[436] (436α) (Κρατύλος)
Οὕτως ἔγωγε, οὐ πάνυ τι εἶναι ἄλλον, τοῦτον δὲ καὶ μόνον καὶ βέλτιστον.
(Σωκράτης)
Πότερον δὲ καὶ εὕρεσιν τῶν ὄντων τὴν αὐτὴν ταύτην εἶναι, τὸν τὰ ὀνόματα εὑρόντα καὶ ἐκεῖνα ηὑρηκέναι ὧν ἐστι τὰ ὀνόματα· ἢ ζητεῖν μὲν καὶ εὑρίσκειν ἕτερον δεῖν τρόπον, μανθάνειν δὲ τοῦτον;
(Κρατύλος)
Πάντων μάλιστα καὶ ζητεῖν καὶ εὑρίσκειν τὸν αὐτὸν τρόπον τοῦτον κατὰ ταὐτά.
(Σωκράτης)
Φέρε δὴ ἐννοήσωμεν, ὦ Κρατύλε, εἴ τις ζητῶν τὰ (436b) πράγματα ἀκολουθοῖ τοῖς ὀνόμασι, σκοπῶν οἷον ἕκαστον βούλεται εἶναι, ἆρ᾽ ἐννοεῖς ὅτι οὐ σμικρὸς κίνδυνός ἐστιν ἐξαπατηθῆναι;
(Κρατύλος)
Πῶς;
(Σωκράτης)
Δῆλον ὅτι ὁ θέμενος πρῶτος τὰ ὀνόματα, οἷα ἡγεῖτο εἶναι τὰ πράγματα, τοιαῦτα ἐτίθετο καὶ τὰ ὀνόματα, ὥς φαμεν. ἦ γάρ;
(Κρατύλος)
Ναί.
(Σωκράτης)
Εἰ οὖν ἐκεῖνος μὴ ὀρθῶς ἡγεῖτο, ἔθετο δὲ οἷα ἡγεῖτο, τί οἴει ἡμᾶς τοὺς ἀκολουθοῦντας αὐτῷ πείσεσθαι; ἄλλο τι ἢ ἐξαπατηθήσεσθαι;
(Κρατύλος)
Ἀλλὰ μὴ οὐχ οὕτως ἔχει, ὦ Σώκρατες, ἀλλ᾽ ἀναγκαῖον (436c) ᾖ εἰδότα τίθεσθαι τὸν τιθέμενον τὰ ὀνόματα· εἰ δὲ μή, ὅπερ πάλαι ἐγὼ ἔλεγον, οὐδ᾽ ἂν ὀνόματα εἴη. Μέγιστον δέ σοι ἔστω τεκμήριον ὅτι οὐκ ἔσφαλται τῆς ἀληθείας ὁ τιθέμενος· οὐ γὰρ ἄν ποτε οὕτω σύμφωνα ἦν αὐτῷ ἅπαντα. Ἢ οὐκ ἐνενόεις αὐτὸς λέγων ὡς πάντα κατὰ ταὐτὸν καὶ ἐπὶ ταὐτὸν ἐγίγνετο τὰ ὀνόματα;
(Σωκράτης)
Ἀλλὰ τοῦτο μέν, ὠγαθὲ Κρατύλε, οὐδέν ἐστιν ἀπολόγημα. Εἰ γὰρ τὸ πρῶτον σφαλεὶς ὁ τιθέμενος τἆλλα ἤδη (436d) πρὸς τοῦτ᾽ ἐβιάζετο καὶ αὑτῷ συμφωνεῖν ἠνάγκαζεν, οὐδὲν ἄτοπον, ὥσπερ τῶν διαγραμμάτων ἐνίοτε τοῦ πρώτου σμικροῦ καὶ ἀδήλου ψεύδους γενομένου, τὰ λοιπὰ πάμπολλα ἤδη ὄντα ἑπόμενα ὁμολογεῖν ἀλλήλοις. Δεῖ δὴ περὶ τῆς ἀρχῆς παντὸς πράγματος παντὶ ἀνδρὶ τὸν πολὺν λόγον εἶναι καὶ τὴν πολλὴν σκέψιν εἴτε ὀρθῶς εἴτε μὴ ὑπόκειται· ἐκείνης δὲ ἐξετασθείσης ἱκανῶς, τὰ λοιπὰ φαίνεσθαι ἐκείνῃ ἑπόμενα. Οὐ μέντοι ἀλλὰ (436e) θαυμάζοιμ᾽ ἂν εἰ καὶ τὰ ὀνόματα συμφωνεῖ αὐτὰ αὑτοῖς. Πάλιν γὰρ ἐπισκεψώμεθα ἃ τὸ πρότερον διήλθομεν. Ὡς τοῦ παντὸς ἰόντος τε καὶ φερομένου καὶ ῥέοντός φαμεν σημαίνειν ἡμῖν τὴν οὐσίαν τὰ ὀνόματα. Ἄλλο τι οὕτω σοι δοκεῖ δηλοῦν;
| [436] (436a) CRATYLE.
