[2,9] Μετὰ ταῦτά φησιν ὁ Ἰουδαῖος· Πῶς δ´ ἐμέλλομεν
τοῦτον νομίζειν θεόν, ὃς τά τε ἄλλα, ὥσπερ ἐπηκούετο,
οὐδὲν ὧν ἐπηγγέλλετο ἐπεδείκνυτο, καὶ ἐπειδὴ ἡμεῖς
ἐλέγξαντες αὐτὸν καὶ καταγνόντες ἠξιοῦμεν κολάζεσθαι,
κρυπτόμενος μὲν καὶ διαδιδράσκων ἐπονειδιστότατα ἑάλω,
ὑπ´ αὐτῶν δὲ ὧν ὠνόμαζε μαθητῶν προὐδόθη; Καίτοι
θεόν, φησίν, ὄντα οὔτε φεύγειν ἐνῆν οὔτε δεθέντα ἀπάγεσθαι,
ἥκιστα δὲ ὑπὸ τῶν συνόντων αὐτῷ καὶ παντὸς ἰδίᾳ κεκοινωνηκότων καὶ διδασκάλῳ χρωμένων σωτῆρα νομιζόμενον
καὶ θεοῦ τοῦ μεγίστου παῖδα καὶ ἄγγελον ἐγκαταλείπεσθαί
τε καὶ ἐκδίδοσθαι. Πρὸς ταῦτα δὲ φήσομεν ὅτι οὐδ´ ἡμεῖς
ὑπολαμβάνομεν τὸ βλεπόμενον τότε καὶ αἰσθητὸν τοῦ Ἰησοῦ
σῶμα εἶναι θεόν. Καὶ τί λέγω τὸ σῶμα; Ἀλλ´ οὐδὲ τὴν
ψυχήν, περὶ ἧς λέλεκται τό· «Περίλυπός ἐστιν ἡ ψυχή μου
ἕως θανάτου.» Ἀλλ´ ὥσπερ κατὰ μὲν τὸν Ἰουδαίων λόγον
ὁ λέγων· «Ἐγὼ κύριος ὁ θεὸς πάσης σαρκὸς» καὶ τό·
«Ἔμπροσθέν μου οὐκ ἐγένετο ἄλλος θεός, καὶ μετ´ ἐμὲ
οὐκ ἔσται» ὁ θεὸς εἶναι πεπίστευται, ὀργάνῳ τῇ ψυχῇ καὶ
τῷ σώματι τοῦ προφήτου χρώμενος, κατὰ δὲ Ἕλληνας
{ὁ λέγων· Οἶδα δ´ ἐγὼ ψάμμου τ´ ἀριθμὸν} καὶ μέτρα θαλάσσης,
καὶ κωφοῦ {ξυνίημι, καὶ οὐ λαλέοντος ἀκούω}
θεὸς νενόμισται διὰ τῆς Πυθίας λέγων καὶ ἀκουόμενος·
οὕτω καθ´ ἡμᾶς ὁ λόγος θεὸς καὶ θεοῦ τῶν ὅλων υἱὸς ἔλεγεν
ἐν τῷ Ἰησοῦ τό· «Ἐγώ εἰμι ἡ ὁδὸς καὶ ἡ ἀλήθεια καὶ ἡ
ζωὴ» καὶ τό· «Ἐγώ εἰμι ἡ θύρα» καὶ τό· «Ἐγώ εἰμι
ὁ ἄρτος ὁ ζῶν ὁ ἐκ τοῦ οὐρανοῦ καταβάς», καὶ εἴ τι ἄλλο
τούτοις παραπλήσιον.
Ἐγκαλοῦμεν οὖν Ἰουδαίοις τοῦτον μὴ νομίσασι θεόν, ὑπὸ
τῶν προφητῶν πολλαχοῦ μεμαρτυρημένον ὡς μεγάλην ὄντα
δύναμιν καὶ θεὸν κατὰ τὸν τῶν ὅλων θεὸν καὶ πατέρα.
