[12] Καὶ ὁ Πεμπτίδης ἐπιγελάσας ‘ἀμέλει καὶ σώματός
τις’ ἔφη ‘νόσος ἔστιν, ἣν ἱερὰν καλοῦσιν· οὐδὲν
οὖν ἄτοπον, εἰ καὶ ψυχῆς τὸ μανικώτατον πάθος καὶ μέγιστον
ἱερὸν καὶ θεῖον ἔνιοι προσαγορεύουσιν. εἶθ´ ὥσπερ
ἐν Αἰγύπτῳ ποτὲ γείτονας ἑώρων δύο διαμφισβητοῦντας,
ὄφεως προερπύσαντος εἰς τὴν ὁδόν, ἀμφοτέρων μὲν ἀγαθὸν
δαίμονα καλούντων ἑκατέρου δ´ ἔχειν ἀξιοῦντος ὡς
ἴδιον, οὕτως ὁρῶν ὑμῶν ἄρτι τοὺς μὲν εἰς τὴν ἀνδρωνῖτιν
ἕλκοντας τὸν Ἔρωτα τοὺς δ´ εἰς τὴν γυναικωνῖτιν, ὑπερφυὲς
καὶ θεῖον ἀγαθόν, οὐκ ἐθαύμαζον, εἰ τηλικαύτην
δύναμιν ἔσχε καὶ τιμὴν τὸ πάθος, οἷς ἦν προσῆκον ἐξελαύνειν
αὐτὸ πανταχόθεν καὶ κολούειν, ὑπὸ τούτων αὐξανόμενον
καὶ σεμνυνόμενον. ἄρτι μὲν οὖν ἡσυχίαν ἦγον·
ἐν γὰρ ἰδίοις μᾶλλον ἢ κοινοῖς ἑώρων τὴν ἀμφισβήτησιν
οὖσαν· νυνὶ δ´ ἀπηλλαγμένος Πεισίου, ἡδέως ἂν ὑμῶν
ἀκούσαιμι πρὸς τί βλέψαντες ἀπεφήναντο τὸν Ἔρωτα
θεὸν οἱ πρῶτοι τοῦτο λέξαντες.
| [12] Ici Pemptidès se mit à rire : "Eh bien, dit-il, de
même qu'il y a une maladie du corps qu'on appelle mal
sacré, de même il n'y a rien d'étonnant si la passion la
plus furieuse et la plus grande de l'âme est aussi appelée
par quelques-uns sacrée et divine. Que dirai-je de plus?
Je me rappelle qu'en Égypte, un jour, je vis deux voisins
se disputer entre eux: une couleuvre s'était présentée sur
leur route en rampant, et tous les deux l'appelaient leur
bon Génie, mais chacun voulait que ce fût son bon Génie
particulier. Pareillement, lorsque j'ai vu tout à l'heure que
parmi vous les uns entraînaient l'amour vers l'appartement
des hommes, et les autres, vers celui des femmes, comme
un bien surnaturel et divin, je ne me suis plus étonné de
l'importance et du pouvoir accordés à cette passion. Ainsi,
ceux qui devraient la chasser de toutes parts et en arrêter
l'essor, sont ceux qui la propagent et augmentent son autorité.
Jusqu'ici je me suis contenu, parce que je voyais la
question rouler plutôt sur des faits particuliers que sur des
considérations générales. Mais maintenant que Pisias a
quitté la place, je serai bien aise d'apprendre de vous quel
a été le motif de ceux qui les premiers ont donné à ce
sentiment le nom d'amour.»
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