La dernière, savoir qu'il n'existe absolument pas d'autre
enseignement, que celui dont nous avons parlé est unique et qu'il est
excellent.
SOCRATE.
Mais crois-tu que ce soit là en quoi consiste l'art de trouver les
choses, et que celui qui a trouvé les noms ait aussi découvert les choses
qu'ils désignent, ou enfin, que si telle est la méthode pour apprendre,
il n'y en ait pas une autre pour chercher et pour découvrir.
CRATYLE.
Non, l'unique méthode de recherche et d'invention est encore celle
dont nous parlons. .
SOCRATE.
Supposons donc, Cratyle, un homme qui, (436b) dans la recherche
de la nature des choses, ne prendrait d'autres guides que les noms. Ne
penses-tu pas qu'il courrait grand risque de se tromper?
CRATYLE.
Comment cela?
SOCRATE.
Il est bien clair, disons-nous, que celui qui a composé les noms les a
formés d'après la manière dont il concevait les objets eux-mêmes; n'est-il
pas vrai?
CRATYLE.
Oui
SOCRATE
Et si celui-là ne les concevait pais bien, et qu'il leur ait donné des
noms conformes à sa manière de les concevoir, que pouvons-nous faire
en le suivant, que de nous tromper?
CRATYLE.
Mais, Socrate, il n'en peut être ainsi, il faut de toute nécessité (436c)
ou bien que celui qui établit les noms les établisse avec la
connaissance des choses, ou bien, comme je disais tout à l'heure, qu'il n'y
ait pas absolument de nom. Et la meilleure preuve que l'auteur des noms
ne s'est pas trompé, c'est cette concordance qu'il a su mettre entre tous.
N'avais-tu pas toi-même cette pensée quand tu nous faisais remarquer
l'analogie et la tendance commune de tous les noms?
SOCRATE.
Mais cela même, mon cher Cratyle, n'est pas encore une apologie
suffisante. Il serait tout simple que si celui qui a établi les noms avait
commencé (463d) par commettre une erreur, il y eût ramené par force et
fait concorder tout le reste, il n'y aurait là rien d'étonnant? de même que
dans la construction d'une figure géométrique, si l'on part d'une erreur
légère et presque insensible, il faut que toute la suite y réponde. Chacun
doit donc en toute chose s'assurer par la plus sérieuse réflexion et le plus
soigneux examen, si le principe est juste ou s'il ne l'est point ; et c'est
quand le principe est une fois bien éprouvé que toutes les conséquences
doivent en découler naturellement. Au reste, (436e) je serais un peu
étonné que les noms fussent parfaitement d'accord les uns avec les
autres. Revenons donc à ce que nous avons précédemment examiné.
Nous disions que les noms nous représentent le monde comme livré
à un mouvement et à un flux universel. N'est-ce pas le sens que tu leur
attribues?
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