[418] (Ἑρμογένης)
Ποικίλα γέ σοι, ὦ Σώκρατες, ἐκβαίνει τὰ ὀνόματα. καὶ γὰρ νῦν μοι ἔδοξας ὥσπερ τοῦ τῆς Ἀθηνάας νόμου προαύλιον στομαυλῆσαι,
τοῦτο τὸ ὄνομα προειπὼν τὸ (418a) «βουλαπτεροῦν.»
(Σωκράτης)
Οὐκ ἐγώ, ὦ Ἑρμόγενες, αἴτιος, ἀλλ᾽ οἱ θέμενοι τὸ ὄνομα.
(Ἑρμογένης)
Ἀληθῆ λέγεις· ἀλλὰ δὴ τὸ «ζημιῶδες» τί ἂν εἴη;
(Σωκράτης)
Τί δ᾽ ἂν εἴη ποτὲ «ζημιῶδες» ; θέασαι, ὦ Ἑρμόγενες, ὡς ἐγὼ ἀληθῆ λέγω λέγων ὅτι προστιθέντες γράμματα καὶ ἐξαιροῦντες σφόδρα ἀλλοιοῦσι τὰς τῶν ὀνομάτων διανοίας, οὕτως ὥστε σμικρὰ πάνυ παραστρέφοντες ἐνίοτε τἀναντία (418b) ποιεῖν σημαίνειν. Οἷον καὶ ἐν τῷ «δέοντι» · ἐνενόησα γὰρ αὐτὸ καὶ ἀνεμνήσθην ἄρτι ἀπὸ τοῦδε ὃ ἔμελλόν σοι ἐρεῖν ὅτι ἡ μὲν νέα φωνὴ ἡμῖν ἡ καλὴ αὑτηὶ καὶ τοὐναντίον περιέτρεψε μηνύειν τὸ «δέον» καὶ τὸ «ζημιῶδες, » ἀφανίζουσα ὅτι νοεῖ, ἡ δὲ παλαιὰ ἀμφότερον δηλοῖ ὃ βούλεται τοὔνομα.
(Ἑρμογένης)
Πῶς λέγεις;
(Σωκράτης)
Ἐγώ σοι ἐρῶ. Οἶσθα ὅτι οἱ παλαιοὶ οἱ ἡμέτεροι τῷ ἰῶτα καὶ τῷ δέλτα εὖ μάλα ἐχρῶντο, καὶ οὐχ ἥκιστα (418c) αἱ γυναῖκες, αἵπερ μάλιστα τὴν ἀρχαίαν φωνὴν σῴζουσι. Νῦν δὲ ἀντὶ μὲν τοῦ ἰῶτα ἢ εἶ ἢ ἦτα μεταστρέφουσιν, ἀντὶ δὲ τοῦ δέλτα ζῆτα, ὡς δὴ μεγαλοπρεπέστερα ὄντα.
(Ἑρμογένης)
Πῶς δή;
(Σωκράτης)
Οἷον οἱ μὲν ἀρχαιότατοι «ἱμέραν» τὴν ἡμέραν ἐκάλουν, οἱ δὲ «ἑμέραν,» οἱ δὲ νῦν «ἡμέραν.»
(Ἑρμογένης)
Ἔστι ταῦτα.
(Σωκράτης)
Οἶσθα οὖν ὅτι μόνον τούτων δηλοῖ τὸ ἀρχαῖον ὄνομα τὴν διάνοιαν τοῦ θεμένου; ὅτι γὰρ ἁσμένοις τοῖς (418d) ἀνθρώποις καὶ ἱμείρουσιν ἐκ τοῦ σκότους τὸ φῶς ἐγίγνετο, ταύτῃ ὠνόμασαν «ἱμέραν.»
(Ἑρμογένης)
Φαίνεται.
(Σωκράτης)
Νῦν δέ γε τετραγῳδημένον οὐδ᾽ ἂν κατανοήσαις ὅτι βούλεται ἡ «ἡμέρα.» Καίτοι τινὲς οἴονται, ὡς δὴ ἡ ἡμέρα ἥμερα ποιεῖ, διὰ ταῦτα ὠνομάσθαι αὐτὴν οὕτως.
(Ἑρμογένης)
Δοκεῖ μοι.
(Σωκράτης)
Καὶ τό γε «ζυγὸν» οἶσθα ὅτι «δυογὸν» οἱ παλαιοὶ ἐκάλουν.
(Ἑρμογένης)
Πάνυ γε.
