[1,3,5] Πρὸς δὲ τὸν Στράτωνα λέγοιτ' ἄν, ὅτι πολλῶν αἰτίων ὄντων ἀφεὶς
ταῦτα τὰ μὴ ὄντα αἰτιᾶται. Πρώτην γὰρ αἰτίαν φησίν, ὅτι τῆς ἐντὸς
θαλάττης καὶ τῆς ἐκτὸς οὐ ταὐτὸν τὸ ἔδαφος καὶ ὁ βυθός. Πρὸς γὰρ τὸ
μετεωρίζεσθαι ταύτην καὶ ταπεινοῦσθαι καὶ ἐπικλύζειν τόπους τινὰς
καὶ ἀναχωρεῖν ἀπ' αὐτῶν οὐ τοῦτό ἐστιν αἴτιον, τὸ ἄλλα καὶ ἄλλα
ἐδάφη τὰ μὲν ταπεινότερα εἶναι τὰ δὲ ὑψηλότερα, ἀλλὰ τὸ τὰ αὐτὰ
ἐδάφη ποτὲ μὲν μετεωρίζεσθαι, ποτὲ δ' αὖ ταπεινοῦσθαι καὶ
συνεξαίρειν ἢ συνενδιδόναι τὸ πέλαγος· ἐξαρθὲν μὲν γὰρ ἐπικλύσαι
ἄν, ταπεινωθὲν δὲ ἀναδράμοι ἂν εἰς τὴν ἀρχαίαν κατάστασιν. Εἰ γὰρ
{οὐχ} οὕτω, δεήσει πλεονασμῷ τῆς θαλάττης αἰφνιδίῳ γενομένῳ τὴν
ἐπίκλυσιν συμβαίνειν, καθάπερ ἐν ταῖς ἀναβάσεσι τῶν ποταμῶν, τοτὲ
μὲν ἐπενεχθέντος ἑτέρωθεν, τοτὲ δ' αὐξηθέντος τοῦ ὕδατος. Ἀλλ' οὔθ'
αἱ αὐξήσεις ἀθρόαι καὶ αἰφνίδιοι γίνονται, οὔθ' αἱ πλημμυρίδες
τοσοῦτον ἐπιμένουσι χρόνον οὐδ' ἄτακτοί εἰσιν, οὔτε κατὰ τὴν
ἡμετέραν ἐπικλύζουσι θάλατταν οὐδ' ὅπου ἔτυχε. Λοιπὸν οὖν
αἰτιᾶσθαι τὸ ἔδαφος ἢ τὸ τῇ θαλάττῃ ὑποκείμενον ἢ τὸ
ἐπικλυζόμενον, μᾶλλον δὲ τὸ ὕφαλον. πολὺ γὰρ εὐκινητότερον καὶ
μεταβολὰς θάττους δέξασθαι δυνάμενον τὸ ἔνυγρον· καὶ γὰρ τὸ
πνευματικὸν τὸ πάντων τῶν τοιούτων αἴτιον πλέον ἐνταῦθα. Ἀλλ', ὡς
ἔφην, τῶν τοιούτων ἀπεργαστικόν ἐστι παθῶν τὸ τὰ αὐτὰ ἐδάφη ποτὲ
μὲν ἐξαίρεσθαι ποτὲ δὲ ὑφίζησιν λαμβάνειν, οὐ τὸ τὰ μὲν εἶναι ὑψηλὰ
τὰ δὲ ἧττον· ὁ δὲ τοῦτο λαμβάνει, νομίζων ὅπερ ἐπὶ τῶν ποταμῶν
συμβαίνει, τοῦτο καὶ ἐπὶ τῆς θαλάττης ἀπαντᾶν, τὸ ἀπὸ τῶν
μετεώρων τόπων εἶναι τὴν ῥύσιν. Οὐδὲ γὰρ ἂν τοῦ κατὰ Βυζάντιον
ῥοῦ τὸ ἔδαφος ᾐτιᾶτο, λέγων ὑψηλότερον τὸ τοῦ Εὐξείνου ἢ τὸ τῆς
Προποντίδος καὶ τοῦ ἑξῆς πελάγους, ἅμα καὶ αἰτίαν προστιθείς· ἀπὸ
γὰρ τῆς ἰλύος τῆς ἀπὸ τῶν ποταμῶν καταφερομένης πληροῦσθαι τὸν
βυθὸν καὶ βραχὺν γίνεσθαι, διὰ τοῦτο δὲ καὶ ῥεῖν εἰς τὰ ἐκτός. Τὸν δ'
αὐτὸν λόγον καὶ ἐπὶ τὴν ἡμετέραν θάλατταν σύμπασαν μεταφέρει
πρὸς τὴν ἐκτός, ὡς καὶ ταύτης μετεωρότερον τοὔδαφος ποιούσης τοῦ
ὑποκειμένου τῷ Ἀτλαντικῷ πελάγει· καὶ γὰρ αὕτη ἐκ πολλῶν
ποταμῶν πληροῦται καὶ τὴν ὑποστάθμην τῆς ἰλύος δέχεται τὴν
ἀνάλογον. Ἐχρῆν οὖν καὶ τὸν εἴσρουν ὅμοιον γίνεσθαι τῷ κατὰ
Βυζάντιον τὸν κατὰ Στήλας καὶ τὴν Κάλπην. Ἀλλὰ τοῦτο μὲν ἐῶ·
ἐροῦσι γὰρ κἀκεῖ τοῦτο συμβαίνειν, περισπᾶσθαι δὲ ὑπὸ τῶν
ἀμπώτεων καὶ τῶν πλημμυρίδων καὶ ἐπικρύπτεσθαι.
