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[39] Ἡ δὲ Τυφῶνος ἐπιβουλὴ καὶ τυραννὶς αὐχμοῦ
δύναμις ἦν ἐπικρατήσαντος καὶ διαφορήσαντος τήν τε
γεννῶσαν ὑγρότητα τὸν Νεῖλον καὶ αὔξουσαν, ἡ δὲ
συνεργὸς αὐτοῦ βασιλὶς Αἰθιόπων αἰνίττεται πνοὰς νοτίους
ἐξ Αἰθιοπίας· ὅταν γὰρ αὗται τῶν ἐτησίων ἐπικρατήσωσι
τὰ νέφη πρὸς τὴν Αἰθιοπίαν ἐλαυνόντων καὶ
κωλύσωσι τοὺς τὸν Νεῖλον αὔξοντας ὄμβρους καταρραγῆναι,
κατέχων ὁ Τυφὼν ἐπιφλέγει, καὶ τότε κρατήσας
παντάπασι τὸν Νεῖλον εἰς ἑαυτὸν ὑπ´ ἀσθενείας συσταλέντα
καὶ ῥυέντα κοῖλον καὶ ταπεινὸν ἐξέωσεν εἰς τὴν
θάλασσαν. ἡ γὰρ λεγομένη κάθειρξις εἰς τὴν σορὸν
Ὀσίριδος οὐδὲν ἔοικεν ἀλλ´ ἢ κρύψιν ὕδατος καὶ ἀφανισμὸν
αἰνίττεσθαι· διὸ μηνὸς Ἀθὺρ ἀφανισθῆναι τὸν
Ὄσιριν λέγουσιν, ὅτε τῶν ἐτησίων ἀπολειπόντων παντάπασιν
ὁ μὲν Νεῖλος ὑπονοστεῖ, γυμνοῦται δ´ ἡ χώρα,
μηκυνομένης δὲ τῆς νυκτὸς αὔξεται τὸ σκότος, ἡ δὲ τοῦ
φωτὸς μαραίνεται καὶ κρατεῖται δύναμις, οἱ δ´ ἱερεῖς
ἄλλα τε δρῶσι σκυθρωπὰ καὶ βοῦν διάχρυσον ἱματίῳ
μέλανι βυσσίνῳ περιβάλλοντες ἐπὶ πένθει τῆς θεοῦ δεικνύουσι
(βοῦν γὰρ Ἴσιδος εἰκόνα καὶ γῆς νομίζουσιν)
ἐπὶ τέσσαρας ἡμέρας ἀπὸ τῆς ἑβδόμης ἐπὶ δέκα ἑξῆς· καὶ
γὰρ τὰ πενθούμενα τέσσαρα, πρῶτον μὲν ὁ Νεῖλος ἀπολείπων
καὶ ὑπονοστῶν, δεύτερον δὲ τὰ βόρεια πνεύματα
κατασβεννύμενα κομιδῇ τῶν νοτίων ἐπικρατούντων, τρίτον
δὲ τὸ τὴν ἡμέραν ἐλάττονα γίνεσθαι τῆς νυκτός, ἐπὶ
πᾶσι δ´ ἡ τῆς γῆς ἀπογύμνωσις ἅμα τῇ τῶν φυτῶν
ψιλότητι τηνικαῦτα φυλλορροούντων. τῇ δ´ ἐνάτῃ ἐπὶ
δέκα νυκτὸς ἐπὶ θάλασσαν κατίασι, καὶ τὴν ἱερὰν κίστην
οἱ στολισταὶ καὶ οἱ ἱερεῖς ἐκφέρουσι χρυσοῦν ἐντὸς ἔχουσαν
κιβώτιον, εἰς ὃ ποτίμου λαβόντες ὕδατος ἐγχέουσι, καὶ
γίνεται κραυγὴ τῶν παρόντων ὡς εὑρημένου τοῦ Ὀσίριδος·
εἶτα γῆν κάρπιμον φυρῶσι τῷ ὕδατι καὶ συμμίξαντες
ἀρώματα καὶ θυμιάματα τῶν πολυτελῶν ἀναπλάττουσι
μηνοειδὲς ἀγαλμάτιον καὶ τοῦτο στολίζουσι καὶ κοσμοῦσιν
ἐμφαίνοντες ὅτι γῆς οὐσίαν καὶ ὕδατος τοὺς θεοὺς
τούτους νομίζουσι.
| [39] Les embûches dressées par Typhon et sa tyrannie
ne représentaient rien autre chose que l'intensité de la sécheresse,
laquelle neutralise et absorbe l'humidité qui donne
naissance au Nil et produit ses débordements. La reine
d'Éthiopie qui vient en aide à Typhon, désigne d'une manière
allégorique les vents du sud, soufflant d'Éthiopie. Car
lorsque ces vents sont plus forts que les Étésiens, qui poussent
les nuages du côté de l'Éthiopie, et qu'ils arrêtent les
cataractes de pluies destinées à grossir le Nil, alors Typhon
est maître. Il brûle tout, il maîtrise complétement le Nil qui,
au contraire, coule faible et resserré : ce n'est plus qu'un
filet d'eau caché au fond des terres et bien humble, que
Typhon rejette dans la mer. En effet, ce qu'on dit du corps
d'Osiris renfermé dans le cercueil ne semble désigner autre
chose, que l'affaissement des eaux du Nil et leur disparition.
