HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Théétète

Page 180

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[180] τὸ δ´ ἐπιμεῖναι ἐπὶ λόγῳ καὶ ἐρωτήματι καὶ ἡσυχίως (180a) ἐν μέρει ἀποκρίνασθαι καὶ ἐρέσθαι ἧττον αὐτοῖς ἔνι τὸ μηδέν· μᾶλλον δὲ ὑπερβάλλει τὸ οὐδ´ οὐδὲν πρὸς τὸ μηδὲ σμικρὸν ἐνεῖναι τοῖς ἀνδράσιν ἡσυχίας. ἀλλ´ ἄν τινά τι ἔρῃ, ὥσπερ ἐκ φαρέτρας ῥηματίσκια αἰνιγματώδη ἀνασπῶντες ἀποτοξεύουσι, κἂν τούτου ζητῇς λόγον λαβεῖν τί εἴρηκεν, ἑτέρῳ πεπλήξῃ καινῶς μετωνομασμένῳ. περανεῖς δὲ οὐδέποτε οὐδὲν πρὸς οὐδένα αὐτῶν· οὐδέ γε ἐκεῖνοι αὐτοὶ πρὸς ἀλλήλους, ἀλλ´ εὖ πάνυ φυλάττουσι τὸ μηδὲν βέβαιον ἐᾶν εἶναι (180b) μήτ´ ἐν λόγῳ μήτ´ ἐν ταῖς αὑτῶν ψυχαῖς, ἡγούμενοι, ὡς ἐμοὶ δοκεῖ, αὐτὸ στάσιμον εἶναι· τούτῳ δὲ πάνυ πολεμοῦσιν, καὶ καθ´ ὅσον δύνανται πανταχόθεν ἐκβάλλουσιν. (ΣΩ.) Ἴσως, Θεόδωρε, τοὺς ἄνδρας μαχομένους ἑώρακας, εἰρηνεύουσιν δὲ οὐ συγγέγονας· οὐ γὰρ σοὶ ἑταῖροί εἰσιν. ἀλλ´ οἶμαι τὰ τοιαῦτα τοῖς μαθηταῖς ἐπὶ σχολῆς φράζουσιν, οὓς ἂν βούλωνται ὁμοίους αὑτοῖς ποιῆσαι. (ΘΕΟ.) Ποίοις μαθηταῖς, δαιμόνιε; οὐδὲ γίγνεται τῶν (180c) τοιούτων ἕτερος ἑτέρου μαθητής, ἀλλ´ αὐτόματοι ἀναφύονται ὁπόθεν ἂν τύχῃ ἕκαστος αὐτῶν ἐνθουσιάσας, καὶ τὸν ἕτερον ἕτερος οὐδὲν ἡγεῖται εἰδέναι. παρὰ μὲν οὖν τούτων, ὅπερ ᾖα ἐρῶν, οὐκ ἄν ποτε λάβοις λόγον οὔτε ἑκόντων οὔτε ἀκόντων· αὐτοὺς δὲ δεῖ παραλαβόντας ὥσπερ πρόβλημα ἐπισκοπεῖσθαι. (ΣΩ.) Καὶ μετρίως γε λέγεις. τὸ δὲ δὴ πρόβλημα ἄλλο τι παρειλήφαμεν παρὰ μὲν τῶν ἀρχαίων μετὰ ποιήσεως (180d) ἐπικρυπτομένων τοὺς πολλούς, ὡς γένεσις τῶν ἄλλων πάντων Ὠκεανός τε καὶ Τηθὺς ῥεύματα ὄντα τυγχάνει καὶ οὐδὲν ἕστηκε, παρὰ δὲ τῶν ὑστέρων ἅτε σοφωτέρων ἀναφανδὸν ἀποδεικνυμένων, ἵνα καὶ οἱ σκυτοτόμοι αὐτῶν τὴν σοφίαν μάθωσιν ἀκούσαντες καὶ παύσωνται ἠλιθίως οἰόμενοι τὰ μὲν ἑστάναι, τὰ δὲ κινεῖσθαι τῶν ὄντων, μαθόντες δὲ ὅτι πάντα κινεῖται τιμῶσιν αὐτούς; ὀλίγου δὲ ἐπελαθόμην, Θεόδωρε, ὅτι ἄλλοι αὖ τἀναντία τούτοις ἀπεφήναντο, (180e) οἷον ἀκίνητον τελέθει τῷ παντὶ ὄνομ´ εἶναι καὶ ἄλλα ὅσα Μέλισσοί τε καὶ Παρμενίδαι ἐναντιούμενοι πᾶσι τούτοις διισχυρίζονται, ὡς ἕν τε πάντα ἐστὶ καὶ ἕστηκεν αὐτὸ ἐν αὑτῷ οὐκ ἔχον χώραν ἐν κινεῖται. τούτοις οὖν, ἑταῖρε, πᾶσι τί χρησόμεθα; κατὰ σμικρὸν γὰρ προϊόντες λελήθαμεν ἀμφοτέρων εἰς τὸ μέσον πεπτωκότες, [180] S’arrêter sur une matière et une question, répondre et interroger paisiblement
tour à tour, il n’est rien dont ils soient moins capables ; le mot rien est même
insuffisant pour exprimer le manque absolu de tranquillité chez ces gens-là. Quelle
