HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre I

Chapitre 3

  par. 4

[1,3,4] Μάλιστα δέ φησι ζήτησιν παρασχεῖν, πῶς ἐν δισχιλίοις καὶ τρισχιλίοις ἀπὸ θαλάττης σταδίοις κατὰ τὴν μεσόγαιαν ὁρᾶται πολλαχοῦ κόγχων καὶ ὀστρέων καὶ χηραμύδων πλῆθος καὶ λιμνοθάλατται, καθάπερ φησὶ περὶ τὸ ἱερὸν τοῦ Ἄμμωνος καὶ τὴν ἐπ' αὐτῷ ὁδὸν τρισχιλίων σταδίων οὖσαν· πολλὴν γὰρ εἶναι χύσιν ὀστρίων, ἅλας τε καὶ νῦν ἔτι εὑρίσκεσθαι πολλούς, ἀναφυσήματά τε θαλάττης εἰς ὕψος ἀναβάλλειν, πρὸς καὶ ναυάγια θαλαττίων πλοίων δείκνυσθαι, ἔφασαν διὰ τοῦ χάσματος ἐκβεβράσθαι, καὶ ἐπὶ στυλιδίων ἀνακεῖσθαι δελφῖνας ἐπιγραφὴν ἔχοντας Κυρηναίων θεωρῶν. Ταῦτα δ' εἰπὼν τὴν Στράτωνος ἐπαινεῖ δόξαν τοῦ φυσικοῦ, καὶ ἔτι Ξάνθου τοῦ Λυδοῦ· τοῦ μὲν Ξάνθου λέγοντος ἐπὶ Ἀρταξέρξου γενέσθαι μέγαν αὐχμὸν ὥστ' ἐκλιπεῖν ποταμοὺς καὶ λίμνας καὶ φρέατα· αὐτόν τε εἰδέναι πολλαχῆ πρόσω ἀπὸ τῆς θαλάττης λίθον τε κογχυλιώδη καὶ τὰ κτενώδεα καὶ χηραμύδων τυπώματα καὶ λιμνοθάλατταν ἐν Ἀρμενίοις καὶ Ματιηνοῖς καὶ ἐν Φρυγίᾳ τῇ κάτω, ὧν ἕνεκα πείθεσθαι τὰ πεδία ποτὲ θάλατταν γενέσθαι. Τοῦ δὲ Στράτωνος ἔτι μᾶλλον ἁπτομένου τῆς αἰτιολογίας, ὅτι φησὶν οἴεσθαι τὸν Εὔξεινον μὴ ἔχειν πρότερον τὸ κατὰ Βυζάντιον στόμα, τοὺς δὲ ποταμοὺς βιάσασθαι καὶ ἀνοῖξαι τοὺς εἰς αὐτὸν ἐμβάλλοντας, εἶτ' ἐκπεσεῖν τὸ ὕδωρ εἰς τὴν Προποντίδα καὶ τὸν Ἑλλήσποντον. Τὸ δ' αὐτὸ συμβῆναι καὶ περὶ τὴν καθ' ἡμᾶς θάλατταν· καὶ γὰρ ἐνταῦθα τὸν κατὰ Στήλας ἐκραγῆναι πόρον, πληρωθείσης ὑπὸ τῶν ποταμῶν τῆς θαλάττης, κατὰ δὲ τὴν ἔκρυσιν ἀνακαλυφθῆναι τὰ τεναγώδη πρότερον. Φέρει δ' αἰτίαν, πρῶτον μὲν ὅτι τῆς ἔξω θαλάττης καὶ τῆς ἐντὸς τοὔδαφος ἕτερόν ἐστιν, ἔπειθ' ὅτι καὶ νῦν ἔτι ταινία τις ὕφαλος διατέτακεν ἀπὸ τῆς Εὐρώπης ἐπὶ τὴν Λιβύην, ὡς ἂν {μὴ} μιᾶς οὔσης πρότερον τῆς τε ἐντὸς καὶ τῆς ἐκτός. Καὶ βραχύτατα μὲν εἶναι τὰ περὶ τὸν Πόντον, τὸ δὲ Κρητικὸν καὶ Σικελικὸν καὶ Σαρδῷον πέλαγος σφόδρα βαθέα. Τῶν γὰρ ποταμῶν πλείστων καὶ μεγίστων ῥεόντων ἀπὸ τῆς ἄρκτου καὶ τῆς ἀνατολῆς, ἐκεῖνα μὲν ἰλύος πληροῦσθαι, τὰ ἄλλα δὲ μένειν βαθέα. Διὸ καὶ γλυκυτάτην εἶναι τὴν Ποντικὴν θάλατταν τάς τ' ἐκρύσεις γίνεσθαι εἰς οὓς ἐγκέκλιται τόπους τὰ ἐδάφη. Δοκεῖν δὲ κἂν χωσθῆναι τὸν Πόντον ὅλον εἰς ὕστερον, ἂν μένωσιν αἱ ἐπιρρύσεις τοιαῦται· καὶ γὰρ νῦν ἤδη τεναγίζειν τὰ ἐν ἀριστερᾷ τοῦ Πόντου, τόν τε Σαλμυδησσὸν καὶ τὰ καλούμενα Στήθη ὑπὸ τῶν ναυτικῶν τὰ περὶ τὸν Ἴστρον καὶ τὴν Σκυθῶν ἐρημίαν. Τάχα δὴ καὶ τὸ τοῦ Ἄμμωνος ἱερὸν πρότερον ἐπὶ τῆς θαλάττης ὂν ἐκρύσεως γενομένης νῦν ἐν τῇ μεσογαίᾳ κεῖσθαι. Εἰκάζει τε τὸ μαντεῖον εὐλόγως ἐπὶ τοσοῦτον γενέσθαι ἐπιφανές τε καὶ γνώριμον ἐπὶ θαλάττῃ ὄν, τόν τε ἐπὶ πολὺ οὕτως ἐκτοπισμὸν ἀπὸ τῆς θαλάττης οὐκ εὔλογον ποιεῖν τὴν νῦν οὖσαν ἐπιφάνειαν καὶ δόξαν· τήν τε Αἴγυπτον τὸ παλαιὸν θαλάττῃ κλύζεσθαι μέχρι τῶν ἑλῶν τῶν περὶ τὸ Πηλούσιον καὶ τὸ Κάσιον ὄρος καὶ τὴν Σιρβωνίδα λίμνην· ἔτι γοῦν καὶ νῦν κατὰ τὴν Αἴγυπτον τῆς ἁλμυρίδος ὀρυττομένης ὑφάμμους καὶ κογχυλιώδεις εὑρίσκεσθαι τοὺς βόθρους, ὡς ἂν τεθαλαττωμένης τῆς χώρας καὶ τοῦ τόπου παντὸς τοῦ περὶ τὸ Κάσιον καὶ τὰ Γέρρα καλούμενα τεναγίζοντος, ὥστε συνάπτειν τῷ τῆς Ἐρυθρᾶς κόλπῳ· ἐνδούσης δὲ τῆς θαλάττης ἀνακαλυφθῆναι, μεῖναι δὲ τὴν Σιρβωνίδα λίμνην, εἶτ' ἐκραγῆναι καὶ ταύτην ὥστε ἑλώδη γενέσθαι. Ὡς δ' αὕτως καὶ τῆς Μοίριδος λίμνης τοὺς αἰγιαλοὺς αἰγιαλοῖς