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| [2,149] XXI. Οὕτω μὲν δὴ Γάιος Καῖσαρ ἐτελεύτησεν ἐν ἡμέραις αἷς 
καλοῦσιν εἰδοῖς Μαρτίαις, Ἀνθεστηριῶνος μάλιστα μέσου, ἥν τινα 
ἡμέραν αὐτὸν ὁ μάντις οὐ περιοίσειν προύλεγεν· ὁ δ' ἐπισκώπτων 
αὐτὸν ἔφη περὶ τὴν ἕω· « Πάρεισιν αἱ εἰδοί. » Καὶ ὁ μὲν οὐδὲν 
καταπλαγεὶς ἀπεκρίνατο· « Ἀλλὰ οὐ παρεληλύθασιν, » ὁ δὲ καὶ 
τοιῶνδε προαγορεύσεων αὐτῷ σὺν τοσῷδε τοῦ μάντεως θάρσει 
γενομένων καὶ σημείων ὧν προεῖπον ἑτέρων ὑπεριδὼν προῆλθε καὶ 
ἐτελεύτησεν, ἔτος ἄγων ἕκτον ἐπὶ πεντήκοντα, ἀνὴρ ἐπιτυχέστατος 
ἐς πάντα καὶ δαιμόνιος καὶ μεγαλοπράγμων καὶ εἰκότως 
ἐξομοιούμενος Ἀλεξάνδρῳ. Ἄμφω γὰρ ἐγενέσθην φιλοτιμοτάτω τε 
πάντων καὶ πολεμικωτάτω καὶ τὰ δόξαντα ἐπελθεῖν ταχυτάτω 
πρός τε κινδύνους παραβολωτάτω καὶ τοῦ σώματος ἀφειδεστάτω 
καὶ οὐ στρατηγίᾳ πεποιθότε μᾶλλον ἢ τόλμῃ καὶ τύχῃ. Ὧν ὁ μὲν 
ἄνυδρόν τε πολλὴν ἐς Ἄμμωνος ὥδευεν ὥρᾳ καύματος, καὶ τὸν 
Παμφύλιον κόλπον τῆς θαλάσσης ἀνακοπείσης διέτρεχε 
δαιμονίως, καὶ τὸ πέλαγος αὐτῷ τοῦ δαίμονος κατέχοντος, ἔστε 
παρέλθοι, καὶ καθ' ὁδὸν ὁδεύοντι ὕοντος. Ἀπλώτου τε θαλάσσης ἐν 
Ἰνδοῖς ἀπεπείρασε, καὶ ἐπὶ κλίμακα πρῶτος ἀνέβη καὶ ἐς πολεμίων 
τεῖχος ἐσήλατο μόνος καὶ τρισκαίδεκα τραύματα ὑπέστη. Καὶ 
ἀήττητος αἰεὶ γενόμενος ἑνὶ σχεδὸν ἢ δύο ἔργοις ἕκαστον πόλεμον 
ἐξήνυσε, τῆς μὲν Εὐρώπης πολλὰ βάρβαρα ἑλὼν καὶ τὴν Ἑλλάδα 
χειρωσάμενος, δυσαρκτότατον ἔθνος καὶ φιλελεύθερον καὶ οὐδενὶ 
πρὸ αὐτοῦ πλην Φιλίππῳ κατ' εὐπρέπειαν ἐς ἡγεμονίαν πολέμου 
δόξασαν ὑπακούειν ἐπ' ὀλίγον· τὴν δὲ Ἀσίαν σχεδὸν εἰπεῖν ὅλην 
ἐπέ δραμε. Καὶ ὡς λόγῳ τὴν Ἀλεξάνδρου τύχην καὶ δύναμιν εἰπεῖν, 
ὅσην εἶδε γῆν, ἐκτήσατο καὶ περὶ τῆς λοιπῆς ἐνθυμούμενός τε καὶ 
διανοούμενος ἀπέθανε. 
