[1,3,7] Ταῦτα δὲ {δεῖ} μεταφέρειν καὶ ἐπὶ τὴν ὅλην τὴν καθ' ἡμᾶς
θάλατταν καὶ τὴν ἐκτός, μὴ ἐν τοῖς ἐδάφεσι καὶ ταῖς ἐπικλίσεσιν
αὐτῶν τὴν αἰτίαν τοῦ ἔκρου τιθεμένους, ἀλλ' ἐν τοῖς ποταμοῖς· ἐπεὶ
οὐκ ἀπίθανον κατ' αὐτούς, οὐδ' εἰ τὴν ὅλην θάλατταν τὴν ἡμετέραν
λίμνην πρότερον εἶναι συνέβαινε, πληρουμένην ὑπὸ τῶν ποταμῶν,
ἐπιπολάσασαν ἐκπεσεῖν ἔξω διὰ τῶν κατὰ στήλας στενῶν ὡς ἐκ
καταράκτου· ἐπαυξομένην {δ'} ἀεὶ καὶ μᾶλλον τὴν θάλατταν σύρρουν
γενέσθαι ὑπ' αὐτῆς τῷ χρόνῳ καὶ συνδραμεῖν εἰς μίαν ἐπιφάνειαν,
ἐκθαλαττωθῆναι δὲ διὰ τὴν ἐπικράτειαν. Οὐ φυσικὸν δ' ὅλως οὔ τε
τοῖς ποταμοῖς εἰκάζειν τὴν θάλατταν· οἱ μὲν γὰρ φέρονται κατὰ
ἐπικλινὲς ῥεῖθρον, ἡ δὲ ἀκλινὴς ἕστηκεν. Οἱ δὲ πορθμοὶ ῥευματίζονται
κατ' ἄλλον τρόπον, οὐ διὰ τὸ τὴν ἰλὺν τὴν ἐκ τῶν ποταμῶν προσχοῦν
τὸν τοῦ πελάγους βυθόν· Ἡ γὰρ πρόσχωσις περὶ αὐτὰ συνίσταται τὰ
στόματα τῶν ποταμῶν, οἷον περὶ μὲν τὰ τοῦ Ἴστρου τὰ λεγόμενα
Στήθη καὶ ἡ Σκυθῶν ἐρημία καὶ ὁ Σαλμυδησσός, καὶ ἄλλων
χειμάρρων συνεργούντων πρὸς τοῦτο, περὶ δὲ τὰ τοῦ Φάσιδος ἡ
Κολχικὴ παραλία, δίαμμος καὶ ταπεινὴ καὶ μαλακὴ οὖσα, περὶ δὲ τὸν
Θερμώδοντα καὶ τὸν Ἶριν ὅλη Θεμίσκυρα, τὸ τῶν Ἀμαζόνων πεδίον,
καὶ τῆς Σιδηνῆς τὸ πλέον· οὕτω δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων. Ἅπαντες γὰρ
μιμοῦνται τὸν Νεῖλον, ἐξηπειροῦντες τὸν πρὸ αὐτῶν πόρον, οἱ μὲν
μᾶλλον, οἱ δὲ ἧττον· ἧττον μὲν οἱ μὴ πολλὴν καταφέροντες τὴν ἰλύν,
μᾶλλον δὲ οἱ πολλήν τε καὶ μαλακόγειον χώραν ἐπιόντες καὶ
χειμάρρους δεχόμενοι πολλούς, ὧν ἐστι καὶ ὁ Πύραμος ὁ τῇ Κιλικίᾳ
πολὺ μέρος προσθείς, ἐφ' οὗ καὶ λόγιον ἐκπέπτωκέ τι τοιοῦτον·
Ἔσσεται ἐσσομένοις, ὅτε Πύραμος εὐροδίνης
ἠιόνα προχέων ἱερὴν ἐς Κύπρον ἵκηται.
Ἐκ μέσων γὰρ τῶν τῆς Καταονίας πεδίων ἐνεχθεὶς πλωτὸς καὶ
διεκπαισάμενος διὰ τῶν τοῦ Ταύρου στενῶν εἰς τὴν Κιλικίαν
ἐκδίδωσιν εἰς τὸν πρὸ ταύτης τε καὶ τῆς Κύπρου πόρον.
| [1,3,7] 7. Appliquons maintenant le même raisonnement à l'ensemble de notre
mer et à la mer extérieure et n'attribuons plus aux fonds mêmes et à leur
inclinaison, mais bien au tri-but des fleuves, la cause du courant ou
écoulement en question. Rien n'empêcherait, à la rigueur, et comme le
veulent Straton et Ératosthène, dans le cas même où toute notre mer
n'aurait été primitivement qu'un lac, rien n'empêcherait que, grossi par les
fleuves, ses tributaires, ledit lac n'eût fini par déborder et par faire
irruption à travers le détroit des colonnes d'Hercule, comme du haut d'une
cataracte, dans la mer extérieure, qui, grossie à son tour et accrue
incessamment par ses eaux, en serait venue par la suite des temps à ne
plus former avec lui qu'un seul et même courant, une seule et même
surface, lui communiquant en revanche, et par l'effet d'une
prépondérance toute naturelle, sa propre qualité de mer. En revanche, il
est absolument contraire aux principes de la physique d'assimiler la mer
aux fleuves, ceux-ci coulant suivant la pente de leur lit, tandis que la mer,
elle, n'a point de pente. Les détroits, qui plus est, n'ont point un courant
uniforme, et c'est là une circonstance qui ne saurait tenir à
l'exhaussement du fond de la mer par suite des atterrissements des
fleuves. Ces atterrissements, en effet, ne se produisent qu'aux bouches
des fleuves, témoin les Stéthé aux bouches de l'Ister, le désert des
Scythes et les terrains de Salmydessus, que d'autres torrents du reste
concourent à former; témoin encore la côte de Colchide, terrain
sablonneux, la; et mou, aux bouches du Phase, et, dans le voisinage des
bouches du Thermodon et de l'Iris, tout le territoire de Thémiscyre,
autrement dit la plaine des Amazones, ainsi que la plus grande partie de
la Sidène, pour ne point parler d'autres alluvions fluviales. Car tous les
fleuves, à l'imitation du Nil, tendent à combler le bras de mer situé en
avant de leur embouchure, plus ou moins vite seulement : motus vite,
quand leurs eaux ne charrient qu'une faible quantité de limon; plus vite,
quand ils ont un long parcours, que le sol du pays qu'ils traversent est
naturellement mou et qu'ils se grossissent d'un grand nombre de torrents,
ce qui est le cas, par exemple, du Pyrame, lequel a, comme on sait,
considérablement accru le territoire de la Cilicie et a donné lieu à ce
fameux oracle :
«Les générations qui verront ces choses verront aussi le Pyrame au cours
impétueux, à force d'avoir reculé les limites du continent , atteindre enfin
les bords sacrés de Chypre.»
Le fleuve Pyrame, en effet, devient navigable en pleine Cataonie et, pour
entrer en Cilicie, s'ouvre un passage à travers les gorges du Taurus;
après quoi il va se jeter dans le détroit qui fait face et à la côte de Cilicie
et à celle de Chypre.
|