[2] CHAPITRE II.
§ 1. Τριῶν δὲ μερῶν ὄντων εἰς ἃ διαιρεῖται πάντα τὰ τέλεια τῶν ζῴων͵ ἑνὸς μὲν ᾗ δέχεται τὴν τροφήν͵ ἑνὸς δ΄ ᾗ τὸ περίττωμα προΐεται͵ τρίτου δὲ τοῦ μέσου τούτων͵ τοῦτο ἐν μὲν τοῖς μεγίστοις τῶν ζῴων καλεῖται στῆθος͵ ἐν δὲ τοῖς ἄλλοις τὸ ἀνάλογον͵ διήρθρωται δὲ μᾶλλον ἑτέροις ἑτέρων. § 2. Ὅσα δ΄ αὐτῶν ἐστι πορευτικά͵ πρόσκειται καὶ μόρια τὰ πρὸς ταύτην τὴν ὑπηρεσίαν͵ οἷς τὸ πᾶν οἴσουσι κύτος͵ σκέλη τε καὶ πόδες καὶ τὰ τούτοις ἔχοντα τὴν αὐτὴν δύναμιν. § 3. Ἀλλ΄ ἥ γε τῆς θρεπτικῆς ἀρχὴ ψυχῆς ἐν τῷ μέσῳ τῶν τριῶν μορίων καὶ κατὰ τὴν αἴσθησιν οὖσα φαίνεται καὶ κατὰ τὸν λόγον· πολλὰ γὰρ τῶν ζῴων ἀφαιρουμένου ἑκατέρου τῶν μορίων͵ τῆς τε καλουμένης κεφαλῆς καὶ τοῦ δεκτικοῦ τῆς τροφῆς͵ ζῇ μεθ΄ οὗπερ ἂν ᾖ τὸ μέσον. Δῆλον δ΄ ἐπὶ τῶν ἐντόμων͵ οἷον σφηκῶν τε καὶ μελιττῶν͵ τοῦτο συμβαῖνον· καὶ τῶν μὴ ἐντόμων δὲ πολλὰ διαιρούμενα δύναται ζῆν διὰ τὸ θρεπτικόν. § 4. Τὸ δὲ τοιοῦτον μόριον ἐνεργείᾳ μὲν ἔχει ἕν͵ δυνάμει δὲ πλείω· § 5. τὸν αὐτὸν γὰρ συνέστηκε τοῖς φυτοῖς τρόπον· καὶ γὰρ τὰ φυτὰ διαιρούμενα ζῇ χωρίς͵ καὶ γίνεται πολλὰ ἀπὸ μιᾶς ἀρχῆς δένδρα. § 6. Δι΄ ἓν δ΄ αἰτίαν τὰ μὲν οὐ δύναται διαιρούμενα ζῆν͵ τὰ δ΄ ἀποφυτεύεται τῶν φυτῶν͵ ἕτερος (468b) ἔσται λόγος.§ 7. Ἀλλ΄ ὁμοίως ἔχει κατά γε τοῦτο τά τε φυτὰ καὶ τὸ τῶν ἐντόμων γένος. Ἀνάγκη δὲ καὶ τὴν θρεπτικὴν ψυχὴν ἐνεργείᾳ μὲν ἐν τοῖς ἔχουσιν εἶναι μίαν͵ δυνάμει δὲ πλείους͵ ὁμοίως δὲ καὶ τὴν αἰσθητικήν· φαίνεται γὰρ ἔχοντα αἴσθησιν τὰ διαιρούμενα αὐτῶν. § 8. Ἀλλὰ πρὸς τὸ σῴζεσθαι τὴν φύσιν͵ τὰ μὲν φυτὰ δύναται͵ ταῦτα δ΄ οὐ δύναται διὰ τὸ μὴ ἔχειν ὄργανα πρὸς σωτηρίαν͵ ἐνδεᾶ τ΄ εἶναι τὰ μὲν τοῦ ληψομένου τὰ δὲ τοῦ δεξομένου τὴν τροφήν͵ τὰ δ΄ ἄλλων τε καὶ τούτων ἀμφοτέρων. § 9. Ἐοίκασι γὰρ τὰ τοιαῦτα τῶν ζῴων πολλοῖς ζῴοις συμπεφυκόσιν (τὰ δ΄ ἄριστα συνεστηκότα τοῦτ΄ οὐ πάσχει τῶν ζῴων διὰ τὸ εἶναι τὴν φύσιν αὐτῶν ὡς ἐνδέχεται μάλιστα μίαν). Διὸ καὶ μικρὰν αἴσθησιν ἔνια ποιεῖ διαιρούμενα τῶν μορίων ὅτι ἔχει τι ψυχικὸν πάθος· χωριζομένων γὰρ τῶν σπλάγχνων ποιεῖται κίνησιν͵ οἷον καὶ αἱ χελῶναι τῆς καρδίας ἀφῃρημένης.