θαλάττης μᾶλλον ποταμοῦ προσεοικέναι. Τὸ μὲν οὖν ἐπικλύζεσθαί ποτε πολὺ μέρος τῶν ἠπείρων ἐπὶ καιρούς τινας καὶ πάλιν ἀνακαλύπτεσθαι δοίη τις ἄν· ὡς δ' αὕτως καὶ τὸ τοῖς ἐδάφεσιν ἀνώμαλον εἶναι τὴν γῆν ἅπασαν τὴν νῦν ὕφαλον, καθάπερ γε νὴ Δία καὶ τὴν ἔξαλον, ἐν οἰκοῦμεν, τοσαύτας γε δεχομένην, ὅσας αὐτὸς Ἐρατοσθένης εἴρηκε μεταβολάς· ὥστε πρός γε τὸν Ξάνθου λόγον οὐδὲν ἂν ἔχοι τις προσφέρειν ἄτοπον. [1,3,4] 4. {Relativement à ces changements}, une question se présente, qui a, suivant lui, particulièrement exercé la sagacité des philosophes, c'est comment il se peut faire qu'à deux et trois mille stades de la mer, dans l'intérieur même des terres, on rencontre en maints endroits quantité de coquilles, de valves, de chéramides, ainsi que des lacs d'eau saumâtre, notamment aux environs du temple d'Ammon et sur toute la route qui y mène, laquelle n'a pas moins de trois mille stades de longueur. «Il y a là en effet, dit il, comme un immense dépôt de coquilles ; le sel aujourd'hui encore s'y trouve en abondance et l'eau de la mer elle-même à l'état de sources jaillissantes; on y rencontre en outre force débris d'embarcations ayant évidemment tenu la mer, mais que les gens du pays prétendent avoir été vomis là par quelque fissure ou déchirement du sol, et jusqu'à de petites stèles surmontées de figures de dauphins et portant l'inscription suivante: DES THÉORES DE CYRÈNE.» Puis à ce propos il cite, et même avec éloge, l'opinion émise par Straton, le philosophe physicien, ainsi que celle de Xanthus de Lydie. Xanthus, lui, rappelait qu'au temps d'Artaxerxès une grande sécheresse était survenue, qui avait tari les fleuves, les lacs et les puits, qu'en maints endroits, tous situés fort avant dans les terres, et par conséquent bien loin de la mer, il avait pu observer de ses yeux des gisements de pierres ayant, la forme de coquillages ou portant l'empreinte de pétoncles et de chéramides, ainsi que des lacs d'eau saumâtre, en pleine Arménie chez les Matiènes et dans la basse Phrygie, et de ces différents faits il concluait que la mer avait dû se trouver naguère à la place où sont aujourd hui ces plaines. Quant à Straton, qui, au jugement d'Ératosthène avait poussé plus loin encore l'explication ou aetiologie du phénomène, il commençait par émettre le doute que l'Euxin eût eu primitivement cette ouverture près de Byzance : suivant lui, c'étaient les eaux des fleuves, ses tributaires, qui avaient forcé le passage et ouvert cette communication de l'Euxin avec la Propontide et l'Hellespont; puis le même effet s'était produit dans notre mer : là aussi le passage entre les colonnes d'Hercule avait été frayé violemment, le tribut des fleuves ayant grossi la mer outre mesure, et, par suite de l'écoulement des eaux, toutes les parties basses de ladite mer étaient restées découvertes, ce que Straton expliquait en faisant remarquer, d'abord, que le fond de la mer extérieure et celui de la mer intérieure n'ont pas le même niveau, et, en second lieu, qu'il existe présente-. ment encore une espèce de chaîne ou de bande sous-marine, s'étendant des côtes d'Europe à celles de Libye, comme pour prouver qu'anciennement les deux mers ne faisaient point un seul et même bassin. Il