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[4,160] Τούτου δὲ τοῦ Βάττου παῖς γίνεται Ἀρκεσίλεως. ὃς βασιλεύσας πρῶτα τοῖσι
ἑωυτοῦ ἀδελφεοῖσι ἐστασίασε, ἐς ὅ μιν οὗτοι ἀπολιπόντες οἴχοντο ἐς ἄλλον χῶρον τῆς
Λιβύης καὶ ἐπ᾽ ἑωυτῶν βαλόμενοι ἔκτισαν πόλιν ταύτην ἣ τότε καὶ νῦν Βάρκη
κλέεται· κτίζοντες δὲ ἅμα αὐτὴν ἀπιστᾶσι ἀπὸ τῶν Κυρηναίων τοὺς Λίβυας. (2) μετὰ
δὲ Ἀρκεσίλεως ἐς τοὺς ὑποδεξαμένους τε τῶν Λιβύων καὶ ἀποστάντας τοὺς αὐτοὺς
τούτους ἐστρατεύετο· οἱ δὲ Λίβυες δείσαντες αὐτὸν οἴχοντο φεύγοντες πρὸς τοὺς
ἠοίους τῶν Λιβύων. (3) ὁ δὲ Ἀρκεσίλεως εἵπετο φεύγουσι, ἐς οὗ ἐν Λεύκωνί τε τῆς
Λιβύης ἐγίνετο ἐπιδιώκων καὶ ἔδοξε τοῖσι Λίβυσι ἐπιθέσθαι οἱ. συμβαλόντες δὲ
ἐνίκησαν τοὺς Κυρηναίους τοσοῦτο ὥστε ἑπτακισχιλίους ὁπλίτας Κυρηναίων ἐνθαῦτα
πεσεῖν. (4) μετὰ δὲ τὸ τρῶμα τοῦτο Ἀρκεσίλεων μὲν κάμνοντά τε καὶ φάρμακον
πεπωκότα ὁ ἀδελφεὸς Ἁλίαρχος ἀποπνίγει, Ἁλίαρχον δὲ ἡ γυνὴ ἡ Ἀρκεσίλεω δόλῳ
κτείνει, τῇ οὔνομα ἦν Ἐρυξώ.
| [4,160] CLX. Arcésilas, fils de Battus, régna après son père. Ce prince eut,
aussitôt après son avènement au trône, quelques différends avec ses
frères ; mais enfin ils quittèrent le pays, et passèrent dans un autre
canton de la Libye. Ayant délibéré entre eux sur ce qu'ils avaient à
faire, ils bâtirent une ville qu'ils appelèrent Barcé, nom qu'elle porte
encore aujourd'hui. Pendant qu'ils étaient occupés à la construire, ils
soulevèrent les Libyens contre les Cyrénéens. Arcésilas marcha contre
les révoltés, et contre ceux des Libyens qui les avaient reçus. Les
Libyens, qui le redoutaient, s'enfuirent chez les Libyens orientaux.
Arcélisas les poursuivit ; et, les ayant atteints à Leucon en Libye, ils
résolurent de lui livrer bataille. On en vint aux mains, et la victoire se
déclara tellement en leur faveur, qu'il demeura sur la place, du côté
des Cyrénéens, sept mille hommes pesamment armés. Après cet
échec, Arcésilas tomba malade ; et, ayant pris médecine, il fut étranglé
par son frère Léarque. Mais Éryxo, appelant la ruse à son secours, fit
périr le meurtrier de son mari.
