[5,5] Ἐπῄνει ταῦτα ἡ Χαρίκλεια καὶ ἐδόκει ναοῖς ἐπιγράφειν,
εἰ χωρισθεῖεν, ἢ ἀγάλμασιν ἐπισήμοις ἑρμαῖς τε
καὶ λίθοις ἐπὶ τριόδων τὸν μὲν Θεαγένην «ὁ Πυθικός»
τὴν δὲ Χαρίκλειαν «ἡ Πυθιὰς ἐπὶ δεξιὰ ἢ ἀριστερὰ πεπόρευται
πόλιν ἐπὶ τήνδε ἢ κώμην ἢ ἔθνος», ἡμέραν καὶ
ὥραν προσδιορίζοντας. Εἰ δὲ εἰς ταὐτὸν γίνοιντο,
ἀρκεῖν μὲν ἑτέρῳ τὸν ἕτερον καὶ μόνον ὀφθῆναι, οὐδένα
γὰρ χρόνον εἶναι ὅσος ἀμαυρῶσαι αὐτοῖς τῶν ψυχῶν τὰ
ἐρωτικὰ γνωρίσματα. Ὅμως δ´ οὖν ἡ μὲν Χαρίκλεια τὸν
συνεκκείμενον αὑτῇ πατρῷον ἐδείκνυ δακτύλιον οὐλὴν δὲ
ἐπὶ τοῦ γόνατος ἐκ θήρας συὸς ὁ Θεαγένης, ἐκ δὲ λόγων
σύμβολα ἡ μὲν λαμπάδα ὁ δὲ φοίνικα συνετίθεντο. Ἐπὶ
τούτοις αὖθις περιέβαλλον ἀλλήλους καὶ αὖθις ἔκλαιον
ὥσπερ οἶμαι σπονδῶν τῶν δακρύων ἀπάρχοντες καὶ ὅρκια τὰ
φιλήματα ποιούμενοι. Τούτων συγκειμένων ἀνεδύοντο τοῦ
σπηλαίου κειμηλίων μὲν ἄλλων τῶν ἐναποκειμένων οὐδενὸς
θιγόντες, τὸν γὰρ ἀπὸ σύλων πλοῦτον βέβηλον ἐδοκίμαζον,
ἃ δὲ αὐτοὶ μὲν ἐκ Δελφῶν ἐπήγοντο οἱ λῃσταὶ δὲ
αὐτῶν ἀφείλοντο ταῦτα συνεσκευάζοντο. Ἡ Χαρίκλεια
δὲ καὶ μετημφίασεν ἑαυτὴν ἐνθεμένη μὲν πηριδίῳ τινὶ
τούς τε ὅρμους καὶ τὰ στέμματα καὶ τὴν ἱερὰν ἐσθῆτα,
καὶ ὥστε λανθάνειν αὐτοὺς καὶ ἄλλα σκεύη τῶν εὐτελῶν
ἐπιβαλοῦσα, τὸ δὲ τόξον καὶ τὴν φαρέτραν Θεαγένει φέρειν
ἐγχειρίσασα, φόρτον ἥδιστον ἐκείνῳ καὶ θεοῦ τοῦ κρατοῦντος
ὅπλον οἰκειότατον. Ἄρτι δὲ τῇ λίμνῃ πλησιάσαντες
καὶ σκάφους ἐπιβήσεσθαι μέλλοντες ἔνοπλον ὁρῶσι πλῆθος
ἐπὶ τὴν νῆσον περαιούμενον.
| [5,5] Chariclée approuva ce plan, et ils décidèrent d'inscrire
sur les temples, au cas où ils seraient séparés, ou
sur des statues remarquables, sur les hermès ou les
bornes des carrefours, s'il s'agissait de Théagène :
« le Pythien », s'il s'agissait de Chariclée : « la Pythienne
est partie vers la droite — ou la gauche — en direction
de telle ville, de tel village ou de telle contrée », en
précisant le jour et l'heure. Et s'ils se rencontraient, il
leur suffirait, à l'un et à l'autre, de se voir, car, disaient ils,
aucune absence ne serait assez longue pour effacer dans
leur âme les marques qu'y avait imprimées l'amour.
Pourtant, Chariclée lui montra l'anneau de son père,
qui avait été exposé avec elle, et Théagène une cicatrice
au genou, laissé par un sanglier qui l'avait blessé à la
Par un s b qui l'vat blessé à la
chasse. Puis, comme emblème pour authentifier leurs
messages, ils choisirent, elle une torche, et lui une palme.
Après quoi, ils se jetèrent à nouveau dans les bras l'un
de l'autre et recommencèrent à pleurer, apparemment
parce que les larmes leur tenaient lieu de libations et qu'ils
considéraient les baisers comme des serments. Ces
conventions une fois faites, ils sortirent de la caverne,
sans toucher à aucun des trésors qui y étaient déposés,
car ils estimaient que la richesse qui provenait du butin
était impure, mats ils reprirent ce qu'ils avaient eux-mêmes
amené de Delphes et que les brigands leur avaient
enlevé. Chariclée changea de vêtements et mit dans un
petit sac ses colliers, sa couronne, et sa robe de prêtresse
et, pour les dissimuler, les recouvrit d'objets divers,
sans grande valeur; elle demanda à Théagène de porter
son arc et son carquois, fardeau bien doux au jeune
homme, et armes favorites du dieu qui était son vainqueur.
Et déjà ils étaient arrivés au lac et se disposaient
à monter sur une barque lorsqu'ils aperçurent une troupe
armée qui approchait de l'île.
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