[42] XLII - Τί δέ, ἦ δ᾽ ὅς, ὦ Σιμμία, τῇδε; Δοκεῖ σοι ἁρμονίᾳ ἢ ἄλλῃ (93a) τινὶ
συνθέσει προσήκειν ἄλλως πως ἔχειν ἢ ὡς ἂν ἐκεῖνα ἔχῃ ἐξ ὧν ἂν συγκέηται;
- Οὐδαμῶς.
- Οὐδὲ μὴν ποιεῖν τι, ὡς ἐγᾦμαι, οὐδέ τι πάσχειν ἄλλο παρ᾽ ἃ ἂν ἐκεῖνα ἢ
ποιῇ ἢ πάσχῃ;
- Συνέφη.
- Οὐκ ἄρα ἡγεῖσθαί γε προσήκει ἁρμονίαν τούτων ἐξ ὧν ἂν συντεθῇ, ἀλλ᾽
ἕπεσθαι.
- Συνεδόκει.
- Πολλοῦ ἄρα δεῖ ἐναντία γε ἁρμονία κινηθῆναι ἂν ἢ φθέγξασθαι ἤ τι ἄλλο
ἐναντιωθῆναι τοῖς αὑτῆς μέρεσιν.
- Πολλοῦ μέντοι, ἔφη.
- Τί δέ; οὐχ οὕτως ἁρμονία πέφυκεν εἶναι ἑκάστη ἁρμονία ὡς ἂν ἁρμοσθῇ;
- Οὐ μανθάνω, ἔφη.
- Ἢ οὐχί, ἦ δ᾽ ὅς, ἂν μὲν μᾶλλον ἁρμοσθῇ καὶ ἐπὶ πλέον, (93b) εἴπερ ἐνδέχεται
τοῦτο γίγνεσθαι, μᾶλλόν τε ἂν ἁρμονία εἴη καὶ πλείων, εἰ δ᾽ ἧττόν τε καὶ ἐπ᾽
ἔλαττον, ἥττων τε καὶ ἐλάττων;
- Πάνυ γε.
- Ἦ οὖν ἔστι τοῦτο περὶ ψυχήν, ὥστε καὶ κατὰ τὸ σμικρότατον μᾶλλον
ἑτέραν ἑτέρας ψυχῆς ἐπὶ πλέον καὶ μᾶλλον ἢ ἐπ᾽ ἔλαττον καὶ ἧττον αὐτὸ
τοῦτο εἶναι, ψυχήν;
- Οὐδ᾽ ὁπωστιοῦν, ἔφη.
- Φέρε δή, ἔφη, πρὸς Διός· λέγεται ψυχὴ ἡ μὲν νοῦν τε ἔχειν καὶ ἀρετὴν καὶ
εἶναι ἀγαθή, ἡ δὲ ἄνοιάν τε καὶ μοχθηρίαν (93c) καὶ εἶναι κακή; καὶ ταῦτα
ἀληθῶς λέγεται;
- Ἀληθῶς μέντοι.
- Τῶν οὖν θεμένων ψυχὴν ἁρμονίαν εἶναι τί τις φήσει ταῦτα ὄντα εἶναι ἐν
ταῖς ψυχαῖς, τήν τε ἀρετὴν καὶ τὴν κακίαν; Πότερον ἁρμονίαν αὖ τινα ἄλλην
καὶ ἀναρμοστίαν; Καὶ τὴν μὲν ἡρμόσθαι, τὴν ἀγαθήν, καὶ ἔχειν ἐν αὑτῇ
ἁρμονίᾳ οὔσῃ ἄλλην ἁρμονίαν, τὴν δὲ ἀνάρμοστον αὐτήν τε εἶναι καὶ οὐκ
ἔχειν ἐν αὑτῇ ἄλλην;
- Οὐκ ἔχω ἔγωγ᾽, ἔφη ὁ Σιμμίας, εἰπεῖν· δῆλον δ᾽ ὅτι τοιαῦτ᾽ ἄττ᾽ ἂν λέγοι ὁ
ἐκεῖνο ὑποθέμενος.