Τούτῳ γάρ φαμεν ἐν τῇ κατὰ Μωϋσέα κοσμοποιΐᾳ προστάττοντα
τὸν πατέρα εἰρηκέναι τό· «Γενηθήτω φῶς» καὶ
«Γενηθήτω στερέωμα» καὶ τὰ λοιπά, ὅσα προσέταξεν ὁ
θεὸς γενέσθαι, καὶ τούτῳ εἰρηκέναι τό· «Ποιήσωμεν
ἄνθρωπον κατ´ εἰκόνα καὶ ὁμοίωσιν ἡμετέραν»· προσταχθέντα
δὲ τὸν λόγον πεποιηκέναι πάντα, ὅσα ὁ πατὴρ
αὐτῷ ἐνετείλατο. Καὶ ταῦτα λέγομεν οὐκ αὐτοὶ ἐπιβάλλοντες
ἀλλὰ ταῖς παρὰ Ἰουδαίοις φερομέναις προφητείαις πιστεύοντες·
ἐν αἷς λέγεται περὶ θεοῦ καὶ τῶν δημιουργημάτων
αὐταῖς λέξεσι τὰ οὕτως ἔχοντα· «Ὅτι αὐτὸς εἶπε καὶ
ἐγενήθησαν, αὐτὸς ἐνετείλατο καὶ ἐκτίσθησαν.» Εἰ γὰρ
ἐνετείλατο ὁ θεός, καὶ ἐκτίσθη τὰ δημιουργήματα, τίς ἂν
κατὰ τὸ ἀρέσκον τῷ προφητικῷ πνεύματι εἴη ὁ τὴν τηλικαύτην
τοῦ πατρὸς ἐντολὴν ἐκπληρῶσαι δυνηθεὶς ἢ ὁ, ἵν´
οὕτως ὀνομάσω, ἔμψυχος λόγος καὶ «ἀλήθεια» τυγχάνων;
Ὅτι δὲ τὸν ἐν τῷ Ἰησοῦ λέγοντα τό· «Ἐγώ εἰμι ἡ ὁδὸς
καὶ ἡ ἀλήθεια καὶ ἡ ζωὴ» οὐδὲ τὰ εὐαγγέλια οἶδε περιγεγραμμένον τινὰ γεγονέναι, ὡς οὐδαμοῦ ἔξω τῆς ψυχῆς
καὶ τοῦ σώματος τοῦ Ἰησοῦ τυγχάνοντα, δῆλον μὲν καὶ
ἀπὸ πολλῶν καὶ ἐξ ὀλίγων δὲ ὧν παραθησόμεθα οὕτως
ἐχόντων. Ὁ βαπτιστὴς Ἰωάννης προφητεύων ὅσον οὐδέπω
ἐνστήσεσθαι τὸν υἱὸν τοῦ θεοῦ, οὐκ ἐν ἐκείνῳ τῷ σώματι
καὶ τῇ ψυχῇ τυγχάνοντα ἀλλὰ γὰρ φθάνοντα πανταχοῦ, λέγει
περὶ αὐτοῦ· «Μέσος ὑμῶν στήκει, ὃν ὑμεῖς οὐκ οἴδατε,
ὀπίσω μου ἐρχόμενος.» Εἴπερ οὖν ἐνόει ἐκεῖ μόνον εἶναι
τὸν υἱὸν τοῦ θεοῦ, ὅπου τὸ βλεπόμενον ἦν σῶμα Ἰησοῦ,
πῶς ἔφασκεν ἂν τό· «Μέσος ὑμῶν στήκει, ὃν ὑμεῖς οὐκ
οἴδατε»; Καὶ αὐτὸς δὲ ὁ Ἰησοῦς ἐπαίρων τὸ φρόνημα τῶν
μαθητευόντων αὐτῷ εἰς τὸ μείζονα φρονεῖν περὶ υἱοῦ θεοῦ
φησιν· «Ὅπου δύο ἢ τρεῖς συνηγμένοι εἰς {τὸ ἐμὸν ὄνομα,
κἀγὼ} ἐκεῖ εἰμι ἐν μέσῳ αὐτῶν.» Τοιαύτη δ´ αὐτοῦ ἐστι
καὶ ἡ πρὸς τοὺς μαθητὰς ἐπαγγελία λέγοντος· «Καὶ ἰδοὺ
ἐγὼ μεθ´ ὑμῶν εἰμι πάσας τὰς ἡμέρας ἕως τῆς συντελείας
τοῦ αἰῶνος.»
