HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Théétète

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[161] (161a) ἀλλὰ ἀνεμιαῖόν τε καὶ ψεῦδος. σὺ οἴει πάντως δεῖν τό γε σὸν τρέφειν καὶ μὴ ἀποτιθέναι, καὶ ἀνέξῃ ἐλεγχόμενον ὁρῶν, καὶ οὐ σφόδρα χαλεπανεῖς ἐάν τις σοῦ ὡς πρωτοτόκου αὐτὸ ὑφαιρῇ; (ΘΕΟ.) Ἀνέξεται, Σώκρατες, Θεαίτητος· οὐδαμῶς γὰρ δύσκολος. ἀλλὰ πρὸς θεῶν εἰπὲ αὖ οὐχ οὕτως ἔχει; (ΣΩ.) Φιλόλογός γ´ εἶ ἀτεχνῶς καὶ χρηστός, Θεόδωρε, ὅτι με οἴει λόγων τινὰ εἶναι θύλακον καὶ ῥᾳδίως ἐξελόντα (161b) ἐρεῖν ὡς οὐκ αὖ ἔχει οὕτω ταῦτα· τὸ δὲ γιγνόμενον οὐκ ἐννοεῖς, ὅτι οὐδεὶς τῶν λόγων ἐξέρχεται παρ´ ἐμοῦ ἀλλ´ ἀεὶ παρὰ τοῦ ἐμοὶ προσδιαλεγομένου, ἐγὼ δὲ οὐδὲν ἐπίσταμαι πλέον πλὴν βραχέος, ὅσον λόγον παρ´ ἑτέρου σοφοῦ λαβεῖν καὶ ἀποδέξασθαι μετρίως. καὶ νῦν τοῦτο παρὰ τοῦδε πειράσομαι, οὔ τι αὐτὸς εἰπεῖν. (ΘΕΟ.) Σὺ κάλλιον, Σώκρατες, λέγεις· καὶ ποίει οὕτως. (ΣΩ.) Οἶσθ´ οὖν, Θεόδωρε, θαυμάζω τοῦ ἑταίρου σου Πρωταγόρου; (161c) (ΘΕΟ.) Τὸ ποῖον; (ΣΩ.) Τὰ μὲν ἄλλα μοι πάνυ ἡδέως εἴρηκεν, ὡς τὸ δοκοῦν ἑκάστῳ τοῦτο καὶ ἔστιν· τὴν δ´ ἀρχὴν τοῦ λόγου τεθαύμακα, ὅτι οὐκ εἶπεν ἀρχόμενος τῆς Ἀληθείας ὅτι "Πάντων χρημάτων μέτρον ἐστὶν ὗς" "κυνοκέφαλος" τι ἄλλο ἀτοπώτερον τῶν ἐχόντων αἴσθησιν, ἵνα μεγαλοπρεπῶς καὶ πάνυ καταφρονητικῶς ἤρξατο ἡμῖν λέγειν, ἐνδεικνύμενος ὅτι ἡμεῖς μὲν αὐτὸν ὥσπερ θεὸν ἐθαυμάζομεν ἐπὶ σοφίᾳ, δ´ ἄρα (161d) ἐτύγχανεν ὢν εἰς φρόνησιν οὐδὲν βελτίων βατράχου γυρίνου, μὴ ὅτι ἄλλου του ἀνθρώπων. πῶς λέγωμεν, Θεόδωρε; εἰ γὰρ δὴ ἑκάστῳ ἀληθὲς ἔσται ἂν δι´ αἰσθήσεως δοξάζῃ, καὶ μήτε τὸ ἄλλου πάθος ἄλλος βέλτιον διακρινεῖ, μήτε τὴν δόξαν κυριώτερος ἔσται ἐπισκέψασθαι ἕτερος τὴν ἑτέρου ὀρθὴ ψευδής, ἀλλ´ πολλάκις εἴρηται, αὐτὸς τὰ αὑτοῦ ἕκαστος μόνος δοξάσει, ταῦτα δὲ πάντα ὀρθὰ καὶ ἀληθῆ, τί δή ποτε, ἑταῖρε, Πρωταγόρας μὲν σοφός, ὥστε καὶ ἄλλων (161e) διδάσκαλος ἀξιοῦσθαι δικαίως μετὰ μεγάλων μισθῶν, ἡμεῖς δὲ ἀμαθέστεροί τε καὶ φοιτητέον ἡμῖν ἦν παρ´ ἐκεῖνον, μέτρῳ ὄντι αὐτῷ ἑκάστῳ τῆς αὑτοῦ σοφίας; ταῦτα πῶς μὴ φῶμεν δημούμενον λέγειν τὸν Πρωταγόραν; τὸ δὲ δὴ ἐμόν τε καὶ τῆς ἐμῆς τέχνης τῆς μαιευτικῆς σιγῶ ὅσον γέλωτα ὀφλισκάνομεν, οἶμαι δὲ καὶ σύμπασα τοῦ διαλέγεσθαι πραγματεία. τὸ γὰρ ἐπισκοπεῖν καὶ ἐπιχειρεῖν ἐλέγχειν τὰς ἀλλήλων φαντασίας τε καὶ δόξας, ὀρθὰς ἑκάστου οὔσας, [161] ou s’il n’est que vent et mensonge. Ou bien penses-tu qu’il faille à tout
prix nourrir ton enfant et ne pas l’exposer ? Souffriras-tu qu’on le soumette à la
critique devant toi et ne seras-tu pas trop fâché si on te l’enlève, bien qu’il
soit ton premier-né ?
