[3,1281b] ὅμως ἐνδέχεται συνελθόντας εἶναι βελτίους ἐκείνων, οὐχ ὡς ἕκαστον
ἀλλ' ὡς σύμπαντας, οἷον τὰ συμφορητὰ δεῖπνα τῶν ἐκ μιᾶς δαπάνης
χορηγηθέντων· πολλῶν γὰρ ὄντων ἕκαστον μόριον ἔχειν ἀρετῆς καὶ
φρονήσεως, καὶ γίνεσθαι συνελθόντας ὥσπερ ἕνα ἄνθρωπον τὸ
πλῆθος, πολύποδα καὶ πολύχειρα καὶ πολλὰς ἔχοντ' αἰσθήσεις, οὕτω
καὶ περὶ τὰ ἤθη καὶ τὴν διάνοιαν. Διὸ καὶ κρίνουσιν ἄμεινον οἱ πολλοὶ
καὶ τὰ τῆς μουσικῆς ἔργα καὶ τὰ τῶν ποιητῶν· ἄλλοι γὰρ ἄλλο τι μόριον,
πάντα δὲ πάντες.
§ 5. Ἀλλὰ τούτῳ διαφέρουσιν οἱ σπουδαῖοι τῶν ἀνδρῶν ἑκάστου τῶν
πολλῶν, ὥσπερ καὶ τῶν μὴ καλῶν τοὺς καλούς φασι, καὶ τὰ
γεγραμμένα διὰ τέχνης τῶν ἀληθινῶν, τῷ συνῆχθαι τὰ διεσπαρμένα
χωρὶς εἰς ἕν, ἐπεὶ κεχωρισμένων γε κάλλιον ἔχειν τοῦ γεγραμμένου
τουδὶ μὲν τὸν ὀφθαλμὸν ἑτέρου δέ τινος ἕτερον μόριον.
Εἰ μὲν οὖν περὶ πάντα δῆμον καὶ περὶ πᾶν πλῆθος ἐνδέχεται ταύτην
εἶναι τὴν διαφορὰν τῶν πολλῶν πρὸς τοὺς ὀλίγους σπουδαίους,
ἄδηλον, ἴσως δὲ νὴ Δία δῆλον ὅτι περὶ ἐνίων ἀδύνατον (ὁ γὰρ αὐτὸς
κἂν ἐπὶ τῶν θηρίων ἁρμόσειε λόγος· καίτοι τί διαφέρουσιν ἔνιοι τῶν
θηρίων ὡς ἔπος εἰπεῖν;)· ἀλλὰ περὶ τὶ πλῆθος οὐδὲν εἶναι κωλύει τὸ
λεχθὲν ἀληθές.
§ 6. Διὸ καὶ τὴν πρότερον εἰρημένην ἀπορίαν λύσειεν ἄν τις διὰ τούτων
καὶ τὴν ἐχομένην αὐτῆς, τίνων δεῖ κυρίους εἶναι τοὺς ἐλευθέρους καὶ τὸ
πλῆθος τῶν πολιτῶν. Τοιοῦτοι δ' εἰσὶν ὅσοι μήτε πλούσιοι μήτε ἀξίωμα
ἔχουσιν ἀρετῆς μηδὲ ἕν. Τὸ μὲν γὰρ μετέχειν αὐτοὺς τῶν ἀρχῶν τῶν
μεγίστων οὐκ ἀσφαλές (διά τε γὰρ ἀδικίαν καὶ δι' ἀφροσύνην τὰ μὲν
ἀδικεῖν ἀνάγκη τὰ δ' ἁμαρτάνειν αὐτούς)· τὸ δὲ μὴ μεταδιδόναι μηδὲ
μετέχειν φοβερόν νὅταν γὰρ ἄτιμοι πολλοὶ καὶ πένητες ὑπάρχωσι,
πολεμίων ἀναγκαῖον εἶναι πλήρη τὴν πόλιν ταύτηνν. Λείπεται δὴ τοῦ
βουλεύεσθαι καὶ κρίνειν μετέχειν αὐτούς.
