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[10,55] « Καὶ γὰρ ἐν τοῖς παρ' ἡμῖν μετασχηματιζόμενοις κατὰ τὴν περιαίρεσιν
τὸ σχῆμα ἐνυπάρχον λαμβάνεται, αἱ δὲ ποιότητες οὐκ ἐνυπάρχουσαι ἐν τῷ
μεταβάλλοντι, ὥσπερ ἐκεῖνο καταλείπεται, ἀλλ' ἐξ ὅλου τοῦ σώματος
ἀπολλύμεναι. Ἱκανὰ οὖν τὰ ὑπολειπόμενα ταῦτα τὰς τῶν συγκρίσεων διαφορὰς
ποιεῖν, ἐπειδήπερ ὑπολείπεσθαί γέ τινα ἀναγκαῖον καὶ <μὴ> εἰς τὸ μὴ ὂν
φθείρεσθαι.
« Ἀλλὰ μὴν οὐδὲ δεῖ νομίζειν πᾶν μέγεθος ἐν ταῖς ἀτόμοις ὑπάρχειν, ἵνα μὴ
τὰ φαινόμενα ἀντιμαρτυρῇ· παραλλαγὰς δέ τινας μεγεθῶν νομιστέον εἶναι.
| [10,55] Il faut donc que tout cela soit permanent, puisque, par exemple, dans
les choses que nous changeons nous-mêmes de propos délibéré, on voit
qu'elles conservent une certaine forme, mais que les qualités qui ne
résident point dans le sujet même que l'on change n'y subsistent pas, et
qu'au contraire elles sont séparées de la totalité du corps. Les parties
qui se maintiennent dans le sujet ainsi changé suffisent pour former les
différences des compositions, et il doit rester quelque chose, afin que
tout ne se corrompe pas jusqu'à s'anéantir.
« Il ne faut pas croire que les atomes renferment toutes sortes de
grandeurs, car cela serait contredit par les choses qui tombent sous les
sens; mais ils renferment des changements de grandeur,
| [10,56] Βέλτιον γὰρ καὶ τούτου προσόντος τὰ κατὰ τὰ πάθη καὶ τὰς αἰσθήσεις
γινόμενα ἀποδοθήσεται. Πᾶν δὲ μέγεθος ὑπάρχειν οὔτε χρήσιμόν ἐστι πρὸς τὰς
τῶν ποιοτήτων διαφοράς, ἀφῖχθαί τε ἅμ' ἔδει καὶ πρὸς ἡμᾶς ὁρατὰς ἀτόμους·
ὃ οὐ θεωρεῖται γινόμενον οὔθ' ὅπως ἂν γένοιτο ὁρατὴ ἄτομος ἔστιν ἐπινοῆσαι.
« Πρὸς δὲ τούτοις οὐ δεῖ νομίζειν ἐν τῷ ὡρισμένῳ σώματι ἀπείρους ὄγκους
εἶναι οὐδ' ὁπηλίκους οὖν. Ὥστε οὐ μόνον τὴν εἰς ἄπειρον τομὴν ἐπὶ
τοὔλαττον ἀναιρετέον, ἵνα μὴ πάντα ἀσθενῆ ποιῶμεν κἀν ταῖς περιλήψεσι τῶν
ἀθρόων εἰς τὸ μὴ ὂν ἀναγκαζώμεθα τὰ ὄντα θλίβοντες καταναλίσκειν, ἀλλὰ καὶ
τὴν μετάβασιν μὴ νομιστέον γίνεσθαι ἐν τοῖς ὡρισμένοις εἰς ἄπειρον μηδ'
<ἐπὶ> τοὔλαττον.
| [10,56] ce qui rend aussi mieux raison de ce qui se passe par rapport aux
sentiments et aux sensations. Il n'est pas nécessaire encore, pour la différence
des qualités, que les atomes aient toutes sortes de grandeurs. Si cela était,
il y aurait aussi des atomes que nous devrions apercevoir ; ce qu'on ne
voit pas qui ait lieu ; et on ne comprend pas non plus comment on pourrait
voir un atome.
« Il ne faut pas aussi penser que dans un corps terminé il y ait une
infinité d'atomes, et de toute grandeur. Ainsi, non seulement on doit
rejeter cette divisibilité à l'infini qui s'étend jusqu'aux plus petites
parties des corps, ce qui va à tout exténuer, et, en comprenant tous les
assemblages de matière, à réduire à rien les choses qui existent ; il ne
faut pas non plus supposer dans les corps terminés de transposition à
l'infini et qui s'étende jusqu'aux plus petites parties, d'autant plus
qu'on ne peut guère comprendre comment un corps qu'on supposerait
renfermer des atomes à l'infini ou de toute grandeur peut être ensuite
supposé avoir une dimension terminée.
| [10,57] « Οὔτε γὰρ ὅπως, ἐπειδὰν ἅπαξ τις εἴπῃ ὅτι ἄπειροι ὄγκοι ἔν τινι
ὑπάρχουσιν ἢ ὁπηλίκοι οὖν, ἔστι νοῆσαι, πῶς τ' ἂν ἔτι τοῦτο πεπερασμένον
εἴη τὸ μέγεθος. Πηλίκοι γάρ τινες δῆλον ὡς οἱ ἄπειροί εἰσιν ὄγκοι· καὶ
οὗτοι ὁπηλίκοι ἄν ποτε ὦσιν, ἄπειρον ἂν ἦν καὶ τὸ μέγεθος. Ἄκρον τε
ἔχοντος τοῦ πεπερασμένου διαληπτόν, εἰ μὴ καὶ καθ' ἑαυτὸ θεωρητόν, οὐκ
ἔστι μὴ οὐ καὶ τὸ ἑξῆς τούτου τοιοῦτον νοεῖν καὶ οὕτω κατὰ τὸ ἑξῆς εἰς
τοὔμπροσθεν βαδίζοντα εἰς τὸ ἄπειρον ὑπάρχειν κατὰ <τὸ> τοιοῦτον
ἀφικνεῖσθαι τῇ ἐννοίᾳ.
| [10,57] « De plus, soit qu'on suppose certains atomes infinis dans leur
quantité, soit qu'on mette cette infinité dans leurs quantités diverses,
cela devra toujours produire une grandeur infinie. Cependant elle a une
extrémité dans un corps terminé ; et si on ne peut la considérer à part,
on ne peut de même imaginer ce qui suit ; de sorte qu'en allant toujours à
rebours, il faudra passer par la pensée jusqu'à l'infini.
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