HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLOTIN, Les Ennéades, VI, livre III

Chapitre 18

 Chapitre 18

[6,3,18] Ἀλλὰ γὰρ ταῦτα ἅπαντα τὰ ἀπορηθέντα δεικνύει ὡς τῶν ἄλλων δεῖ διαφορὰς ζητεῖν, αἷς χωριοῦμεν ἀπ´ ἀλλήλων ἕκαστα, τῶν δὲ διαφορῶν διαφορὰς καὶ ἀδύνατον καὶ ἄλογον· οὔτε γὰρ οὐσίας οὐσιῶν οὔτε ποσοῦ ποσότητας οὔτε ποιότητας ποιοτήτων οὔτε διαφορὰς διαφορῶν οἷόν τε. Ἀλλ´ ἀνάγκη, οὗ ἐγχωρεῖ, τοῖς ἔξωθεν τοῖς ποιητικοῖς τοῖς τοιούτοις· οὗ δὲ μηδὲ ταῦτα, οἷον πράσιον ὠχροῦ, ἐπειδὴ λευκοῦ καὶ μέλανος λέγουσι, τί ἄν τις εἴποι; Ἀλλὰ γάρ, ὅτι ἕτερα, αἴσθησις νοῦς ἐρεῖ, καὶ οὐ δώσουσι λόγον, μὲν αἴσθησις, ὅτι μηδ´ αὐτῆς λόγος, ἀλλὰ μόνον μηνύσεις διαφόρους ποιήσασθαι, δὲ νοῦς ἐν ταῖς αὐτοῦ ἐπιβολαῖς ἁπλαῖς καὶ οὐ λόγοις χρῆται πανταχοῦ, ὡς λέγειν ἕκαστον τόδε τόδε, τόδε τόδε· καὶ ἔστιν ἑτερότης ἐν ταῖς κινήσεσιν αὐτοῦ διαιροῦσα θάτερον ἀπὸ θατέρου οὐχ ἑτερότητος αὐτὴ δεομένη. Αἱ τοίνυν ποιότητες πότερα διαφοραὶ πᾶσαι γένοιντο ἂν οὔ; Λευκότης μὲν γὰρ καὶ ὅλως αἱ χρόαι καὶαἱπερὶ ἁφὴν καὶ χυμοὺς γένοιντο ἂν διαφοραὶ ἑτέρων καὶ εἴδη ὄντα, γραμματικὴ δὲ καὶ μουσικὴ πῶς; τῷ τὴν μὲν γραμματικὴν ψυχήν, τὴν δὲ μουσικήν, καὶ μάλιστα, εἰ φύσει εἶεν, ὥστε καὶ εἰδοποιοὺς διαφορὰς γίνεσθαι. Καὶ εἰ εἴη τις οὖν διαφορά, ἐκ τούτου τοῦ γένους καὶ ἐξ ἄλλου· καὶ εἰ ἐκ ταὐτοῦ γένους, τῶν ἐκ τοῦ αὐτοῦ γένους, οἷον ποιοτήτων ποιότητας. Ἀρετὴ γὰρ καὶ κακία μὲν γὰρ ἕξις τοιάδε, δὲ τοιάδε· ὥστε ποιοτήτων οὐσῶν τῶν ἕξεων αἱ διαφοραὶ ποιότητες· εἰ μή τις φαίη τὴν μὲν ἕξιν ἄνευ τῆς διαφορᾶς μὴ ποιότητα εἶναι, τὴν δὲ διαφορὰν τὴν ποιότητα ποιεῖν. Ἀλλ´ εἰ τὸ γλυκὺ ὠφέλιμον, βλαβερὸν δὲ τὸ πικρόν, σχέσει, οὐ ποιότητι, διαιρεῖ. Τί δ´ εἰ τὸ γλυκὺ παχύ, τὸ δὲ αὐστηρὸν λεπτόν; Οὐ τί ἦν γλυκὺ ἴσως λέγει παχύ, ἀλλ´ γλυκύτης· καὶ ἐπὶ τοῦ αὐστηροῦ αὐτὸς λόγος. Ὥστε εἰ πανταχοῦ μὴ ποιότητος ποιότης διαφορὰ σκεπτέον, ὥσπερ οὐδὲ οὐσίας οὐσία, οὐδὲ ποσοῦ ποσότης. τὰ πέντε τῶν τριῶν διαφέρει δυσίν. ὑπερέχει δυσί, «διαφέρει» δ´ οὐ λέγεται· πῶς γὰρ ἂν καὶ διαφέροι δυσὶν ἐν τοῖς τρισίν; Ἀλλ´ οὐδὲ κίνησις κινήσεως κινήσει διαφέροι ἄν, οὐδ´ ἐπὶ τῶν ἄλλων ἄν τις εὕροι. Ἐπὶ δὲ τῆς ἀρετῆς καὶ κακίας τὸ ὅλον πρὸς τὸ ὅλον ληπτέον, καὶ οὕτως αὐτοῖς διοίσει. Τὸ δὲ ἐκ ταὐτοῦ γένους, τοῦ ποιοῦ, καὶ μὴ ἐξ ἄλλου, εἴ τις διαιροῖ τῷ τὴν μὲν περὶ ἡδονάς, τὴν δὲ περὶ ὀργάς, καὶ τὴν μὲν περὶ καρποῦ κομιδήν, καὶ οὕτω παραδέξαιτο καλῶς ὡρίσθαι, δῆλον ὅτι ἔστι διαφορὰς εἶναι καὶ μὴ ποιότητας. [6,3,18] Toutes les questions que nous venons de nous poser montrent qu'il faut sans doute chercher quelles sont les différences des êtres divers afin de les distinguer les uns des autres, mais qu'il est impossible et déraisonnable de chercher quelles sont les différences des différences elles-mêmes. Nous ne saurions trouver des substances de substances, des quantités de quantités, des qualités de qualités, des différences de différences; mais nous devons, toutes les fois que nous le pouvons, diviser les objets extérieurs soit d'après leurs effets, soit d'après tels ou tels caractères. Quand nous ne le pouvons pas, distinguons ces objets les uns des autres comme on distingue le vert foncé du vert pâle. — Mais comment distingue-t-on le blanc du noir? — La sensation ou l'intelligence nous disent que ce sont là des choses différentes sans nous en faire connaître la raison : la sensation, parce que sa fonction n'est pas de faire connaître la raison des choses, mais seulement de nous les signaler de différentes manières; l'intelligence, parce qu'elle discerne les choses par de simples intuitions, sans avoir partout recours au raisonnement, et se borne à dire : Cela est tel ou tel. Il y a d'ailleurs dans chacune des opérations de l'intelligence une différence {un caractère propre et distinctif} qui lui fait discerner les unes des autres les choses différentes, sans que cette différence {propre à chacune des opérations de l'intelligence} ait elle-même besoin d'être discernée à l'aide d'une autre différence. Les qualités sont-elles toutes des différences ou non? — La blancheur, les couleurs, les qualités perçues par le tact et le goût, peuvent devenir des différences entre des objets divers, quoiqu'elles soient elles-mêmes des espèces. — Mais la science de la grammaire et celle de la musique, comment constituent-elles des différences? — La science de la grammaire rend l'esprit grammairien, et celle de la musique musicien, surtout si elles sont naturelles; elles deviennent ainsi des différences spécifiques. Il faut en outre considérer si une différence est tirée du même genre {auquel appartiennent les choses que l'on considère} ou bien d'un autre genre. Si elle est tirée du même genre, elle est pour les choses de ce genre ce qu'est une qualité pour la qualité à laquelle elle sert de différence. La vertu et le vice se trouvent dans ce cas : la vertu est telle habitude, et le vice telle autre habitude; par conséquent, comme les habitudes sont des qualités, les différences de ces habitudes {soit de la vertu, soit du vice} seront des qualités. On objectera peut-être qu'une habitude sans une différence n'est pas une qualité, que c'est la différence qui fait seule la qualité. Nous répondrons qu'on dit que le doux est bon, que l'amer est mauvais; on admet ainsi qu'ils diffèrent par une habitude {une manière d'être}, et non par une qualité.— Et si l'on dit que le doux est grossier et que l'âpre est fin? — Nous répondrons que le grossier ne fait pas connaître ce qu'est le doux, mais indique une manière d'être de ce qui est doux; il en est de même du fin. Il nous reste donc à examiner si la différence d'une qualité n'est jamais une qualité, comme celle d'une substance n'est pas une substance, et celle d'une quantité n'est pas une quantité. — Cinq diffère-t-il de trois par deux? Non : cinq surpasse seulement trois de deux, mais n'en diffère pas. Comment différerait-il de trois par deux, puisque trois contient deux? De même, un mouvement ne diffère pas d'un mouvement par un mouvement, etc. Quant à la vertu et au vice, ce sont deux choses opposées du tout au tout, et c'est ainsi qu'on les distingue. Si l'on tirait une division du même genre, c'est-à-dire de la qualité, au lieu de se baser sur un autre genre, si l'on disait, par exemple, que tel vice se rapporte aux plaisirs, tel autre à la colère, tel autre encore au soin d'acquérir, et que l'on admit qu'une pareille classification fût bonne, il en résulterait évidemment qu'il y a des différences qui ne sont pas des qualités.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu |Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 14/06/2010