[3] νῦν δ´ οὐ κέκραγά πω τὸ γενναῖον μέλος.
οὐ τραγικὰ ἔτι ταῦτα, ἀλλὰ παρατράγῳδα, αἱ πλεκτάναι, καὶ
τὸ πρὸς οὐρανὸν ἐξεμεῖν, καὶ τὸ τὸν Βορέαν αὐλητὴν ποιεῖν, καὶ
τὰ ἄλλα ἑξῆς· τεθόλωται γὰρ τῇ φράσει καὶ τεθορύβηται ταῖς
φαντασίαις μᾶλλον ἢ δεδείνωται, κἂν ἕκαστον αὐτῶν πρὸς αὐγὰς
ἀνασκοπῇς, ἐκ τοῦ φοβεροῦ κατ´ ὀλίγον ὑπονοστεῖ πρὸς τὸ
εὐκαταφρόνητον. ὅπου δ´ ἐν τραγῳδίᾳ, πράγματι ὀγκηρῷ φύσει
καὶ ἐπιδεχομένῳ στόμφον, ὅμως τὸ παρὰ μέλος οἰδεῖν
ἀσύγγνωστον, σχολῇ γ´ ἂν οἶμαι λόγοις ἀληθινοῖς ἁρμόσειεν.
ταύτῃ καὶ τὰ τοῦ Λεοντίνου Γοργίου γελᾶται γράφοντος "Ξέρξης ὁ
τῶν Περσῶν Ζεύς," καὶ "γῦπες ἔμψυχοι τάφοι," καί τινα τῶν
Καλλισθένους ὄντα οὐχ ὑψηλά, ἀλλὰ μετέωρα, καὶ ἔτι μᾶλλον τὰ
Κλειτάρχου· φλοιώδης γὰρ ἀνὴρ καὶ φυσῶν κατὰ τὸν Σοφοκλέα
μικροῖς μὲν αὐλίσκοισι, φορβειᾶς δ´ ἄτερ.
τά γε μὴν Ἀμφικράτους τοιαῦτα καὶ Ἡγησίου καὶ Μάτριδος·
πολλαχοῦ γὰρ ἐνθουσιᾶν ἑαυτοῖς δοκοῦντες οὐ βακχεύουσιν, ἀλλὰ
παίζουσιν. ὅλως δ´ ἔοικεν εἶναι τὸ οἰδεῖν ἐν τοῖς μάλιστα
δυσφυλακτότατον. φύσει γὰρ ἅπαντες οἱ μεγέθους ἐφιέμενοι,
φεύγοντες ἀσθενείας καὶ ξηρότητος κατάγνωσιν, οὐκ οἶδ´ ὅπως
ἐπὶ τοῦθ´ ὑποφέρονται, πειθόμενοι τῷ "μεγάλων ἀπολισθαίνειν
ὅμως εὐγενὲς ἁμάρτημα". κακοὶ δὲ ὄγκοι καὶ ἐπὶ σωμάτων καὶ
λόγων οἱ χαῦνοι καὶ ἀναλήθεις καὶ μήποτε περιιστάντες ἡμᾶς
εἰς τοὐναντίον· οὐδὲν γάρ φασι ξηρότερον ὑδρωπικοῦ. ἀλλὰ τὸ
μὲν οἰδοῦν ὑπεραίρειν βούλεται τὰ ὕψη, τὸ δὲ μειρακιῶδες
ἄντικρυς ὑπεναντίον τοῖς μεγέθεσι· ταπεινὸν γὰρ ἐξ ὅλου καὶ
μικρόψυχον καὶ τῷ ὄντι κακὸν ἀγεννέστατον. τί ποτ´ οὖν τὸ μειρακιῶδές
ἐστιν; ἢ δῆλον ὡς σχολαστικὴ νόησις, ὑπὸ περιεργασίας λήγουσα
εἰς ψυχρότητα; ὀλισθαίνουσι δ´ εἰς τοῦτο τὸ γένος ὀρεγόμενοι
μὲν τοῦ περιττοῦ καὶ πεποιημένου καὶ μάλιστα τοῦ ἡδέος,
ἐξοκέλλοντες δὲ εἰς τὸ ῥωπικὸν καὶ κακόζηλον. τούτῳ παράκειται
τρίτον τι κακίας εἶδος ἐν τοῖς παθητικοῖς, ὅπερ ὁ Θεόδωρος
παρένθυρσον ἐκάλει. ἔστι δὲ πάθος ἄκαιρον καὶ κενὸν ἔνθα μὴ
δεῖ πάθους, ἢ ἄμετρον ἔνθα μετρίου δεῖ. πολλὰ γὰρ ὥσπερ ἐκ
μέθης τινὲς εἰς τὰ μηκέτι τοῦ πράγματος ἴδια δ´ ἑαυτῶν καὶ
σχολικὰ παραφέρονται πάθη, εἶτα πρὸς οὐδὲν πεπονθότας
ἀκροατὰς ἀσχημονοῦσιν εἰκότως, ἐξεστηκότες πρὸς οὐκ ἐξεστηκότας·
πλὴν περὶ μὲν τῶν παθητικῶν ἄλλος ἡμῖν ἀπόκειται τόπος.
