HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Ps.-LONGIN, Le Traité du sublime

Chapitre 24

  Chapitre 24

[24] Ἔτι γε μὴν ἔσθ´ ὅτε περὶ προσώπου διηγούμενος συγγραφεὺς ἐξαίφνης παρενεχθεὶς εἰς τὸ αὐτὸ πρόσωπον ἀντιμεθίσταται, καὶ ἔστι τὸ τοιοῦτον εἶδος ἐκβολή τις πάθους· " Ἕκτωρ δὲ Τρώεσσιν ἐκέκλετο μακρὸν ἀύσας νηυσὶν ἐπισσεύεσθαι, ἐᾶν δ´ ἔναρα βροτόεντα· "ὃν δ´ ἂν ἐγὼν ἀπάνευθε νεῶν ἐθέλοντα νοήσω, αὐτοῦ οἱ θάνατον μητίσομαι." οὐκοῦν τὴν μὲν διήγησιν ἅτε πρέπουσαν ποιητὴς προσῆψεν ἑαυτῷ, τὴν δ´ ἀπότομον ἀπειλὴν τῷ θυμῷ τοῦ ἡγεμόνος ἐξαπίνης οὐδὲν προδηλώσας περιέθηκεν· ἐψύχετο γὰρ εἰ παρενετίθει· "ἔλεγε δὲ τοῖά τινα καὶ τοῖα Ἕκτωρ," νυνὶ δ´ ἔφθακεν ἄφνω τὸν μεταβαίνοντα τοῦ λόγου μετάβασις. διὸ καὶ πρόσχρησις τοῦ σχήματος τότε ἡνίκ´ ἂν ὀξὺς καιρὸς ὢν διαμέλλειν τῷ γράφοντι μὴ διδῷ, ἀλλ´ εὐθὺς ἐπαναγκάζῃ μεταβαίνειν ἐκ προσώπων εἰς πρόσωπα, ὡς καὶ παρὰ τῷ Ἑκαταίῳ· "Κῆυξ δὲ ταῦτα δεινὰ ποιούμενος αὐτίκα ἐκέλευε τοὺς {Ἡρακλείδας} ἐπιγόνους ἐκχωρεῖν· οὐ γὰρ ὑμῖν δυνατός εἰμι ἀρήγειν. ὡς μὴ ὦν αὐτοί τε ἀπόλησθε κἀμὲ τρώσητε, ἐς ἄλλον τινὰ δῆμον ἀποίχεσθε." μὲν γὰρ Δημοσθένης κατ´ ἄλλον τινὰ τρόπον ἐπὶ τοῦ Ἀριστογείτονος ἐμπαθὲς τὸ πολυπρόσωπον καὶ ἀγχίστροφον παρέστακεν. "καὶ οὐδεὶς ὑμῶν χολήν" φησίν "οὐδ´ ὀργὴν ἔχων εὑρεθήσεται ἐφ´ οἷς βδελυρὸς οὗτος καὶ ἀναιδὴς βιάζεται; ὅς, μιαρώτατε ἁπάντων, κεκλειμένης σοι τῆς παρρησίας οὐ κιγκλίσιν οὐδὲ θύραις, καὶ παρανοίξειεν ἄν τις" - ἐν ἀτελεῖ τῷ νῷ ταχὺ διαλλάξας καὶ μόνον οὐ μίαν λέξιν διὰ τὸν θυμὸν εἰς δύο διασπάσας πρόσωπα "ὅς, μιαρώτατε," εἶτα {τὸν} πρὸς τὸν Ἀριστογείτονα τὸν λόγον ἀποστρέψας καὶ ἀπολιπεῖν δοκῶν, ὅμως διὰ τοῦ πάθους πολὺ πλέον ἐπέστρεψεν. οὐκ ἄλλως Πηνελόπη· "κῆρυξ, τίπτε δέ σε πρόεσαν μνηστῆρες ἀγαυοί εἰπέμεναι δμωῇσιν Ὀδυσσῆος θείοιο ἔργων παύσασθαι, σφίσι δ´ αὐτοῖς δαῖτα πένεσθαι; μὴ μνηστεύσαντες μηδ´ ἄλλοθ´ ὁμιλήσαντες, ὕστατα καὶ πύματα νῦν ἐνθάδε δειπνήσειαν, οἳ θάμ´ ἀγειρόμενοι βίοτον κατακείρετε πολλόν - - - οὐδέ τι πατρῶν ὑμετέρων τῶν πρόσθεν ἀκούετε παῖδες ἐόντες, οἷος Ὀδυσσεὺς ἔσκε". [24] CHAPITRE XXIV. Des transitions imprévues. Il arrive aussi quelquefois qu'un écrivain parlant de quelqu'un, tout d'un coup se met à sa place, et joue son personnage : et cette figure marque l'impétuosité de la passion. "Mais Hector de ses cris remplissant le rivage Commande à ses soldats, de quitter le pillage De courir aux vaisseaux. Car j’atteste les Dieux Que quiconque osera s’écarter à mes yeux Moi-même dans son sang j’irai laver sa honte". Le poète retient la narration pour foi, comme celle qui lui est propre, et met tout d'un coup, et sans en avertir, cette menace précipitée dans la bouche de ce guerrier bouillant et furieux. En effet son discours aurait langui s'il eût entremêlé; Hector dit alors de telles ou semblables paroles. Au lieu que par cette transition imprévue il prévient le lecteur, et la transition est faite avant qu'on s'en soit aperçu. Le véritable lieu donc où l'on doit user de cette figure, c'est quand le temps presse et que l’occasion qui se présente ne permet pas de différer: lorsque sur le champ il faut passer d'une personne à une autre, comme dans Hécatée. "Ce Héraut ayant assez pesé la conséquence de toutes ces choses, il commande aux Descendants des Héraclides de se retirer. Je ne puis plus rien pour vous, non plus que si je n’étais point au monde. Vous êtes perdus, et vous me forcerez bientôt moi-même d’aller chercher une retraite chez quelque autre peuple". Démosthène dans son oraison contre Aristogiton a encore emploie cette figure d'une manière différente de celle-ci, mais extrêmement forte et pathétique. "Et il ne se trouvera personne entre vous, dit cet orateur, qui ait du ressentiment et de l’indignation de voir un impudent, un infâme violer insolemment les choses les plus saintes ? Un scélérat, dis je, qui ... O le plus méchant de tous les hommes ! rien n’aura pu arrêter ton audace effrénée ? Je ne dis pas ces portes, je ne dis pas ces barreaux, qu'un autre pouvait rompre comme toi. Il laisse là la pensée imparfaite, la colère le tenant comme suspendu et partagé sur un mot, entre deux différentes personnes. Qui… O le plus méchant de tous les Hommes !" Et ensuite tournant tout d'un coup contre Aristogiton ce même discours qu'il semblait avoir laissé là ; il touche bien davantage, et fait une bien plus forte impression. Il en est de même de cet emportement de Pénélope dans Homère, quand elle voit entrer chez elle un héraut de la part de ses amants. "De mes fâcheux amants ministre injurieux. Héraut que cherches-tu ? Qui t’amène en ces lieux ? Y viens-tu de la part de cette troupe avare Ordonner qu’à l’instant le festin se prépare ? Fasse le juste ciel, avançant leur trépas, Que ce repas pour eux soit le dernier repas. Lâches, qui pleins d’orgueil et faibles de courage, Consumés de son fils le fertile héritage, Vos pères autrefois ne vous ont-ils point dit Quel homme était Ulysse", etc.


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Dernière mise à jour : 14/06/2007