| [4,161] Διεδέξατο δὲ τὴν βασιληίην τοῦ Ἀρκεσίλεω ὁ παῖς Βάττος, χωλός τε ἐὼν καὶ
οὐκ ἀρτίπους. οἱ δὲ Κυρηναῖοι πρὸς τὴν καταλαβοῦσαν συμφορὴν ἔπεμπον ἐς
Δελφοὺς ἐπειρησομένους ὅντινα τρόπον καταστησάμενοι κάλλιστα ἂν οἰκέοιεν. (2) ἡ
δὲ Πυθίη ἐκέλευε ἐκ Μαντινέης τῆς Ἀρκάδων καταρτιστῆρα ἀγαγέσθαι. αἴτεον ὦν οἱ
Κυρηναῖοι, καὶ οἱ Μαντινέες ἔδοσαν ἄνδρα τῶν ἀστῶν δοκιμώτατον, τῷ οὔνομα ἦν
Δημῶναξ. (3) οὗτος ὦν ὡνὴρ ἀπικόμενος ἐς τὴν Κυρήνην καὶ μαθὼν ἕκαστα τοῦτο μὲν
τριφύλους ἐποίησε σφεας, τῇδε διαθείς· Θηραίων μὲν καὶ τῶν περιοίκων μίαν μοῖραν
ἐποίησε, ἄλλην δὲ Πελοποννησίων καὶ Κρητῶν, τρίτην δὲ νησιωτέων πάντων. τοῦτο
δὲ τῷ βασιλέι Βάττῳ τεμένεα ἐξελὼν καὶ ἱρωσύνας, τὰ ἄλλα πάντα τὰ πρότερον εἶχον
οἱ βασιλέες ἐς μέσον τῷ δήμῳ ἔθηκε.
| [4,161] CLXI. Son fils Battus lui succéda : il était boiteux, et ne se tenait pas
ferme sur ses pieds. Les Cyrénéens, extrêmement affligés de leurs
pertes, envoyèrent à Delphes demander à l'oracle quelle forme de
gouvernement ils devaient établir pour vivre plus heureux. La Pythie
leur ordonna de faire venir de Mantinée, en Arcadie, quelqu'un qui pût
rétablir parmi eux la paix et la concorde. Les Cyrénéens s'étant
adressés aux Mantinéens, ceux-ci leur donnèrent un homme des plus
estimés de leur ville, nommé Démonax, qui se rendit avec eux à
Cyrène. Lorsqu'il se fut instruit de l'état des affaires, il partagea les
Cyrénéens en trois tribus, dont une comprenait les Théréens et leurs
voisins, l'autre les Péloponnésiens et les Crétois, et la troisième tous
les insulaires. Enfin, on mit en réserve, pour Battus, de certaines
portions de terre avec les sacrificatures, et on rendit au peuple toutes
les autres prérogatives dont les rois avaient joui jusqu'alors.
| [4,162] Ἐπὶ μὲν δὴ τούτου τοῦ Βάττου οὕτω διετέλεε ἐόντα, ἐπὶ δὲ τοῦ τούτου παιδὸς
Ἀρκεσίλεω πολλὴ ταραχὴ περὶ τῶν τιμέων ἐγένετο. (2) Ἀρκεσίλεως γὰρ ὁ Βάττου τε
τοῦ χωλοῦ καὶ Φερετίμης οὐκ ἔφη ἀνέξεσθαι κατὰ τὰ ὁ Μαντινεὺς Δημῶναξ ἔταξε,
ἀλλὰ ἀπαίτεε τὰ τῶν προγόνων γέρεα. ἐνθεῦτεν στασιάζων ἑσσώθη καὶ ἔφυγε ἐς
Σάμον, ἡ δὲ μήτηρ οἱ ἐς Σαλαμῖνα τῆς Κύπρου ἔφυγε. (3) τῆς δὲ Σαλαμῖνος τοῦτον τὸν
χρόνον ἐπεκράτεε Εὐέλθων, ὃς τὸ ἐν Δελφοῖσι θυμιητήριον, ἐὸν ἀξιοθέητον ἀνέθηκε,
τὸ ἐν τῷ Κορινθίων θησαυρῷ κέεται. ἀπικομένη δὲ παρὰ τοῦτον ἡ Φερετίμη ἐδέετο
στρατιῆς ἣ κατάξει σφέας ἐς τὴν Κυρήνην. (4) ὁ δὲ Εὐέλθων πᾶν μᾶλλον ἢ στρατιήν οἱ
ἐδίδου· ἣ δὲ λαμβάνουσα τὸ διδόμενον καλὸν μὲν ἔφη καὶ τοῦτο εἶναι, κάλλιον δὲ
ἐκεῖνο, τὸ δοῦναί οἱ δεομένῃ στρατιήν. (5) τοῦτο ἐπὶ παντὶ γὰρ τῷ διδομένῳ ἔλεγε,
τελευταῖόν οἱ ἐξέπεμψε δῶρον ὁ Εὐέλθων ἄτρακτον χρύσεον καὶ ἠλακάτην, προσῆν
δε καὶ εἴριον. ἐπειπάσης δὲ αὖτις τῆς Φερετίμης τὠυτὸ ἔπος, ὁ Εὐέλθων ἔφη τοιούτοισι
γυναῖκας δωρέεσθαι ἀλλ᾽ οὐ στρατιῇ.
