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[10,52] « Καὶ ταύτην οὖν σφόδρα γε δεῖ τὴν δόξαν κατέχειν, ἵνα μήτε τὰ
κριτήρια ἀναιρῆται τὰ κατὰ τὰς ἐναργείας μήτε τὸ διημαρτημένον ὁμοίως
βεβαιούμενον πάντα συνταράττῃ.
« Ἀλλὰ μὴν καὶ τὸ ἀκούειν γίνεται ῥεύματός τινος φερομένου ἀπὸ τοῦ
φωνοῦντος ἢ ἠχοῦντος ἢ ψοφοῦντος ἢ ὁπωσδήποτε ἀκουστικὸν πάθος
παρασκευάζοντος. Τὸ δὲ ῥεῦμα τοῦτο εἰς ὁμοιομερεῖς ὄγκους διασπείρεται,
ἅμα τινὰ διασῴζοντος συμπάθειαν πρὸς ἀλλήλους καὶ ἑνότητα ἰδιότροπον,
διατείνουσαν πρὸς τὸ ἀποστεῖλαν καὶ τὴν ἐπαίσθησιν τὴν ἐπ' ἐκείνου ὡς τὰ
πολλὰ ποιοῦσαν, εἰ δὲ μή γε τὸ ἔξωθεν μόνον ἔνδηλον παρασκευάζουσαν.
| [10,52] « Il importe de bien retenir ce principe, afin qu'on ne détruise pas
les caractères de vérité en tant qu'ils concernent les actions, ou que
l'erreur, ayant un égal degré d'évidence, n'occasionne une confusion générale.
« L'ouïe se fait pareillement par le moyen d'un souffle qui vient d'un
objet parlant, ou résonnant, ou qui cause quelque bruit, ou en un mot de
tout ce qui peut exciter le sens de l'ouïe. Cet écoulement se répand dans
des parties similaires qui conservent un certain rapport les unes avec les
autres, et étendent leur faculté comme une unité, jusqu'à ce qui reçoit le
son, d'où naît la plupart du temps une sensation de la chose qui a envoyé
le son, telle qu'elle est; ou, si cela n'a pas lieu, on connaît seulement
qu'il y a quelque chose au dehors;
| [10,53] ἄνευ γὰρ ἀναφερομένης τινὸς ἐκεῖθεν συμπαθείας οὐκ ἂν γένοιτο ἡ
τοιαύτη ἐπαίσθησις. Οὐκ αὐτὸν οὖν δεῖ νομίζειν τὸν ἀέρα ὑπὸ τῆς προϊεμένης
φωνῆς ἢ καὶ τῶν ὁμογενῶν σχηματίζεσθαιπολλὴν γὰρ ἔνδειαν ἕξει τοῦτο πάσχων
ὑπ' ἐκείνης, -ἀλλ' εὐθὺς τὴν γινομένην πληγὴν ἐν ἡμῖν, ὅταν φωνὴν ἀφίωμεν,
τοιαύτην ἔκθλιψιν ὄγκων τινῶν ῥεύματος πνευματώδους ἀποτελεστικῶν
ποιεῖσθαι, ἢ τὸ πάθος τὸ ἀκουστικὸν ἡμῖν παρασκευάζει.
« Καὶ μὴν καὶ τὴν ὀσμὴν νομιστέον ὥσπερ καὶ τὴν ἀκοὴν οὐκ ἄν ποτε οὐθὲν
πάθος ἐργάσασθαι, εἰ μὴ ὄγκοι τινὲς ἦσαν ἀπὸ τοῦ πράγματος ἀποφερόμενοι
σύμμετροι πρὸς τὸ τοῦτο τὸ αἰσθητήριον κινεῖν, οἱ μὲν τοῖοι τεταραγμένως
καὶ ἀλλοτρίως, οἱ δὲ τοῖοι ἀταράχως καὶ οἰκείως ἔχοντες.
| [10,53] car, sans une certaine sympathie transportée de l'objet qui résonne,
il ne se ferait point de semblable sensation. On ne doit donc pas
s'imaginer que l'air reçoit une certaine figure par la voix ou par les
choses semblables qui frappent l'ouïe, car il faudrait beaucoup d'effort
pour que cela arrivât : c'est la percussion, que nous éprouvons à l'ouïe,
d'une voix, laquelle se fait par le moyen d'un écoulement de corpuscules,
accompagné d'un souffle léger, et propre à nous donner la sensation de l'ouïe.
« Il en est de l'odorat comme de cet autre sens, puisque nous
n'éprouverions aucune sensation s'il n'y avait des corpuscules qui, se
détachant des objets qui nous les communiquent, remuent les sens par la
proportion qu'ils ont avec eux ; ce que les uns font d'une manière confuse
et contraire, les autres avec ordre et d'une façon plus naturelle.
| [10,54] « Καὶ μὴν καὶ τὰς ἀτόμους νομιστέον μηδεμίαν ποιότητα τῶν φαινομένων
προσφέρεσθαι πλὴν σχήματος καὶ βάρους καὶ μεγέθους καὶ ὅσα ἐξ ἀνάγκης
σχήματος συμφυῆ ἐστι. Ποιότης γὰρ πᾶσα μεταβάλλει· αἱ δὲ ἄτομοι οὐδὲν
μεταβάλλουσιν, ἐπειδήπερ δεῖ τι ὑπομένειν ἐν ταῖς διαλύσεσι τῶν συγκρίσεων
στερεὸν καὶ ἀδιάλυτον, ὃ τὰς μεταβολὰς οὐκ εἰς τὸ μὴ ὂν ποιήσεται οὐδ' ἐκ
τοῦ μὴ ὄντος, ἀλλὰ κατὰ μεταθέσεις ἐν πολλοῖς, τινῶν δὲ καὶ προσόδους καὶ
ἀφόδους. Ὅθεν ἀναγκαῖον τὰ {μὴ} μετατιθέμενα ἄφθαρτα εἶναι καὶ τὴν τοῦ
μεταβάλλοντος φύσιν οὐκ ἔχοντα, ὄγκους δὲ καὶ σχηματισμοὺς ἰδίους· ταῦτα
γὰρ καὶ ἀναγκαῖον ὑπομένειν.
| [10,54] « Outre cela, il faut croire que les atomes ne contribuent aux
qualités des choses que nous voyons que la figure, la pesanteur, la
grandeur, et ce qui fait nécessairement partie de la figure, parce que
toute qualité est sujette au changement, au lieu que les atomes sont
immuables. En effet, il faut que dans toutes les dissolutions des
assemblages de matière il reste quelque chose de solide qui ne puisse se
dissoudre et qui produise les changements, non pas en anéantissant quelque
chose ou en faisant quelque chose de rien, mais par des transpositions
dans la plupart, et par des additions et des retranchements dans quelques
autres. Il est donc nécessaire que les parties des corps qui ne sont point
sujettes à transposition soient incorruptibles, aussi bien que celles dont
la nature n'est point sujette à changement, mais qui ont une masse et une
figure qui leur sont propres.
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