[4,15] Τὸ δὲ καταβεβηκὸς εἰς ἀνθρώπους «ἐν μορφῇ θεοῦ»
ὑπῆρχε καὶ διὰ φιλανθρωπίαν «ἑαυτὸν ἐκένωσεν», ἵνα
χωρηθῆναι ὑπ´ ἀνθρώπων δυνηθῇ. Οὐ δή που δ´ ἐξ ἀγαθοῦ
εἰς κακὸν γέγονεν αὐτῷ μεταβολή, «ἁμαρτίαν» γὰρ «οὐκ
ἐποίησεν», οὐδ´ ἐκ καλοῦ εἰς αἰσχρόν, οὐ γὰρ ἔγνω
«ἁμαρτίαν», οὐδὲ ἐξ εὐδαιμονίας ἦλθεν εἰς κακοδαιμονίαν,
ἀλλ´ «ἑαυτὸν» μὲν «ἐταπείνωσεν» οὐδὲν δ´ ἧττον
μακάριος ἦν, καὶ ὅτε συμφερόντως τῷ γένει ἡμῶν ἑαυτὸν
ἐταπείνου. Ἀλλ´ οὐδὲ μεταβολή τις αὐτῷ γέγονεν ἐκ τοῦ
ἀρίστου εἰς τὸ πονηρότατον· ποῦ γὰρ πονηρότατον τὸ
χρηστὸν καὶ φιλάνθρωπον; Ἢ ὥρα λέγειν καὶ τὸν ἰατρὸν
ὁρῶντα δεινὰ καὶ θιγγάνοντα ἀηδῶν, ἵνα τοὺς κάμνοντας
ἰάσηται, ἐξ ἀγαθοῦ εἰς κακὸν ἢ ἐκ καλοῦ εἰς αἰσχρὸν ἢ ἐξ
εὐδαιμονίας εἰς κακοδαιμονίαν ἔρχεσθαι. Καίτοι γε ὁ ἰατρὸς
ὁρῶν τὰ δεινὰ καὶ θιγγάνων τῶν ἀηδῶν οὐ πάντως ἐκφεύγει
τὸ τοῖς αὐτοῖς δύνασθαι περιπεσεῖν· ὁ δὲ «τὰ τραύματα»
τῶν ψυχῶν ἡμῶν θεραπεύων διὰ τοῦ ἐν αὐτῷ λόγου θεοῦ
αὐτὸς πάσης κακίας ἀπαράδεκτος ἦν. Εἰ δὲ καὶ σῶμα
θνητὸν καὶ ψυχὴν ἀνθρωπίνην ἀναλαβὼν ὁ ἀθάνατος θεὸς
λόγος δοκεῖ τῷ Κέλσῳ ἀλλάττεσθαι καὶ μεταπλάττεσθαι,
μανθανέτω ὅτι «ὁ λόγος» τῇ οὐσίᾳ μένων λόγος οὐδὲν
μὲν πάσχει ὧν πάσχει τὸ σῶμα ἢ ἡ ψυχή, συγκαταβαίνων δ´
ἔσθ´ ὅτε τῷ μὴ δυναμένῳ αὐτοῦ τὰς μαρμαρυγὰς καὶ τὴν
λαμπρότητα τῆς θειότητος βλέπειν οἱονεὶ «σὰρξ» γίνεται,
σωματικῶς λαλούμενος, ἕως ὁ τοιοῦτον αὐτὸν παραδεξάμενος
κατὰ βραχὺ ὑπὸ τοῦ λόγου μετεωριζόμενος δυνηθῇ αὐτοῦ
καὶ τήν, ἵν´ οὕτως ὀνομάσω, προηγουμένην μορφὴν θεάσασθαι.
| [4,15] Pour celui qui est descendu parmi les hommes,
il avait la forme et la nature de Dieu (Philipp., II, 6 et 7) ;
mais son amour pour nous l'a obligé à s'anéantir lui-même, afin que nous
le pussions comprendre. Ce n'est pas que sa bonté se soit changée en
méchanceté ; car il ne pécha jamais (I Pierre, II, 22) : ni que sa beauté
se soit changée en laideur ; car il n'a point connu le péché (II Cor., II,
21 ) : ni que sa félicité se soit changée en misère; car il s'est bien
rabaissé (Philipp. II, 8) volontairement en faveur du genre humain mais il
n'a pas pour cela laissé d'être heureux dans son abaissement même : ni
enfin que ses perfections se soient changées en toutes sortes de défauts ;
car sont-ce des défauts que la douceur et l'humanité? Quand un médecin
voit de tristes objets, ou qu'il touche des choses désagréables, en
travaillant à rétablir la santé de ceux qu'il traite, voudriez-vous dire
que sa bonté se change en méchanceté, sa beauté en laideur, et sa félicité
en misère? Je ne le pense pas. Cependant le médecin qui voit ces tristes
objets et qui touche ces choses désagréables, n'est pas trop assuré de ne
point tomber à son tour dans les mêmes accidents ; mais celui qui guérit
les plaie de nos âmes par la vertu divine du Verbe qui est en lui, est
incapable de toute souillure. Si Celse prétend que ce Dieu immortel que
nous appelons le Verbe, n'ait pu prendre un corps mortel et une âme
humaine sans subir quelque changement et quelque altération, qu'il sache
que, demeurant toujours Verbe en son essence, il ne souffre rien de ce que
souffrent cette âme et ce corps ; mais que voulant s'accommoder pour un
temps à la faiblesse de ceux qui ne peuvent soutenir l'éclat et la gloire
de sa divinité, il se présente à eux comme ayant été fait chair (Jean. I,
14), et se sert d'une voix corporelle, jusqu'à ce qu'après qu'ils l'ont
reçu en ce vil état, il les élève sous peu lui-même au point de pouvoir
contempler, s'il m'est permis de le dire, sa première et sa plus noble forme.
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