| [4,162] CLXII. Ces règlements subsistèrent sous le règne de Battus ; mais,
sous celui de son fils, il s'éleva de grands troubles au sujet des
honneurs. En effet, Arcélisas, fils de Battus le boiteux et de Phérétime,
déclara qu'il ne souffrirait point que les lois de Démonax subsistassent
plus longtemps, et redemanda les prérogatives dont avaient joui ses
ancêtres. Arcésilas excita des troubles à ce sujet ; mais, son parti
ayant eu du dessous, il s'enfuit à Samos, et Phérétime, sa mère, à
Salamine en Chypre.
Salamine était, en ce temps-là, gouvernée par Évelthon, qui consacra
à Delphes un très bel encensoir, qu'on voit dans le trésor des
Corinthiens. Phérétime, étant arrivée à la cour d'Évelthon, lui demanda
des troupes pour se rétablir à Cyrène, elle et son fils. Mais ce prince lui
donnait plus volontiers toute autre chose qu'une armée. Phérétime
acceptait ses présents, et les trouvait très beaux ; mais elle ajoutait
qu'il lui serait beaucoup plus honorable de lui accorder des troupes.
Comme elle faisait toujours la même réponse à chaque présent,
Évelthon lui accorda enfin un fuseau d'or, avec une quenouille revêtue
de laine, et lui fit dire que l'on faisait aux femmes de pareils présents,
mais qu'on ne leur donnait pas une armée.
| [4,163] Ὁ δὲ Ἀρκεσίλεως τοῦτον τὸν χρόνον ἐὼν ἐν Σάμῳ συνήγειρε πάντα ἄνδρα ἐπὶ
γῆς ἀναδασμῷ· συλλεγομένου δὲ στρατοῦ πολλοῦ, ἐστάλη ἐς Δελφοὺς Ἀρκεσίλεως
χρησόμενος τῷ χρηστηρίῳ περὶ κατόδου. (2) ἡ δὲ Πυθίη οἱ χρᾷ τάδε. “ἐπὶ μὲν τέσσερας
Βᾶττους καὶ Ἀρκεσίλεως τέσσερας, ὀκτὼ ἀνδρῶν γενεάς, διδοῖ ὑμῖν Λοξίης βασιλεύειν
Κυρήνης, (3) πλέον μέντοι τούτου οὐδὲ πειρᾶσθαι παραινέει. σὺ μέντοι ἥσυχος εἶναι
κατελθὼν ἐς τὴν σεωυτοῦ. ἢν δὲ τὴν κάμινον εὕρῃς πλέην ἀμφορέων, μὴ ἐξοπτήσῃς
τοὺς ἀμφορέας ἀλλ᾽ ἀπόπεμπε κατ᾽ οὖρον· εἰ δὲ ἐξοπτήσεις τὴν κάμινον, μὴ ἐσέλθῃς
ἐς τὴν ἀμφίρρυτον· εἰ δὲ μὴ ἀποθανέαι καὶ αὐτὸς καὶ ταῦρος ὁ καλλιστεύων„. ταῦτα ἡ
Πυθίη Ἀρκεσίλεῳ χρᾷ.
| [4,163] CXLIII. Pendant ce temps-là, Arcésilas, faisant espérer le partage des
terres, assembla à Samos, où il était, une armée nombreuse.
Lorsqu'elle fut levée, il alla à Delphes consulter l'oracle sur son retour.
