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[2,103] Αὐτὸς δὲ ἤδη τέταρτον ὑπατεύων ἐπὶ τὸν νέον Πομπήιον
ἐστράτευεν ἐς Ἰβηρίαν, ὅσπερ αὐτῷ λοιπὸς ἦν ἔτι πόλεμος
ἐμφύλιος, οὐκ εὐκαταφρόνητος· τῶν τε γὰρ ἀρίστων ὅσοι
διεπεφεύγεσαν ἐκ Λιβύης, ἐκεῖ συνέδραμον, καὶ στρατὸς ὁ μὲν ἐξ
αὐτῆς Λιβύης τε καὶ Φαρσάλου τοῖς ἡγεμόσι συνῆλθεν, ὁ δὲ ἐξ
Ἰβήρων τε καὶ Κελτιβήρων, ἔθνους ἀλκίμου καὶ χαίροντος ἀεὶ
μάχαις. Πολὺς δὲ καὶ δούλων ὅμιλος ἐστρατεύετο τῷ Πομπηίῳ· καὶ
τέταρτον ἔτος εἶχον ἐν τοῖς γυμνασίοις καὶ γνώμην ἕτοιμον
ἀγωνίσασθαι μετὰ ἀπογνώσεως. ᾯ δὴ καὶ μάλιστα σφαλεὶς ὁ
Πομπήιος οὐκ ἀνεβάλλετο τὴν μάχην, ἀλλ' εὐθὺς ἐλθόντι τῷ
Καίσαρι συνεμάχετο, καίτοι τῶν πρεσβυτέρων αὐτῷ παραινούντων
ἐκ πείρας ὧν ἀμφί τε Φάρσαλον καὶ Λιβύην ἐπεπόνθεσαν,
ἐκτρίβειν τῷ χρόνῳ τὸν Καίσαρα καὶ ἐς ἀπορίαν ὡς ἐν ἀλλοτρίᾳ γῇ
περιφέρειν. Ὁ δὲ Καῖσαρ ἧκε μὲν ἀπὸ Ῥώμης ἑπτὰ καὶ εἴκοσιν
ἡμέραις, βαρυτάτῳ στρατῶ μακροτάτην ὁδὸν ἐπελθών· δέος δ' οἷον
οὐ πρότερον ἐνέπιπτεν αὐτοῦ τῷ στρατῷ κατὰ δόξαν τῶν πολεμίων
τοῦ τε πλήθους καὶ ἀσκήσεως καὶ ἀπογνώσεως.
| [2,103] Exerçant son quatrième consulat, César se mit en
campagne contre le jeune Pompée, en Espagne, ce qui
constituait pour lui la dernière guerre civile à mener ;
mais elle n'était pas à traiter à la légère, vu que tous les
aristocrates réchappés d'Afrique s'étaient empressés de
se rassembler là, et que l'armée se composait, d'une
part, des soldats qui avaient suivi leurs chefs depuis
l'Afrique ou depuis Pharsale, et de l'autre, d'Ibères et de
Celtibères, peuples vaillants et toujours belliqueux. En
outre, une grande quantité d'esclaves était engagée aux
côtés de Pompée. C'était aussi la quatrième année que
ces troupes s'aguerrissaient, et leur état d'esprit était
celui de combattants qui ont l'énergie du désespoir. Tout
cela égara Pompée, qui ne différa pas la bataille, mais
engagea le combat contre César dès l'arrivée de celui-ci,
malgré les avis de compagnons plus âgés qui lui
recommandaient, d'après l'expérience qu'ils avaient faite
à Pharsale et en Afrique, d'utiliser le temps pour épuiser
César et de l'amener à la disette, vu qu'il se trouvait en
terrain hostile.
César arriva de Rome en vingt-sept jours, bien
qu'empruntant avec une armée très chargée un itinéraire
très long : mais son armée éprouvait une peur telle
qu'elle n'en avait pas connue avant, par suite de la
réputation des ennemis, de leur nombre, de leur
entraînement et de leur désespoir.
| [2,104] Δι' ἃ καὶ ὁ Καῖσαρ αὐτὸς ἐβράδυνεν, ἔστε πού τι αὐτῷ
κατασκεπτομένῳ προσπελάσας ὁ Πομπήιος ὠνείδισεν ἐς δειλίαν.
