|
[2,151] Συνέβη δ' αὐτοῖς καὶ τὰ στρατόπεδα ὁμοίως πρόθυμα μὲν ἐς
ἄμφω καὶ μετὰ εὐνοίας γενέσθαι καὶ ἐς μάχας θηριώδεσιν ἐοικότα,
δυσπειθῆ δὲ πολλάκις ἑκατέρῳ καὶ πολυστασίαστα διὰ τοὺς
πόνους. Ἀποθανόντας γε μὴν ὁμοίως ὠδύραντο καὶ ἐπεπόθησαν
καὶ θείων τιμῶν ἠξίωσαν. Ἐγένοντο δὲ καὶ τὰ σώματα εὐφυεῖς
ἄμφω καὶ καλοί. Καὶ τὸ γένος ἐκ Διὸς ἤστην ἑκάτερος, ὁ μὲν
Αἰακίδης τε καὶ Ἡρακλείδης, ὁ δὲ ἀπ' Ἀγχίσου τε καὶ Ἀφροδίτης.
Φιλονικότεροι δὲ τοῖς ἐξερίζουσιν ὄντες ταχύτατοι πρὸς διαλύσεις
ἦσαν καὶ συγγνώμονες τοῖς ἁλοῦσιν, ἐπὶ δὲ τῇ συγγνώμῃ καὶ
εὐεργέται καὶ οὐδὲν ἢ κρατῆσαι μόνον ἐνθυμούμενοι.
Καὶ τάδε μὲν ἐς τοσοῦτον συγκεκρίσθω, καίπερ οὐκ ἐξ ἴσης
δυνάμεως ἐπὶ τὴν ἀρχὴν ὁρμήσαντος αὐτῶν ἑκατέρου, ἀλλὰ τοῦ
μὲν ἐκ βασιλείας ἠσκημένης ὑπὸ Φιλίππῳ, τοῦ δ' ἐξ ἰδιωτείας,
εὐγενοῦς μὲν καὶ περιφανοῦς, χρημάτων δὲ πάνυ ἐνδεοῦς.
| [2,151] Il connurent tous deux des armées pareillement
zélées à leur service, pleines de sympathie à leur égard,
et, dans les batailles, comparables à des fauves ; par
ailleurs elles se montrèrent souvent, pour l'un et pour
l'autre, désobéissantes et disposées à la mutinerie, sous
l'effet de leurs fatigues. Mais, quand ils moururent, leurs
armées les pleurèrent et les regrettèrent pareillement,
puis leur accordèrent des honneurs divins.
Physiquement également, ils étaient tous deux forts et
beaux, l'un et l'autre issus de la race de Jupiter, le
premier par Éaque et Héraclès, le second par Anchise et
Aphrodite. Très prompts à en découdre avec leurs
rivaux, ils l'étaient aussi à conclure la paix et à accorder
leur pardon aux vaincus, et non contents de leur
pardonner, ils se faisaient leurs bienfaiteurs, ne désirant
rien de plus que la victoire. Sur tous ces points ils ont été
comparables, même s'ils n'avaient pas les mêmes atouts
au départ pour se lancer à la conquête de la puissance :
le premier disposait d'une royauté forgée par Philippe, le
second était initialement un simple particulier, de bonne
et illustre famille, mais totalement dépourvu de fortune.
| [2,152] Ἐγένοντο δὲ καὶ σημείων τῶν ἐπὶ σφίσιν ἑκάτερος ὑπερόπτης
καὶ τοῖς μάντεσι τὴν τελευτὴν προειποῦσιν οὐκ ἐχαλέπηναν, καὶ τὰ
σημεῖα αὐτὰ ὅμοιά τε πολλάκις καὶ ἐς τὸ ὅμοιον ἀμφοῖν
συνηνέχθη· ἐγένετο γὰρ ἑκατέρῳ δὶς ἄλοβα, καὶ τὰ μὲν πρῶτα
κίνδυνον σφαλερὸν ὑπέδειξεν, Ἀλεξάνδρῳ μὲν ἐν Ὀξυδράκαις, ἐπὶ
τὸ τῶν ἐχθρῶν τεῖχος ἀναβάντι πρὸ τῶν Μακεδόνων, καὶ τῆς
κλίμακος συντριβείσης ἀποληφθέντι τε ἄνω, καὶ ὑπὸ τόλμης ἐς τὸ
ἐντὸς ἐπὶ τοὺς πολεμίους ἐξαλομένῳ καὶ πληγέντι τὰ στέρνα
χαλεπῶς καὶ ἐς τὸν τράχηλον ὑπέρῳ βαρυτάτῳ, καὶ πίπτοντι ἤδη
καὶ περισωθέντι μόλις ὑπὸ τῶν Μακεδόνων ἀναρρηξάντων τὰς
πύλας ὑπὸ δέους, Καίσαρι δὲ ἐν Ἰβηρίᾳ, τοῦ στρατοῦ περιφόβου τε
ὄντος ἐπὶ Πομπηίῳ τῷ νέῳ καὶ ὀκνοῦντος ἐς μάχην ἰέναι,
προδραμόντι πάντων ἐς τὸ μεταίχμιον καὶ διακόσια ἀναδεξαμένῳ
δόρατα ἐς τὴν ἀσπίδα, μέχρι καὶ τόνδε ὁ στρατὸς ἐπιδραμὼν ὑπὸ
αἰδοῦς καὶ φόβου περιέσωσεν. Οὕτω μὲν αὐτοῖς τὰ πρῶτα ἄλοβα ἐς
κίνδυνον ἦλθε θανάτου, τὰ δεύτερα δὲ ἐς τὸν θάνατον αὐτόν.
