[1,3,8] Αἴτιον δὲ τοῦ μὴ φθάνειν τὴν χοῦν εἰς τὸ πέλαγος προιιοῦσαν τὴν
ὑπὸ τῶν ποταμῶν καταφερομένην τὸ τὴν θάλατταν ἀνακόπτειν
αὐτὴν εἰς τοὐπίσω, παλιρροοῦσαν φύσει. Ἔοικε γὰρ τοῖς ζῴοις, καὶ
καθάπερ ἐκεῖνα συνεχῶς ἀναπνεῖ τε καὶ ἐκπνεῖ, τὸν αὐτὸν τρόπον καὶ
αὐτὴ ἐξ αὑτῆς τε καὶ εἰς ἑαυτὴν συνεχῶς παλινδρομικήν τινα
κινουμένη κίνησιν. Δῆλον δὲ τῷ ἐπὶ τοῦ αἰγιαλοῦ ἑστῶτι κατὰ τὴν
κυμάτωσιν· ἅμα γὰρ κλύζονται οἱ πόδες καὶ γυμνοῦνται καὶ πάλιν
κλύζονται, καὶ τοῦτο συνεχῶς. Τῷ δὲ κλύδωνι καὶ κῦμα ἐπιτρέχει, ὃ
κἂν γαληνότατον ᾖ· ἐπιφερόμενον {δ'} ἔχει τινὰ βίαν πλείω, καὶ
ἀπορρίπτει πᾶν τὸ ἀλλότριον εἰς τὴν γῆν,
Πολλὸν δὲ παρὲξ ἅλα φῦκος ἔχευε.
Μᾶλλον μὲν οὖν ἐν ἀνέμῳ συμβαίνει τοῦτο, ἀλλὰ καὶ ἐν νηνεμίᾳ καὶ
ἐν ἀπογαίοις πνεύμασιν· οὐδὲν γὰρ ἧττον ἐπὶ γῆν φέρεται τὸ κῦμα
ὑπεναντίως τῷ ἀνέμῳ, ὡς ἂν ἰδίαν 'τινὰ τῆς θαλάττης κίνησιν
συγκινούμενον αὐτῇ.
| [1,3,8] 8. Une circonstance, maintenant, empêche que le limon ainsi charrié par
les fleuves ne soit emporté tout d'abord au sein de la pleine mer : c'est
que la mer, dans le mouvement de va-et-vient qui lui est propre, le
repousse toujours en arrière. La mer, en effet, ressemble aux créatures
animées, et, comme celles-ci ne vivent qu'en aspirant et en expirant sans
cesse l'air atmosphérique, de même la mer, par un mouvement alternatif,
semble sans cesse arrachée, puis rendue à elle-même. Pour s'en
convaincre, on n'a qu'à se tenir sur le rivage à l'heure du flot: dans le
même moment, vous voyez la mer vous baigner les pieds, les laisser à
sec, puis les baigner encore et ainsi de suite sans interruption. Mais avec
ce mouvement oscillatoire le flot ne laisse pas que d'avancer, et, même
quand il est le plus paisible, il acquiert en avançant une force plus grande,
qui lui permet de rejeter sur le rivage tous les corps étrangers :
«Du sein de la mer il expulse les algues, dont l'amas bientôt jonche au loin
le rivage.»
A vrai dire, par un fort vent de mer, l'effet est plus sensible, mais il se
produit également par les temps de calme et avec les vents de terra :
même quand il a le vent contraire, le flot n'en continue pas moins à se
porter vers la terre, parce qu'il obéit en cela à un certain mouvement,
inhérent à la nature même de la mer. C'est là du reste l'effet que le poète
a décrit dans le passage suivant,
«Le flot se recourbe, et, couronnant l'extrémité du rivage, rejette au loin
l'écume salée,» ainsi. que dans cet autre vers,
«Les rivages retentissent des efforts de la mer vomissant son écume.»
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