[162] οὐ μακρὰ (162a) μὲν καὶ διωλύγιος φλυαρία, εἰ ἀληθὴς ἡ
Ἀλήθεια Πρωταγόρου ἀλλὰ μὴ παίζουσα ἐκ τοῦ ἀδύτου τῆς βίβλου
ἐφθέγξατο;
(ΘΕΟ.) Ὦ Σώκρατες, φίλος ἁνήρ, ὥσπερ σὺ νυνδὴ εἶπες.
οὐκ ἂν οὖν δεξαίμην δι´ ἐμοῦ ὁμολογοῦντος ἐλέγχεσθαι
Πρωταγόραν, οὐδ´ αὖ σοὶ παρὰ δόξαν ἀντιτείνειν. τὸν οὖν
Θεαίτητον πάλιν λαβέ· πάντως καὶ νυνδὴ μάλ´ ἐμμελῶς σοι
ἐφαίνετο ὑπακούειν.
(162b) (ΣΩ.) Ἆρα κἂν εἰς Λακεδαίμονα ἐλθών, ὦ Θεόδωρε, πρὸς
τὰς παλαίστρας ἀξιοῖς ἂν ἄλλους θεώμενος γυμνούς, ἐνίους
φαύλους, αὐτὸς μὴ ἀντεπιδεικνύναι τὸ εἶδος παραποδυόμενος;
(ΘΕΟ.) Ἀλλὰ τί μὴν δοκεῖς, εἴπερ μέλλοιέν μοι ἐπιτρέψειν
καὶ πείσεσθαι; ὥσπερ νῦν οἶμαι ὑμᾶς πείσειν ἐμὲ μὲν ἐᾶν
θεᾶσθαι καὶ μὴ ἕλκειν πρὸς τὸ γυμνάσιον σκληρὸν ἤδη ὄντα,
τῷ δὲ δὴ νεωτέρῳ τε καὶ ὑγροτέρῳ ὄντι προσπαλαίειν.
(ΣΩ.) Ἀλλ´ εἰ οὕτως, ὦ Θεόδωρε, σοὶ φίλον, οὐδ´ ἐμοὶ
(162c) ἐχθρόν, φασὶν οἱ παροιμιαζόμενοι. πάλιν δὴ οὖν ἐπὶ τὸν
σοφὸν Θεαίτητον ἰτέον. λέγε δή, ὦ Θεαίτητε, πρῶτον
μὲν ἃ νυνδὴ διήλθομεν, ἆρα οὐ σὺ θαυμάζεις εἰ ἐξαίφνης
οὕτως ἀναφανήσῃ μηδὲν χείρων εἰς σοφίαν ὁτουοῦν ἀνθρώπων
ἢ καὶ θεῶν; ἢ ἧττόν τι οἴει τὸ Πρωταγόρειον μέτρον εἰς
θεοὺς ἢ εἰς ἀνθρώπους λέγεσθαι;
(ΘΕΑΙ.) Μὰ Δί´ οὐκ ἔγωγε· καὶ ὅπερ γε ἐρωτᾷς, πάνυ
θαυμάζω. ἡνίκα γὰρ διῇμεν ὃν τρόπον λέγοιεν τὸ δοκοῦν
(162d) ἑκάστῳ τοῦτο καὶ εἶναι τῷ δοκοῦντι, πάνυ μοι εὖ ἐφαίνετο
λέγεσθαι· νῦν δὲ τοὐναντίον τάχα μεταπέπτωκεν.
