[11] Οὐ τοίνυν ἄξιον οὐδὲ τὴν τῶν σωμάτων
ἀγωνίαν παρορᾶν, ἀλλὰ πέμποντας ἐς παιδοτρίβου
τοὺς παῖδας ἱκανῶς ταῦτα διαπονεῖν, ἅμα μὲν τῆς
τῶν σωμάτων εὐρυθμίας ἕνεκεν, ἅμα δὲ καὶ πρὸς
ῥώμην· καλοῦ γὰρ γήρως θεμέλιος ἐν παισὶν ἡ τῶν
σωμάτων εὐεξία. καθάπερ οὖν ἐν εὐδίᾳ τὰ πρὸς
τὸν χειμῶνα προσῆκε παρασκευάζειν, οὕτως ἐν
νεότητι τὴν εὐταξίαν καὶ τὴν σωφροσύνην ἐφόδιον
εἰς τὸ γῆρας ἀποτίθεσθαι. οὕτω δὲ δεῖ ταμιεύεσθαι
τὸν τοῦ σώματος πόνον, ὡς μὴ καταξήρους
γινομένους πρὸς τὴν τῆς παιδείας ἐπιμέλειαν ἀπαγορεύειν·
κατὰ γὰρ Πλάτωνα ὕπνοι καὶ κόποι μαθήμασι
πολέμιοι. καὶ τί ταῦτα; ἀλλ´ ὅπερ πάντων
ἐστὶ κυριώτατον τῶν εἰρημένων σπεύδω λέγειν. πρὸς
γὰρ τοὺς στρατιωτικοὺς ἀγῶνας τοὺς παῖδας ἀσκητέον
ἐν ἀκοντισμοῖς αὐτοὺς καταθλοῦντας καὶ τοξείαις
καὶ θήραις. "τὰ" γὰρ "τῶν ἡττωμένων"
ἐν ταῖς μάχαις "ἀγαθὰ τοῖς νικῶσιν ἆθλα πρόκειται."
πόλεμος δ´ ἐσκιατραφημένην σωμάτων ἕξιν οὐ δέχεται,
ἰσχνὸς δὲ στρατιώτης πολεμικῶν ἀγώνων
ἐθὰς ἀθλητῶν πιμελώδων φάλαγγας διωθεῖ.
Τί οὖν; ἄν τις εἴποι, σὺ δὲ δὴ περὶ τῆς ἐλευθέρων
ἀγωγῆς ὑποσχόμενος παραγγέλματα δώσειν ἔπειτα
φαίνῃ τῆς μὲν τῶν πενήτων καὶ δημοτικῶν παραμελῶν
ἀγωγῆς, μόνοις δὲ τοῖς πλουσίοις ὁμολογεῖς
τὰς ὑποθήκας διδόναι. πρὸς οὓς οὐ χαλεπὸν
ἀπαντῆσαι. ἐγὼ γὰρ μάλιστ´ ἂν βουλοίμην πᾶσι
κοινῇ χρήσιμον εἶναι τὴν ἀγωγήν· εἰ δέ τινες
ἐνδεῶς τοῖς ἰδίοις πράττοντες ἀδυνατήσουσι τοῖς
ἐμοῖς χρῆσθαι παραγγέλμασι, τὴν τύχην αἰτιάσθωσαν,
οὐ τὸν ταῦτα συμβουλεύοντα. πειρατέον μὲν
οὖν εἰς δύναμιν τὴν κρατίστην ἀγωγὴν ποιεῖσθαι
τῶν παίδων καὶ τοῖς πένησιν· εἰ δὲ μή, τῇ γε δυνατῇ
χρηστέον. καὶ ταῦτα μὲν δὴ τῷ λόγῳ παρεφορτισάμην,
ἵν´ ἐφεξῆς καὶ τἄλλα τὰ φέροντα πρὸς
τὴν ὀρθὴν τῶν νέων ἀγωγὴν συνάψω.
| [11] Il est utile aussi de ne pas négliger les luttes du
corps. Qu'on envoie les enfants chez le gymnaste ; qu'ils
s'y fatiguent aux exercices, autant qu'il le faut pour acquérir
à la fois la grâce des mouvements et la vigueur. Les assises
d'une belle vieillesse, c'est la bonne constitution physique
préparée dès l'enfance. De même que quand le temps est
calme il faut tout disposer en prévision de la tempête, de
même l'on doit, par la régularité et la tempérance du jeune
âge, se réserver des ressources pour la vieillesse. Toutefois
il faut ménager la fatigue physique des enfants, de manière
à ne pas les épuiser et à ne pas les rendre incapables
de s'occuper de leur instruction. Car, suivant Platon, «sommeils
et fatigues sont les ennemis des sciences». Mais pourquoi
ces digressions ? Hâtons-nous d'exposer ce qui résume
le plus succinctement tout ce que j'ai dit. Il faut exercer
les enfants aux combats militaires, les briser au maniement
du javelot, de la flèche, à la chasse des bêtes sauvages : car
dans les combats les biens des vaincus sont des prix offerts
aux vainqueurs. La guerre ne s'accommode pas de la constitution
de corps qui aient végété à l'ombre ; au contraire, un
seul soldat fluet et maigre, habitué aux luttes stratégiques,
culbute des phalanges d'athlètes étrangers à la guerre.
Mais quoi ! dira ici quelqu'un : vous avez promis de donner
des conseils touchant l'éducation des enfants de condition
libre, et voilà que, négligeant d'une façon visible celle
des enfants du peuple et de la classe pauvre, vous persistez
à n'adresser vos préceptes qu'aux fils des riches. A cette
objection la réponse n'est pas difficile. Je voudrais de grand
coeur que mes instructions fussent utiles à tous, sans excepter
qui que ce soit; mais si quelques-uns, par insuffisance
personnelle de ressources, sont incapables de profiter
des préceptes que je donne, c'est la fortune qu'ils
doivent accuser et non pas celui qui offre des conseils. En
tout cas donner à ses enfants, dans la mesure du possible,
la direction la meilleure, est un devoir pour les pères, même
pour ceux qui sont pauvres; sinon, ils leur doivent au
moins celle qui se trouve à leur portée. Maintenant que
du surcroît de cette réflexion j'ai chargé cet endroit de
mon discours, je reprends, sans plus m'interrompre, la
série des choses qui me restent à dire sur la bonne éducation
des jeunes gens.
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