[1,0] ΕΛΕΓΕΙΩΝ <Α>.
1 Ὦ ἄνα, Λητοῦς υἱέ, Διὸς τέκος, οὔποτε σεῖο
2 λήσομαι ἀρχόμενος οὐδ´ ἀποπαυόμενος,
3 ἀλλ´ αἰεὶ πρῶτόν τε καὶ ὕστατον ἔν τε μέσοισιν
4 ἀείσω· σὺ δέ μοι κλῦθι καὶ ἐσθλὰ δίδου.
5 Φοῖβε ἄναξ, ὅτε μέν σε θεὰ τέκε πότνια Λητώ
6 φοίνικος ῥαδινῆις χερσὶν ἐφαψαμένη
7 ἀθανάτων κάλλιστον ἐπὶ τροχοειδέι λίμνηι,
8 πᾶσα μὲν ἐπλήσθη Δῆλος ἀπειρεσίη
9 ὀδμῆς ἀμβροσίης, ἐγέλασσε δὲ Γαῖα πελώρη,
10 γήθησεν δὲ βαθὺς πόντος ἁλὸς πολιῆς.
11 Ἄρτεμι θηροφόνη, θύγατερ Διός, ἣν Ἀγαμέμνων
12 εἵσαθ´, ὅτ´ ἐς Τροίην ἔπλεε νηυσὶ θοῆις,
13 εὐχομένωι μοι κλῦθι, κακὰς δ´ ἀπὸ κῆρας ἄλαλκε·
14 σοὶ μὲν τοῦτο, θεά, σμικρόν, ἐμοὶ δὲ μέγα.
15 Μοῦσαι καὶ Χάριτες, κοῦραι Διός, αἵ ποτε Κάδμου
16 ἐς γάμον ἐλθοῦσαι καλὸν ἀείσατ´ ἔπος,
17 ‘ὅττι καλόν, φίλον ἐστί· τὸ δ´ οὐ καλὸν οὐ φίλον ἐστί,’
18 τοῦτ´ ἔπος ἀθανάτων ἦλθε διὰ στομάτων.
19 Κύρνε, σοφιζομένωι μὲν ἐμοὶ σφρηγὶς ἐπικείσθω
20 τοῖσδ´ ἔπεσιν, λήσει δ´ οὔποτε κλεπτόμενα,
21 οὐδέ τις ἀλλάξει κάκιον τοὐσθλοῦ παρεόντος·
22 ὧδε δὲ πᾶς τις ἐρεῖ· ‘Θεύγνιδός ἐστιν ἔπη
23 τοῦ Μεγαρέως· πάντας δὲ κατ´ ἀνθρώπους ὀνομαστός.’
24 ἀστοῖσιν δ´ οὔπω πᾶσιν ἁδεῖν δύναμαι·
25 οὐδὲν θαυμαστόν, Πολυπαΐδη· οὐδὲ γὰρ ὁ Ζεύς
26 οὔθ´ ὕων πάντεσς´ ἁνδάνει οὔτ´ ἀνέχων.
27 Σοὶ δ´ ἐγὼ εὖ φρονέων ὑποθήσομαι, οἷά περ αὐτός,
28 Κύρν´, ἀπὸ τῶν ἀγαθῶν παῖς ἔτ´ ἐὼν ἔμαθον·
29 πέπνυσο, μηδ´ αἰσχροῖσιν ἐπ´ ἔργμασι μηδ´ ἀδίκοισιν
30 τιμὰς μηδ´ ἀρετὰς ἕλκεο μηδ´ ἄφενος.
31 ταῦτα μὲν οὕτως ἴσθι· κακοῖσι δὲ μὴ προσομίλει
32 ἀνδράσιν, ἀλλ´ αἰεὶ τῶν ἀγαθῶν ἔχεο·
33 καὶ μετὰ τοῖσιν πῖνε καὶ ἔσθιε, καὶ μετὰ τοῖσιν
34 ἵζε, καὶ ἅνδανε τοῖς´, ὧν μεγάλη δύναμις.
35 ἐσθλῶν μὲν γὰρ ἄπ´ ἐσθλὰ μαθήσεαι· ἢν δὲ κακοῖσιν
36 συμμίσγηις, ἀπολεῖς καὶ τὸν ἐόντα νόον.
37 ταῦτα μαθὼν ἀγαθοῖσιν ὁμίλεε, καί ποτε φήσεις
38 εὖ συμβουλεύειν τοῖσι φίλοισιν ἐμέ.