Καὶ τὸ ὄνειδος οὐκ ἐνεγκὼν ὁ Καῖσαρ ἐξέτασσε παρὰ πόλιν
Κορδύβην, σύνθημα καὶ τότε δοὺς Ἀφροδίτην· ἔδωκε δὲ καὶ ὁ
Πομπήιος Εὐσέβειαν. Ὡς δὲ καὶ συνιόντων ἤδη τοῦ Καίσαρος
στρατοῦ τὸ δέος ἥπτετο καὶ ὄκνος ἐπεγίγνετο τῷ φόβῳ, θεοὺς
πάντας ὁ Καῖσαρ ἱκέτευε, τὰς χεῖρας ἐς τὸν οὐρανὸν ἀνίσχων, μὴ
ἑνὶ πόνῳ τῷδε πολλὰ καὶ λαμπρὰ ἔργα μιῆναι, καὶ τοὺς στρατιώτας
ἐπιθέων παρεκάλει τό τε κράνος τῆς κεφαλῆς ἀφαιρῶν ἐς
πρόσωπον ἐδυσώπει καὶ προύτρεπεν. Οἱ δὲ οὐδ' ὥς τι μετέβαλλον
ἀπὸ τοῦ δέους, ἕως ὁ Καῖσαρ αὐτὸς ἁρπάσας τινὸς ἀσπίδα καὶ τοῖς
ἀμφ' αὐτὸν ἡγεμόσιν εἰπών· ἔσται τοῦτο τέλος ἐμοί τε τοῦ βίου καὶ
ὑμῖν τῶν στρατειῶν," προύδραμε τῆς τάξεως ἐς τοὺς πολεμίους ἐπὶ
τοσοῦτον, ὡς μόνους αὐτῶν ἀποσχεῖν δέκα πόδας καὶ διακόσια
αὐτῷ δόρατα ἐπιβληθῆναι καὶ τούτων τὰ μὲν αὐτὸν ἐκκλῖναι, τὰ δὲ
ἐς τὴν ἀσπίδα ἀναδέξασθαι. Τότε γὰρ δὴ τῶν τε ἡγεμόνων
προθέων ἕκαστος ἵστατο παρ' αὐτόν, καὶ ὁ στρατὸς ἅπας ἐμπεσὼν
μετὰ ὁρμῆς ὅλην ἠγωνίζετο τὴν ἡμέραν, προύχων τε καὶ ἡττώμενος
αἰεὶ παρὰ μέρος, μέχρις ἐς ἑσπέραν μόλις ἐνίκησεν, ὅτε καὶ φασὶν
αὐτὸν εἰπεῖν, ὅτι πολλάκις μὲν ἀγωνίσαιτο περὶ νίκης, νῦν δὲ καὶ
περὶ ψυχῆς.
| [2,104] Ces raisons amenèrent César lui-même à
temporiser, jusqu'à ce que, un jour où il se trouvait
quelque part en observation, Pompée s'approchât de lui
et lui reprochât outrageusement sa lâcheté. Ne
supportant pas ce reproche, César déploya ses lignes
près de la ville de Cordoue, et donna, cette fois-là aussi,
le mot de passe « Vénus » ; Pompée donna celui de
«Piété ». Mais ils étaient déjà en marche que la panique
gagna l'armée de César, et la peur produisit une
hésitation : César se mit alors à prier tous les dieux, en
élevant ses mains vers le ciel, qu'ils ne laissent pas
ternir par cette unique épreuve un grand nombre de
brillantes prouesses ; il parcourut les troupes et les
encouragea, et retirant son casque de sa tête, il les
regardait bien en face pour leur faire honte et les
exhortait : mais les hommes n'en démordaient pas pour
autant de leur panique, jusqu'à ce que César lui-même
s'emparât du bouclier d'un soldat et dît aux officiers qui
se trouvaient à ses côtés : « Voici pour moi la fin de la
vie, et pour vous celle du service. » Puis il sortit des
lignes et se lança contre les ennemis, s'avançant si loin
qu'il ne s'en trouva plus qu'à dix pas et que deux cents
lances furent envoyées contre lui : il évita les unes et
reçut les autres dans son bouclier. Alors, bien sûr,
chacun des officiers se précipita et se rangea à ses
côtés, puis l'armée au complet déferla impétueusement
et combattit toute la journée, ne cessant d'avancer et de
céder tour à tour ; vers le soir seulement, pour finir,
César remporta de justesse la victoire. Il aurait dit à ce
moment-là qu'il avait souvent combattu pour la victoire,
mais que ce jour-là, c'était pour son existence.
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