HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Théétète

Page 160

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[160] καὶ ἀλλοῖον (160a) καὶ ἄλλον ποιεῖ τὸν αἰσθανόμενον· οὔτ´ ἐκεῖνο τὸ ποιοῦν ἐμὲ μήποτ´ ἄλλῳ συνελθὸν ταὐτὸν γεννῆσαν τοιοῦτον γένηται· ἀπὸ γὰρ ἄλλου ἄλλο γεννῆσαν ἀλλοῖον γενήσεται. (ΘΕΑΙ.) Ἔστι ταῦτα. (ΣΩ.) Οὐδὲ μὴν ἔγωγε ἐμαυτῷ τοιοῦτος, ἐκεῖνό τε ἑαυτῷ τοιοῦτον γενήσεται. (ΘΕΑΙ.) Οὐ γὰρ οὖν. (ΣΩ.) Ἀνάγκη δέ γε ἐμέ τε τινὸς γίγνεσθαι, ὅταν αἰσθανόμενος γίγνωμαι· αἰσθανόμενον γάρ, μηδενὸς δὲ αἰσθανόμενον, (160b) ἀδύνατον γίγνεσθαι· ἐκεῖνό τε τινὶ γίγνεσθαι, ὅταν γλυκὺ πικρὸν τι τοιοῦτον γίγνηται· γλυκὺ γάρ, μηδενὶ δὲ γλυκὺ ἀδύνατον γενέσθαι. (ΘΕΑΙ.) Παντάπασι μὲν οὖν. (ΣΩ.) Λείπεται δὴ οἶμαι ἡμῖν ἀλλήλοις, εἴτ´ ἐσμέν, εἶναι, εἴτε γιγνόμεθα, γίγνεσθαι, ἐπείπερ ἡμῶν ἀνάγκη τὴν οὐσίαν συνδεῖ μέν, συνδεῖ δὲ οὐδενὶ τῶν ἄλλων οὐδ´ αὖ ἡμῖν αὐτοῖς. ἀλλήλοις δὴ λείπεται συνδεδέσθαι. ὥστε εἴτε τις εἶναί τι ὀνομάζει, τινὶ εἶναι τινὸς πρός τι ῥητέον αὐτῷ, εἴτε γίγνεσθαι· αὐτὸ δὲ ἐφ´ αὑτοῦ τι ὂν γιγνόμενον οὔτε (160c) αὐτῷ λεκτέον οὔτ´ ἄλλου λέγοντος ἀποδεκτέον, ὡς λόγος ὃν διεληλύθαμεν σημαίνει. (ΘΕΑΙ.) Παντάπασι μὲν οὖν, Σώκρατες. (ΣΩ.) Οὐκοῦν ὅτε δὴ τὸ ἐμὲ ποιοῦν ἐμοί ἐστιν καὶ οὐκ ἄλλῳ, ἐγὼ καὶ αἰσθάνομαι αὐτοῦ, ἄλλος δ´ οὔ; (ΘΕΑΙ.) Πῶς γὰρ οὔ; (ΣΩ.) Ἀληθὴς ἄρα ἐμοὶ ἐμὴ αἴσθησιςτῆς γὰρ ἐμῆς οὐσίας ἀεί ἐστινκαὶ ἐγὼ κριτὴς κατὰ τὸν Πρωταγόραν τῶν τε ὄντων ἐμοὶ ὡς ἔστι, καὶ τῶν μὴ ὄντων ὡς οὐκ ἔστιν. (ΘΕΑΙ.) Ἔοικεν. (160d) (ΣΩ.) Πῶς ἂν οὖν ἀψευδὴς ὢν καὶ μὴ πταίων τῇ διανοίᾳ περὶ τὰ ὄντα γιγνόμενα οὐκ ἐπιστήμων ἂν εἴην ὧνπερ αἰσθητής; (ΘΕΑΙ.) Οὐδαμῶς ὅπως οὔ. (ΣΩ.) Παγκάλως ἄρα σοι εἴρηται ὅτι ἐπιστήμη οὐκ ἄλλο τί ἐστιν αἴσθησις, καὶ εἰς ταὐτὸν συμπέπτωκεν, κατὰ μὲν Ὅμηρον καὶ Ἡράκλειτον καὶ πᾶν τὸ τοιοῦτον φῦλον οἷον ῥεύματα κινεῖσθαι τὰ πάντα, κατὰ δὲ Πρωταγόραν τὸν σοφώτατον πάντων χρημάτων ἄνθρωπον μέτρον εἶναι, κατὰ (160e) δὲ Θεαίτητον τούτων οὕτως ἐχόντων αἴσθησιν ἐπιστήμην γίγνεσθαι. γάρ, Θεαίτητε; φῶμεν τοῦτο σὸν μὲν εἶναι οἷον νεογενὲς παιδίον, ἐμὸν δὲ μαίευμα; πῶς λέγεις; (ΘΕΑΙ.) Οὕτως ἀνάγκη, Σώκρατες. (ΣΩ.) Τοῦτο μὲν δή, ὡς ἔοικεν, μόλις ποτὲ ἐγεννήσαμεν, ὅτι δή ποτε τυγχάνει ὄν. μετὰ δὲ τὸν τόκον τὰ ἀμφιδρόμια αὐτοῦ ὡς ἀληθῶς ἐν κύκλῳ περιθρεκτέον τῷ λόγῳ, σκοπουμένους μὴ λάθῃ ἡμᾶς οὐκ ἄξιον ὂν τροφῆς τὸ γιγνόμενον, [160] et elle modifie et rend autre celui qui senti et l’agent qui me cause cette
sensation ne pourra jamais en s’unissant à autre chose engendrer le même produit
et devenir le même, puisque, s’il engendre un autre produit d’un autre conjoint,
il deviendra autre.
(THÉÉTÈTE)
C’est exact.
(SOCRATE)
Et ni moi, je ne deviendrai tel par moi seul, ni lui par lui seul.
(THÉÉTÈTE)
Assurément non.
(SOCRATE)
