[3] CHAPITRE III.
§ 1. Ἔτι δὲ ἐπί τε τῶν φυτῶν δῆλον καὶ ἐπὶ τῶν ζῴων͵
§ 2. τῶν μὲν φυτῶν τήν τ΄ ἐκ τῶν σπερμάτων γένεσιν ἐπισκοποῦσι καὶ τὰς ἐμφυτείας τε καὶ τὰς ἀποφυτείας. Ἥ τε γὰρ ἐκ τῶν σπερμάτων γένεσις συμβαίνει πᾶσιν ἐκ τοῦ μέσου (διθύρων γὰρ ὄντων πάντων͵ ᾗ συμπέφυκεν καὶ τὸ μέσον ἔστιν ἑκατέρου τῶν μορίων͵ ἐντεῦθεν ὅ τε καυλὸς ἐκφύεται καὶ ἡ ῥίζα τῶν φυομένων͵ ἡ δ΄ ἀρχὴ τὸ μέσον αὐτῶν ἐστιν)͵ § 3. ἔν τε ταῖς ἐμφυτείαις καὶ ταῖς ἀποφυτείαις μάλιστα συμβαίνει τοῦτο περὶ τοὺς ὄζους· ἔστι γὰρ ἀρχή τις ὁ ὄζος τοῦ κλάδου͵ ἅμα δὲ καὶ μέσον͵ ὥστε ἢ τοῦτο ἀφαιροῦσιν ἢ εἰς τοῦτο ἐμβάλλουσιν͵ ἵνα ἢ ὁ κλάδος ἢ αἱ ῥίζαι ἐκ τούτου γίνωνται͵ ὡς οὔσης τῆς ἀρχῆς ἐκ τοῦ μέσου κλάδου καὶ ῥίζης.
§ 4. Καὶ τῶν ζῴων τῶν ἐναίμων ἡ καρδία γίνεται πρῶτον· τοῦτο δὲ δῆλον ἐξ ὧν ἐν τοῖς ἐνδεχομένοις ἔτι γινομένοις ἰδεῖν τεθεωρήκαμεν. Ὥστε καὶ ἐν τοῖς ἀναίμοις ἀναγκαῖον τὸ ἀνάλογον τῇ καρδίᾳ γίνεσθαι πρῶτον. Ἡ δὲ καρδία ὅτι ἐστὶν ἀρχή͵ τῶν φλεβῶν ἐν τοῖς περὶ τὰ Πέρη τῶν ζῴων εἴρηται (469a) πρότερον· καὶ ὅτι τὸ αἷμα τοῖς ἐναίμοις ἐστὶ τελευταία τροφή͵ ἐξ οὗ γίνεται τὰ μόρια. § 5. Φανερὸν τοίνυν ὅτι μίαν μέν τινα ἐργασίαν ἡ τοῦ στόματος λειτουργεῖ δύναμις͵ ἑτέραν δ΄ ἡ τῆς κοιλίας͵ περὶ τὴν τροφήν͵ ἡ δὲ καρδία κυριωτάτη͵ καὶ τὸ τέλος ἐπιτίθησιν. Ὥστ΄ ἀνάγκη καὶ τῆς αἰσθητικῆς καὶ τῆς θρεπτικῆς ψυχῆς ἐν τῇ καρδίᾳ τὴν ἀρχὴν εἶναι τοῖς ἐναίμοις· τὰ γὰρ τῶν ἄλλων μορίων ἔργα περὶ τὴν τροφὴν τοῦ ταύτης ἔργου χάριν ἐστί· δεῖ μὲν γὰρ τὸ κύριον πρὸς τὸ οὗ ἕνεκα διατελεῖν͵ ἀλλ΄ οὐκ ἐν τοῖς τούτου ἕνεκα͵ οἷον ἰατρὸς πρὸς τὴν ὑγίειαν. § 6. Ἀλλὰ μὴν τό γε κύριον τῶν αἰσθήσεων ἐν ταύτῃ τοῖς ἐναίμοις πᾶσιν· ἐν τούτῳ γὰρ ἀναγκαῖον εἶναι τὸ πάντων τῶν αἰσθητηρίων κοινὸν αἰσθητήριον. Δύο δὲ φανερῶς ἐνταῦθα συντεινούσας ὁρῶμεν͵ τήν τε γεῦσιν καὶ τὴν ἁφήν͵ ὥστε καὶ τὰς ἄλλας ἀναγκαῖον· ἐν τούτῳ μὲν γὰρ τοῖς ἄλλοις αἰσθητηρίοις ἐνδέχεται ποιεῖσθαι τὴν κίνησιν͵ ταῦτα δ΄ οὐδὲν συντείνει πρὸς τὸν ἄνω τόπον. § 7. Χωρὶς δὲ τούτων͵ εἰ τὸ ζῆν ἐν τούτῳ τῷ μορίῳ πᾶσίν ἐστι͵ δῆλον ὅτι καὶ τὴν αἰσθητικὴν ἀρχὴν ἀναγκαῖον· ᾗ μὲν γὰρ ζῷον͵ ταύτῃ καὶ ζῆν φαμεν͵ ᾗ δ΄ αἰσθητικόν͵ ταύτῃ τὸ σῶμα ζῷον εἶναι λέγομεν. § 8. Διὰ τί δ΄ αἱ μὲν τῶν αἰσθήσεων φανερῶς συντείνουσι πρὸς τὴν καρδίαν͵ αἱ δ΄ εἰσὶν ἐν τῇ κεφαλῇ (διὸ καὶ δοκεῖ τισιν αἰσθάνεσθαι τὰ ζῷα διὰ τὸν ἐγκέφαλον)͵ τὸ αἴτιον τούτων ἐν ἑτέροις εἴρηται χωρίς.