La Pythie lui répondit : «Apollon accorde à ta famille la domination de
Cyrène pour quatre Battus et quatre Arcélisas, c'est-à-dire pour huit
générations ; mais il t'exhorte à ne rien tenter de plus. Quant à toi,
Arcésilas, il te conseille de rester tranquille quand tu seras de retour
dans ta patrie. Si tu trouves un fourneau plein de vases de terre,
garde-toi bien de les faire cuire, remets-les plutôt à l'air ; et si tu mets
le feu au fourneau, n'entre pas dans l'endroit environné d'eau ;
autrement tu périras toi-même avec le plus beau des taureaux.»
| [4,164] Ὁ δὲ παραλαβὼν τοὺς ἐκ τῆς Σάμου κατῆλθε ἐς τὴν Κυρήνην, καὶ ἐπικρατήσας
τῶν πρηγμάτων τοῦ μαντηίου οὐκ ἐμέμνητο, ἀλλὰ δίκας τοὺς ἀντιστασιώτας αἴτεε
τῆς ἑωυτοῦ φυγῆς. (2) τῶν δὲ οἳ μὲν τὸ παράπαν ἐκ τῆς χώρης ἀπαλλάσσοντο, τοὺς δὲ
τινὰς χειρωσάμενος ὁ Ἀρκεσίλεως ἐς Κύπρον ἀπέστειλε ἐπὶ διαφθορῇ. τούτους μέν
νυν Κνίδιοι ἀπενειχθέντας πρὸς τὴν σφετέρην ἐρρύσαντο καὶ ἐς Θήρην ἀπέστειλαν·
ἑτέρους δὲ τινὰς τῶν Κυρηναίων ἐς πύργον μέγαν Ἀγλωμάχου καταφυγόντας
ἰδιωτικὸν ὕλην περινήσας ὁ Ἀρκεσίλεως ἐνέπρησε. (3) μαθὼν δὲ ἐπ᾽ ἐξεργασμένοισι
τὸ μαντήιον ἐὸν τοῦτο, ὅτι μιν ἡ Πυθίη οὐκ ἔα εὑρόντα ἐν τῇ καμίνῳ τοὺς ἀμφορέας
ἐξοπτῆσαι, ἔργετο ἑκὼν τῆς τῶν Κυρηναίων πόλιος, δειμαίνων τε τὸν κεχρησμένον
θάνατον καὶ δοκέων ἀμφίρρυτον τὴν Κυρήνην εἶναι. (4) εἶχε δὲ γυναῖκα συγγενέα
ἑωυτοῦ, θυγατέρα δὲ τῶν Βαρκαίων τοῦ βασιλέος, τῷ οὔνομα ἦν Ἀλάζειρ· παρὰ
τοῦτον ἀπικνέεται, καί μιν Βαρκαῖοί τε ἄνδρες καὶ τῶν ἐκ Κυρήνης φυγάδων τινὲς
καταμαθόντες ἀγοράζοντα κτείνουσι, πρὸς δὲ καὶ τὸν πενθερὸν αὐτοῦ Ἀλάζειρα.
Ἀρκεσίλεως μέν νυν εἴτε ἑκὼν εἴτε ἀέκων ἁμαρτὼν τοῦ χρησμοῦ ἐξέπλησε μοῖραν τὴν
ἑωυτοῦ.