que soit la question que tu leur poses, ils tirent comme d’un carquois de petits mots
énigmatiques qu’ils te décochent, et, si tu leur demandes d’expliquer ce qu’ils
ont dit, tu es aussitôt frappé d’un autre trait, sous la forme d’un nouveau mot.
Tu n’arriveras jamais à aucune conclusion avec aucun d’eux, pas plus d’ailleurs
qu’eux-mêmes entre eux. Ils ont grand soin de ne rien laisser se fixer soit dans
leurs discours, soit dans leurs esprits, persuadés, ce me semble, qu’il y aurait
là quelque chose de stable ; or, c’est à quoi ils font une guerre sans merci et
ce qu’ils bannissent de partout autant qu’ils le peuvent.
(SOCRATE)
Peut-être, Théodore, as-tu vu ces hommes en train de batailler et ne t’es-tu pas
trouvé avec eux, quand ils conversaient en paix ; car ils ne sont point tes
amis. Mais je m’imagine qu’ils exposent à loisir leurs théories aux élèves
qu’ils veulent former à leur image.
(THÉODORE)
De quels élèves parles-tu, mon brave ? Parmi eux, aucun n’est disciple d’un
autre : ils poussent tout seuls, au hasard de l’inspiration qui les saisit, et
chacun d’eux pense que l’autre ne sait rien. Aussi de ces gens-là, comme
j’allais le dire, on ne saurait tirer aucune explication, ni de gré, ni de force ;
il faut les prendre et les examiner comme un problème.
(SOCRATE)
C’est parler sensément. Quant au problème, ne nous a-t-il pas été transmis par
les anciens qui ont, sous le voile de la poésie, dissimulé à la foule que les
générateurs de toutes choses, l’Océan et Téthys, sont des courants et que rien
n’est stable ? C’est ce que les modernes, plus savants, démontrent ouvertement,
afin que les cordonniers mêmes qui les auront entendus se pénètrent de leur
sagesse et cessent de croire sottement qu’une partie des êtres est en repos et
l’autre en mouvement et qu’ayant appris que tout se meut, ils révèrent leurs
maîtres.
Mais j’ai failli oublier, Théodore, que d’autres se sont déclarés pour l’opinion
contraire, et disent par exemple que « Immobile est le nom du Tout». Il
faut aussi rappeler toutes les protestations élevées contre tous ces gens-là par
les Mélissos et les Parménide, qui soutiennent énergiquement que tout est un
et se tient immobile en lui-même, n’ayant pas de place où se mouvoir. Quel parti
prendrons-nous donc, ami, à l’égard de tous ces philosophes ? En nous avançant
peu à peu, nous sommes tombés sans nous en douter au milieu des uns
et des autres,


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Dernière mise à jour : 19/05/2006