[1,3,9] Ἡ μὲν οὖν ἔφοδος τοῦ κύματος ἔχει τινὰ βίαν ὥστ' ἀπωθεῖσθαι τὸ
ἀλλότριον. Καὶ δὴ καὶ κάθαρσίν τινα τῆς θαλάττης ταύτην φασί, καθ'
ἣν καὶ τὰ νεκρὰ σώματα καὶ τὰ ναυάγια εἰς γῆν ἐκκυμαίνεται. Ἡ τ'
ἀναχώρησις οὐκ ἔχει τοσαύτην βίαν, ὥστε νεκρὸν ἢ ξύλον ἢ τὸ
κουφότατον, φελλόν, ὑπὸ τοῦ κύματος εἰς γῆν ἀναβληθῆναι, οὕτω δὲ
καὶ τῶν πλησίον αὐτῆς τόπων εἰς τὸ πέλαγος προπεσεῖν
ὑποληφθέντων ὑπὸ τοῦ κύματος. Οὕτω δὴ καὶ τὴν χοῦν καὶ τὸ σὺν
αὐτῇ τεθολωμένον ὕδωρ ἐκκυμαίνεσθαι συμβαίνει, καὶ τοῦ βάρους
ἅμα συνεργοῦντος, ὥστε θᾶττον κατενεχθῆναι πρὸς τὴν γῆν κάτω,
πρὶν εἰς τὸ πρόσω πελαγίσαι. Καὶ γὰρ ἡ τοῦ ποταμοῦ βία παύεται,
μικρὸν προελθοῦσα τοῦ στόματος. Οὕτω μὲν οὖν ἐνδέχεται
προσχωσθῆναι τὸ πέλαγος πᾶν, ἀπὸ τῶν αἰγιαλῶν ἀρξάμενον, ἂν
συνεχεῖς ἔχῃ τὰς ἐκ τῶν ποταμῶν ἐπιρρύσεις. Τοῦτο δ' ἂν συμβαίη,
κἂν τοῦ Σαρδονίου πελάγους βαθύτερον ὑποθώμεθα τὸν Πόντον,
ὅπερ λέγεται τῶν ἀναμετρηθέντων βαθύτατον χιλίων που ὀργυιῶν,
ὡς Ποσειδώνιός φησι.
| [1,3,9] 9. Le flot, dans son mouvement progressif, acquiert donc la force
suffisante pour expulser hors de son sein tout corps étranger, et l'on
appelle proprement épuration de la mer cet effort par lequel elle jette à la
côte les cadavres et les débris, quels qu'ils soient, des navires naufragés.
En revanche, dans son mouvement de retraite, la mer n'a plus assez de
force pour que les cadavres, le bois, voire ce qu'il y a de plus léger, le
liège, rejetés sur le rivage par ce premier effort du flot, soient, par un
effort contraire, remportés au large, même des parties du rivage les moins
reculées où le flot aura atteint. Eh bien! Le limon des fleuves et les
eaux qui en sont chargées se trouvent repoussés absolu-ment de la
même façon par le flot, sans compter que leur propre poids contribue
encore à les précipiter plus vite contre la terre, au pied de laquelle ils se
déposent avant d'avoir pu atteindre le large, parce qu'à une faible
distance au delà de son embouchure le courant d'un fleuve perd toute sa
force. Et c'est ce qui fait qu'un jour la mer peut se trouver comblée tout
entière à partir de ses rivages, pour peu qu'elle continue à recevoir ainsi
sans interruption les alluvions des fleuves : dans ce cas là, en effet, rien
ne pourrait empêcher un tel résultat de se produire, supposions-nous le
Pont plus profond encore que la mer de Sardaigne, qui, avec les mille
orgyes que lui prête Posidonius, passe pour la mer la plus profonde qu'on
ait mesurée jusqu'ici.
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