 | [2,149] Ainsi périt Caius César, le jour que les Romains 
appellent « ides » de mars, à peu près au milieu du mois 
d'anthéstérion, jour auquel un devin lui avait prédit qu'il 
ne survivrait pas ; César lui dit en raillant le matin : 
« Elles sont là, les ides ! », à quoi le précédent, sans se 
démonter, répliqua : « Mais elles ne sont pas passées. » 
Toutefois César, méprisant ces prédictions, malgré 
l'assurance avec laquelle le devin les lui adressait, ainsi 
que les autres présages dont j'ai parlé, s'en alla et périt, 
à l'âge de cinquante-six ans. Il était le favori du succès 
dans toutes ses entreprises, un être surhumain, un 
homme de grands desseins et que l'on peut comparer à 
Alexandre. Tous deux étaient, en effet, les plus 
ambitieux et les plus belliqueux qui fussent, très rapides 
à prendre leurs décisions, très intrépides face aux 
dangers, ménageant très peu leur corps, et tous deux 
comptant moins sur des calculs stratégiques que sur leur 
audace et leur bonne fortune. Le premier d'entre eux 
traversa un grand désert pour aller au temple d'Ammon 
pendant la canicule, et il franchit avec l'aide d'un dieu, en 
courant, le golfe de Pamphylie, à un moment où la mer 
s'en était retirée, et le dieu retint les eaux pour lui jusqu'à 
ce qu'il fût passé ; il fit aussi pleuvoir pendant sa 
traversée du désert. Aux Indes, Alexandre traversa une 
mer inconnue ; il monta aussi le premier à l'échelle sur 
un rempart ennemi, en descendit seul et reçut treize 
blessures. Et, restant toujours invaincu, il termina 
chaque guerre en une ou deux opérations ; il soumit de 
nombreuses nations barbares d'Europe et se rendit 
maître des Grecs, peuple extrêmement difficile à 
gouverner, épris de liberté et qui n'avait accepté d'obéir 
à personne avant lui, si ce n'est à Philippe, pour peu de 
temps, par convenance, pour la direction d'une guerre ; 
quant à l'Asie, il l'envahit pour ainsi dire tout entière. 
Pour définir en un mot la bonne fortune et la puissance 
d'Alexandre, il conquit toutes les terres qu'il avait vues, 
et c'est en projetant et concevant la conquête des autres 
qu'il mourut.
 |  | [2,150] Καίσαρι δὲ ἥ τε Ἰόνιος θάλασσα εἶξε, χειμῶνος μέσου πλωτὴ 
καὶ εὔδιος γενομένη, καὶ τὸν ἑσπέριον ὠκεανὸν ἐπὶ Βρεττανοὺς 
διέπλευσεν οὔπω γενόμενον ἐν πείρα, κρημνοῖς τε τῶν Βρεττανῶν 
τοὺς κυβερνήτας ἐποκέλλοντας ἐκέλευε τὰς ναῦς περιαγνύναι. Καὶ 
πρὸς ἄλλον κλύδωνα μόνος ἐν σκάφει σμικρῷ νυκτὸς ἐβιάζετο καὶ 
τὸν κυβερνήτην ἐκέλευε προχέαι τὰ ἱστία καὶ θαρρεῖν τῇ Καίσαρος 
τύχῃ μᾶλλον ἢ τῇ θαλάσσῃ. Ἔς τε πολεμίους προεπήδησε μόνος ἐκ 
πάντων δεδιότων πολλάκις, καὶ τριακοντάκις αὐτὸς ἐν Κελτοῖς 
μόνοις παρετάξατο, μέχρι τετρακόσια αὐτῶν ἐχειρώσατο ἔθνη, 
οὕτω δή τι Ῥωμαίοις ἐπίφοβα, ὡς νόμῳ τῷ περὶ ἀστρατείας ἱερέων 
καὶ γερόντων ἐγγραφῆναι « πλὴν εἰ μὴ Κελτικὸς πόλεμος ἐπίοι ». 
Τότε δὲ καὶ γέροντας καὶ ἱερέας στρατεύεσθαι. Περί τε τὴν 
Ἀλεξάνδρειαν πολεμῶν καὶ ἀποληφθεὶς ἐπὶ γεφύρας μόνος καὶ 
κακοπαθῶν τὴν πορφύραν ἀπέρριψε καὶ ἐς τὴν θάλασσαν ἐξήλατο 
καὶ ζητούμενος ὑπὸ τῶν πολεμίων ἐν τῷ μυχῷ διενήχετο 
λανθάνων ἐπὶ πολύ, μόνην ἐκ διαστήματος ἀνίσχων τὴν 
ἀναπνοήν, μέχρι φιλίᾳ νηὶ προσπελάσας ὤρεξε τὰς χεῖρας καὶ 
ἑαυτὸν ἔδειξε καὶ περιεσώθη.  