39 Κύρνε, κύει πόλις ἥδε, δέδοικα δὲ μὴ τέκηι ἄνδρα
40 εὐθυντῆρα κακῆς ὕβριος ἡμετέρης.
41 ἀστοὶ μὲν γὰρ ἔθ´ οἵδε σαόφρονες, ἡγεμόνες δέ
42 τετράφαται πολλὴν εἰς κακότητα πεσεῖν.
43 οὐδεμίαν πω, Κύρν´, ἀγαθοὶ πόλιν ὤλεσαν ἄνδρες,
44 ἀλλ´ ὅταν ὑβρίζειν τοῖσι κακοῖσιν ἅδηι
45 δῆμόν τε φθείρουσι δίκας τ´ ἀδίκοισι διδοῦσιν
46 οἰκείων κερδέων εἵνεκα καὶ κράτεος·
47 ἔλπεο μὴ δηρὸν κείνην πόλιν ἀτρεμέ´ ἧσθαι,
48 μηδ´ εἰ νῦν κεῖται πολλῆι ἐν ἡσυχίηι,
49 εὖτ´ ἂν τοῖσι κακοῖσι φίλ´ ἀνδράσι ταῦτα γένηται,
| [1,0] SENTENCES (première partie).
Dieu puissant, enfanté par Latone, engendré par Jupiter, jamais je ne
t'oublierai, que je commence, que je finisse. Toujours, au contraire, je
te célébrerai, le premier, le dernier et au milieu de mes chants. A toi
donc de m'entendre et de me favoriser (1-4).
Puissant Phébus, lorsque t'enfanta une vénérable déesse, Latone, lorsque
embrassant de ses mains délicates le tronc du palmier, près du marais
arrondi, elle fit naître en toi le plus beau des immortels, la grande
Délos se remplit tout entière d'une odeur divine, la terre immense sourit,
et, jusque dans ses abîmes, se réjouit la mer aux vagues blanchissantes
(5-10).
Artémis, chasseresse divine, fille de Jupiter, qu'Agamemnon honora d'une
statue, au temps où ses vaisseaux agiles allaient le porter vers Troie,
entends mes vœux, écarte de moi les maux de la destinée. C'est peu pour
toi, déesse; pour moi c'est beaucoup (11-14).
Je vous invoque, Muses et Grâces, filles de Jupiter, qui jadis, venues aux
noces de Cadmus, fîtes entendre, parmi vos chansons, cette belle parole:
« Ce qui est beau, on l'aime; ce qui n'est pas beau, on ne peut l'aimer. »
Telle fut la parole qui vint sur vos lèvres divines (13-18).
Cyrnus, que ces vers où je vais t'instruire soient marqués d'un sceau, et
qu'on ne puisse les dérober sans se trahir. Nul alors n'y changera le bien
en mal. Chacun dira: « Ce sont là les vers de Théognis, le poète de
Mégare, illustre parmi les hommes. » Non qu'il me soit encore donné de
plaire à tous mes concitoyens: qu'y a-t-il là d'étonnant, Polypédès?
Jupiter lui-même, soit qu'il fasse tomber la pluie, soit qu'il la
retienne, ne contente pas tous les hommes (19-26).
Je vais, Cyrnus, t'adresser de bienveillants conseils, semblables à ceux
que je reçus moi-même, encore enfant, des hommes de bien. Sois sage, et
garde-toi de rechercher, par des actes honteux ou injustes, les honneurs,
la puissance, la fortune. Voilà ce que tu dois apprendre d'abord. Ne
fréquente point les mauvais; ne t'attache qu'aux bons; avec eux mange et
bois, près d'eux seuls consens à t'asseoir; cherche à plaire à ceux dont
la puissance est grande. Des bons tu n'apprendras rien que de bon; mais,
si tu te mêles aux méchants, tu perdras même ce que tu avais de sens.
Instruit par mes leçons, fréquente donc les hommes de bien, et tu diras un
jour que je conseille utilement ceux que j'aime (27-38).
Cyrnus, cette ville est en travail; je crains bien qu'elle n'enfante
quelque redresseur de notre insolence. Elle a des citoyens encore retenus
et réglés, mais des chefs qui tournent à l'iniquité et sont près d'y tomber (39-42).
Point de ville, Cyrnus, dont les hommes de bien aient causé la perte; mais
celle où les méchants peuvent s'abandonner à la violence, corrompent le
peuple, rendent injustement la justice, dans l'intérêt de leur fortune et
de leur puissance, celle-là, n'espère pas qu'elle reste longtemps
paisible, quand bien même elle serait maintenant en une paix profonde,
du moment où des méchants s'y plaisent
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