| [3] Telles sont ces pensées : Les torrents de flamme entortillés.
Vomir contre le ciel. Faire de Borée son joueur de flûtes,
et toutes les autres façons de parler dont cette pièce est pleine.
Car elles ne sont pas grandes et tragiques, mais enflées et extravagantes.
Toutes ces phrases ainsi embarrassées de vaines imaginations troublent et
gâtent plus un discours, qu'elles ne servent à l'élever. De sorte qu'à les
regarder de près et au grand jour, ce qui paraissait d'abord si terrible
devient tout à coup sot et ridicule. Que si c'est un défaut insupportable
dans la tragédie, qui est naturellement pompeuse et magnifique, que de
s'enfler mal à propos ; à plus forte raison doit-il être condamné dans le
discours ordinaire. De là vient qu'on s'est raillé de Gorgias, pour avoir
appelle Xerxès, le Jupiter des Perses, et les vautours, des sépulcres
animés. On n’a pas été plus indulgent pour Callisthène, qui en certains
endroits de ses écrits ne s'élève pas proprement, mais se guinde si haut
qu'on le perd de vue. De tous ceux-là pourtant je n'en vois point de si
enflé que Clitarque. Cet auteur n'a que du vent et de l'écorce, il
ressemble à un homme qui, pour me servir des termes de Sophocle, ouvre une
grande bouche, pour souffler dans une petite flûte. Il faut faire le même
jugement d'Amphicrate, d'Hegesias et de Matris. Ceux-ci quelquefois
s'imaginant qu'ils sont épris d'un enthousiasme et d’une fureur divine, au
lieu de tonner, comme ils pensent, ne font que niaiser et que badiner comme
des enfants.
Et certainement en matière d'éloquence il n'y a rien de plus difficile à
éviter que l’enflure. Car comme en toutes choses naturellement nous
cherchons le Grand, et que nous craignons sur tout d'être accusés de
sécheresse ou de peu de force, il arrive, je ne sais comment, que la
plupart tombent dans ce vice : fondés sur cette maxime commune :
"Dans un noble projet on tombe noblement".
Cependant il est certain que l’enflure n'est pas moins vicieuse dans le
discours que dans les corps. Elle n'a que de faux dehors et une apparence
trompeuse : mais au dedans elle est creuse et vide, et fait quelquefois un
effet tout contraire au Grand. Car comme on dit fort bien, "Il n’y a rien
de plus sec qu’un Hydropique".
Au reste le défaut du style enflé, c'est de vouloir aller au delà du
Grand. Il en est tout au contraire du Puérile. Car il n'y a rien de si
bas, de si petit, ni de si opposé à la noblesse du discours.
Qu’est-ce donc que puérilité? Ce n’est visiblement autre chose qu'une
pensée d'écolier, qui pour être trop recherchée devient froide. C’est le
vice où tombent ceux qui veulent toujours dire quelque chose
d'extraordinaire et de brillant : mais sur tout ceux qui cherchent avec
tant de soin le plaisant et l'agréable. Parce qu'à la fin, pour s'attacher
trop au style figuré, ils tombent dans une sotte affectation.
Il y a encore un troisième défaut opposé au grand, qui regarde le
pathétique. Théodore l'appelle une fureur hors de saison : lorsqu'on
s'échauffe mal à propos, ou qu'on s'emporte avec excès, quand le sujet ne
permet que de s'échauffer médiocrement. En effet quelques-uns, ainsi que
s'ils étaient ivres, ne disent point les choses de l'air dont elles
doivent être dites: mais ils sont entraînés de leur propre impétuosité, et
tombent sans cesse en des emportements d'écolier et de déclamateur : si
bien que comme on n'est point touché de ce qu'ils disent, ils se rendent à
la fin odieux et insupportables. Car c'est ce qui arrive nécessairement à
ceux qui s'emportent et se débattent mal à propos devant des gens qui ne
sont point du tout émus. Mais nous parlerons en un autre endroit de ce qui
concerne les passions.
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