Ἐς δὲ τὰ ἐμφύλια τάδε ἢ διὰ δέος, καθάπερ αὐτὸς ἔλεγεν, ἢ ἀρχῆς 
ἐπιθυμίᾳ συμπεσών, στρατηγοῖς τοῖς καθ' αὑτὸν ἀρίστοις 
συνηνέχθη καὶ στρατοῖς πολλοῖς τε καὶ μεγάλοις, οὐ βαρβάρων ἔτι, 
ἀλλὰ Ῥωμαίων ἀκμαζόντων μάλιστα εὐπραξίαις καὶ τύχαις· καὶ 
ἁπάντων ἐκράτησε, διὰ μιᾶς καὶ ὅδε πείρας ἑκάστων ἢ διὰ δύο, οὐ 
μὴν ἀηττήτου καθάπερ Ἀλεξάνδρῳ τοῦ στρατοῦ γενομένου, ἐπεὶ 
καὶ ὑπὸ Κελτῶν ἡττῶντο λαμπρῶς, ὅθ' ἡ μεγάλη σφᾶς συμφορὰ 
κατέλαβε Κόττα καὶ Τιτυρίου στρατηγούντων, καὶ ἐν Ἰβηρίᾳ 
Πετρήιος αὐτοὺς καὶ Ἀφράνιος συνέκλεισαν οἷα πολιορκουμένους, 
ἔν τε Δυρραχίῳ καὶ Λιβύῃ λαμπρῶς ἔφευγον καὶ ἐν Ἰβηρίᾳ 
Πομπήιον τὸν νέον κατεπλάγησαν. Ὁ δὲ Καῖσαρ αὐτὸς ἦν 
ἀκατάπληκτος καὶ ἐς παντὸς πολέμου τέλος ἀήττητος· 
τήν τε Ῥωμαίων ἰσχύν, γῆς ἤδη καὶ θαλάσσης ἐκ δύσεων ἐπὶ τὸν ποταμὸν 
Εὐφράτην κρατοῦσαν, ἐχειρώσατο βίᾳ καὶ φιλανθρωπίᾳ πολὺ 
βεβαιότερον καὶ πολὺ ἐγκρατέστερον Σύλλα βασιλέα τε αὑτὸν 
ἀπέφηνεν ἀκόντων, εἰ καὶ τὴν προσηγορίαν οὐκ ἐδέχετο. Καὶ 
πολέμους ἄλλους καὶ ὅδε διανοούμενος ἀνῃρέθη. 
 | [2,150] César vit la mer Adriatique lui céder, se faire 
navigable et calme en plein hiver, il traversa l'océan 
Occidental pour passer en Bretagne, ce qui n'avait 
jamais été tenté, et il ordonna aux pilotes de lancer les 
navires sur les rochers de Bretagne pour les y briser. 
Une autre fois, il affronta une tempête, de nuit, seul dans 
un petit bateau, et il ordonna au pilote de déployer les 
voiles et de tenir compte de la bonne fortune de César 
plus que de la mer. Face aux ennemis, il lui arriva 
souvent, alors que tous cédaient à la panique, d'être le 
seul à se lancer, et il livra trente batailles rangées aux 
seuls Gaulois, dont il finit par soumettre les quatre cents 
peuplades, que les Romains tenaient pour si redoutables 
que, dans la loi exemptant les prêtres et les vieillards de 
la mobilisation, il était écrit : « sauf en cas de guerre 
avec les Gaulois », car alors prêtres et vieillards étaient 
également mobilisés. Lors de la guerre d'Alexandrie, il 
se retrouva seul sur un pont, en position difficile : il se 
débarrassa alors de son vêtement de pourpre et se jeta 
dans la mer ; comme les ennemis le recherchaient il se 
cacha en nageant sous l'eau un long moment, ne 
remontant que de temps en temps pour respirer, et pour 
finir, il arriva près d'un bateau ami, tendit les mains vers 
lui, se fit reconnaître et fut sauvé. Lors des guerres 
civiles où il s'engagea soit par crainte, comme lui-même 
le prétend, soit par désir du pouvoir, il se mesura avec 
les meilleurs généraux de son temps, de nombreuses et 
considérables armées constituées non de barbares, 
mais de Romains au mieux de leur forme et de leur 
bonne fortune. Et il les vainquit tous, lui aussi, à chaque 
fois, en un ou deux engagements ; pourtant son armée 
n'était pas invincible comme celle d'Alexandre : les 
Gaulois lui infligèrent une cuisante défaite lors de l'échec 
considérable subi par ses lieutenants Cotta et Titurius ; 
et en Espagne, Afranius et Petreius la bloquèrent et la 
mirent en situation d'assiégée ; à Dyrrachium et en 
Afrique, ses débandades furent remarquables, et en 
Espagne elle céda à la panique devant Pompée le 
Jeune. Mais César lui-même était inaccessible à la 
panique et il sortit invaincu de toutes les guerres. La 
puissance romaine dominait désormais sur terre et sur 
mer de l'Occident jusqu'à l'Euphrate, et, par la force ainsi 
que par l'humanité, il l'établit beaucoup plus solidement 
que ne l'avait fait Sylla ; il se conduisit en roi, malgré les 
oppositions, même s'il n'en accepta pas le titre. Et c'est, 
lui aussi, en projetant d'autres guerres, qu'il trouva la mort.
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