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[35] Ὅτι μὲν οὖν ὁ αὐτός ἐστι Διονύσῳ, τίνα μᾶλλον
ἢ σὲ γινώσκειν, ὦ Κλέα, δὴ προσῆκόν ἐστιν, ἀρχηίδα
μὲν οὖσαν ἐν Δελφοῖς τῶν Θυιάδων, τοῖς δ´ Ὀσιριακοῖς
καθωσιωμένην ἱεροῖς ἀπὸ πατρὸς καὶ μητρός; εἰ δὲ τῶν
ἄλλων ἕνεκα δεῖ μαρτύρια παραθέσθαι, τὰ μὲν ἀπόρρητα
κατὰ χώραν ἐῶμεν, ἃ δ´ ἐμφανῶς δρῶσι θάπτοντες τὸν
Ἆπιν οἱ ἱερεῖς, ὅταν παρακομίζωσιν ἐπὶ σχεδίας τὸ σῶμα,
βακχείας οὐδὲν ἀποδεῖ· καὶ γὰρ νεβρίδας περικαθάπτονται
καὶ θύρσους φοροῦσι καὶ βοαῖς χρῶνται καὶ κινήσεσιν
ὥσπερ οἱ κάτοχοι τοῖς περὶ τὸν Διόνυσον ὀργιασμοῖς. διὸ
καὶ ταυρόμορφα Διονύσου ποιοῦσιν ἀγάλματα πολλοὶ
τῶν Ἑλλήνων· αἱ δ´ Ἠλείων γυναῖκες καὶ παρακαλοῦσιν
εὐχόμεναι ’ποδὶ βοείῳ τὸν θεὸν ἐλθεῖν‘ πρὸς
αὐτάς. Ἀργείοις δὲ βουγενὴς Διόνυσος ἐπίκλην ἐστίν·
ἀνακαλοῦνται δ´ αὐτὸν ὑπὸ σαλπίγγων ἐξ ὕδατος ἐμβάλλοντες
εἰς τὴν ἄβυσσον ἄρνα τῷ Πυλαόχῳ· τὰς δὲ
σάλπιγγας ἐν θύρσοις ἀποκρύπτουσιν, ὡς Σωκράτης ἐν
τοῖς περὶ ὁσίων εἴρηκεν. ὁμολογεῖ δὲ καὶ τὰ
Τιτανικὰ καὶ Νυκτέλια τοῖς λεγομένοις Ὀσίριδος διασπασμοῖς
καὶ ταῖς ἀναβιώσεσι καὶ παλιγγενεσίαις· ὁμοίως
δὲ καὶ τὰ περὶ τὰς ταφάς. | Αἰγύπτιοί τε γὰρ Ὀσίριδος
πολλαχοῦ θήκας, ὥσπερ εἴρηται, δεικνύουσι,
καὶ Δελφοὶ τὰ τοῦ Διονύσου λείψανα παρ´ αὐτοῖς
παρὰ τὸ χρηστήριον ἀποκεῖσθαι νομίζουσι, καὶ θύουσιν
οἱ ὅσιοι θυσίαν ἀπόρρητον ἐν τῷ ἱερῷ τοῦ Ἀπόλλωνος,
ὅταν αἱ Θυιάδες ἐγείρωσι τὸν Λικνίτην. ὅτι δ´ οὐ μόνον
τοῦ οἴνου Διόνυσον, ἀλλὰ καὶ πάσης ὑγρᾶς φύσεως
Ἕλληνες ἡγοῦνται κύριον καὶ ἀρχηγόν, ἀρκεῖ Πίνδαρος
μάρτυς εἶναι λέγων ’δενδρέων δὲ νομὸν Διόνυσος
πολυγαθὴς αὐξάνοι, ἁγνὸν φέγγος ὀπώρας·‘ διὸ καὶ
τοῖς τὸν Ὄσιριν σεβομένοις ἀπαγορεύεται δένδρον ἥμερον
ἀπολλύναι καὶ πηγὴν ὕδατος ἐμφράττειν.
| [35] Cette identité d'Osiris et de Bacchus, qui doit en être
instruit mieux que vous, Cléa, puisque vous présidez les
Thyades de Delphes, puisque votre père et votre mère vous
ont initiée aux mystères d'Osiris? Si pour d'autres que pour
vous il est nécessaire de produire des témoignages, laissons
en leur lieu les explications qu'il est interdit de révéler. N'y
en a-t-il pas qui sont d'une évidence incontestable? Les
formalités avec lesquelles les prêtres ensevelissent le boeuf
Apis quand ils apportent son corps dans une barque,
diffèrent-elles en rien de ce qui s'observe aux fêtes de Bacchus?
