HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Origène, Contre Celse, livre II

Chapitre 11

  Chapitre 11

[2,11] Εἶτα ὅτι μὲν ὑφ´ ὧν ὠνόμαζε μαθητῶν προὐδόθη, ἔμαθεν παρὰ τῷ Κέλσῳ Ἰουδαῖος ἀπὸ τῶν εὐαγγελίων, πολλοὺς εἰπὼν μαθητὰς τὸν ἕνα Ἰούδαν, ἵνα δόξῃ αὔξειν τὴν κατηγορίαν· οὐκέτι δὲ πάντα τὰ περὶ τοῦ Ἰούδα ἀναγεγραμμένα περιειργάσατο, ὅτι μαχομέναις καὶ ἐναντίαις κρίσεσι περιπεσὼν Ἰούδας περὶ τοῦ διδασκάλου οὔθ´ ὅλῃ ψυχῇ γέγονε κατ´ αὐτοῦ οὐδ´ ὅλῃ ψυχῇ ἐτήρησε τὴν αἰδὼ πρὸς διδάσκαλον φοιτητοῦ. « γὰρ παραδιδοὺς αὐτὸν ἔδωκε» τῷ ἐληλυθότι ἐπὶ τὸ συλλαβεῖν τὸν Ἰησοῦν «σημεῖον» ὄχλῳ «λέγων· Ὃν ἂν φιλήσω, αὐτός ἐστι· κρατήσατε αὐτόν», σῴζων τι τῆς πρὸς αὐτὸν αἰδοῦς· εἰ γὰρ μὴ ἔσῳζεν αὐτήν, κἂν μετὰ παρρησίας χωρὶς προσποιήσεως φιλήματος παρέδωκεν αὐτόν. Τοῦτο μὲν οὖν οὐ πάντας πείσει περὶ τῆς τοῦ Ἰούδα προαιρέσεως, ὅτι μετὰ τῆς φιλαργυρίας καὶ τῆς μοχθηρᾶς εἰς τὸ προδοῦναι τὸν διδάσκαλον προαιρέσεως εἶχέ τι ἀναμεμιγμένον ἐν τῇ ψυχῇ ἀπὸ τῶν Ἰησοῦ λόγων αὐτῷ ἐγγεγενημένον, ἔμφασιν ἔχον λείμματος, ἵν´ οὕτως ὀνομάσω, χρηστότητος; Γέγραπται γὰρ ὅτι «Ἰδὼν Ἰούδας παραδιδοὺς αὐτὸν ὅτι κατεκρίθη, μεταμεληθεὶς ἔστρεψε τὰ τριάκοντα ἀργύρια τοῖς ἀρχιερεῦσι καὶ πρεσβυτέροις λέγων· Ἥμαρτον παραδοὺς αἷμα δίκαιον. Οἱ δὲ εἶπον· Τί πρὸς ἡμᾶς; Σὺ ὄψει. Καὶ ῥίψας τὰ ἀργύρια εἰς τὸν ναὸν ἀνεχώρησε, καὶ ἀπελθὼν ἀπήγξατο». Εἰ δ´ φιλάργυρος Ἰούδας καὶ κλέπτων τὰ εἰς λόγον τῶν πενήτων εἰς «τὸ γλωσσόκομον» βαλλόμενα «μεταμεληθεὶς ἔστρεψε τὰ τριάκοντα ἀργύρια τοῖς ἀρχιερεῦσι καὶ πρεσβυτέροις», δῆλον ὅτι δεδύνηταί τινα μεταμέλειαν ἐμποιῆσαι αὐτῷ τὰ Ἰησοῦ μαθήματα, οὐ πανταχῇ καταφρονηθέντα ὑπὸ τοῦ προδότου καὶ ἀποπτυσθέντα· ἀλλὰ καὶ τὸ «Ἥμαρτον παραδοὺς αἷμα δίκαιον» ἐξομολογουμένου ἦν τὸ ἡμαρτημένον. Ὅρα δὲ ὅση διάπυρος καὶ σφοδρὰ γέγονεν αὐτῷ ἀπὸ μεταμελείας τῆς ἐπὶ τοῖς ἡμαρτημένοις λύπη, ὡς μηδὲ τὸ ζῆν αὐτὸν ἔτι ὑπομεῖναι ἀλλ´ «εἰς τὸν ναὸν» ῥίψαντα τὸ ἀργύριον ἀναχωρῆσαι καὶ ἀπελθεῖν καὶ ἀπάγξασθαι. {Ἑαυτὸν γὰρ κατεδίκασε δεικνὺς ὅσον ἐδύνατο καὶ ἐν τῷ ἁμαρτωλῷ τῷ Ἰούδᾳ τῷ κλέπτῃ καὶ προδότῃ Ἰησοῦ διδασκαλία, οὐ δυνηθέντι πάντῃ καταφρονῆσαι ὧν ἀπὸ τοῦ Ἰησοῦ μεμάθηκεν.} τὰ μὲν ἐμφαίνοντα τὸ μὴ πάντῃ ἀποστατικὸν τοῦ Ἰούδα καὶ μετὰ τὰ τετολμημένα κατὰ τοῦ διδασκάλου πλάσματα ἐροῦσιν οἱ περὶ τὸν Κέλσον, μόνον δ´ ἀληθὲς ὅτι εἷς τῶν μαθητῶν προέδωκεν αὐτόν, καὶ προσθήσουσι τῷ γεγραμμένῳ ὅτι καὶ ὅλῃ ψυχῇ προέδωκεν αὐτόν; Ὅπερ ἐστὶν ἀπίθανον, ἀπὸ τῶν αὐτῶν γραμμάτων πάντα ὡς ἐχθρὸν ποιεῖν, καὶ τὸ πιστεύειν καὶ τὸ ἀπιστεῖν. {Εἰ δὲ δεῖ καὶ περὶ τοῦ Ἰούδα δυσωπητικόν τινα παραθέσθαι λόγον, φήσομεν ὅτι ἐν τῇ βίβλῳ τῶν ψαλμῶν ὅλος ἑκατοστὸς ὄγδοος ψαλμὸς τὴν περὶ τοῦ Ἰούδα περιέχει προφητείαν, οὗ ἀρχή·} « θεός, τὴν