[426] ἢ ὅτι ὑπὸ παλαιότητος ἀδύνατον αὐτὰ (426a) ἐπισκέψασθαι, ὥσπερ καὶ τὰ βαρβαρικά; αὗται γὰρ ἂν πᾶσαι ἐκδύσεις εἶεν καὶ μάλα κομψαὶ τῷ μὴ ἐθέλοντι λόγον διδόναι περὶ τῶν πρώτων ὀνομάτων ὡς ὀρθῶς κεῖται. Καίτοι ὅτῳ τις τρόπῳ τῶν πρώτων ὀνομάτων τὴν ὀρθότητα μὴ οἶδεν, ἀδύνατόν που τῶν γε ὑστέρων εἰδέναι, ἃ ἐξ ἐκείνων ἀνάγκη δηλοῦσθαι ὧν τις πέρι μηδὲν οἶδεν· ἀλλὰ δῆλον ὅτι τὸν φάσκοντα περὶ αὐτῶν τεχνικὸν εἶναι περὶ τῶν πρώτων (426b) ὀνομάτων μάλιστά τε καὶ καθαρώτατα δεῖ ἔχειν ἀποδεῖξαι, ἢ εὖ εἰδέναι ὅτι τά γε ὕστερα ἤδη φλυαρήσει. Ἤ σοὶ ἄλλως δοκεῖ;
(Ἑρμογένης)
Οὐδ᾽ ὁπωστιοῦν, ὦ Σώκρατες, ἄλλως.
(Σωκράτης)
Ἃ μὲν τοίνυν ἐγὼ ᾔσθημαι περὶ τῶν πρώτων ὀνομάτων πάνυ μοι δοκεῖ ὑβριστικὰ εἶναι καὶ γελοῖα. Τούτων οὖν σοι μεταδώσω, ἂν βούλῃ· σὺ δ᾽ ἄν τι ἔχῃς βέλτιόν ποθεν λαβεῖν, πειρᾶσθαι καὶ ἐμοὶ μεταδιδόναι.
(Ἑρμογένης)
Ποιήσω ταῦτα. ἀλλὰ θαρρῶν λέγε.
(426c) (Σωκράτης)
Πρῶτον μὲν τοίνυν τὸ ῥῶ ἔμοιγε φαίνεται ὥσπερ ὄργανον εἶναι πάσης τῆς κινήσεως, ἣν οὐδ᾽ εἴπομεν δι᾽ ὅτι ἔχει τοῦτο τοὔνομα· ἀλλὰ γὰρ δῆλον ὅτι ἕσις βούλεται εἶναι· οὐ γὰρ ἦτα ἐχρώμεθα ἀλλὰ εἶ τὸ παλαιόν. Ἡ δὲ ἀρχὴ ἀπὸ τοῦ «κίειν» — ξενικὸν δὲ τοὔνομα — τοῦτο δ᾽ ἐστὶν ἰέναι. Εἰ οὖν τις τὸ παλαιὸν αὐτῆς εὕροι ὄνομα εἰς τὴν ἡμετέραν φωνὴν συμβαῖνον, «ἕσις» ἂν ὀρθῶς καλοῖτο· νῦν δὲ ἀπό τε τοῦ ξενικοῦ τοῦ κίειν καὶ ἀπὸ τῆς τοῦ ἦτα μεταβολῆς καὶ τῆς τοῦ νῦ ἐνθέσεως «κίνησις» κέκληται, ἔδει (426d) δὲ «κιείνησιν» καλεῖσθαι (ἢ εἶσιν). Ἡ δὲ στάσις ἀπόφασις τοῦ ἰέναι βούλεται εἶναι, διὰ δὲ τὸν καλλωπισμὸν «στάσις» ὠνόμασται. Τὸ δὲ οὖν ῥῶ τὸ στοιχεῖον, ὥσπερ λέγω, καλὸν ἔδοξεν ὄργανον εἶναι τῆς κινήσεως τῷ τὰ ὀνόματα τιθεμένῳ πρὸς τὸ ἀφομοιοῦν τῇ φορᾷ, πολλαχοῦ γοῦν χρῆται αὐτῷ εἰς αὐτήν· πρῶτον μὲν ἐν αὐτῷ τῷ «ῥεῖν» καὶ «ῥοῇ» διὰ τούτου τοῦ γράμματος τὴν φορὰν μιμεῖται, εἶτα ἐν τῷ (426e) «τρόμῳ,» εἶτα ἐν τῷ «τρέχειν,» ἔτι δὲ ἐν τοῖς τοιοῖσδε ῥήμασιν οἷον «κρούειν,» «θραύειν,» «ἐρείκειν,» «θρύπτειν,» «κερματίζειν,» «ῥυμβεῖν,» πάντα ταῦτα τὸ πολὺ ἀπεικάζει διὰ τοῦ ῥῶ. Ἑώ<ρα> γὰρ οἶμαι τὴν γλῶτταν ἐν τούτῳ ἥκιστα μένουσαν, μάλιστα δὲ σειομένην· διὸ φαίνεταί μοι τούτῳ πρὸς ταῦτα κατακεχρῆσθαι. Τῷ δὲ αὖ ἰῶτα πρὸς τὰ λεπτὰ πάντα, ἃ δὴ μάλιστα διὰ πάντων ἴοι ἄν.