Ils se couvrent de peaux de faons, ils portent des thyrses,
ils poussent des cris, ils s'agitent comme ceux qui sont possédés
d'une sainte fureur aux orgies des Bacchanales. Aussi,
dans la plupart des oeuvres composées par des artistes grecs
les statues de Bacchus portent une tête de taureau ; et les
femmes d'Élée, lorsque dans leurs prières elles invoquent sa
présence, l'invitent à venir à elles "avec un pied de taureau".
Chez les Argiens, Bacchus a le surnom de Bugène. On
l'évoque, au son des trompettes, du milieu des eaux, en jetant
dans l'abîme un agneau pour le portier des Enfers. Les
trompettes sont dissimulées sous des thyrses, comme Socrate
l'a dit dans son livre "Des cérémonies saintes". Ce
qu'on rapporte sur les Titans et les fêtes nocturnes de Bacchus
a pareillement un rapport sensible avec Osiris, qui
est coupé par morceaux, qui revient à la vie, qui prend
une nouvelle existence. Il en est de même pour ses sépultures.
Les Egyptiens montrent en plusieurs endroits, comme
nous l'avons dit précédemment, des tombeaux d'Osiris. Les
Delphiens croient, de leur côté, que les restes de Bacchus
sont recueillis chez eux, près de l'endroit où se rendent les
oracles; et les Hosies offrent un sacrifice secret dans le
temple d'Apollon, toutes les fois que les Thyiades réveillent
le Licnite. Or, que Bacchus soit aux yeux des Grecs le dieu
et le père non seulement du vin, mais encore de toute substance
humide, c'est ce que suffit à prouver le témoignage
de Pindare, quand il dit :
"Augmente encor les fruits que nous offre Pomone,
O bienfaisant Bacchus, saint éclat de l'automne".
C'est pour cela qu'aux adorateurs d'Osiris il est défendu
de détruire aucun arbre fruitier et d'obstruer aucune source.
| [36] Οὐ μόνον δὲ τὸν Νεῖλον, ἀλλὰ πᾶν ὑγρὸν ἁπλῶς
Ὀσίριδος ἀπορροὴν καλοῦσι, καὶ τῶν ἱερῶν ἀεὶ προπομπεύει
τὸ ὑδρεῖον ἐπὶ τιμῇ τοῦ θεοῦ. καὶ θρύῳ βασιλέα
καὶ τὸ νότιον κλίμα τοῦ κόσμου γράφουσι, καὶ μεθερμηνεύεται
τὸ θρύον ποτισμὸς καὶ κύησις πάντων καὶ
δοκεῖ γεννητικῷ μορίῳ τὴν φύσιν ἐοικέναι. τὴν δὲ τῶν
Παμυλίων ἑορτὴν ἄγοντες, ὥσπερ εἴρηται, φαλλικὴν
οὖσαν ἄγαλμα προτίθενται καὶ περιφέρουσιν, οὗ τὸ
αἰδοῖον τριπλάσιόν ἐστιν· ἀρχὴ γὰρ ὁ θεός, ἀρχὴ δὲ
πᾶσα τῷ γονίμῳ πολλαπλασιάζει τὸ ἐξ αὑτῆς. τὸ δὲ
πολλάκις εἰώθαμεν καὶ τρὶς λέγειν, ὡς τό ’τρισμάκαρες‘
καὶ ’δεσμοὶ μὲν τρὶς τόσσοι ἀπείρονες‘, εἰ μὴ νὴ
Δία κυρίως ἐμφαίνεται τὸ τριπλάσιον ὑπὸ τῶν παλαιῶν·
ἡ γὰρ ὑγρὰ φύσις ἀρχὴ καὶ γένεσις οὖσα πάντων ἐξ αὑτῆς
τὰ πρῶτα τρία σώματα, γῆν ἀέρα καὶ πῦρ, ἐποίησε. καὶ
γὰρ ὁ προστιθέμενος τῷ μύθῳ λόγος, ὡς τοῦ Ὀσίριδος
ὁ Τυφὼν τὸ αἰδοῖον ἔρριψεν εἰς τὸν ποταμόν, ἡ δ´ Ἶσις
οὐχ εὗρεν, ἀλλ´ ἐμφερὲς ἄγαλμα θεμένη καὶ κατασκευάσασα
τιμᾶν καὶ φαλληφορεῖν ἔταξεν, ἐνταῦθα δὴ περιχωρεῖ
διδάσκων, ὅτι τὸ γόνιμον καὶ τὸ σπερματικὸν τοῦ
θεοῦ πρώτην ἔσχεν ὕλην τὴν ὑγρότητα καὶ δι´ ὑγρότητος
ἐνεκράθη τοῖς πεφυκόσι μετέχειν γενέσεως. ἄλλος δὲ λόγος
ἐστὶν Αἰγυπτίων, ὡς Ἄποπις Ἡλίου ὢν ἀδελφὸς ἐπολέμει
τῷ Διί, τὸν δ´ Ὄσιριν ὁ Ζεὺς συμμαχήσαντα καὶ
συγκαταστρεψάμενον αὐτῷ τὸν πολέμιον παῖδα θέμενος
Διόνυσον προσηγόρευσε. καὶ τούτου δὲ τοῦ λόγου τὸ
μυθῶδες ἔστιν ἀποδεῖξαι τῆς περὶ φύσιν ἀληθείας ἁπτόμενον.
