[415] (Σωκράτης)
Καὶ ἐγώ σοι συμβούλομαι, ὦ Ἑρμόγενες. Ἀλλὰ μὴ (415a) λίαν, ὦ δαιμόνιε, ἀκριβολογοῦ, « «μή μ᾽ ἀπογυιώσῃς μένεος.» Ἔρχομαι γὰρ ἐπὶ τὴν κορυφὴν ὧν εἴρηκα, ἐπειδὰν μετὰ τέχνην μηχανὴν ἐπισκεψώμεθα. «Μηχανὴ» γάρ μοι δοκεῖ τοῦ ἄνειν ἐπὶ πολὺ σημεῖον εἶναι· τὸ γὰρ «μῆκός» πως τὸ πολὺ σημαίνει· ἐξ ἀμφοῖν οὖν τούτοιν σύγκειται, «μήκους» τε καὶ τοῦ «ἄνειν,» τὸ ὄνομα ἡ «μηχανή.» Ἀλλ᾽, ὅπερ νυνδὴ εἶπον, ἐπὶ τὴν κορυφὴν δεῖ τῶν εἰρημένων ἐλθεῖν· «ἀρετὴ» γὰρ καὶ «κακία» ὅτι βούλεται τὰ ὀνόματα (415b) ζητητέα. Τὸ μὲν οὖν ἕτερον οὔπω καθορῶ, τὸ δ᾽ ἕτερον δοκεῖ μοι κατάδηλον εἶναι. Συμφωνεῖ γὰρ τοῖς ἔμπροσθεν πᾶσιν. Ἅτε γὰρ ἰόντων τῶν πραγμάτων, πᾶν τὸ κακῶς ἰὸν «κακία» ἂν εἴη· τοῦτο δὲ ὅταν ἐν ψυχῇ ᾖ, τὸ κακῶς ἰέναι ἐπὶ τὰ πράγματα, μάλιστα τὴν τοῦ ὅλου ἐπωνυμίαν ἔχει τῆς κακίας. Τὸ δὲ κακῶς ἰέναι ὅτι ποτ᾽ ἔστιν, δοκεῖ μοι δηλοῦν καὶ ἐν τῇ «δειλίᾳ,» ὃ οὔπω διήλθομεν ἀλλ᾽ (415c) ὑπερέβημεν, δέον αὐτὸ μετὰ τὴν ἀνδρείαν σκέψασθαι· δοκοῦμεν δέ μοι καὶ ἄλλα πολλὰ ὑπερβεβηκέναι. Ἡ δ᾽ οὖν δειλία τῆς ψυχῆς σημαίνει δεσμὸν εἶναι ἰσχυρόν· τὸ γὰρ «λίαν» ἰσχύς τίς ἐστιν. Δεσμὸς οὖν ὁ λίαν καὶ ὁ μέγιστος τῆς ψυχῆς ἡ δειλία ἂν εἴη· ὥσπερ γε καὶ ἡ ἀπορία κακόν, καὶ πᾶν, ὡς ἔοικεν, ὅτι ἂν ἐμποδὼν ᾖ τῷ ἰέναι καὶ πορεύεσθαι. Τοῦτ᾽ οὖν φαίνεται τὸ κακῶς ἰέναι δηλοῦν, τὸ ἰσχομένως τε καὶ ἐμποδιζομένως πορεύεσθαι, ὃ δὴ ψυχὴ ὅταν ἔχῃ, κακίᾳ μεστὴ γίγνεται. Εἰ δ᾽ ἐπὶ τοιούτοις ἡ «κακία» ἐστὶν τοὔνομα, τοὐναντίον τούτου ἡ «ἀρετὴ» ἂν εἴη, σημαῖνον πρῶτον (415d) μὲν εὐπορίαν, ἔπειτα δὲ λελυμένην τὴν ῥοὴν τῆς ἀγαθῆς ψυχῆς εἶναι ἀεί, ὥστε τὸ ἀσχέτως καὶ τὸ ἀκωλύτως ἀεὶ ῥέον ἐπωνυμίαν εἴληφεν, ὡς ἔοικε, τοῦτο τοὔνομα, <ὃ> ὀρθῶς μὲν ἔχει «ἀειρείτην» καλεῖν, (ἴσως δὲ αἱρετὴν λέγει, ὡς οὔσης ταύτης τῆς ἕξεως αἱρετωτάτης,) συγκεκρότηται δὲ καὶ καλεῖται «ἀρετή.» Καὶ ἴσως με αὖ φήσεις πλάττειν· ἐγὼ δέ φημι, εἴπερ ὃ ἔμπροσθεν εἶπον ὀρθῶς ἔχει, ἡ «κακία,» (415e) καὶ τοῦτο τὸ ὄνομα τὴν «ἀρετὴν» ὀρθῶς ἔχειν.