§ 9. Κατὰ μὲν οὖν τὰ φαινόμενα δῆλον ἐκ τῶν εἰρημένων ὅτι ἐν τούτῳ τε καὶ ἐν τῷ μέσῳ τοῦ σώματος τῶν τριῶν μορίων ἥ τε τῆς αἰσθητικῆς ψυχῆς ἀρχή ἐστι καὶ ἡ τῆς αὐξητικῆς καὶ θρεπτικῆς·
| [3] CHAPITRE III.
§ 1. Du reste, il est encore d'autres preuves manifestes de ces faits dans les plantes et dans les animaux.
§ 2. Pour les plantes, il suffit d'observer leur développement, soit qu'elles viennent de semence, de greffe ou de bouture. Quand elles viennent de semence, c'est toujours du centre que part le développement; car toutes les graines ayant deux valves, le milieu se trouve précisément au point où toutes les deux se soudent, et il appartient à chacune de ces deux parties. C'est de là que sortent la tige et la racine quand la plante pousse; et le principe de toutes deux est le centre d'où elles sortent l'une et l'autre. § 3. C'est là ce qu'on peut très-bien observer aussi pour les troncs, soit dans les greffes, soit dans les boutures. Le tronc est le principe du rameau, et en est en même temps le centre. Aussi, l'on doit ou enlever ce tronc, ou y insérer le sujet, pour que le rameau ou les racines puissent en pousser, comme si le principe, soit du rejeton, soit de la racine, venait du centre.
§ 4. Dans les animaux qui ont du sang, c'est le cœur qui se développe d'abord ; c'est là ce qui est certain d'après les faits que nous avons observés, autant que nous l'avons pu voir sur les animaux au moment même où ils se développaient. Il faut nécessairement que dans les animaux qui n'ont pas de sang, ce soit la partie correspondante au cœur qui se forme aussi la première. Nous avons dit antérieurement, dans le Traité des Parties des animaux, que le cœur est le principe des veines, et que le sang est, dans les animaux qui en ont, nourriture définitive dont se forment les parties qui les composent. § 5. Il est donc évident que l'office de la bouche, en ce qui concerne la nourriture, se borne à une seule opération, et que celui des intestins est différent. Le cœur est la pièce principale, et c'est lui qui vient ajouter la fin à tout le reste. Une conséquence nécessaire de ceci dans les animaux qui ont du sang, c'est que le principe de l'âme sensible et nutritive soit aussi dans le cœur, parce que les fonctions des autres parties relativement à la nourriture n'ont lieu qu'en vue de l'œuvre accomplie par le cœur, et qu'on doit toujours placer la souveraineté dans la partie en vue de laquelle travaillent toutes les autres, et non pas dans les parties qui fonctionnent pour celle-là, comme le médecin n'agit qu'en vue de la santé. § 6. C'est donc bien dans le cœur qu'est le principe souverain de toutes les sensations, chez les animaux qui ont du sang; car c'est là que doit être placé nécessairement l'organe commun de tous les autres organes des sens. Or, il y a deux sens que nous voyons évidemment aboutir au cœur : ce sont le goût et le toucher; il faut donc aussi que les autres s'y rendent comme ceux-là. C'est en lui, en effet, que les autres organes des sens peuvent aussi communiquer leur mouvement; or, ces deux sens ne se rendent point du tout dans la partie supérieure du corps. § 7. Mais, si indépendamment de tout cela, la vie pour tous les êtres réside dans le cœur, il est clair qu'il faut aussi que le cœur soit le principe de la sensibilité. En effet, c'est en tant que l'être est animal que nous disons qu'il vit; et c'est en tant que le corps est sensible que nous disons qu'il est le corps d'un animal. § 8. Mais pourquoi certains sens se rendent-ils évidemment au cœur, et d'autres sont-ils dans la tête, ce qui a donné à penser à quelques philosophes que c'est par le cerveau que les animaux sentent ? C'est là une question que nous avons déjà éclaircie spécialement dans un traité différent.
§ 9. Il est donc certain, d'après ce que nous avons dit en nous appuyant sur les faits, que c'est dans le cœur, dans le centre des trois parties du corps, que se trouve le principe de l'âme qui sent, le principe de l'âme qui fait croître, et le principe de l'âme qui nourrît.
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