HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Mémoires sur les anciens orateurs, I (Lysias)

Chapitre 8

  Chapitre 8

[1,8] Ἀποδίδωμί τε οὖν αὐτῷ καὶ τὴν εὐπρεπεστάτην ἀρετήν, καλουμένην δὲ ὑπὸ πολλῶν ἠθοποιΐαν. Ἁπλῶς γὰρ οὐδὲν εὑρεῖν δύναμαι παρὰ τῷ ῥήτορι τούτῳ πρόσωπον, οὔτε ἀνηθοποίητον οὔτε ἄψυχον. Τριῶν τε ὄντων, ἐν οἷς καὶ περὶ τὴν ἀρετὴν εἶναι ταύτην συμβέβηκε, διανοίας τε καὶ λέξεως, καὶ τρίτης τῆς συνθέσεως, ἐν ἅπασι τούτοις αὐτὸν ἀποφαίνομαι κατορθοῦν. Οὐ γὰρ διανοουμένους μόνον ὑποτίθεται χρηστὰ καὶ ἐπιεικῆ καὶ μέτρια τοὺς λέγοντας, ὥστε εἰκόνας εἶναι δοκεῖν τῶν ἠθῶν τοὺς λόγους· ἀλλὰ καὶ τὴν λέξιν ἀποδίδωσι τοῖς ἤθεσιν οἰκείαν, πέφυκεν αὐτὰ ἑαυτῶν κράτιστα δηλοῦσθαι, τὴν σαφῆ καὶ κυρίαν, καὶ κοινὴν, καὶ πᾶσιν ἀνθρώποις συνηθεστάτην· γὰρ ὄγκος καὶ τὸ ἐξ ἐπιτηδεύσεως ἅπαν, ἀνηθοποίητον. Καὶ συντίθησί γε αὐτὴν ἁπλῶς πάνυ καὶ ἀφελῶς, ὁρῶν ὅτι οὐκ ἐν τῇ περιόδῳ καὶ τοῖς ῥυθμοῖς, ἀλλ´ ἐν τῇ διαλελυμένῃ λέξει γίνεται τὸ ἦθος. Καθόλου δέ, ἵνα καὶ περὶ ταύτης εἴπω τῆς ἀρετῆς, οὐκ οἶδ´ εἴ τις ἄλλος ῥητόρων, τῶν γε τῇ ὁμοίᾳ κατασκευῇ χρησαμένων τοῦ λόγου, εἴτε ἥδιον συνέθηκεν, εἴτε πιθανώτερον. Δοκεῖ μὲν γὰρ ἀποίητός τις εἶναι καὶ ἀτεχνίτευτος τῆς ἁρμονίας αὐτοῦ χαρακτήρ. Καὶ οὐ θαυμάσαιμ´ ἄν, εἰ πᾶσι μὲν τοῖς ἰδιώταις, οὐκ ὀλίγοις δὲ καὶ τῶν φιλολόγων, ὅσοι μὴ μεγάλας ἔχουσι τριβὰς περὶ λόγους, τοιαύτην τινὰ παράσχοι δόξαν, ὅτι ἀνεπιτηδεύτως καὶ οὐ κατὰ τέχνην, αὐτομάτως δέ πως καὶ ὡς ἔτυχε σύγκειται. Ἔστι δὲ παντὸς μᾶλλον ἔργου τεχνικοῦ κατεσκευασμένος. Πεποίηται γὰρ αὐτῷ τοῦτο τὸ ἀποίητον, καὶ δέδεται τὸ λελυμένον, καὶ ἐν αὐτῷ τὸ μὴ δοκεῖν δεινῶς κατεσκευάσθαι, τὸ δεινὸν ἔχει. Τὴν ἀλήθειαν οὖν τις ἐπιτηδεύων καὶ φύσεως μιμητὴς γίνεσθαι βουλόμενος, οὐκ ἂν ἁμαρτάνοι τῇ Λυσίου συνθέσει χρώμενος· Ἑτέραν γὰρ οὐκ ἂν εὕροι ταύτης ἀληθεστέραν. [1,8] VIII. Je lui accorde au suprême degré l'heureuse qualité que plusieurs rhéteurs désignent par le nom d'Ethopée : chez lui, pas un personnage dont les mœurs ne soient fidèlement décrites, pas un trait qui manque de vie. Trois choses constituent ce genre de mérite : les pensées, l'expression, l'arrangement des mots; et Lysias les a portées toutes les trois à leur plus grande perfection. Il ne se borne pas à mettre dans la bouche de ses personnages des pensées nobles, honnêtes, sages, de sorte que le discours est l'image des mœurs : il emploie un style convenable aux divers caractères ; un style indiqué par la nature, clair, plein de justesse et sanctionné par l'usage, parce que l'enflure et la recherche nuisent à l'expression des mœurs. Chez lui, l'arrangement des mots est simple et sans affectation ; il savait que la peinture des mœurs ne veut point des tours périodiques et harmonieux, mais une diction affranchie de toute gène. Pour tout dire, en un mot, j'ignore si jamais orateur, dans le même genre, a employé un arrangement de mots plus propre à plaire et à persuader. Le caractère de sa composition est de paraître exempte d'art et de travail. Je ne m'étonne pas que des esprits sans culture, que des hommes, d'ailleurs instruits, mais qui n'ont pas une profonde connaissance de l'éloquence, trouvent que ses discours manquent d'art et de soin ; que les mots y sont jetés au hasard, et comme ils venaient se placer sous sa plume, tandis qu'il est plus orné que s'il avait épuisé toutes les ressources de l'art ; car cet arrangement qui semble dépouillé d'art est plein d'art ; il paraît dégagé de toute règle, tandis que sa marche est assujettie à une règle certaine ; et il est finement conçu, quoiqu'il semble manquer d'adresse. L'écrivain ami de la simplicité et jaloux de copier la nature est sûr d'y parvenir en imitant Lysias : il ne saurait trouver un plus parfait modèle.


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Dernière mise à jour : 2/05/2006