[5,6] Ἰλιγγιάσαντες οὖν πρὸς τὴν θέαν ἐπὶ πλεῖστον
ἀχανεῖς εἱστήκεσαν οἷον ἀπαλγοῦντες πρὸς τὴν τύχην
οὕτως ἐπαλλήλως ἐπηρεάζουσαν· ὀψὲ δ´ οὖν ποτε καὶ
μόνον οὐ προσορμιζομένων ἤδη τῶν ἐπιόντων ἀποδιδράσκειν
ἡ Χαρίκλεια καὶ τῷ σπηλαίῳ κρύπτειν ἑαυτοὺς εἴ πη
διαλάθοιεν ἠξίου καὶ ἅμα ἀπέτρεχεν. Ἀλλ´ ὁ Θεαγένης
ἐπεῖχέ τε καὶ «Ἄχρι τίνος» ἔλεγε «φευξόμεθα
τὴν πανταχοῦ διώκουσαν εἱμαρμένην; εἴξωμεν τῇ τύχῃ καὶ
χωρήσωμεν ὁμόσε τῷ φέροντι· κερδήσωμεν ἄλην ἀνήνυτον
καὶ πλάνητα βίον καὶ τὴν ἐπάλληλον τοῦ δαίμονος καθ´
ἡμῶν πομπείαν. Οὐχ ὁρᾷς ὡς φυγαῖς ἐπισυνάπτειν
πειρατήρια καὶ τοῖς ἐκ θαλάττης ἀτόποις τὰ ἐκ γῆς φιλοτιμεῖται
χαλεπώτερα, πολέμους ἄρτι λῃσταῖς μετ´ ὀλίγον;
Αἰχμαλώτους μικρῷ πρόσθεν εἶχεν, ἐρήμους αὖθις ἀπέδειξεν·
ἀπαλλαγὴν καὶ φυγὴν ἐλευθέραν ὑπέθετο καὶ τοὺς
ἀναιρήσοντας ἐπέστησε, τοιοῦτον παίζει καθ´ ἡμῶν πόλεμον
ὥσπερ σκηνὴν τὰ ἡμέτερα καὶ δρᾶμα πεποιημένος.
Τί οὖν οὐχ ὑποτέμνομεν αὐτοῦ τὴν τραγικὴν ταύτην
ποίησιν καὶ τοῖς βουλομένοις ἀναιρεῖν ἐγχειρίζομεν; μή
πη καὶ ὑπέρογκον τὸ τέλος τοῦ δράματος φιλοτιμούμενος
καὶ αὐτόχειρας ἡμᾶς ἑαυτῶν ἐκβιάσηται γενέσθαι.»
| [5,6] Bouleversés à cette vue, ils restèrent longtemps
muets, comme devenus insensibles à la Fortune qui les
maltraitait sans répit de la sorte; enfin, au moment même
où déjà les nouveaux venus étaient en train d'aborder,
Chariclée proposa de s'enfuir et de se dissimuler dans
la caverne, dans l'espoir qu'ils passeraient inaperçus, et, en
même temps, elle se mettait à courir. Mais Théagène
l'arrêta : « Jusqu'à quand, dit-il, devrons-nous fuir la
Destinée qui nous poursuit partout? Cédons à la Fortune,
laissons-nous entraîner où elle nous emporte; nous
ferons l'économie de courses sans but, d'une vie errante
et des insultes perpétuelles de la divinité à notre égard.
Ne vois-tu pas comme, après notre fuite, elle a fait
intervenir les pirates, après les dangers de la mer, les
périls encore plus terribles de la terre et, immédiatement
après les brigands, voici la guerre! Tout à l'heure, elle
nous retenait prisonniers, puis nous avait voués à la
solitude; elle nous avait fait entrevoir la fin de nos
épreuves la fuite et la liberté, et maintenant elle dresse
devant nous ceux qui seront nos meurtriers; telle est
la guerre qu'elle s'amuse à nous faire, pour le plaisir
de transformer notre vie en une pièce de théâtre et une
tragédie. Eh bien, pourquoi ne pas interrompre cette
tragédie qu'elle construit et ne pas nous livrer à ceux
qui veulent nous mettre à mort? De peur que, dans son
désir de corser à l'excès le dénouement de l'action
elle ne nous contraigne à nous tuer de nos propres mains ! »
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