Δία μὲν γὰρ Αἰγύπτιοι τὸ πνεῦμα καλοῦσιν, ᾧ
πολέμιον τὸ αὐχμηρὸν καὶ πυρῶδες· τοῦτο δ´ ἥλιος μὲν
οὐκ ἔστι, πρὸς δ´ ἥλιον ἔχει τινὰ συγγένειαν· ἡ δ´ ὑγρότης
σβεννύουσα τὴν ὑπερβολὴν τῆς ξηρότητος αὔξει καὶ
ῥώννυσι τὰς ἀναθυμιάσεις, ὑφ´ ὧν τὸ πνεῦμα τρέφεται
καὶ τέθηλεν.
| [36] Mais ce n'est pas seulement le Nil, c'est encore toute
espèce d'eau que l'on regarde en général comme découlant
d'Osiris; et en l'honneur de ce Dieu, les processions des
prêtres sont toujours précédées d'une aiguière. On désigne
aussi par une feuille de figuier le roi Osiris et le climat du
Midi, et l'on explique cet emblème en disant que la feuille
du figuier renferme un principe d'humidité et de génération,
et qu'elle paraît avoir quelque ressemblance avec un
membre viril. Quand on célèbre la fête des Pamylies, qui,
comme nous l'avons dit déjà, est celle du Phallus, on expose
aux regards et on promène une statue dont le membre
viril a trois fois la grandeur ordinaire. Car Dieu est le
principe par excellence, et tout principe multiplie, par
génération, ce qui vient de lui. Du reste, pour exprimer la
pluralité, nous avons aussi coutume d'employer le nombre trois,
comme quand nous disons «trois fois heureux», et :
"Triples étaient ces noeuds ...".
A moins, par Jupiter, que le mot "triple" ne fût employé
par les anciens dans son sens propre. En effet, la
substance humide qui dès l'origine a été le principe générateur
de toute chose, produisit d'abord trois éléments,
la terre, l'air et le feu. Ce qu'on a ajouté à la teneur du
récit mythologique, à savoir que Typhon jeta dans le Nil
les parties sexuelles d'Osiris, qu'Isis ne put les retrouver,
mais qu'elle fit et dressa une image à leur ressemblance en
ordonnant de les honorer et de porter en pompe un Phallus,
ce détail ajouté a pour but de nous apprendre que la faculté
génératrice et reproductrice chez Dieu tient son premier
principe de l'humidité, et s'est communiquée par la
vertu de cette humidité à tout ce qui est capable de produire.
Une autre tradition a cours en Égypte : c'est que
Apopis, qui était frère du Soleil, avait déclaré la guerre à
Jupiter. Osiris vint au secours du maître des Dieux, et mit
avec lui l'ennemi en fuite. Jupiter alors l'adopta pour son
fils, et l'appela Dionysus. Mais il est facile de montrer que
le fabuleux de ce récit cache une vérité toute physique.
En effet les Egyptiens donnent au vent le nom de Jupiter,
et le vent a pour ennemis la sécheresse et le feu, lesquels,
sans être précisément le soleil, ont quelque affinité
avec le soleil. Or l'humidité, neutralisant l'excès de la
sécheresse, augmente et fortifie les exhalaisons qui alimentent
le vent et qui lui donnent de la force.
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