[18,2] Βούλει σοι λέγω καὶ τοῦ ἑτέρου τρόπου τῶν ἐρώτων
τοῦ δικαίου μίαν γέ τινα ἢ δευτέραν εἰκόνα;
Μειρακίῳ Ἀττικῷ δύο ἦσαν ἐρασταί, ἰδιώτης καὶ τύραννος·
ὁ μὲν δίκαιος ἦν διὰ ἰσοτιμίαν, ὁ δὲ ἄδικος
δι´ ἐξουσίαν· ἀλλὰ τό γε μειράκιον ὄντως ἦν καλὸν
καὶ ἐρᾶσθαι ἄξιον, ὥστε ὑπεριδὸν τοῦ τυράννου τὸν
ἰδιώτην ἠσπάζετο· ὁ δὲ ὑπ´ ὀργῆς ἄλλά τε ἀμφοτέρους
προὐπηλάκισεν, καὶ ἀδελφὴν Ἁρμοδίου Παναθηναίοις
ἥκουσαν ἐπὶ τὴν πομπὴν κανηφοροῦσαν ἐξήλασεν ἐπ´
ἀτιμίᾳ. Διδόασιν δίκην ἐκ τούτου Πεισιστρατίδαι, καὶ
ἦρξεν ἐλευθερίας Ἀθηναίοις ὕβρις τυράννου, καὶ μειρακίου θάρσος, καὶ ἔρως δίκαιος, καὶ ἐραστοῦ ἀρετή.
Ἐλευθεροῖ τὰς Θήβας Ἐπαμεινώνδας ἀπὸ Λακεδαιμονίων στρατηγήματι ἐρωτικῷ· μειρακίων πολλῶν καλῶν
ἐρασταὶ ἦσαν Θήβησιν πολλοὶ νεανίαι· ὅπλα δοὺς
Ἐπαμεινώνδας τοῖς ἐρασταῖς καὶ τοῖς ἐρωμένοις συνέταξεν
λόχον ἱερὸν τοῦ ἔρωτος, δεινὸν καὶ ἄμαχον,
καὶ συνασπίζοντα ἀκριβῶς, καὶ ἄρρηκτον· οἷον οὔτε ὁ
Νέστωρ περὶ τὸ Ἴλιον συνεστήσατο, ὁ δεινότατος τῶν
στρατηγῶν, οὔτε Ἡρακλεῖδαι περὶ Πελοπόννησον, οὔτε
Πελοποννήσιοι περὶ τὴν Ἀττικήν. Ἔδει γὰρ ἕκαστον
τῶν ἐραστῶν ἀριστεύειν, καὶ διὰ φιλοτιμίαν ἐν ὄψει
τῶν παιδικῶν μαχόμενον, καὶ δι´ ἀνάγκην ὑπερμαχοῦντα
τῶν φιλτάτων· ἦν δὲ καὶ τὰ μειράκια ἐφάμιλλα ταῖς
ἀρεταῖς τοῖς ἐρασταῖς, ὥσπερ ἐν θήρᾳ σκύλακες συμπαραθέοντες τοῖς πρεσβυτέροις τῶν κυνῶν.
| [18,2] II. Voulez-vous que je vous donne un ou deux exemples de l'autre espèce
d'amours que l'honnêteté avoue. Un jeune Athénien était, tout à la fois,
aimé d'un simple citoyen, et du tyran d'Athènes. L'une de ces passions
était autorisée par l'égalité des conditions. L'autre était fondée sur la
violence, à cause de la puissance du tyran. Le jeune homme d'ailleurs
était vraiment beau, et très digne d'être aimé. Il dédaigna le tyran, et
donna son affection à l'homme privé. Plein de colère, le tyran ne chercha
qu'à les molester l'un et l'autre. Il fit l'affront à la jeune sœur
d'Harmodius, qui était venue pour figurer, avec son panier, aux cérémonies
des Panathénées, de l'empêcher d'y paraître. Il en coûta cher aux
Pisistratides; et la liberté des Athéniens fut l'ouvrage de la lâche
vengeance du tyran, de l'intrépidité du jeune homme qui était aimé, de la
vertu de celui qui l'aimait, et de la légitimité du lien qui les attachait
l'un à l'autre. Epaminondas affranchit Thèbes de la domination de
Lacédémone avec une phalange d'amants. Un grand nombre de jeunes Thébains
étaient amoureux chacun d'un beau garçon. Epaminondas fit prendre les
armes aux uns et aux autres. Il en forma un bataillon sacré. Ces jeunes
gens, pleins d'intrépidité et de courage, combattirent avec beaucoup
d'adresse, et ne se laissèrent point mettre en déroute. Ni Nestor, le
premier des Capitaines dans les champs Troyens, ni les Héraclides dans le
Péloponnèse, ni les Péloponnésiens dans les campagnes de l'Attique,
n'eurent une pareille phalange. Chacun des amants était obligé de
bien payer de sa personne ; soit par amour-propre, parce qu'il
combattait sous les yeux de ce qu'il aimait ; soit par nécessité, parce
qu'il combattait pour ce qu'il avait de plus cher. De leur côté, les
garçons voulaient se montrer les émules de leurs amants, ainsi qu'a la chassé,
les jeunes chiens s'efforcent de ne pas demeurer en arrière des vieux.
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