[6,1319a] ὥστε ἀναγκαῖον συμβαίνειν ὅπερ ἐστὶν ὠφελιμώτατον ἐν
ταῖς πολιτείαις, ἄρχειν τοὺς ἐπιεικεῖς ἀναμαρτήτους ὄντας, μηδὲν
ἐλαττουμένου τοῦ πλήθους.
ὅτι μὲν οὖν αὕτη τῶν δημοκρατιῶν ἀρίστη, φανερόν, καὶ διὰ τίν'
αἰτίαν, ὅτι διὰ τὸ ποιόν τινα εἶναι τὸν δῆμον: πρὸς δὲ τὸ
κατασκευάζειν γεωργὸν τὸν δῆμον τῶν τε νόμων τινὲς τῶν παρὰ
πολλοῖς κειμένων τὸ ἀρχαῖον χρήσιμοι πάντως, ἢ τὸ ὅλως μὴ ἐξεῖναι
κεκτῆσθαι πλείω γῆν μέτρου τινὸς ἢ ἀπό τινος τόπου πρὸς τὸ ἄστυ
καὶ τὴν πόλιν ἦν δὲ τό γε ἀρχαῖον ἐν πολλαῖς πόλεσι
νενομοθετημένον μηδὲ πωλεῖν ἐξεῖναι τοὺς πρώτους κλήρους: ἔστι δὲ
καὶ ὃν λέγουσιν Ὀξύλου νόμον εἶναι τοιοῦτόν τι δυνάμενος, τὸ μὴ
δανείζειν εἴς τι μέρος τῆς ὑπαρχούσης ἑκάστῳ γῆσ, νῦν δὲ δεῖ
διορθοῦν καὶ τῷ Ἀφυταίων νόμῳ, πρὸς γὰρ ὃ λέγομέν ἐστι
χρήσιμος: ἐκεῖνοι γάρ, καίπερ ὄντες πολλοὶ κεκτημένοι δὲ γῆν
ὀλίγην, ὅμως πάντες γεωργοῦσιν: τιμῶνται γὰρ οὐχ ὅλας τὰς
κτήσεις, ἀλλὰ κατὰ τηλικαῦτα μόρια διαιροῦντες ὥστ' ἔχειν
ὑπερβάλλειν ταῖς τιμήσεσι καὶ τοὺς πένητας.
μετὰ δὲ τὸ γεωργικὸν πλῆθος βέλτιστος δῆμός ἐστιν ὅπου νομεῖς
εἰσι καὶ ζῶσιν ἀπὸ βοσκημάτων: πολλὰ γὰρ ἔχει τῇ γεωργίᾳ
παραπλησίως, καὶ τὰ πρὸς τὰς πολεμικὰς πράξεις μάλισθ' οὗτοι
γεγυμνασμένοι τὰς ἕξεις καὶ χρήσιμοι τὰ σώματα καὶ δυνάμενοι
θυραυλεῖν. τὰ δ' ἄλλα πλήθη πάντα σχεδόν, ἐξ ὧν αἱ λοιπαὶ
δημοκρατίαι συνεστᾶσι, πολλῷ φαυλότερα τούτων: ὁ γὰρ βίος
φαῦλος, καὶ οὐθὲν ἔργον μετ' ἀρετῆς ὧν μεταχειρίζεται τὸ πλῆθος τό
τε τῶν βαναύσων καὶ τὸ τῶν ἀγοραίων ἀνθρώπων καὶ τὸ θητικόν, ἔτι
δὲ διὰ τὸ περὶ τὴν ἀγορὰν καὶ τὸ ἄστυ κυλίεσθαι πᾶν τὸ τοιοῦτον
γένος ὡς εἰπεῖν ῥᾳδίως ἐκκλησιάζει: οἱ δὲ γεωργοῦντες διὰ τὸ
διεσπάρθαι κατὰ τὴν χώραν οὔτ' ἀπαντῶσιν οὔθ' ὁμοίως δέονται τῆς
συνόδου ταύτης. ὅπου δὲ καὶ συμβαίνει τὴν χώραν τὴν θέσιν ἔχειν
τοιαύτην ὥστε {τὴν χώραν} πολὺ τῆς πόλεως ἀπηρτῆσθαι, ῥᾴδιον καὶ
δημοκρατίαν ποιεῖσθαι χρηστὴν καὶ πολιτείαν: ἀναγκάζεται γὰρ
τὸ πλῆθος ἐπὶ τῶν ἀγρῶν ποιεῖσθαι τὰς ἀποικίας, ὥστε δεῖ, κἂν
ἀγοραῖος ὄχλος ᾖ, μὴ ποιεῖν ἐν ταῖς δημοκρατίαις ἐκκλησίας ἄνευ τοῦ
κατὰ τὴν χώραν πλήθους. πῶς μὲν οὖν δεῖ κατασκευάζειν τὴν
βελτίστην καὶ πρώτην δημοκρατίαν, εἴρηται: φανερὸν δὲ καὶ πῶς
τὰς ἄλλας. ἑπομένως γὰρ δεῖ παρεκβαίνειν καὶ τὸ χεῖρον ἀεὶ πλῆθος
χωρίζειν.