| [4,164] CLXIV. Arcésilas retourna à Cyrène avec les troupes qu'il avait levées
à Samos. Lorsqu'il eut recouvré ses États, il fit faire, sans aucun égard
pour l'oracle, le procès à ceux qui s'étaient soulevés contre lui, et qui
l'avaient obligé à prendre la fuite. Les uns sortirent de leur patrie pour
n'y jamais revenir ; d'autres, ayant été arrêtés, furent envoyés en
Chypre pour y être punis de mort ; mais les Cnidiens, chez qui ils
abordèrent, les délivrèrent, et les envoyèrent à l'île de Théra. Quelques
autres, enfin, se réfugièrent dans une grande tour qui appartenait à un
particulier nommé Aglomachus. Arcésilas, ayant fait entasser du bois à
l'entour, y mit le feu, et la brûla. Ce crime commis, il reconnut le sens
de l'oracle, qui lui avait défendu, par l'organe de la Pythie, de faire
cuire les vases de terre qu'il trouverait dans le fourneau. Dans la
crainte donc d'être tué, suivant la prédiction de l'oracle, il s'éloigna
volontairement de Cyrène, s'imaginant que cette ville était la place
entourée d'eau de tous côtés que la Pythie lui avait recommandé
d'éviter. Il avait épousé une de ses parentes, fille d'Alazir, roi des
Barcéens. Il se réfugia chez ce prince ; mais des Barcéens et quelques
fugitifs de Cyrène, l'ayant aperçu dans la place publique, le tuèrent, et
avec lui Alazir son beau-père. Ce fut ainsi qu'Arcésilas remplit sa
destinée, et qu'il périt pour avoir désobéi à l'oracle, volontairement ou
involontairement.
| [4,165] Ἡ δὲ μήτηρ Φερετίμη, ἕως μὲν ὁ Ἀρκεσίλεως ἐν τῇ Βάρκῃ διαιτᾶτο
ἐξεργασμένος ἑωυτῷ κακόν, ἣ δὲ εἶχε αὐτὴ τοῦ παιδὸς τὰ γέρεα ἐν Κυρήνῃ καὶ τἆλλα
νεμομένη καὶ ἐν βουλῇ παρίζουσα. (2) ἐπείτε δὲ ἔμαθε ἐν τῇ Βάρκῃ ἀποθανόντα οἱ τὸν
παῖδα, φεύγουσα οἰχώκεε ἐς Αἴγυπτον. ἦσαν γάρ οἱ ἐκ τοῦ Ἀρκεσίλεω εὐεργεσίαι ἐς
Καμβύσεα τὸν Κύρου πεποιημέναι· οὗτος γὰρ ἦν ὁ Ἀρκεσίλεως ὃς Κυρήνην Καμβύσῃ
ἔδωκε καὶ φόρον ἐτάξατο. (3) ἀπικομένη δὲ ἐς τὴν Αἴγυπτον ἡ Φερετίμη Ἀρυάνδεω
ἱκέτις ἵζετο, τιμωρῆσαι ἑωυτῇ κελεύουσα, προισχομένη πρόφασιν ὡς διὰ τὸν μηδισμὸν
ὁ παῖς οἱ τέθνηκε.
| [4,165] CLXV. Tandis qu'Arcésilas travaillait dans Barcé à son propre malheur,
Phérétime sa mère jouissait à Cyrène des honneurs de son fils ; et,
entre autres prérogatives, elle assistait aux délibérations du sénat.
Mais, dès qu'elle eut connaissance qu'il avait été tué en cette ville, elle
s'enfuit en Égypte, parce qu'Arcélisas avait autrefois rendu quelques
services à Cambyse, fils de Cyrus, en lui livrant Cyrène et en lui payant
tribut. Arrivée dans ce pays, elle supplia Aryandès de la venger, sous
prétexte que son fils n'avait été assassiné que parce qu'il favorisait le
parti des Mèdes.
| [4,166] Ὁ δὲ Ἀρυάνδης ἦν οὗτος τῆς Αἰγύπτου ὕπαρχος ὑπὸ Καμβύσεω κατεστεώς, ὃς
ὑστέρῳ χρόνῳ τούτων παρισούμενος Δαρείῳ διεφθάρη. πυθόμενος γὰρ καὶ ἰδὼν
Δαρεῖον ἐπιθυμέοντα μνημόσυνον ἑωυτοῦ λιπέσθαι τοῦτο τὸ μὴ ἄλλῳ εἴη βασιλέι
κατεργασμένον, ἐμιμέετο τοῦτον, ἐς οὗ ἔλαβε τὸν μισθόν. (2) Δαρεῖος μὲν γὰρ χρυσίον
καθαρώτατον ἀπεψήσας ἐς τὸ δυνατώτατον νόμισμα ἐκόψατο, Ἀρυάνδης δὲ ἄρχων
Αἰγύπτου ἀργύριον τὠυτὸ τοῦτο ἐποίεε, καὶ νῦν ἐστὶ ἀργύριον καθαρώτατον τὸ
Ἀρυανδικόν. μαθὼν δέ μιν Δαρεῖος ταῦτα ποιεῦντα, αἰτίην οἱ ἄλλην ἐπενείκας ὥς οἱ
ἐπανίσταιτο, ἀπέκτεινε.
| [4,166] CLXVI. Aryandès avait été établi gouverneur d'Égypte par Cambyse.