Mais il est nécessaire, quand je deviens sentant, que je le devienne de quelque
chose ; car il est impossible de devenir sentant, si l’on ne sent rien. Et de
même l’agent, quand il devient doux ou amer ou quelque chose du même genre, le
devient forcément pour quelqu’un : car il est impossible de devenir doux, si
l’on n’est doux pour personne.
(THÉÉTÈTE)
Cela est certain.
(SOCRATE)
Reste donc, ce me semble, que nous sommes ou devenons, selon le cas, dans un
mutuel rapport, puisque nous sommes liés l’un à l’autre par l’inévitable loi de
notre être, et que nous ne sommes liés à rien d’autre, pas même à nous-mêmes. Il
ne reste donc que cette liaison mutuelle, en sorte que, si l’on dit que quelque
chose existe, c’est à quelqu’un, ou de quelqu’un, ou relativement à quelque
chose qu’il faut dire qu’il est ou devient ; mais qu’une chose existe ou
devienne en soi et par elle-même, c’est ce qu’il ne faut pas dire ni permettre
de dire à personne. Telle est la portée de la doctrine que j’ai exposée.
(THÉÉTÈTE)
Rien n’est plus vrai, Socrate.
(SOCRATE)
Puis donc que ce qui agit sur moi est relatif à moi et non à un autre, c’est moi
aussi qui le sens, et personne autre.
(THÉÉTÈTE)
Naturellement.
(SOCRATE)
Ma sensation est donc vraie pour moi, car, en chaque cas, c’est une partie de
mon être, et je suis, comme le dit Protagoras, juge de l’existence des choses
qui sont pour moi et de la non-existence de celles qui ne sont pas pour moi.
(THÉÉTÈTE)
Il y a apparence.
(SOCRATE)
XV. — Comment donc, puisque je ne me trompe point et que mon esprit ne
bronche pas sur ce qui est ou devient, n’aurais-je pas la science des objets dont
j’ai la sensation ?
(THÉÉTÈTE)
Il n’est pas possible que tu ne l’aies pas.
(SOCRATE)
Tu as donc eu parfaitement raison de dire que la science n’est pas autre chose
que la sensation, et cette doctrine s’accorde avec celle d’Homère, d’Héraclite
et de toute la tribu qui les suit, à savoir que tout se meut comme un fleuve,
avec celle du très sage Protagoras, que l’homme est la mesure de toutes choses,
et avec celle de Théétète, que, puisqu’il en est ainsi, la sensation devient la
science. Est-ce bien cela, Théétète ? Dirons-nous que nous avons là, si je puis
dire, ton enfant nouveau-né, mis au monde grâce à moi ? Qu’en dis-tu ?
(THÉÉTÈTE)
Il faut bien le reconnaître, Socrate.
(SOCRATE)
Voilà, comme tu vois, l’enfant que nous avons mis au jour, non sans peine,
quelle que soit d’ailleurs sa valeur. Maintenant qu’il est né, il faut célébrer
l’amphidromie et faire avec notre raison une vraie course autour de lui, en
prenant bien garde de nous assurer si le nouveau-né mérite bien d’être nourri,


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Dernière mise à jour : 19/05/2006