αἴνεσίν μου μὴ παρασιωπήσῃς, ὅτι στόμα ἁμαρτωλοῦ καὶ στόμα δολίου ἐπ´ ἐμὲ ἠνοίχθη». Προφητεύεται δ´ ἐν αὐτῷ καὶ ὅτι Ἰούδας τοῦ μὲν τῶν ἀποστόλων ἀπεχώρισεν ἑαυτὸν διὰ τὴν ἁμαρτίαν ἀριθμοῦ, εἰς δὲ τὸν τόπον αὐτοῦ ἕτερος ἐνεκρίθη· καὶ τοῦτο δηλοῦται ἐν τῷ «καὶ τὴν ἐπισκοπὴν αὐτοῦ λάβοι ἕτεροςἈλλὰ γὰρ φέρε ὑπό τινος τῶν μαθητῶν αὐτὸν προδεδόσθαι {χεῖρον } Ἰούδας διατεθέντος καὶ ὡσπερεὶ ἐκχέαντος πάντας οὓς ἤκουσε παρὰ τοῦ Ἰησοῦ λόγους· τί τοῦτο πρὸς κατηγορίαν Ἰησοῦ χριστιανισμοῦ συμβάλλεται; Καὶ πῶς τοῦτο ψευδῆ τὸν λόγον ἀποδείκνυσιν; Ἀπελογησάμεθα δὲ περὶ τῶν ἑξῆς καὶ ἐν τοῖς πρὸ τούτων, δεικνύντες ὅτι οὐ φεύγων ἑάλω Ἰησοῦς ἀλλ´ ἑκὼν ὑπὲρ ἡμῶν πάντων παρέδωκεν ἑαυτόν. ᾯ ἀκόλουθόν ἐστιν ὅτι, εἰ καὶ ἐδέθη, ἑκὼν ἐδέθη, διδάσκων μὴ ἀκουσίως ἡμᾶς ὑπὲρ εὐσεβείας ταῦτα ἀναλαμβάνειν. [2,11] Ce qui suit, Que Jésus fut trahi par ceux qu'il appelait ses disciples, le Juif l'a tiré des Évangiles : mais ce qu'ils ne disent que de Judas, il le dit en pluriel des disciples, pour rendre son objection plus considérable. Il ne fait point, au reste, les réflexions qu'il devrait faire sur toutes les circonstances qu'ils nous rapportent de l'action de Judas: comment il avait l'esprit agité et combattu par des pensées contraires les unes aux autres, ne s'étant pas tout à fait abandonné à persécuter son Maître, et n'ayant pas aussi conservé pour lui tout le respect qu'il lui devait, comme son disciple. Le traître, dit l'histoire de l'Évangile, avait donné ce signal à la troupe qui était venue pour prendre Jésus: "Celui que je baiserai, c'est celui qu'on demande, saisissez-vous-en" (Matth., XXVI, 48); ce qui fait voir qu'il avait encore quelque respect pour lui : car à moins que de cela, il l'eût trahi ouvertement, sans se mettre en peine de cacher son mauvais dessein sous la feinte douceur d'un baiser. Il n'y a donc personne qui ne doive inférer de là, que dans l'âme de Judas, parmi les mouvements d'avarice qui le portaient à trahir méchamment son Maître, il y avait encore des traces de l'impression que les discours de Jésus y avaient faite, ce qui y laissait, pour ainsi dire, l'apparence de quelque reste de bonté. En effet, l'Évangile nous apprend que Judas le voyant condamné, se repentit de l'avoir trahi, et que reportant les trente pièces d'argent aux principaux sacrificateurs et aux sénateurs, il leur dit : "J'ai péché d'avoir trahi le sang innocent" : mais ils lui répondirent : "Que nous importe, c'est ton affaire" (Matth. XXVII, 3). Alors, il jeta cet argent dans le temple ; et s'étant retiré, il se pendit (Jean, XII, 6). Si malgré l'avarice de Judas, qui lui faisait dérober aux pauvres ce qu'on mettait pour eux