(ΣΩ.) Νέος γὰρ εἶ, ὦ φίλε παῖ· τῆς οὖν δημηγορίας ὀξέως
ὑπακούεις καὶ πείθῃ. πρὸς γὰρ ταῦτα ἐρεῖ Πρωταγόρας ἤ τις
ἄλλος ὑπὲρ αὐτοῦ· "Ὦ γενναῖοι παῖδές τε καὶ γέροντες,
δημηγορεῖτε συγκαθεζόμενοι, θεούς τε εἰς τὸ μέσον ἄγοντες,
(162e) οὓς ἐγὼ ἔκ τε τοῦ λέγειν καὶ τοῦ γράφειν περὶ αὐτῶν ὡς
εἰσὶν ἢ ὡς οὐκ εἰσίν, ἐξαιρῶ, καὶ ἃ οἱ πολλοὶ ἂν ἀποδέχοιντο
ἀκούοντες, λέγετε ταῦτα, ὡς δεινὸν εἰ μηδὲν διοίσει εἰς σοφίαν
ἕκαστος τῶν ἀνθρώπων βοσκήματος ὁτουοῦν· ἀπόδειξιν δὲ
καὶ ἀνάγκην οὐδ´ ἡντινοῦν λέγετε ἀλλὰ τῷ εἰκότι χρῆσθε,
ᾧ εἰ ἐθέλοι Θεόδωρος ἢ ἄλλος τις τῶν γεωμετρῶν χρώμενος
γεωμετρεῖν, ἄξιος οὐδ´ ἑνὸς μόνου ἂν εἴη.
| [162] n’est-ce pas s’engager dans un bavardage sans fin et s’égosiller
pour rien, si la Vérité de Protagoras est vraie, et s’il ne plaisantait pas
quand il prononçait ses oracles du sanctuaire de son livre ?
(THÉODORE)
Cet homme, Socrate, était mon ami, tu viens de le dire toi-même, et je
n’aimerais ni voir Protagoras réfuté par mes propres aveux, ni non plus te
contredire contre mon opinion. Reprends donc Théétète, d’autant qu’il m’a paru
ici encore se plier fort bien à tes suggestions.
(SOCRATE)
Si tu allais à Lacédémone, Théodore, et assistais aux luttes, croirais-tu bien
faire de regarder les joueurs nus, dont quelques-uns malingres, sans te
déshabiller toi-même et montrer tes formes comme les autres ?
(THÉODORE)
Pourquoi non, s’ils voulaient me le permettre et se rendre à mes raisons, comme
j’espère à présent vous persuader de me permettre de rester simple spectateur et
de ne pas me traîner dans l’arène, maintenant que je suis raidi par l’âge, mais
de lutter avec un homme plus jeune et plus souple ?
(SOCRATE)
XVII. — Eh bien, si cela te plaît, Théodore, cela ne me déplaît pas non plus,
comme on dit vulgairement. Il faut donc revenir au sage Théétète. Dis-moi donc
d’abord, Théétète, au sujet du système que nous venons d’exposer, n’es-tu pas
étonné de te voir devenu si soudainement égal en sagesse à n’importe lequel des
hommes ou des dieux ? Ou crois-tu que la mesure de Protagoras s’applique moins
aux dieux qu’aux hommes ?
(THÉÉTÈTE)
Non, par Zeus, je ne le crois pas, et, pour répondre à ta question, cela me
surprend étrangement. Quand nous examinions la manière dont ils prouvent que ce
qui paraît à chacun est tel qu’il lui paraît, leur preuve me semblait
parfaitement juste. Maintenant, j’ai passé tout à coup à l’opinion contraire.
(SOCRATE)
Tu es jeune, mon cher enfant : c’est pour cela que tu es si prompt à écouter les
discours et à te laisser influencer. Mais voici ce que nous opposera Protagoras
ou quelqu’un de ses partisans : « Braves enfants et vieillards, vous voilà assis
ensemble à discourir, et à mettre même en jeu les dieux, alors que moi-même
j’exclus de mon enseignement, soit oral, soit écrit, la question de savoir s’ils
existent ou s’ils n’existent pas. Ce que la foule approuve dès qu’elle l’entend
dire, vous le prenez à votre compte, et vous dites qu’il serait étrange qu’au
point de vue de la sagesse l’homme ne différât en rien de n’importe quelle bête ;
mais de démonstration et de preuve concluante, vous n’apportez pas la moindre
et vous n’employez contre moi que la vraisemblance. » Si Théodore ou tout autre
géomètre fondait ses démonstrations là-dessus, elles ne vaudraient pas un as.
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