| [1,3,5] 5. En revanche, ne pourrait-on pas objecter à Straton que, libre de choisir
entre beaucoup de causes réelles, il a négligé celles-ci pour en invoquer
de chimériques? La première, en effet, qu'il reconnaisse, c'est que le lit de
la mer intérieure et celui de la mer extérieure ne sont point de niveau et
partant que les deux mers n'ont pas la même profondeur. Or, si la mer
s'élève, puis s'abaisse, si elle inonde certains lieux et qu'ensuite elle s'en
retire, cela ne tient pas à ce que ses différents fonds sont les uns plus
bas, les autres plus élevés, mais à ce que les mêmes fonds tantôt
s'élèvent et tantôt s'abaissent, et à ce que la mer en même temps se
soulève ou s'affaisse aussi, puisque, une fois soulevée, elle déborde
nécessairement, et que baissant ensuite elle rentre naturellement dans
son lit primitif. Autrement, il faudrait que tout accroissement subit de la
mer donnât lieu à une inondation, qu'il y en eût une, par exemple, à
chaque marée ou à chaque crue des fleuves, ses tributaires, la masse de
ses eaux éprouvant dans le premier cas un déplacement total, et, dans le
second, une augmentation de volume. Mais ces augmentations {causées
par les crues des fleuves} ne sont ni fréquentes ni subites, et, quant aux
marées, elles ne durent guère, leur mouvement d'ailleurs est réglé, et l'on
ne voit pas, dans notre mer, non plus qu'ailleurs, qu'elles causent des
inondations. Reste donc à s'en prendre à la nature même du fond, soit du
fond sous-marin, soit du fond temporairement submergé, mais plutôt du
fond sous-marin, parce qu'il est plus mobile et qu'en général ce qui est
humide est sujet à éprouver des changements plus rapides, comme
offrant moins de résistance à l'action des vents, cause première de tous
ces changements. Mais, je le répète, ce qui produit l'effet en question,
c'est que les mêmes fonds tantôt s'élèvent et tantôt s’affaissent, et non
pas que les différends fonds sont les uns plus élevés, les autres moins.
Que si, maintenant, Straton s'y est laissé tromper, c'est qu'il croyait
apparemment que ce qui arrive pour les fleuves se produit aussi dans la
mer, à savoir que le courant qu'on y observe dépend aussi de l'élévation
du point de départ. Sans quoi il n'a pas attribué le courant du détroit de
Byzance à la disposition du fond, qui se trouve plus élevé, suivant lui,
dans l'Euxin que dans la Propontide et dans la mer qui lui fait suite, et
cela, soi-disant, parce que le limon, que charrient les fleuves, comble peu
à peu le lit de l'Euxin, et qu'à mesure qu'il convertit cette mer en bas-fond
il précipite ses eaux plus violemment vers les mers extérieures. Sans
compter que, comme il applique ou transporte le même raisonnement à
notre mer, prise dans son ensemble, et comparée à cette autre mer qu'on
nomme extérieure {par rapport à elle}, et qu'il conclut l'exhaussement du
fond de la Méditerranée au-dessus du fond de la mer Atlantique de cette
circonstance que la Méditerranée reçoit un grand nombre de tributaires et
une quantité proportionnelle de limon, il faudrait, ce semble, qu'on eût
observé qu'aux Colonnes d'Hercule et près de Calpé le courant est
absolument le même qu'auprès de Byzance. Mais je ne veux pas insister
sur cet argument, car on ne manquerait pas de me dire que le même
courant effectivement se produit aux colonnes d'Hercule, seulement qu'il
s'y perd dans le mouvement en sens contraire du flux et du reflux et
échappe ainsi à l'observation.
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