§ 7. Διόπερ καὶ Σόλων καὶ τῶν ἄλλων τινὲς νομοθετῶν τάττουσιν ἐπί τε
τὰς ἀρχαιρεσίας καὶ τὰς εὐθύνας τῶν ἀρχόντων, ἄρχειν δὲ κατὰ μόνας
οὐκ ἐῶσιν. Πάντες μὲν γὰρ ἔχουσι συνελθόντες ἱκανὴν αἴσθησιν, καὶ
μιγνύμενοι τοῖς βελτίοσι τὰς πόλεις ὠφελοῦσιν, καθάπερ ἡ μὴ καθαρὰ
τροφὴ μετὰ τῆς καθαρᾶς τὴν πᾶσαν ποιεῖ χρησιμωτέραν τῆς ὀλίγης·
χωρὶς δ' ἕκαστος ἀτελὴς περὶ τὸ κρίνειν ἐστίν.
§ 8. Ἔχει δ' ἡ τάξις αὕτη τῆς πολιτείας ἀπορίαν πρώτην μὲν ὅτι δόξειεν
ἂν τοῦ αὐτοῦ εἶναι τὸ κρῖναι τίς ὀρθῶς ἰάτρευκεν, οὗπερ καὶ τὸ
ἰατρεῦσαι καὶ ποιῆσαι ὑγιᾶ τὸν κάμνοντα τῆς νόσου τῆς παρούσης·
οὗτος δ' ἐστὶν ὁ ἰατρός.
| [3,1281b] est cependant au-dessus des hommes supérieurs, sinon
individuellement, du moins en masse, comme un repas à frais communs
est plus splendide que le repas dont une personne seule fait la dépense.
Dans cette multitude, chaque individu a sa part de vertu, de sagesse ; et
tous en se rassemblant forment, on peut dire, un seul homme ayant
des mains, des pieds, des sens innombrables, un moral et une
intelligence en proportion. Ainsi, la foule porte des jugements exquis
sur les oeuvres de musique, de poésie ; celui-ci juge un point, celui-là
un autre, et l'assemblée entière juge l'ensemble de l'ouvrage.
§ 5. L'homme distingué, pris individuellement, diffère de la foule,
comme la beauté, dit-on, diffère de la laideur, comme un bon tableau
que l'art produit diffère de la réalité, par l'assemblage en un seul corps
de beaux traits épars ailleurs ; ce qui n'empêche pas que, si l'on
analyse les choses, on ne puisse trouver mieux encore que le tableau,
et que tel homme puisse avoir les yeux plus beaux, tel l'emporter par
toute autre partie du corps. Je n'affirmerai pas que ce soit là, dans
toute multitude, dans toute grande réunion, la différence constante de
la majorité au petit nombre des hommes distingués ; et certes on
pourrait dire plutôt sans crainte de se tromper que, dans plus d'un cas,
une différence de ce genre est impossible, car on pourrait alors
pousser la comparaison jusqu'aux animaux : et en quoi, je le demande,
certains hommes diffèrent-ils des animaux ? Mais l'assertion, si on la
restreint à une multitude donnée, peut être parfaitement juste.
§ 6. Ces considérations répondent à notre première question sur le
souverain, et à celle-ci qui lui est intimement liée : A quels objets la
souveraineté des hommes libres et de la masse des citoyens doit-elle
s'étendre ? Je comprends par la masse des citoyens tous les hommes
d'une fortune et d'un mérite ordinaires. Il y a danger à leur confier les
magistratures importantes : faute d'équité et de lumières, ils seront
injustes dans tel cas et se tromperont dans tel autre. Les repousser de
toutes les fonctions n'est pas plus sûr : un État où tant de gens sont
pauvres et privés de toute distinction publique, compte nécessairement
dans son sein autant d'ennemis. Mais on peut leur laisser le droit de
délibérer sur les affaires publiques, et le droit de juger.
§ 7. Aussi, Solon et quelques autres législateurs leur ont-ils accordé
l'élection et la censure des magistrats, tout en leur refusant des
fonctions individuelles. Quand ils sont assemblés, leur masse sent
toujours les choses avec une intelligence suffisante ; et réunie aux
hommes distingués, elle sert l'État, de même que des aliments peu
choisis, joints à quelques aliments plus délicats, donnent par leur
mélange une quantité plus forte et plus profitable de nourriture. Mais
les individus pris isolément n'en sont pas moins incapables de juger.
§ 8. On peut faire à ce principe politique une première objection, et
demander si, lorsqu'il s'agit de juger du mérite d'un traitement médical,
il ne faut point appeler celui-là même qui serait, au besoin, capable de
guérir le malade de la douleur qu'il souffre actuellement, c'est-à-dire, le
médecin;
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