[3,1288a] Ἀλλ' ἐκ τῶν εἰρημένων γε φανερὸν ὡς ἐν μὲν τοῖς ὁμοίοις καὶ
ἴσοις οὔτε συμφέρον ἐστὶν οὔτε δίκαιον ἕνα κύριον εἶναι πάντων, οὔτε
μὴ νόμων ὄντων, ἀλλ' ὡς αὐτὸν ὄντα νόμον, οὔτε νόμων ὄντων, οὔτε
ἀγαθὸν ἀγαθῶν οὔτε μὴ ἀγαθῶν μὴ ἀγαθόν, οὐδ' ἂν κατ' ἀρετὴν
ἀμείνων ᾖ, εἰ μὴ τρόπον τινά. Τίς δ' ὁ τρόπος, λεκτέον· εἴρηται δέ πως
ἤδη καὶ πρότερον.
§ 11. Πρῶτον δὲ διοριστέον τί τὸ βασιλευτὸν καὶ τί τὸ ἀριστοκρατικὸν
καὶ τί τὸ πολιτικόν. Βασιλευτὸν μὲν οὖν τὸ τοιοῦτόν ἐστι πλῆθος ὃ
πέφυκε φέρειν γένος ὑπερέχον κατ' ἀρετὴν πρὸς ἡγεμονίαν πολιτικήν,
ἀριστοκρατικὸν δὲ ὃ πέφυκε φέρειν πλῆθος ἄρχεσθαι δυνάμενον τὴν
τῶν ἐλευθέρων ἀρχὴν ὑπὸ τῶν κατ' ἀρετὴν ἡγεμονικῶν πρὸς πολιτικὴν
ἀρχήν, πολιτικὸν δὲ ἐν ᾧ πέφυκεν ἐγγίνεσθαι πλῆθος πολεμικὸν
δυνάμενον ἄρχεσθαι καὶ ἄρχειν κατὰ νόμον τὸν κατ' ἀξίαν διανέμοντα
τοῖς εὐπόροις τὰς ἀρχάς.
§ 12. Ὅταν οὖν ἢ γένος ὅλον ἢ καὶ τῶν ἄλλων ἕνα τινὰ συμβῇ
διαφέροντα γενέσθαι κατ' ἀρετὴν τοσοῦτον ὥσθ' ὑπερέχειν τὴν ἐκείνου
τῆς τῶν ἄλλων πάντων, τότε δίκαιον τὸ γένος εἶναι τοῦτο βασιλικὸν καὶ
κύριον πάντων, καὶ βασιλέα τὸν ἕνα τοῦτον. Καθάπερ γὰρ εἴρηται
πρότερον, οὐ μόνον οὕτως ἔχει κατὰ τὸ δίκαιον ὃ προφέρειν εἰώθασιν
οἱ τὰς πολιτείας καθιστάντες, οἵ τε τὰς ἀριστοκρατικὰς καὶ οἱ τὰς
ὀλιγαρχικὰς καὶ πάλιν οἱ τὰς δημοκρατικάς (πάντες γὰρ καθ' ὑπεροχὴν
ἀξιοῦσιν, ἀλλὰ ὑπεροχὴν οὐ τὴν αὐτήν), ἀλλὰ καὶ κατὰ τὸ πρότερον
λεχθέν. Οὔτε γὰρ κτείνειν ἢ φυγαδεύειν οὐδ' ὀστρακίζειν δή που τὸν
τοιοῦτον πρέπον ἐστίν, οὔτ' ἀξιοῦν ἄρχεσθαι κατὰ μέρος· οὐ γὰρ
πέφυκε τὸ μέρος ὑπερέχειν τοῦ παντός, τῷ δὲ τὴν τηλικαύτην
ὑπερβολὴν ἔχοντι τοῦτο συμβέβηκεν. Ὥστε λείπεται μόνον τὸ πείθεσθαι
τῷ τοιούτῳ καὶ κύριον εἶναι μὴ κατὰ μέρος τοῦτον ἀλλ' ἁπλῶς.
§ 13. Περὶ μὲν οὖν βασιλείας, τίνας ἔχει διαφοράς, καὶ πότερον οὐ
συμφέρει ταῖς πόλεσιν ἢ συμφέρει, καὶ τίσι, καὶ πῶς, διωρίσθω τὸν
τρόπον τοῦτον.