Ταῦτα δέ φαμεν οὐ χωρίζοντες τὸν υἱὸν τοῦ θεοῦ ἀπὸ τοῦ
Ἰησοῦ· ἓν γὰρ μάλιστα μετὰ τὴν οἰκονομίαν γεγένηται
πρὸς τὸν λόγον τοῦ θεοῦ ἡ ψυχὴ καὶ τὸ σῶμα Ἰησοῦ. Εἰ γὰρ
κατὰ τὴν Παύλου διδασκαλίαν λέγοντος· «Ὁ κολλώμενος
τῷ κυρίῳ ἓν πνεῦμά ἐστι» πᾶς ὁ νοήσας, τί τὸ κολλᾶσθαι
τῷ κυρίῳ, καὶ κολληθεὶς αὐτῷ ἕν ἐστι πνεῦμα πρὸς τὸν
κύριον, πῶς οὐ πολλῷ μᾶλλον θειοτέρως καὶ μειζόνως ἕν
ἐστι τό ποτε σύνθετον πρὸς τὸν λόγον τοῦ θεοῦ; Οὗτος δὴ
ἐπεδείξατο ἐν Ἰουδαίοις «θεοῦ δύναμις» ὢν τὸ τοιοῦτον
δι´ ὧν παραδόξων ἐποίησεν, ὑπονοηθέντων ὑπὸ μὲν Κέλσου
γοητείᾳ γεγονέναι ὑπὸ δὲ τῶν τότε Ἰουδαίων, οὐκ οἶδ´
ὁπόθεν τὰ περὶ Βεελζεβοὺλ μεμαθηκότων, «ἐν Βεελζεβούλ,
ἄρχοντι τῶν δαιμονίων», ἐκβάλλειν «τὰ δαιμόνια». Οὓς
ἤλεγξεν ἀτοπώτατα λέγοντας ὁ σωτὴρ ἡμῶν ἐκεῖ τῷ
μηδέπω τέλος ἔχειν τὴν τῆς κακίας βασιλείαν· ὅπερ ἔσται
δῆλον τοῖς φρονίμως ἐντυγχάνουσι τῇ εὐαγγελικῇ γραφῇ,
ἣν οὐ καιρὸς νῦν διηγήσασθαι.
| [2,9] Le juif ajoute : Comment aurions-nous pris pour Dieu un homme qui, d'un côté, comme on le lui reprochait souvent, n'a rien fait de ce qu'il se
vantait de faire ; et qui, de l'autre lorsque nous l'eûmes convaincu et
condamné au supplice, fut réduit à se cacher honteusement, courant de lieu
en lieu, pour s'empêcher d'être pris : ce qu'il ne put pourtant éviter :
ceux qu'il appelait ses disciples l'ayant eux-mêmes trahi ? Fallait-il
qu'un Dieu s'enfuit, qu'il se laissât prendre et lier; qu'il se vît même
abandonné et trahi par ceux avec qui il avait toujours vécu, pour qui il
n'avait eu rien de caché, qui le regardaient comme leur maître et leur
Sauveur, comme le fils et l'envoyé du grand Dieu (Matth. XVI, 1; Jean VI,
30, etc.) ? Aussi ne croyons-nous pas que ce corps de Jésus, qu'on voyait
et qu'on touchait alors, fût Dieu. Mais, que dis-je, que nous ne le
croyons pas de son corps ? Nous ne le croyons pas même de son âme de
laquelle il est dit qu'elle fut saisie d'une tristesse mortelle (Matth.
XXVI, 38). Quand on lit dans les écrits des prophètes, Je suis le
Seigneur, le Dieu de toute chair (Jérémie, XXXII, 27); ou Il n'y a point
de Dieu avant moi, et il n'y en aura point après moi. (Is. XLIII, 10) :
les Juifs croient bien que c'est Dieu qui parle ainsi et qui se sert du
corps et de l'âme du prophète, comme d'un organe, pour se faire entendre
aux hommes. Les Grecs croient pareillement que c'est un Dieu, qui dit par
la bouche de la Pythie,
"Je sais compter le sable et mesurer la mer,
D'un muet j'entends le langage". (Hérodot. liv. I).
