[414] ἀλλὰ τῇ παρὰ (414a) τὸ δίκαιον ῥεούσῃ· οὐ γὰρ ἂν ἐπῃνεῖτο ἡ ἀνδρεία. καὶ τὸ «ἄρρεν» καὶ ὁ «ἀνὴρ» ἐπὶ παραπλησίῳ τινὶ τούτῳ ἐστί, τῇ ἄνῳ ῥοῇ. «γυνὴ» δὲ γονή μοι φαίνεται βούλεσθαι εἶναι. τὸ δὲ «θῆλυ» ἀπὸ τῆς θηλῆς τι φαίνεται ἐπωνομάσθαι· ἡ δὲ «θηλὴ» ἆρά γε, ὦ Ἑρμόγενες, ὅτι τεθηλέναι ποιεῖ ὥσπερ τὰ ἀρδόμενα;
(Ἑρμογένης)
Ἔοικέν γε, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης)
Καὶ μὴν αὐτό γε τὸ «θάλλειν» τὴν αὔξην μοι δοκεῖ ἀπεικάζειν τὴν τῶν νέων, ὅτι ταχεῖα καὶ ἐξαιφνιδία γίγνεται. (414b) Οἷόνπερ οὖν μεμίμηται τῷ ὀνόματι, συναρμόσας ἀπὸ τοῦ θεῖν καὶ ἅλλεσθαι τὸ ὄνομα. Ἀλλ᾽ οὐ γὰρ ἐπισκοπεῖς με ὥσπερ ἐκτὸς δρόμου φερόμενον ἐπειδὰν λείου ἐπιλάβωμαι· ἐπίλοιπα δὲ ἡμῖν ἔτι συχνὰ τῶν δοκούντων σπουδαίων εἶναι.
(Ἑρμογένης)
Ἀληθῆ λέγεις.
(Σωκράτης)
Ὧν γ᾽ ἔστιν ἓν καὶ «τέχνην» ἰδεῖν ὅτι ποτὲ βούλεται εἶναι.
(Ἑρμογένης)
Πάνυ μὲν οὖν.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν τοῦτό γε ἕξιν νοῦ σημαίνει, τὸ μὲν ταῦ (414c) ἀφελόντι, ἐμβαλόντι δὲ οὖ μεταξὺ τοῦ χεῖ καὶ τοῦ νῦ καὶ <τοῦ νῦ καὶ> τοῦ ἦτα;
(Ἑρμογένης)
Καὶ μάλα γε γλίσχρως, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης)
Ὦ μακάριε, οὐκ οἶσθ᾽ ὅτι τὰ πρῶτα ὀνόματα τεθέντα κατακέχωσται ἤδη ὑπὸ τῶν βουλομένων τραγῳδεῖν αὐτά, περιτιθέντων γράμματα καὶ ἐξαιρούντων εὐστομίας ἕνεκα καὶ πανταχῇ στρεφόντων, καὶ ὑπὸ καλλωπισμοῦ καὶ ὑπὸ χρόνου. Ἐπεὶ ἐν τῷ «κατόπτρῳ» οὐ δοκεῖ (σοι) ἄτοπον εἶναι τὸ ἐμβεβλῆσθαι τὸ ῥῶ; ἀλλὰ τοιαῦτα οἶμαι ποιοῦσιν οἱ τῆς μὲν (414d) ἀληθείας οὐδὲν φροντίζοντες, τὸ δὲ στόμα πλάττοντες, ὥστ᾽ ἐπεμβάλλοντες πολλὰ ἐπὶ τὰ πρῶτα ὀνόματα τελευτῶντες ποιοῦσιν μηδ᾽ ἂν ἕνα ἀνθρώπων συνεῖναι ὅτι ποτὲ βούλεται τὸ ὄνομα· ὥσπερ καὶ τὴν Σφίγγα ἀντὶ «φικὸς» «σφίγγα» καλοῦσιν, καὶ ἄλλα πολλά.