Aussi dit-on qu'Osiris disparut au mois d'Athyr, parce que
c'est l'époque où, les vents Étésiens ne soufflant plus du tout,
le Nil se retire et laisse la contrée à découvert. C'est alors que
les nuits deviennent plus longues, que l'obscurité augmente
et prévaut sur la lumière dont elle triomphe. Les prêtres
se livrent à plusieurs cérémonies lugubres. Entre autres,
ils ont un boeuf d'or, qu'ils couvrent d'un vêtement de lin
teint en noir. C'est un symbole du deuil de la Déesse : car
ils regardent aussi bien le boeuf que la terre comme étant
l'image d'Isis ; puis ils montrent ce boeuf au public durant
quatre jours, à partir du dix-sept de ce mois. Ces quatre jours
de deuil ont chacun leur objet. Le premier, on déplore la
défaillance et la retraite du Nil; le deuxième, l'extinction
des vents du Nord, complétement abattus par la supériorité de
ceux du Midi; le troisième, la diminution des jours, dont la
durée est moins longue que celle des nuits; enfin le dernier
jour, on se lamente sur la nudité du sol et sur le chétif aspect
des arbres, qui se dépouillent à ce moment de toutes
leurs feuilles. Le dix-neuvième jour, quand vientrent les
ténèbres, on se rend sur le bord de la mer. Là les stolistes
et les prêtres tirent de son réduit le coffre sacré contenant
un petit vase en or dans lequel ils versent de l'eau douce.
Puis l'assistance jette un grand cri, comme pour faire
comprendre qu'Osiris est retrouvé. Après cela ils détrempent
de la terre végétale avec l'eau, en y mêlant des
aromates et des parfums des plus précieux; et de cette terre
ils pétrissent une petite figure qui a la forme d'un croissant.
Ils l'habillent d'une robe, ils la parent, et font ainsi voir
clairement qu'ils regardent ces deux divinités comme étant
l'essence, l'une de la terre, l'autre de l'eau.
| [40] Τῆς δ´ Ἴσιδος πάλιν ἀναλαμβανούσης τὸν Ὄσιριν
καὶ αὐξανούσης τὸν Ὧρον | ἀναθυμιάσεσι καὶ ὁμίχλαις
καὶ νέφεσι ῥωννύμενον ἐκρατήθη μέν, οὐκ ἀνῃρέθη δ´ ὁ
Τυφών· οὐ γὰρ εἴασεν ἡ κυρία τῆς γῆς θεὸς ἀναιρεθῆναι
παντάπασι τὴν ἀντικειμένην τῇ ὑγρότητι φύσιν, ἀλλ´
ἐχάλασε καὶ ἀνῆκε βουλομένη διαμένειν τὴν κρᾶσιν· οὐ
γὰρ ἦν κόσμον εἶναι τέλειον ἐκλιπόντος καὶ ἀφανισθέντος
τοῦ πυρώδους. εἰ δὲ ταῦτα μὴ λέγεται παρὰ
τὸ εἰκός, οὐδ´ ἐκεῖνον ἄν τις ἀπορρίψειε τὸν λόγον,
ὡς Τυφὼν μὲν ἐκράτει πάλαι τῆς Ὀσίριδος μοίρας·
θάλασσα γὰρ ἦν ἡ Αἴγυπτος. διὸ πολλὰ μὲν ἐν τοῖς
μετάλλοις καὶ τοῖς ὄρεσιν εὑρίσκεται μέχρι νῦν κογχύλια
{ἔχειν}· πᾶσαι δὲ πηγαὶ καὶ φρέατα πάντα πολλῶν ὑπαρχόντων
ἁλμυρὸν ὕδωρ καὶ πικρὸν ἔχουσιν, ὡς ἂν ὑπόλειμμα
τῆς πάλαι θαλάσσης ἕωλον ἐνταυθοῖ συνερρυηκός.