- (93d) Ἀλλὰ προωμολόγηται, ἔφη, μηδὲν μᾶλλον μηδ᾽ ἧττον ἑτέραν ἑτέρας
ψυχὴν ψυχῆς εἶναι· τοῦτο δ᾽ ἔστι τὸ ὁμολόγημα, μηδὲν μᾶλλον μηδ᾽ ἐπὶ
πλέον μηδ᾽ ἧττον μηδ᾽ ἐπ᾽ ἔλαττον ἑτέραν ἑτέρας ἁρμονίαν ἁρμονίας εἶναι.
Ἦ γάρ;
- Πάνυ γε.
- Τὴν δέ γε μηδὲν μᾶλλον μηδὲ ἧττον ἁρμονίαν οὖσαν μήτε μᾶλλον μήτε
ἧττον ἡρμόσθαι· ἔστιν οὕτως;
- Ἔστιν.
- Ἡ δὲ μήτε μᾶλλον μήτε ἧττον ἡρμοσμένη ἔστιν ὅτι πλέον ἢ ἔλαττον
ἁρμονίας μετέχει, ἢ τὸ ἴσον;
- Τὸ ἴσον.
- Οὐκοῦν ψυχὴ ἐπειδὴ οὐδὲν μᾶλλον οὐδ᾽ ἧττον ἄλλη (93e) ἄλλης αὐτὸ
τοῦτο, ψυχή, ἐστίν, οὐδὲ δὴ μᾶλλον οὐδὲ ἧττον ἥρμοσται;
- Οὕτω.
- Τοῦτο δέ γε πεπονθυῖα οὐδὲν πλέον ἀναρμοστίας οὐδὲ ἁρμονίας μετέχοι ἄν;
- Οὐ γὰρ οὖν.
- Τοῦτο δ᾽ αὖ πεπονθυῖα ἆρ᾽ ἄν τι πλέον κακίας ἢ ἀρετῆς μετέχοι ἑτέρα
ἑτέρας, εἴπερ ἡ μὲν κακία ἀναρμοστία, ἡ δὲ ἀρετὴ ἁρμονία εἴη;
- Οὐδὲν πλέον.
- (94a) Μᾶλλον δέ γέ που, ὦ Σιμμία, κατὰ τὸν ὀρθὸν λόγον κακίας οὐδεμία
ψυχὴ μεθέξει, εἴπερ ἁρμονία ἐστίν· ἁρμονία γὰρ δήπου παντελῶς αὐτὸ τοῦτο
οὖσα, ἁρμονία, ἀναρμοστίας οὔποτ᾽ ἂν μετάσχοι.
- Οὐ μέντοι.
- Οὐδέ γε δήπου ψυχή, οὖσα παντελῶς ψυχή, κακίας.
- Πῶς γὰρ ἔκ γε τῶν προειρημένων;
- Ἐκ τούτου ἄρα τοῦ λόγου ἡμῖν πᾶσαι ψυχαὶ πάντων ζῴων ὁμοίως ἀγαθαὶ
ἔσονται, εἴπερ ὁμοίως ψυχαὶ πεφύκασιν αὐτὸ τοῦτο, ψυχαί, εἶναι.
- Ἔμοιγε δοκεῖ, ἔφη, ὦ Σώκρατες.
- Ἦ καὶ καλῶς δοκεῖ, ἦ δ᾽ ὅς, οὕτω λέγεσθαι, καὶ πάσχειν (94b) ἂν ταῦτα ὁ
λόγος εἰ ὀρθὴ ἡ ὑπόθεσις ἦν, τὸ ψυχὴν ἁρμονίαν εἶναι;
- Οὐδ᾽ ὁπωστιοῦν, ἔφη.
| [42] XLII. — Mais considérons la question, Simmias, dit Socrate, d’une autre façon. Crois-tu
qu’il convienne à une harmonie ou à quelque autre composition de se comporter d’une
autre manière que les éléments dont elle est composée ?
— Pas du tout.
— Il ne lui convient pas non plus, je pense, de rien faire ni de rien souffrir en dehors de
ce que font et supportent ces éléments ?
— Il en convint.
— Il ne convient donc as que l’harmonie conduise les éléments dont elle a été formée,
mais qu’elle les suive.
— Il fut de cet avis.