Dans la suite, il fut puni de mort, pour avoir voulu s'égaler en quelque
sorte à Darius. Ayant en effet appris et ayant vu par lui-même que ce
prince avait envie de laisser, pour monument de son règne, quelque
chose que les autres rois n'eussent point encore exécuté, il marcha sur
ses traces jusqu'à ce qu'il eût reçu la récompense qu'il méritait. Darius
avait fait battre de la monnaie de l'or le plus pur. Aryandès,
gouverneur d'Égypte, fit frapper de son côté des monnaies d'argent
qu'on appelle aryandiques : elles sont encore aujourd'hui regardées
comme étant d'un argent extrêmement fin. Darius, en ayant été
instruit, l'accusa de rébellion, et le fit mourir sous ce prétexte.
| [4,167] Τότε δὲ οὗτος ὁ Ἀρυάνδης κατοικτείρας Φερετίμην διδοῖ αὐτῇ στρατὸν τὸν ἐξ
Αἰγύπτου ἅπαντα καὶ τὸν πεζὸν καὶ τὸν ναυτικόν· στρατηγὸν δὲ τοῦ μὲν πεζοῦ
Ἄμασιν ἀπέδεξε ἄνδρα Μαράφιον, τοῦ δὲ ναυτικοῦ Βάδρην ἐόντα Πασαργάδην γένος.
(2) πρὶν δὲ ἢ ἀποστεῖλαι τὴν στρατιήν, ὁ Ἀρυάνδης πέμψας ἐς τὴν Βάρκην κήρυκα
ἐπυνθάνετο τίς εἴη ὁ Ἀρκεσίλεων ἀποκτείνας. οἱ δὲ Βαρκαῖοι αὐτοὶ ὑπεδέκοντο
πάντες· πολλά τε γὰρ καὶ κακὰ πάσχειν ὑπ᾽ αὐτοῦ. πυθόμενος δὲ ταῦτα ὁ Ἀρυάνδης
οὕτω δὴ τὴν στρατιὴν ἀπέστειλε ἅμα τῇ Φερετίμῃ. (3) αὕτη μέν νυν αἰτίη πρόσχημα
τοῦ στόλου ἐγίνετο, ἀπεπέμπετο δὲ ἡ στρατιή, ὡς ἐμοὶ δοκέειν, ἐπὶ Λιβύης
καταστροφῇ. Λιβύων γὰρ δὴ ἔθνεα πολλὰ καὶ παντοῖα ἐστι, καὶ τὰ μὲν αὐτῶν ὀλίγα
βασιλέος ἦν ὑπήκοα, τὰ δὲ πλέω ἐφρόντιζε Δαρείου οὐδέν.
| [4,167] CLXVII. Aryandès eut compassion de Phérétime ; il lui donna une
armée composée de toutes les forces d'Égypte, tant de terre que de
mer. Les troupes de terre étaient commandées par Amasis, qui était
Maraphien, et celles de mer par Badrès, Pasagarde d'extraction. Mais,
avant de les faire partir, il envoya un héraut à Barcé, pour s'informer
de celui-qui avait été le meurtrier d'Arcésilas. les Barcéens prirent tous
cet assassinat sur eux ; car ce prince leur avait fait beaucoup de mal.