(Σωκράτης)
Καὶ τὸ μέν γε «ζυγὸν» οὐδὲν δηλοῖ, τὸ δὲ τοῖν (418e) δυοῖν ἕνεκα τῆς δέσεως ἐς τὴν ἀγωγὴν ἐπωνόμασται «δυογὸν» δικαίως· νῦν δὲ «ζυγόν.» Καὶ ἄλλα πάμπολλα οὕτως ἔχει.
(Ἑρμογένης)
Φαίνεται.
(Σωκράτης)
Κατὰ ταὐτὰ τοίνυν πρῶτον μὲν τὸ «δέον» οὕτω λεγόμενον τοὐναντίον σημαίνει πᾶσι τοῖς περὶ τὸ ἀγαθὸν ὀνόμασιν· ἀγαθοῦ γὰρ ἰδέα οὖσα τὸ δέον φαίνεται δεσμὸς εἶναι καὶ κώλυμα φορᾶς, ὥσπερ ἀδελφὸν ὂν τοῦ βλαβεροῦ.
(Ἑρμογένης)
Καὶ μάλα, ὦ Σώκρατες, οὕτω φαίνεται.
| [418] HERMOGÈNE.
En vérité, Socrate, les noms deviennent bien bizarres entre tes
mains. Avec ton g-boulapteroun, (418a) j'ai cru t'entende imiter des lèvres
le prélude de l'hymne à Minerve.
SOCRATE.
Mais ce n'est pas à moi qu'il faut t'en prendre, Hermogène, c'est à
ceux qui ont fait ce mot.
HERMOGÈNE
Il est vrai; maintenant que faut-il penser de g-zehmiohdes, funeste ?
SOCRATE.
g-Zehmiohdes, dis-tu ? Remarque, Hermogène, combien j'ai raison
d'observer que par l'addition ou le retranchement de quelques lettres, on
change: considérablement le sens des mots. Une légère altération peut
leur faire dire tout le contraire de ce qu'ils voulaient dire (418b) d'abord,
témoin ; le mot g-deon, convenable. Une observation qui s'est présentée à
moi, à l'occasion de ce mot, et qui me revient en ce moment, c'est que
notre belle: langue d'aujourd'hui a fait exprimer aux deux mots g-deon et
g-zehmiohdes tout le contraire de ce qu'ils veulent dire, tandis que nous en
retrouvons dans l'ancienne langue la véritable signification.
HERMOGÈNE
Comment cela?
SOCRATE.
Le voici. Tu sais que nos ancêtres faisaient beaucoup usage des
lettres g-i et g-d; ce qu'on remarque encore dans le langage (418c) des
femmes qui conservent plus que nous l'ancienne tradition; tandis
qu'aujourd'hui nous substituons l'g-e ou l'g-eh à l'g-i, et le g-z au g-d, parce que ces
lettres nous paraissent avoir plus de noblesse.
HERMOGÈNE.
Dans quels cas?
SOCRATE.
Par exemple, autrefois on disait tantôt g-himera, tantôt g-hemera; aujourd'hui
nous disons g-hehmera (jour).
HERMOGÈNE.
En eflfet.
SOCRATE.
Ne vois-tu pas aussi que le mot ancien répond seul à la pensée de
celui qui a fait les noms? Car c'est parce que les (418d) hommes désirent,
g-himeirousin, de voir succéder la lumière aux ténèbres de la nuit, qu'ils
ont donné au jour le nom de g-himera.
HERMOGÈNE.
Cela est évident.
SOCRATE.
Mais aujourd'hui devenu plus imposant sous sa forme nouvelle, on
ne voit plus ce que ce mot h-hehmera signifie. Au reste, selon certaines
personnes, g-hehmera vient de ce que le jour rend les objets plus doux, g-hemera.
HERMOGÈNE.
Fort bien.
SOCRATE. .
Tu sais aussi qu'au lieu de g-zygon, joug, on disait autrefois g-dysgon ?
HERMOGÈNE.
Sans doute.
SOCRATE.
Hé bien, g-zygon ne dit rien; tandis que g-dysgon exprimait très
convenablement (418e) l'assemblage de deux animaux pour conduire,
g-desis g-dyoin g-es h-tehnagohgehn. Aujourd'hui nous disons g-zygon et on peut citer
une foule d'exemples semblables.
HERMOGÈNE
Il est vrai.
SOCRATE.
Le mot g-deon, convenable, est de ce nombre. Ainsi prononcé, il
semble signifier le contraire de tous les mots qui se rapportent à l'idée
du bon; il semble que ce g-deon, qui est une forme du bien, soit au contraire
un lien, g-desmos, une entrave pour le mouvement, et en quelque manière
le frère du nuisible, g-blaberon.
HERMOGÈNE
En effet, Socrate, tel est le sens que ce mot présente.
|