Πειθαγόρας τε γὰρ ὁ μάντις Ἀπολλοδώρῳ δεδοικότι Ἀλέξανδρόν τε
καὶ Ἡφαιστίωνα θυόμενος εἶπε μὴ δεδιέναι, ἐκποδὼν γὰρ
ἀμφοτέρους αὐτίκα ἔσεσθαι· καὶ τελευτήσαντος εὐθὺς
Ἡφαιστίωνος ὁ Ἀπολλόδωρος ἔδεισε, μή τις ἐπιβουλὴ γένοιτο κατὰ
τοῦ βασιλέως, καὶ ἐξήνεγκεν αὐτῷ τὰ μαντεύματα. Ὁ δὲ
ἐπεμειδίασε καὶ Πειθαγόραν αὐτὸν ἤρετο, ὅ τι λέγοι τὸ σημεῖον· τοῦ
δὲ εἰπόντος, ὅτι τὰ ὕστατα λέγει, αὖθις ἐπεμειδίασε καὶ ἐπῄνεσεν
ὅμως Ἀπολλόδωρόν τε τῆς εὐνοίας καὶ τὸν μάντιν τῆς παρρησίας.
| [2,152] Ils étaient également l'un comme l'autre insoucieux
des présages les concernant, et ne maltraitaient pas les
devins qui leur prédisaient leur fin. De plus, les présages
eux-mêmes ont souvent été identiques pour les deux
hommes et connurent le même aboutissement. Il arriva
en effet deux fois à chacun qu'il manque un lobe au foie
de la victime, et la première fois, cela annonça un grave
danger : Alexandre, se trouvant chez les Oxydraques
était monté sur les remparts en tête des Macédoniens,
mais l'échelle tomba et il se retrouva seul en haut ;
intrépidement il se laissa tomber à l'intérieur pour
attaquer les ennemis, fut blessé gravement à la poitrine,
puis reçut à la nuque le coup d'une lourde massue : il
était en train de s'écrouler quand il fut à grand-peine
sauvé par les Macédoniens qui, craignant pour lui,
avaient brisé les portes. Quant à César, se trouvant en
Espagne avec une armée terrorisée par Pompée le
Jeune et qui hésitait à marcher au combat, il se précipita
en courant le premier dans l'espace entre les lignes,
reçut deux cents traits dans son bouclier, et, en fin de
compte, fut sauvé, lui aussi, par son armée, accourue
sous l'effet de la honte et de la peur. Ainsi donc, si les
premiers lobes manquants précédèrent pour eux un
danger de mort, les seconds précédèrent la mort elle-même :
le devin Pythagoras, auquel Apollodore, qui
craignait Alexandre et Héphestion, avait demandé de
procéder à un sacrifice, lui avait dit de ne pas avoir peur,
car il serait sous peu débarrassé des deux hommes ;
quand, tout de suite après, mourut Héphestion,
Apollodore, craignant que quelque conspiration ne fût en
cours contre le roi, lui communiqua la prophétie : ce
dernier fit un sourire moqueur et demanda à Pythagoras
lui-même ce que signifiait le présage ; le devin lui ayant
répondu qu'il signifiait : « ses derniers moments », il
reprit son sourire moqueur et remercia néanmoins
Apollodore pour sa sollicitude et le devin pour sa franchise.
| | |