| [2] CHAPITRE II.
§ 1. On peut distinguer trois parties principales dans lesquelles se divisent tous les animaux qui sont complets : l'une par où l'animal reçoit sa nourriture, l'autre par où il en rejette le résidu, et la troisième, qui est intermédiaire entre ces deux-là. Cette dernière partie se nomme la poitrine dans les plus grands animaux; et dans les autres, elle est remplacée par quelque partie correspondante. Ces parties sont plus séparées dans certaines espèces que dans certaines autres. § 2. Tous animaux qui marchent ont aussi, pour remplir cette fonction, des appareils spéciaux qui leur servent à porter tout le poids du corps, à savoir des cuisses et des pieds, ou des organes qui ont la même destination. § 3. Mais le principe de l'âme nutritive paraît se trouver au centre de ces trois parties; et c'est ce dont on peut se convaincre et par l'observation sensible, et aussi par la raison. Il y a, en effet, beaucoup d'animaux qui, même après qu'on leur a enlevé deux de ces parties, celle qu'on appelle la tête, et celle qui reçoit la nourriture, vivent cependant encore avec la partie ou est placé le centre. C'est là un fait qu'on peut vérifier sans peine dans les insectes, tels que les guêpes et les abeilles ; et de plus, il y a beaucoup d'animaux qui, sans être des insectes, peuvent vivre néanmoins même après qu'on les a divisés, pourvu qu'ils aient conservé la partie nutritive. § 4. En acte cette partie est une, mais en puissance elle, est multiple. § 5. Il en est de même aussi pour les végétaux. Les végétaux, quand on les a coupés, vivent encore séparément; et il peut sortir plusieurs arbres d'un seul individu, principe (468b) de tous les autres. § 6. On dira ailleurs d'où vient que certaines plantes ne peuvent revivre quand on les sépare du tronc, tandis qu'il en est d'autres qu'on peut faire repousser de bouture. § 7. Mais, du reste, en ceci les plantes sont tout à fait comme la race des insectes. Pour elles aussi, il faut nécessairement que l'âme nutritive dans les êtres qui la possèdent soit actuellement une; mais en puissance elle peut être multiple. Cette observation s'applique également au principe sensible; car les animaux que l'on a divisés ainsi semblent encore jouir de la sensibilité. § 8. Mais, quant à conserver complètement leur nature, les plantes le peuvent très-bien. Au contraire, les insectes et les autres animaux ne le peuvent point, parce qu'ils n'ont plus les instruments indispensables à leur conservation, et qu'ils manquent, soit de l'organe qui doit prendre la nourriture, soit de l'organe qui doit la recevoir. D'autres animaux manquent alors d'autres organes encore, en même temps qu'ils manquent de ces deux-là. § 9. C'est que les animaux qu'on peut ainsi diviser doivent être considérés à peu près comme plusieurs animaux soudés ensemble. Les animaux les mieux organisés ne sont pas susceptibles de cette division, parce que leur nature est une au plus haut degré possible. Toutefois, il y a certaines parties qui, même séparées, montrent des restes de sensibilité, parce qu'elles éprouvent encore une sorte d'affection analogue à celles que l'âme pourrait percevoir. Ainsi, les viscères sont séparés que l'animal fait encore un mouvement, comme les tortues qui se meuvent même après qu'on leur a enlevé le cœur.
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