dans la bourse, son repentir eut la force de l'obliger à reporter aux principaux sacrificateurs et aux sénateurs leurs trente pièces d'argent ; on en doit conclure que les enseignements de Jésus étaient encore capables de toucher en quelque sorte le cœur du traître qui n'avait pu les bannir entièrement de sa mémoire, ni perdre tout le respect qu'il leur avait porté. Mais ces paroles, "J'ai péché d'avoir trahi le sang innocent", ne sont-elles pas une assez ouverte confession de son crime? Et jugez combien vif et pressant dut être le sentiment qu'il en eut, puisqu'il ne put même supporter la vie ; mais qu'après avoir jeté l'argent dans le temple, il se retira et se pendit, se faisant lui-même son procès, et montrant assez par là que ni ses larcins, ni sa trahison, ni tous ses autres péchés, n'avaient pu effacer de son âme le souvenir des leçons que Jésus lui avait faites. Celse dira-t-il que s'il paraît que l'apostasie de Judas, quelque loin qu'il eût poussé les effets contre son Maître, n'était pas pourtant pleine et entière, c'est par des preuves qui sont de l'invention des évangélistes ; et ne recevant pour vrai que ce qu'ils nous disent de sa trahison, ajoutera-t-il à leur témoignage qu'elle ne fut suivie d'aucun remords? Ce serait un procédé fort injuste de consulter toujours sa passion, pour recevoir ou pour rejeter la déposition des mêmes témoins. Mais il suffit, pour confondre ceux qui nous objectent la trahison de Judas, de leur alléguer le psaume CVIII, qui n'est tout entier qu'une prophétie qui le regarde. Il commence de cette sorte : Ô Dieu, ne retiens pas ma gloire dans le silence, car le méchant et le perfide a ouvert la bouche contre moi (Ps. CVIII ou CIX, 1) : El il y est prédit, que Judas, s'étant par son crime retranché lui-même du nombre des apôtres, un autre devait être mis à sa place. Ce qui est ainsi exprimé : Que sa charge soit donnée à un autre (Vers. 8). Après tout, quand nous supposerions que Jésus aurait été trahi par quelqu'un de ses disciples encore plus mal disposé que Judas, et tellement endurci qu'il ne se sentit plus du tout des instructions de son Maître ; que ferait cela contre Jésus, et qu'en pourrait-on inférer contre la vérité du christianisme? Nous avons déjà répondu à ce qu'il ajoute de la prise de Jésus, lorsque nous avons fait voir qu'il ne fut pas pris en fuyant, mais qu'il se livra volontairement lui-même pour nous tous. D'où il suit encore, que s'il fut lié, il le fut parce qu'il le voulut bien être, afin de nous enseigner à souffrir de bon cœur la même chose, pour les intérêts de la piété.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 11/09/2008