— Il s’en faut donc de beaucoup que l’harmonie ait des mouvements, des sons ou quoi
que ce soit de contraire aux parties qui la composent.
— De beaucoup, certainement, dit-il.
— Mais quoi ? chaque harmonie n’est-elle pas naturellement harmonie selon qu’elle a
été harmonisée ?
— Je ne comprends pas, dit-il.
— N’est-il pas vrai, reprit Socrate, que, si elle a été mieux harmonisée et dans une
proportion plus grande, si la chose est possible, elle est davantage harmonie et plus
grande harmonie ; que si, au contraire, elle a été moins bien harmonisée et dans une
moindre proportion, elle est moins harmonie et harmonie plus petite ?
— C’est très juste.
— Et maintenant, en est-il ainsi de l’âme ? Une âme peut-elle être, si peu que ce soit,
plus âme et dans une plus grande proportion qu’une autre âme, ou être moins et dans
une moindre proportion ce qu’est précisément une âme ?
— Pas le moins du monde, dit-il.
— Poursuivons donc, par Zeus, reprit Socrate. On dit d’une âme qu’elle a de
l’intelligence et de la vertu et qu’elle est bonne, d’une autre qu’elle a de la sottise et de la
méchanceté et qu’elle est mauvaise. A-t-on raison de le dire ?
— Certainement on a raison.
— Dès lors, si l’on admet que l’âme est une harmonie, que dira-t-on que sont ces qualités
qui existent dans l’âme, j’entends la vertu et le vice ? Dira-t-on que c’est encore une
autre sorte d’harmonie ou un défaut d’harmonie ? que l’une de ces âmes a été
harmonisée, la bonne, et qu’elle contient en elle, qui est déjà une harmonie, une
harmonie supplémentaire, et que l’autre est elle-même dépourvue d’harmonie et n’en a
pas une autre en elle ?
— Je ne saurais le dire, moi, mais il est évident que c’est à peu près ce que dirait
l’auteur de cette théorie.
— Mais, reprit Socrate, nous sommes déjà tombés d’accord qu’une âme ne saurait
absolument être plus ou moins qu’une autre âme, ce qui revient à dire qu’une harmonie
ne saurait absolument être ni plus grande ni plus étendue qu’une autre harmonie. N’est-
ce pas cela ?
— Si.
— Et que cette harmonie n’étant en rien ni plus ni moins harmonie, n’est ni plus ni
moins harmonisée. Est-ce exact ?
— Oui.
— Or cette harmonie, qui n’est ni plus ni moins harmonisée, a-t-elle en quoi que ce soit
plus de part à l’harmonie, on en participe-t-elle également ?
— Oui, également.
— Par conséquent l’âme, puisqu’une âme n’est ni plus ni moins que ce qu’est l’âme elle-
même, n’est pas, non plus, ni plus ni moins harmonisée.
— Non.
— Dans ces conditions, elle ne saurait avoir plus de part ni à la dissonance ni à
l’harmonie.
— Non, en effet.
— Dans ces conditions encore, est-ce qu’une âme peut avoir plus de part qu’une autre
au vice ou à la vertu, s’il est vrai que le vice soit dissonance et la vertu harmonie ?
— Elle ne le peut en aucune façon.
— Bien mieux, Simmias, à parler exactement, aucune âme n’aura part au vice, si elle est
une harmonie ; car il est hors de doute qu’une harmonie, si elle est pleinement ce qu’est
une harmonie, n’aura jamais part à la dissonance.
— Certainement non.
— Ni l’âme non plus, n’est-ce pas, si elle est pleinement une âme, n’aura de part au vice ?
— Comment en effet le pourrait-elle, d’après ce que nous avons dit ?
— En vertu de ce raisonnement, nous tiendrons donc toutes les âmes de tous les êtres
vivants pour également bonnes, si les âmes sont également ce qu’elles sont
naturellement, je veux dire des âmes.
— Il me le semble, Socrate, dit-il.
— Te semble-t-il aussi, demanda Socrate, que ce soit bien parler, et que notre
argumentation fût arrivée à cette conclusion, si l’hypothèse que l’âme est une harmonie
était juste ?
— Pas du tout, dit-il.
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