| [415] SOCRATE.
Et moi, je le veux avec toi. Toutefois, mon cher Hermogène, ne sois
pas trop (415a) pointilleux, et crains d'énerver mon courage; car
j'arrive tout à l'heure à ce qui doit former le couronnement de tout ce que
j'ai dit, quand, après le mot g-techneh, dont je viens de parler, j'aurai traité du
mot g-mehchaneh, habileté. g-Mehchaneh indique l'action à achever, g-anein, un travail,
de le conduire loin; en effet le mot g-mehkos exprime la longueur; c'est donc
de ces deux mots, g-mehkos et g-anein, qu'on a composé g-mehchaneh. Mais, je le
répète, il faut s'élever à ce qui domine tout ce que nous avons dit; il faut
chercher le sens des mots vertu, g-areteh, et méchanceté, g-kakia. (415b) L'un
des deux ne me paraît pas encore facile à entendre; l'autre me semble
s'expliquer de soi-même, en ce qu'il se rapporte parfaitement à tout ce
que nous avons vu jusqu'à présent. En admettant le mouvement général
de toutes choses, tout ce qui va mal, g-kakohs g-ion, sera ce que nous
nommons g-kakia. Ce mauvais mouvement, lorsqu'il se trouve dans l'âme,
mérite bien par excellence le nom de g-kakia. Mais qu'est-ce que ce
mauvais mouvement? C'est ce qui me paraît ressortir du mot lâcheté,
g-deilia, mot que (415c) nous n'avons pas encore examiné, et dont nous
aurions dû parler après celui de courage, g-andria; au reste, je vois que
nous en avons omis ainsi beaucoup d'autres. Je dis donc que la lâcheté
est pour l'âme un lien, g-desmos, très fort; et le mot g-lian, beaucoup, exprime
la force de ce lien. Ainsi, la lâcheté est le plus fort et le pire lien de l'âme,
comme l'hésitation, g-aporia, est aussi un mal, et en général tout ce qui fait
obstacle au mouvement d'aller et d'avancer, g-ienai, g-poreyesthai. Ceci nous
fait donc voir que aller mal, c'est avoir un mouvement ralenti, entravé, et
que tout ce qui se trouve dans ce cas, devient plein de mal. Or, si tel est
le nom de cet état de l'âme, le nom de l'état contraire, doit être celui de
vertu, g-areteh. Il signifiera d'abord (415d) une allure facile, g-eyporia, et par
suite le mouvement libre et en quelque sorte le cours perpétuel d'une âme
honnête. C'est ce cours perpétuel, g-aei g-reon, exempt d'obstacle et de toute
contrainte, qu'il est juste d'appeler g-aeireipeh. Peut-être !e vrai mot serait-il
g-aireteh, préférable, parce que la vertu est l'habitude de l'âme qu'il convient
le plus de choisir, g-airetohtateh ; et en contractant le mot, on en aura fait
g-areteh. Me diras-tu encore que ce sont là des fictions de ma façon? Je te
répondrai que si notre interprétation du mot g-kakia est fondée, (415e) il doit
en être de même pour g-areteh.
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