ὁ δ´ Ὧρος χρόνῳ τοῦ Τυφῶνος ἐπεκράτησε, τουτέστιν
εὐκαιρίας ὀμβρίων γενομένης ὁ Νεῖλος ἐξώσας τὴν θάλασσαν
ἀνέφηνε τὸ πεδίον καὶ ἀνεπλήρωσε ταῖς προσχώσεσιν.
ὃ δὴ μαρτυροῦσαν ἔχει τὴν αἴσθησιν· ὁρῶμεν γὰρ ἔτι
νῦν ἐπιφέροντι τῷ ποταμῷ νέαν ἰλὺν καὶ προάγοντι τὴν
γῆν κατὰ μικρὸν ὑποχωροῦν ὀπίσω τὸ πέλαγος καὶ τὴν
θάλασσαν {τὸ} ὕψος τῶν ἐν βάθει λαμβανόντων διὰ τὰς
προσχώσεις ἀπορρέουσαν· τὴν δὲ Φάρον, ἣν Ὅμηρος
ᾔδει δρόμον ἡμέρας ἀπέχουσαν Αἰγύπτου,
νῦν μέρος οὖσαν αὐτῆς, οὐκ αὐτὴν ἀναδραμοῦσαν οὐδὲ
προσαναβᾶσαν, ἀλλὰ τῆς μεταξὺ θαλάττης ἀναπλάττοντι
τῷ ποταμῷ καὶ τρέφοντι τὴν ἤπειρον ἀνασταλείσης.
Ἀλλὰ ταῦτα μὲν ὅμοια τοῖς ὑπὸ τῶν Στωικῶν
θεολογουμένοις ἐστί· καὶ γὰρ ἐκεῖνοι τὸ μὲν
γόνιμον πνεῦμα καὶ τρόφιμον Διόνυσον εἶναι λέγουσι,
τὸ πληκτικὸν δὲ καὶ διαιρετικὸν Ἡρακλέα, τὸ δὲ δεκτικὸν
Ἄμμωνα, Δήμητρα δὲ καὶ Κόρην τὸ διὰ τῆς γῆς καὶ
τῶν καρπῶν διῆκον, Ποσειδῶνα δὲ τὸ διὰ τῆς θαλάττης.
| [40] Quand Isis reconquiert Osiris et qu'elle hâte le
développement des forces d'Horus au moyen des exhalaisons,
des vapeurs et des nuages qui le rendent vigoureux, elle a
triomphé de Typhon, mais elle ne le fait pas périr. En sa
qualité de maîtresse souveraine de la terre, elle n'a garde
de permettre l'anéantissement complet de la substance
contraire à l'humidité : elle se contente de la relâcher et de
la détendre, parce qu'elle veut laisser subsister une sorte
de tempérament, et qu'elle sait que l'univers ne serait pas
complet si le principe igné venait à manquer et à disparaître.
Bien qu'une pareille interprétation ne manque pas de
vraisemblance, on ne doit pas rejeter non plus cet autre propos,
à savoir que Typhon était anciennement maître de ce qui
constitue le partage d'Osiris. En effet l'Egypte a été une
mer. C'est pour cela que dans les mines et dans les montagnes
on trouve encore aujourd'hui un grand nombre de
coquillages. Toutes les fontaines, tous les puits, et il y en
a beaucoup, contiennent une eau amère et salée, sorte de
reste, ou résidu, de la mer qui séjourna autrefois dans ces
lieux. Horus, avec le temps, a triomphé de Typhon. Cela
veut dire, qu'une heureuse abondance de pluies étant survenue,
le Nil refoula la mer, mit la plaine à nu, et la remplit
successivement de nouveaux amas de terre. Une preuve qui
vient à l'appui de cette opinion, c'est que maintenant encore,
lorsque le fleuve apporte un limon frais et ajoute de nouvelles
couches de terre, nous voyons la mer se retirer insensiblement
en arrière, et ses flots reculer devant les parties basses
du sol, qui acquièrent de la hauteur à la suite des alluvions.
Ainsi Pharos, qui est chantée par Homère comme étant à
une journée de marche de l'Egypte, fait aujourd'hui partie
de cette même Égypte. Est-ce à dire que l'île se soit déplacée,
qu'elle soit remontée plus près des terres? Non
c'est que l'espace de mer intermédiaire a été comblé grâce à
ce que le fleuve a créé et entretenu un continent nouveau.
Mais ces explications ressemblent aux interprétations
théologiques données par les Stoïciens. Ils disent que l'esprit
générateur et nutritif est Bacchus; que l'esprit qui frappe
et divise, est Hercule ; que celui qui a la propriété de recevoir,
est Ammon; que l'esprit qui s'insinue à travers la terre
et dans les fruits est Cérès; qu'enfin celui qui circule dans
le sein de la mer, c'est Neptune.
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