ajoutait que le Pont est tout parsemé de bas-fonds, et que les mers de Crète, de Sicile et de Sardaigne, au contraire, sont extrêmement profondes, et il attribuait cette différence au grand nombre et à l'importance des fleuves qui débouchent précisément du nord et 'a l'est et envasent les parages du Pont, tandis que les autres mers n'ont rien qui altère leur profondeur. La même cause, à l’entendre, expliquait comment les eaux dans la mer de Pont sont moins salées qu'ailleurs et comment s'est formé le courant qui les emporte dans le sens naturellement de la pente ou inclinaison du fond. Il lui semblait même qu'avec le temps ces atterrissements des fleuves, ses tributaires, devaient finir par combler le Pont tout entier. «Car déjà, dit-il; sur la rive gauche, près de Salmydessus notamment, et des points que les marins désignent sous le nom de Stéthé, dans le voisinage de l'Ister et du désert de Scythie, cette mer tend à se convertir en bas-fonds marécageux.» Il pouvait se faire aussi, suivant lui, que le temple d'Ammon s'élevât primitivement sur le bord de la mer et que l'écoulement ou le retrait de celle-ci l'eût rejeté dans l'intérieur des terres, là où nous le voyons actuellement. Straton conjecturait même à ce propos que l'oracle d'Ammon n'avait dû qu'à sa situation maritime d'être devenu si célèbre et si universellement connu : «Autrement disait-il, et avec l'extrême éloignement où se trouve ce temple aujourd'hui de la mer, comment concevoir raisonnablement le degré d'illustration et de gloire attachées à son nom?» L'Égypte, elle aussi, avait dû être primitivement couverte par la mer jusqu'aux marais qui bordent aujourd'hui Péluse, le mont Casius et le lac Sirbonis, et la preuve qu'il en donnait, c'est que, de son temps encore, quand on creusait dans les salines naturelles qui se trouvent en Égypte, le fond des excavations était toujours sablonneux et rempli de débris de coquilles, comme si effectivement cette contrée eût été naguère couverte par la mer et qu'il fallût voir dans tout le canton du Casius et dans celui des Gerrhes d'anciens bas-fonds contigus par le fait au golfe Érythréen et que la mer, en se retirant, aurait découverts, n'y laissant subsister que le lac Sirbonis, lequel même, avec le temps, aurait aussi rompu ses digues et commencé à dégénérer en marais. De même enfin les bords du lac Moeris, par leur aspect, lui rappelaient plutôt les côtes d'une mer que les rives d'un fleuve. Or, que la mer ait anciennement et pendant des périodes plus ou moins longues couvert, puis laissé à sec en se retirant une bonne partie des continents, le fait en soi n'a rien d'inadmissible. On peut admettre également que toute la partie de la surface terrestre aujourd'hui encore cachée sous les mers présente des inégalités de relief ou de niveau ni plus ni moins, en vérité, que la partie aujourd'hui découverte et que nous habitons, et qu'elle se trouve, comme celle-ci, sujette à tous les changements, à toutes les révolutions signalées par Ératosthène. Et, cela étant, on ne voit pas qu'il y ait, dans le raisonnement de Xanthus du moins, rien d'absurde à relever.


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Dernière mise à jour : 14/12/2005