Sur cette réponse, Aryandès envoya l'armée avec Phérétime.
| [4,168] Οἰκέουσι δὲ κατὰ τάδε Λίβυες. ἀπ᾽ Αἰγύπτου ἀρξάμενοι πρῶτοι Ἀδυρμαχίδαι
Λιβύων κατοίκηνται, οἳ νόμοισι μὲν τὰ πλέω Αἰγυπτίοισι χρέωνται, ἐσθῆτα δὲ
φορέουσι οἵην περ οἱ ἄλλοι Λίβυες. αἱ δὲ γυναῖκες αὐτῶν ψέλιον περὶ ἑκατέρῃ τῶν
κνημέων φορέουσι χάλκεον· τὰς κεφαλὰς δὲ κομῶσαι, τοὺς φθεῖρας ἐπεὰν λάβωσι
τοὺς ἑωυτῆς ἑκάστη ἀντιδάκνει καὶ οὕτω ῥίπτει. (2) οὗτοι δὲ μοῦνοι Λιβύων τοῦτο
ἐργάζονται , καὶ τῷ βασιλέι μοῦνοι τὰς παρθένους μελλούσας συνοικέειν
ἐπιδεικνύουσι. ἣ δὲ ἂν τῷ βασιλέι ἀρεστὴ γένηται, ὑπὸ τούτου διαπαρθενεύεται.
παρήκουσι δὲ οὗτοι οἱ Ἀδυρμαχίδαι ἀπ᾽ Αἰγύπτου μέχρι λιμένος τῷ οὔνομα Πλυνός
ἐστι.
| [4,168] CLXVIII. Cette cause était le prétexte dont Aryandès cherchait à
colorer son expédition contre les Libyens, qu'il avait, à mon avis,
dessein de subjuguer. La Libye renferme beaucoup de nations
différentes. Il y en avait peu qui fussent soumises au roi, et la plupart
ne tenaient aucun compte de Darius. Voici l'ordre dans lequel on
trouve les peuples de la Libye, à commencer depuis l'Égypte.
Les premiers qu'on rencontre sont des Adyrmachides. Ils ont presque
les mêmes usages que les Égyptiens, mais ils s'habillent comme le
reste des Libyens. Leurs femmes portent à chaque jambe un anneau
de cuivre, et laissent croître leurs cheveux : si elles sont mordues par
un pou, elles le prennent, le mordent à leur tour, et le jettent ensuite.
Ces peuples sont les seuls Libyens qui aient cette coutume ; ils sont
aussi les seuls qui présentent leurs filles au roi lorsqu'elles vont se
marier. Celle qui lui plaît ne s'en retourne qu'après qu'il en a joui.
Cette nation s'étend depuis l'Égypte jusqu'à un port appelé Plunos.
| [4,169] Τούτων δὲ ἔχονται Γιλιγάμαι, νεμόμενοι τὸ πρὸς ἑσπέρην χώρην μέχρι
Ἀφροδισιάδος νήσου. ἐν δὲ τῷ μεταξὺ τούτου χώρῳ ἥ τε Πλατέα νῆσος ἐπικέεται, τὴν
ἔκτισαν οἱ Κυρηναῖοι, καὶ ἐν τῇ ἠπείρῳ Μενέλαος λιμήν ἐστι καὶ Ἄζιρις, τὴν οἱ
Κυρηναῖοι οἴκεον, καὶ τὸ σίλφιον ἄρχεται ἀπὸ τούτου· (2) παρήκει δὲ ἀπὸ Πλατέης
νήσου μέχρι τοῦ στόματος τῆς Σύρτιος τὸ σίλφιον. νόμοισι δὲ χρέωνται οὗτοι
παραπλησίοισι τοῖσι ἑτέροισι.
| [4,169] CLXIX. Les Giligammes touchent aux Adyrmachides : ils habitent le
pays qui est vers l'occident jusqu'à l'île Aphrodisias. Dans cet intervalle
est l'île de Platée, où les Cyrénéens envoyèrent une colonie. Aziris, où
ils s'établirent aussi, est sur le continent, ainsi que le port de Ménélas.
C'est là qu'on commence à trouver le silphium. Le pays où croît cette
plante s'étend dans l'île de Platée jusqu'à l'embouchure de la Syrte.
Ces peuples ont presque les mêmes coutumes que les autres.
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