[2,12] Παιδαριώδη δέ μοι δοκεῖ καὶ τὰ τοιαῦτα, ὅτι στρατηγὸς
μὲν ἀγαθὸς καὶ πολλῶν μυριάδων ἡγησάμενος οὐδεπώποτε
προὐδόθη, ἀλλ´ οὐδὲ λῄσταρχος πονηρὸς καὶ παμπονήρων
ἄρχων, ὠφέλιμος τοῖς συνοῦσιν εἶναι δοκῶν· αὐτὸς δὲ
προδοθεὶς ὑπὸ τῶν ὑπ´ αὐτῷ οὔτε ὡς στρατηγὸς ἦρξεν
ἀγαθός, οὔτ´ ἀπατήσας τοὺς μαθητὰς κἂν τὴν ὡς πρὸς
λῄσταρχον, ἵν´ οὕτως ὀνομάσω, εὔνοιαν ἐνεποίησε τοῖς
ἀπατηθεῖσι. Πολλὰς γὰρ ἄν τις εὕροι ἱστορίας περὶ στρατηγῶν
προδοθέντων ὑπὸ τῶν οἰκείων καὶ λῃσταρχῶν ἁλόντων διὰ
τοὺς μὴ τηρήσαντας τὰς πρὸς αὐτοὺς συνθήκας. Ἀλλ´
ἔστω μηδένα στρατηγῶν προδεδόσθαι ἢ λῃσταρχῶν· τί
τοῦτο συμβάλλεται πρὸς τὸ κατὰ Ἰησοῦ εἶναι τὸ ἕνα τῶν
φοιτητῶν προδότην αὐτοῦ γεγονέναι; Ἐπεὶ δὲ φιλοσοφίαν
προβάλλεται ὁ Κέλσος, {πυθοίμεθ´ ἂν αὐτοῦ ὅτι ἆρα Πλάτωνος
ἦν κατηγορία τὸ μετὰ εἴκοσιν ἔτη τῆς παρ´ αὐτῷ
ἀκροάσεως ἀποφοιτήσαντα τὸν Ἀριστοτέλη κατηγορηκέναι
μὲν τοῦ περὶ τῆς ἀθανασίας τῆς ψυχῆς λόγου, Πλάτωνος δὲ
«τερετίσματα» τὰς ἰδέας ὠνομακέναι;} Ἔτι δὲ προσαποροῦντες
καὶ τοιαῦτα λέγοιμεν ἄν· ἆρα Πλάτων οὐκέτι
δυνατὸς ἦν ἐν διαλεκτικῇ οὐδ´ ἱκανὸς παραστῆσαι τὰ
νενοημένα, ἐπεὶ ἀπεφοίτησεν αὐτοῦ Ἀριστοτέλης, καὶ παρὰ
τοῦτο ψευδῆ τὰ Πλάτωνός ἐστι δόγματα; Ἢ δύναται καὶ
ἀληθοῦς ὄντος Πλάτωνος, ὡς ἂν λέγοιεν οἱ κατ´ αὐτὸν
φιλοσοφοῦντες, Ἀριστοτέλης πονηρὸς καὶ ἀχάριστος πρὸς
τὸν διδάσκαλον γεγονέναι; Ἀλλὰ καὶ ὁ Χρύσιππος πολλαχοῦ
τῶν συγγραμμάτων αὐτοῦ φαίνεται καθαπτόμενος Κλεάνθους,
καινοτομῶν παρὰ τὰ ἐκείνῳ δεδογμένα, γενομένῳ αὐτοῦ
διδασκάλῳ ἔτι νέου καὶ ἀρχὰς ἔχοντος φιλοσοφίας. Καίτοι
γε Ἀριστοτέλης {μὲν εἴκοσιν ἔτεσι λέγεται πεφοιτηκέναι
Πλάτωνι, οὐκ ὀλίγον δὲ χρόνον καὶ ὁ Χρύσιππος παρὰ τῷ
Κλεάνθει πεποιῆσθαι τὰς διατριβάς· ὁ δὲ Ἰούδας παρὰ τῷ
Ἰησοῦ οὐδὲ τρία διέτριψεν ἔτη.} Ἀπὸ δὲ τῶν γεγραμμένων
ἐν τοῖς βίοις τῶν φιλοσόφων πολλὰ ἄν τις εὕροι τοιαῦτα,
ἐφ´ οἷς ἐγκαλεῖ τῷ Ἰησοῦ διὰ τὸν Ἰούδαν ὁ Κέλσος. {Οἱ δὲ
Πυθαγόρειοι καὶ κενοτάφια ᾠκοδόμουν τοῖς μετὰ τὸ
προτραπῆναι ἐπὶ φιλοσοφίαν παλινδρομήσασιν ἐπὶ τὸν
ἰδιωτικὸν βίον· καὶ οὐ παρὰ τοῦτο ἀσθενὴς ἦν λόγῳ καὶ
ἀποδείξεσι Πυθαγόρας καὶ οἱ ἀπ´ αὐτοῦ.}
| [2,12] Il n'y a rien, à mon avis, de plus puéril que ce qu'il dit ensuite :
Qu'un bon général qui commande une nombreuse armée, n'est jamais trahi
par ses soldats ; que l'on ne voit pas même qu'un chef de voleurs, quelque méchant qu'il soit et quelque perdus que soient les gens qui le suivent, ait rien