(THÉODORE)
Théétète le souffrira, Socrate, car il n’est pas du tout d’humeur difficile.
Mais, au nom des dieux, dis-moi, est-ce qu’au rebours, la théorie est fausse ?
(SOCRATE)
Tu es vraiment friand de dispute, Théodore, et tu es bien bon de me prendre pour
une sorte de sac plein d’arguments et de croire qu’il m’est aisé d’en retirer un
pour te prouver que ces théories sont des erreurs. Tu ne vois pas qu’en réalité
aucun des arguments ne sort de moi, mais toujours de celui avec qui je converse,
et que moi-même, je ne sais rien, sauf une petite chose, qui consiste uniquement
à recevoir l’argument d’un homme sage et à l’accueillir comme il convient. C’est
ce que je vais essayer ici encore avec ce jeune homme, sans rien dire de mon cru.
(THÉODORE)
Tu as raison, Socrate ; fais comme tu dis.
(SOCRATE)
XVI. — Eh bien, sais-tu, Théodore, ce qui m’étonne de ton camarade Protagoras ?
(THÉODORE)
Qu’est-ce ?
(SOCRATE)
En général, j’aime fort sa doctrine, que ce qui paraît à chacun existe pour lui ;
mais le début de son discours m’a surpris. Je ne vois pas pourquoi, au
commencement de la Vérité, il n’a pas dit que la mesure de toutes choses,
c’est le porc, ou le cynocéphale ou quelque bête encore plus étrange parmi
celles qui sont capables de sensation. C’eût été un début magnifique et d’une
désinvolture hautaine ; car il eût ainsi montré que, tandis que nous l’admirions
comme un dieu pour sa sagesse, il ne valait pas mieux pour l’intelligence, je ne
dirai pas que tout autre homme, mais qu’un têtard de grenouille. Autrement que
dire, Théodore ? Si, en effet, l’opinion que chacun se forme par la sensation
est pour lui la vérité, si l’impression d’un homme n’a pas de meilleur juge que
lui-même, et si personne n’a plus d’autorité que lui pour examiner si son
opinion est exacte ou fausse ; si, au contraire, comme nous l’avons dit souvent,
chacun se forme à lui seul ses opinions et si ces opinions sont toujours justes
et vraies, en quoi donc, mon ami, Protagoras était-il savant au point qu’on le
croyait à juste titre digne d’enseigner les autres et de toucher de gros
salaires, et pourquoi nous-mêmes étions-nous plus ignorants, et obligés de
fréquenter son école, si chacun est pour soi-même la mesure de sa propre
sagesse ? Pouvons-nous ne pas déclarer qu’en disant ce qu’il disait,
Protagoras ne parlait pas pour la galerie ? Quant à ce qui me concerne et à mon
art d’accoucheur, et je puis dire aussi à la pratique de la dialectique en
général, je ne parle pas du ridicule qui les atteint. Car examiner et entreprendre
de réfuter mutuellement nos idées et nos opinions, qui sont justes pour chacun,


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Dernière mise à jour : 19/05/2006