(Ἑρμογένης)
Ταῦτα μὲν ἔστιν οὕτως, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης)
Εἰ δ᾽ αὖ τις ἐάσει καὶ ἐντιθέναι καὶ ἐξαιρεῖν ἅττ᾽ ἂν βούληταί τις εἰς τὰ ὀνόματα, πολλὴ εὐπορία ἔσται καὶ πᾶν ἂν παντί τις ὄνομα πράγματι προσαρμόσειεν.
(414e) (Ἑρμογένης)
Ἀληθῆ λέγεις.
(Σωκράτης)
Ἀληθῆ μέντοι. ἀλλὰ τὸ μέτριον οἶμαι δεῖ φυλάττειν καὶ τὸ εἰκὸς σὲ τὸν σοφὸν ἐπιστάτην.
(Ἑρμογένης)
Βουλοίμην ἄν.
| [414] Il est bien clair que le courage n'est pas un courant contraire à
tout autre courant quelconque, mais (414a) à celui-là seul qui lutte contre
le cours de la justice; autrement, le courage n'aurait rien de louable. De
même, les mots g-arren, mâle, et g-anehr, homme, ont bien de l'analogie avec
les précédents, comme signifiant un cours de bas en haut, g-anoh g-roeh. Le
mot g-gyneh, femme, me paraît signifier génération; g-goneh. g-Thehly, femelle,
provient sans doute de g-Thehleh, mamelle; et g-Thehleh ne semble-t-il pas,
Hermogène, désigner ce qui fait végéter, g-tethehlevai, ce qu'il arrose?
HERMOGÈNE
Je le crois, Socrate.
SOCRATE.
Le mot g-thalloh lui-même, végéter, me paraît représenter ce qu'il y a
de rapide et presque de soudain dans la croissance des jeunes gens.
(414b) C'est là ce que semble avoir voulu imiter celui qui a fait ce nom,
en le composant de g-thein, courir, et de g-allesthai, s'élancer. Mais, ne
t'aperçois-tu pas que quand je me trouve sur un terrain plus facile, je
m'amuse à battre les buissons? Cependant, il nous reste encore à traiter
un bon nombre de questions ardues.
HERMOGÈNE.
Tu as raison.
SOCRATE.
Par exemple, il faudrait rechercher ce que veut dire g-techneh, art
HERMOGÊNE.
Oui.
SOCRATE.
Ce mot n'indique-t-il pas une certaine manière d'être de l'esprit, g-exis
g-nou ? Il suffit de retrancher le g-t, (414c) et d'ajouter un g-o entre le g-ch et le g-n,
Ainsi qu'entre le g-n et l' g-eh (g-echonoeh).
HERMOGÈNE.
Voilà, Socrate, une bien mauvaise explication.
SOCRATE.
Ne sais-tu pas, mon cher Hermogène, que les noms primitifs sont
devenus méconnaissables par les changements qu'on leur a fait subir
pour les rendre plus magnifiques, en ajoutant et en retranchant des lettres
pour plus d'harmonie, et en défigurant les mots de toute manière par de
faux embellissements ou par les changements que le temps amène?
Témoin le mot g-katoptron, miroir. La lettre g-r, qu'on a mise là, ne te
semble-t-elle pas déplacée ? Mais telle est la pratique de ceux qui
comptent pour rien (414d) la vérité du sens, et qui ne songent qu'à adoucir
la prononciation, de sorte qu'à force d'ajouter aux mots primitifs, ils ont fini
par nous en rendre le sens méconnaissable. Ainsi, de g-Phix ils ont fait
g-Sphigx, le Sphinx, et il y a beaucoup d'autres exemples du même genre.
HERMOGÈNE.
Cela est bien vrai, Socrate.
SOCRATE.
Mais d'autre part aussi, en laissant à chacun la faculté d'intercaler
des lettres et d'en retrancher à son gré, il deviendra bien facile
d'accommoder chaque nom à tout ce qu'on voudra.
(414e) HERMOGÈNE.
Cela est encore vrai.
SOCRATE.
Très vrai : c'est donc à toi de faire ici l'office d'un sage président et de
maintenir la mesure convenable.
HERMOGÈNE.
Je le voudrais.
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