| [426] Ou dirons-nous enfin que l'antiquité de ces mots
(426a) les dérobe à nos recherches, comme les mots barbares? Ce
seraient là autant d'excuses, et de fort bonnes, pour celui qui ne voudrait
pas rendre raison de la propriété des mots primitifs. Cependant, tant qu'on
ignore, par quelque raison que ce soit, en quoi consiste la justesse de ces
mots, il est impossible de rien connaître aux mots dérivés, qui ne peuvent
s'expliquer que par les primitifs. Il est donc évident que quiconque se
prétend habile dans l'intelligence des dérivés, doit pouvoir donner
l'explication la plus complète et la plus claire des mots (426b) primitifs, ou
s'attendre à ne dire sur les autres que des sottises. Es-tu d'un autre avis ?
HERMOGÈNE.
En aucune façon, Socrate.
SOCRATE.
Pour moi, les idées que je me fais sur les mois primitifs me
paraissent à moi-même téméraires et bizarres. Je te les dirai si tu veux.
Si, de ton coté, tu as quelque chose de mieux à proposer, tu voudras bien
m'en foire part.
HERMOGÈNE.
Volontiers. Explique-toi toujours hardiment.
(426c) SOCRATE.
D'abord il me semble voir dans la lettre g-r l'instrument propre à
l'expression de toute espèce de mouvement. Mais à propos du
mouvement, g-kinehsis, nous n'avons pas dit d'où vient ce mot. Il est clair
que ce doit être de g-iesis, élan : car autrefois au lieu de l'g-eh, on se servait
de I' g-e. Quant au g-k qui commence le mot, il vient de g-kiein, verbe étranger qui
signifie aller, g-ienai. Ainsi, si l'on savait le mot ancien, ce mot transporté
exactement dans notre langue donnerait g-iesis; aujourd'hui on dit g-kinehsis, à
cause du verbe étranger g-kiein, du changement de l' g-e en g-eh, et de l'insertion
du g-n ; mais il faudrait dire, à la rigueur, (426d) g-kiesis. Le mot g-stasis, repos,
exprime la négation du mouvement, et n'est ainsi prononcé que pour
l'élégance. Mais, pour revenir, je disais que l'auteur des noms a
trouvé dans la lettre g-r un excellent instrument pour rendre le mouvement,
à cause de la mobilité de cette lettre. Aussi s'en est-il souvent servi à
cette fin. Il a d'abord imité le mouvement, au moyen de cette lettre, dans
les mots qui expriment l'action de couler, g-rein, cours ; en suite, dans
(426e) g-tromos, tremblement, g-trachys, âpre; dans les verbes g-krouein,
frapper, g-thrauein, blesser, g-ereikein, briser, g-thruptein, broyer, g-karmatizein,
morceler, g-rymbein, faire tournoyer; c'est par la lettre g-r qu'il a donné à tous
ces mots leur principale force d'imitation. Il avait remarqué, en effet, que
c'est la lettre qui oblige la langue à se mouvoir et à vibrer le plus
rapidement; et c'est pour cette raison qu'il a dû l'employer à l'expression
de semblables idées. La lettre g-i convenait à tout ce qui est fin, subtil, et
capable de pénétrer les autres choses;
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