Nous aussi nous croyons tout de même que c'était Dieu le Verbe (la
parole), fils du grand Dieu qui disait dans Jésus : "Je suis la voie, la
vérité et la vie; je suis la porte: je suis le pain vivant descendu du
ciel" (Jean, XlV, 6; X, 7 ; VI, 51); et s'il y a d'autres expressions
semblables. C'est donc celui-là que nous reprochons aux Juifs de n'avoir
pas reconnu pour Dieu, après tant de témoignages des prophètes qui le
déclarent tel, au-dessous du Dieu souverain qui est son père, et dont il
est la grande vertu. Car nous disons que c'est à lui que s'adresse ce
commandement du Père dans l'histoire que Moïse fait de la création : Que
la lumière soit faite; que le firmament soit fait; et ainsi du reste où la
même expression est employée. Que c'est encore à lui que le Père dit :
Faisons l'homme selon notre image et selon notre ressemblance (Gen., I, 3,
6 et 26). Et que ce fut lui aussi qui, pour obéir à ces commandements, fit
toutes les choses que son Père lui ordonnait. Et ce que nous disons là,
nous ne le disons pas sur de vaines conjectures que nous ayons formées
nous-mêmes, mais sur le témoignage des prophéties reçues parmi les Juifs,
où se trouvent ces propres paroles, sur le sujet de Dieu et de ses
ouvrages : Il a parlé, et ils ont été faits (Ps. XXXII ou XXXVIII, 9,
etc.}; il a commandé, et ils ont été créés (Ps. CXLVIII, 5). Car si Dieu a
commandé et que ses ouvrages aient été créés, qui est-ce, dans l'intention
de l'Esprit prophétique, qui a pu être capable d'exécuter ce commandement
du Père, sinon celui qui est, pour parler ainsi, une parole animée, et qui
est aussi la vérité? On peut faire voir au reste par divers passages que,
selon les Évangiles mêmes, celui qui disait : Je suis la voie, la vérité
et la vie (Jean, XIV, 6), n'était pas renfermé dans le corps et dans l'âme
de Jésus, comme dans ses bornes ; mais ce que nous allons produire suffira
pour le prouver. Jean-Baptiste prédisant que le Fils de Dieu était sur le
point de paraître non dans l'enceinte de ce corps et de cette âme, mais
comme présent partout, disait de lui : "Il y en a un au milieu de vous, que
vous ne connaissez pas, et c'est celui qui doit venir après moi" (Jean, I,
26). S'il avait cru que le Fils de Dieu fût seulement où était le corps
visible de Jésus, comment aurait-il dit : Il y en a un au milieu de vous,
que vous ne connaissez pas? Jésus lui-même, voulant donner une plus haute
idée du Fils de Dieu, leur disait : En quelque lieu que se trouvent deux
ou trois personnes assemblées en mon nom, je m'y trouve au milieu d'elles
(Matth., XVIII, 20). Et c'est encore en ce même sens qu'il promettait à
ses disciples d'être toujours avec eux jusqu'à la fin du monde (Matth.,
XXVIII, 20). Ce que nous ne disons pas pour séparer le Fils de Dieu d'avec
Jésus; car depuis le mystère de l'incarnation, le corps et l'âme de Jésus
ont été très étroitement unis avec le Verbe, pour ne faire qu'un tout avec
lui. Et si, comme l'enseigne saint Paul, tous ceux qui savent ce que c'est
que de s'attacher au Seigneur et qui demeurent attachés à lui, sont un
même esprit avec le Seigneur (I Cor., VI, 17), à plus forte raison ce qui
fut alors uni avec le Verbe ne doit-il pas cesser d'être un avec lui, mais
d'une manière plus sublime et plus divine? Aussi les miracles dont les
Juifs furent les témoins justifièrent-ils hautement que celui qui les
faisait, était véritablement la vertu de Dieu, bien que Celse prenne ces
miracles pour des illusions, et que les Juifs d'alors les attribuassent à
Béelzébut, qu'ils connaissaient je ne sais pas d'où. Il chasse les démons,
disaient-ils, par la vertu de Béelzébut, prince des démons (Matth. XII,
24). Mais notre Sauveur fit voir l'absurdité de cette pensée, en montrant
que le règne de l'iniquité n'était pas encore fini. C'est ce que
reconnaîtront ceux qui voudront lire avec soin cet endroit de l'Évangile,
que ce n'est pas ici le lieu d'expliquer.
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