à craindre de leur part tant qu'ils trouvent leur compte à lui obéir ;
mais que pour Jésus. que ses propres disciples ont trahi, il n'a pu ni
s'en faire considérer, comme un bon général est considéré de son armée, ni
trouver le secret et l'artifice de s'en faire aimer, pour ainsi dire, à la
manière d'un chef de voleurs. On lui pourrait alléguer l'exemple de
plusieurs généraux d'armée et de plusieurs chefs de voleurs qui ont été
trahis, les uns et les autres par ceux qui leur avaient prêté serment de
fidélité. Mais quand il serait vrai que jamais aucun général d'armée, ni
aucun chef de voleurs, n'aurait été trahi par ses gens, serait-ce une
chose qu'on dût reprocher à Jésus, de l'avoir été par un de ses disciples ?
Celse fait profession de philosophie. On peut donc lui demander si l'on
doit former une accusation contre Platon, sur ce qu'Aristote
l'abandonnant, après vingt ans d'assiduité, se déclara contre
l'immortalité de l'âme, qui était le sentiment de son maître, et ne traita
ses idées que de rêveries. On peut encore lui demander si, après la
désertion d'Aristote; la doctrine de Platon dut passer pour fausse, et lui
pour un mauvais dialecticien qui ne savait pas défendre ses sentiments ;
ou s'il se peut, au contraire, que l'honneur de Platon et de sa doctrine
demeurant en son entier, ainsi que le prétendent ses sectateurs, Aristote
doive être regardé comme un ingrat et comme un malin. Chrysippe, tout de
même en plusieurs endroits de ses écrits, reprend l'opinion de Cléanthe,
et établit de nouveaux dogmes, bien qu'en sa jeunesse, il eût appris de
lui les principes de la philosophie. Cependant Aristote avait, à ce que
l'on dit, étudié vingt ans entiers sous Platon ; et Chrysippe aussi avait
été longtemps dans l'école de Cléanthe, au lieu que Judas n'avait pas été
trois ans avec Jésus. Qui voudrait parcourir les Vies de philosophes, on y
trouverait plusieurs choses semblables à celle que Celse reproche à Jésus,
sur le sujet de Judas, et l'on y verrait comment les pythagoriciens
bâtissaient des cénotaphes à ceux qui après s'être adonnés quelque temps à
la philosophie, recommençaient à vivre comme le reste des hommes. On ne
dira pas pourtant que la retraite de ces déserteurs doive rien faire
conclure contre la solidité de la doctrine de Pythagore, ni contre la
force des raisons de ses disciples.
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