat d'Égisthe sur
Agamemnon fut le premier, ou si Agamemnon n'avait pas déjà tué Tantale
le fils de Thyeste, qui avait été, dit-on, le premier mari de Clytemnestre. Je
ne prétends pas décider que dans cette famille on fût naturellement vicieux :
mais que le forfait de Pélops et les Mânes vengeurs de Myrtilus aient
poursuivi aussi longtemps les Pélopides, il n'y a rien là qui ne soit d'accord
avec ce que la Pythie répondit à Glaucos, fils d'Épicyde, qui la consultait
pour savoir s'il ferait un faux serment. Elle lui dit que la seule intention de
ce parjure serait punie jusque sur ses descendants.
En partant des béliers (c'est le nom qu'on donne au monument de Thyeste),
et en avançant un peu, vous laissez à gauche un endroit nommé Mysia, et le
temple de Cérès (Déméter) Mysia. Ce canton et ce temple ont pris leur nom
d'un certain Mysius qui avait donné l'hospitalité à Cérès (Déméter), à ce que
disent les Argiens. Le temple n'a plus de toit; mais on a construit dans son
intérieur un autre temple en briques cuites au feu; on y voit les statues en
bois, de Cérès (Déméter), de sa fille et de Pluton (Hadès). Vous trouvez un
peu plus loin le fleuve Inachus, et, après l'avoir traversé, l'autel du Soleil.
Vous arrivez ensuite à la porte d'Argos, qui a pris son nom du temple
d'Ilithye qui est dans son voisinage. Les Argiens sont, à ma connaissance, le
seul peuple grec qui ait été divisé en trois royaumes. Sous le règne
d'Anaxagore, fils d'Argus, fils de Megapenthès, les femmes d'Argos furent
attaquées d'une espèce de démence qui leur faisait abandonner leurs
maisons pour aller errer à travers les champs. Cette maladie fut guérie par
Mélampe, fils d'Amythaon; mais il exigea, pour prix de ses soins,
qu'Anaxagoras partageât la royauté avec lui et avec Bias son frère. De Bias à
Cyanippus, fils d'AEgialéus, il y eut cinq rois qui régnèrent pendant quatre
générations, et qui descendaient de Nélée par la femme de Bias, Il y en eut
six de la race de Mélampe qui régnèrent pendant, six générations jusqu'à
Amphiloque, fils d'Amphiaraüs. Les Anaxagorides, qui étaient originaires
du pays, furent ceux qui régnèrent le plus longtemps; car Iphis, fils
d'Alector, fils d'Anaxagoras, laissa la couronne à Sthénélus, fils de Capanée
son cousin. Amphiloque, après la prise de Troie, s'étant établi dans le pays
qu'on nomme maintenant l'Amphilochie, et Cyanippus étant mort sans
enfants, Cylarabes, fils de Sthénélus, réunit les trois royaumes. Il mourut
lui-même sans enfants, et ses états passèrent à Oreste, qui régnait dans le
voisinage. Indépendamment des états de son père, Oreste avait rangé sous
ses lois la plupart des Arcadiens; il était devenu roi de Sparte, et avait pour
alliés les Phocéens, toujours prêts à venir à son secours. Les Lacédémoniens
lui avaient laissé prendre la couronne, aimant mieux être gouvernés par les
enfants des filles de Tyndarée, que par Nicostrate et Mégapenthès, que
Ménélas avait eus d'une esclave. Oreste étant mort, Tisamène, qu'il avait eu
d'Hermione, fille de Ménélas, lui succéda. On lit dans les vers de Cinaethon,
qu'Oreste laissa aussi un fils naturel nommé Penthile, qu'il avait eu
d'Érigoné, fille d'Égisthe. Ce fut sous le règne de Tisamène que les
Héraclides rentrèrent dans le Péloponnèse; ces Héraclides étaient Téménus,
Cresphonte et les fils d'Aristodème, troisième frère, mort auparavant.
Comme ils descendaient de Persée, ils avaient des droits bien plus légitimes
au royaume d'Argos que Tisamène qui descendait de Pélops. Quant à
Lacédémone, ils prétendaient que Tyndarée en ayant été chassé par
Hippocoon, avait reçu ensuite ce royaume, à titre de dépôt, d'Hercule, qui
avait tué Hippocoon et ses fils. Ils disaient également pour la Messénie,
qu'Hercule ayant pris Pylos, l'avait donnée en dépôt à Nestor. En
conséquence de ces droits, les Héraclides chassèrent d'Argos et de
Lacédémone, Tisamène, et de la Messénie, les descendants de Nestor. Ces
derniers étaient, Alcmaeon, fils de Sillus, fils de Thrasymède; Pisistrate, fils
de Pisistrate, et les fils d'Antiloque, fils de Paeon. Les Héraclides chassèrent
aussi du même pays Mélanthus, fils d'Andropompe, fils de Borus, fils de
Penthilus, fils de Périclymène. Tisamène et ses enfants allèrent avec une
armée dans l'Achaïe actuelle. Les descendants de Nélée, à l'exception des
enfants de Pisistrate, qui se retirèrent je ne sais où, se rendirent à Athènes,
où leurs familles subsistèrent longtemps sous les noms de Péonides et
d'Alcméonides; et Mélanthus y obtint la couronne qu'il enleva à Thymoetès,
fils d'Oxyntès. Ce Thymoetès fut le dernier roi d'Athènes de la famille de
Thésée. Ce n'est pas ici le lieu de parler des descendants de Cresphonte et
d'Aristodème.
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