| [6,1319a] De là, résulte nécessairement pour les États cet immense avantage que le
pouvoir est exercé par des hommes éclairés qui ne commettent pas de fautes
graves, et que le peuple n'est point opprimé et avili. C'est là, sans contredit, la
meilleure des démocraties. Et d'où vient sa perfection? Des moeurs mêmes du
peuple qu'elle régit.
§ 5. Presque tous les anciens gouvernements avaient des lois excellentes pour
rendre le peuple agriculteur. Ou elles limitaient, d'un façon absolue, la possession
individuelle des terres à une certaine mesure qu'on ne pouvait dépasser; ou elles
fixaient l'emplacement des propriétés, tant autour de la ville que dans les parties
plus éloignées du territoire. Parfois même, à ces premières précautions, elles
ajoutaient la défense de jamais vendre les lots primitifs. On cite aussi cette loi à
peu près pareille, attribuée à Oxylus, et qui interdisait de prêter sur hypothèques
immobilières.
§ 6. Si l'on voulait aujourd'hui réformer bien des abus, on pourrait recourir à la loi
des Aphytéens, qui serait d'une excellente application pour l'objet qui nous
occupe. Quoique la population de leur État soit très nombreuse, et son territoire
peu étendu, cependant tous les citoyens sans exception y cultivent un coin de
terre. On a soin de ne soumettre à l'impôt qu'une portion des propriétés ; et les
parts territoriales sont toujours assez fortes pour que le cens des plus pauvres
dépasse la quotité légale.
§ 7. Après le peuple agriculteur, le peuple le plus propre à la démocratie, c'est le
peuple pasteur et vivant de ses troupeaux. Ce genre d'existence se rapproche
beaucoup de l'existence agricole; et les peuples pasteurs sont merveilleusement
préparés aux travaux de la guerre, d'un tempérament robuste, et capables de
supporter les fatigues du bivouac. Quant aux classes différentes de celles-là, et
dont se composent presque toutes les autres espèces de démocraties, elles sont
bien inférieures à ces deux premières; leur existence est dégradée; et la vertu n'a
rien à faire avec les occupations habituelles des artisans, des marchands, des
mercenaires. Toutefois il faut remarquer que, tourbillonnant sans cesse dans les
marchés et les rues de la cité, cette masse se réunit sans peine, on peut dire, en
assemblée publique. Les laboureurs, au contraire, disséminés dans les champs, se
rencontrent rarement entre eux et ne sentent pas autant ce besoin de se réunir.
§ 8. Mais si le territoire est distribué de telle sorte que les champs soient fort
éloignés de la ville, on peut établir aisément dans cette condition une excellente
démocratie et même une république. La majorité des citoyens est forcée alors
d'émigrer de la ville et d'aller vivre dans les campagnes; et l'on statuerait que la
tourbe des marchands ne pourra se réunir jamais en assemblée générale, sans la
présence de la masse agricole.
Tels sont les principes sur lesquels doit reposer l'institution de la première et de la
meilleure des démocraties. On peut sans peine en déduire l'organisation de toutes
les autres, dont les dégénérations se succèdent selon les diverses classes du
peuple, jusqu'à cette classe dégradée qu'il faut toujours exclure.
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