CHAPITRE XII
§ 1. Ἐπεὶ δὲ τρεῖς φαμεν εἶναι τὰς ὀρθὰς πολιτείας, τούτων δ' ἀναγκαῖον
ἀρίστην εἶναι τὴν ὑπὸ τῶν ἀρίστων οἰκονομουμένην, τοιαύτη δ' ἐστὶν ἐν
ᾗ συμβέβηκεν ἢ ἕνα τινὰ συμπάντων ἢ γένος ὅλον ἢ πλῆθος ὑπερέχον
εἶναι κατ' ἀρετήν, τῶν μὲν ἄρχεσθαι δυναμένων τῶν δ' ἄρχειν πρὸς τὴν
αἱρετωτάτην ζωήν, ἐν δὲ τοῖς πρώτοις ἐδείχθη λόγοις ὅτι τὴν αὐτὴν
ἀναγκαῖον ἀνδρὸς ἀρετὴν εἶναι καὶ πολίτου τῆς πόλεως τῆς ἀρίστης,
φανερὸν ὅτι τὸν αὐτὸν τρόπον καὶ διὰ τῶν αὐτῶν ἀνήρ τε γίνεται
σπουδαῖος καὶ πόλιν συστήσειεν ἄν τις ἀριστοκρατουμένην ἢ βασιλευομένην,
| [3,1288a] Ce que nous avons dit doit prouver que,
parmi des individus égaux et semblables, le pouvoir absolu d'un seul
n'est ni utile ni juste ; peu importe que cet homme soit d'ailleurs
comme la loi vivante en l'absence de toute loi, ou même en présence
des lois, ou qu'il commande à des sujets aussi vertueux ou aussi
dépravés que lui, ou bien enfin qu'il soit tout à fait supérieur par son
mérite. Je n'excepte qu'un seul cas, et je vais le dire, bien que je l'aie
déjà indiqué.
§ 11. Fixons d'abord ce que signifient pour un peuple les appellations
de monarchique, d'aristocratique, de républicain. Un peuple
monarchique est celui qui naturellement peut supporter la domination
d'une famille douée de toutes les vertus supérieures qu'exige la
domination politique. Un peuple aristocratique est celui qui, tout en
ayant les qualités nécessaires pour la constitution politique qui
convient à des hommes libres, peut naturellement supporter l'autorité
de chefs que leur mérite appelle à gouverner. Un peuple républicain
est celui où naturellement tout le monde est guerrier et sait également
obéir et commander, à l'abri d'une loi qui assure à la classe pauvre la
part de pouvoir qui lui doit revenir.
§ 12. Lors donc qu'une race entière, ou même un individu de la masse,
vient à briller d'une vertu tellement supérieure qu'elle surpasse la vertu
de tous les autres citoyens ensemble, alors il est juste que cette race
soit élevée à la royauté, à la suprême puissance, que cet individu soit
pris pour roi. Ceci, je le répète, est juste, non seulement de l'aveu des
fondateurs de constitutions aristocratiques, oligarchiques, et même
démocratiques, qui ont unanimement reconnu les droits de la
supériorité , tout en différant sur l'espèce de supériorité , mais encore
par le motif que nous en avons donné plus haut. Il n'est équitable ni de
tuer ni de proscrire par l'ostracisme un tel personnage, ni de le
soumettre au niveau commun ; la partie ne doit pas l'emporter sur le
tout, et le tout est ici précisément cette vertu si supérieure à toutes les
autres. Il ne reste donc plus que d'obéir à cet homme et de lui
reconnaître une puissance, non point alternative, mais perpétuelle.
§ 13. Nous terminerons ici l'étude de la royauté, après en avoir exposé
les espèces diverses, les avantages et les dangers, suivant les
peuples auxquels elle s'applique, et avoir étudié les formes qu'elle revêt.
CHAPITRE XII.
§ 1. Des trois constitutions que nous avons reconnues bonnes, la
meilleure doit être nécessairement celle qui a les meilleurs chefs. Tel
est l'État où se rencontre par bonheur une grande supériorité de vertu,
que d'ailleurs elle appartienne soit à un seul individu à l'exclusion de
tous, soit à une race entière, soit même à la multitude ; et où les uns
savent obéir aussi bien que les autres savent commander, dans
l'intérêt du but le plus noble. Il a été démontré précédemment que dans
le gouvernement parfait la vertu privée est identique à la vertu politique :
il n'est pas moins évident qu'avec les mêmes moyens et les mêmes
vertus qui constituent l'homme de bien, on peut constituer aussi un
État entier, aristocratique ou monarchique ;
|