[385] (385a) (Σωκράτης)
Ἴσως μέντοι τὶ λέγεις, ὦ Ἑρμόγενες· σκεψώμεθα δέ. ὃ ἂν φῂς καλῇ τις ἕκαστον,
τοῦθ᾽ ἑκάστῳ ὄνομα;
(Ἑρμογένης)
Ἔμοιγε δοκεῖ.
(Σωκράτης)
Καὶ ἐὰν ἰδιώτης καλῇ καὶ ἐὰν πόλις;
(Ἑρμογένης)
Φημί.
(Σωκράτης)
Τί οὖν; ἐὰν ἐγὼ καλῶ ὁτιοῦν τῶν ὄντων, οἷον ὃ νῦν καλοῦμεν ἄνθρωπον, ἐὰν ἐγὼ τοῦτο ἵππον προσαγορεύω, ὃ δὲ νῦν ἵππον, ἄνθρωπον, ἔσται δημοσίᾳ μὲν ὄνομα ἄνθρωπος τῷ αὐτῷ, ἰδίᾳ δὲ ἵππος; Καὶ ἰδίᾳ μὲν αὖ ἄνθρωπος, δημοσίᾳ δὲ ἵππος; οὕτω λέγεις;
(385b) (Ἑρμογένης)
Ἔμοιγε δοκεῖ.
(Σωκράτης)
Φέρε δή μοι τόδε εἰπέ· καλεῖς τι ἀληθῆ λέγειν καὶ ψευδῆ;
(Ἑρμογένης)
Ἔγωγε.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν εἴη ἂν λόγος ἀληθής, ὁ δὲ ψευδής;
(Ἑρμογένης)
Πάνυ γε.
(Σωκράτης)
Ἆρ᾽ οὖν οὗτος ὃς ἂν τὰ ὄντα λέγῃ ὡς ἔστιν, ἀληθής· ὃς δ᾽ ἂν ὡς οὐκ ἔστιν, ψευδής;
(Ἑρμογένης)
Ναί.
(Σωκράτης)
Ἔστιν ἄρα τοῦτο, λόγῳ λέγειν τὰ ὄντα τε καὶ μή;
(Ἑρμογένης)
Πάνυ γε.
(385c) (Σωκράτης)
Ὁ λόγος δ᾽ ἐστὶν ὁ ἀληθὴς πότερον μὲν ὅλος ἀληθής, τὰ μόρια δ᾽ αὐτοῦ οὐκ ἀληθῆ;
(Ἑρμογένης)
Οὔκ, ἀλλὰ καὶ τὰ μόρια.
(Σωκράτης)
Πότερον δὲ τὰ μὲν μεγάλα μόρια ἀληθῆ, τὰ δὲ σμικρὰ οὔ· ἢ πάντα;
(Ἑρμογένης)
Πάντα, οἶμαι ἔγωγε.
(Σωκράτης)
Ἔστιν οὖν ὅτι λέγεις λόγου σμικρότερον μόριον ἄλλο ἢ ὄνομα;
(Ἑρμογένης)
Οὔκ, ἀλλὰ τοῦτο σμικρότατον.
(Σωκράτης)
Καὶ τοῦτο (ὄνομα) ἄρα τὸ τοῦ ἀληθοῦς λόγου λέγεται;
(Ἑρμογένης)
Ναί.
(Σωκράτης)
Ἀληθές γε, ὡς φῄς.
(Ἑρμογένης)
Ναί.
(Σωκράτης)
Τὸ δὲ τοῦ ψεύδους μόριον οὐ ψεῦδος;
(Ἑρμογένης)
Φημί.
(Σωκράτης)
Ἔστιν ἄρα ὄνομα ψεῦδος καὶ ἀληθὲς λέγειν, εἴπερ καὶ λόγον;
(385d) (Ἑρμογένης)
Πῶς γὰρ οὔ;
(Σωκράτης)
Ὃ ἂν ἄρα ἕκαστος φῇ τῳ ὄνομα εἶναι, τοῦτό ἐστιν ἑκάστῳ ὄνομα;
(Ἑρμογένης)
Ναί.
(Σωκράτης)
Ἦ καὶ ὁπόσα ἂν φῇ τις ἑκάστῳ ὀνόματα εἶναι, τοσαῦτα ἔσται καὶ τότε ὁπόταν φῇ;
(Ἑρμογένης)
Οὐ γὰρ ἔχω ἔγωγε, ὦ Σώκρατες, ὀνόματος ἄλλην ὀρθότητα ἢ ταύτην, ἐμοὶ μὲν ἕτερον εἶναι καλεῖν ἑκάστῳ ὄνομα, ὃ ἐγὼ ἐθέμην, σοὶ δὲ ἕτερον, ὃ αὖ σύ. οὕτω δὲ καὶ (385e) ταῖς πόλεσιν ὁρῶ ἰδίᾳ (ἑκάσταις) ἐνίοις ἐπὶ τοῖς αὐτοῖς κείμενα ὀνόματα, καὶ Ἕλλησι παρὰ τοὺς ἄλλους Ἕλληνας, καὶ Ἕλλησι παρὰ βαρβάρους.
(Σωκράτης)
Φέρε δὴ ἴδωμεν, ὦ Ἑρμόγενες, πότερον καὶ τὰ ὄντα οὕτως ἔχειν σοι φαίνεται, ἰδίᾳ αὐτῶν ἡ οὐσία εἶναι ἑκάστῳ,
| [385] (385a) SOCRATE.
Tu peux avoir raison, Hermogène : eh bien, examinons. Tu dis que le
nom d'une chose est celui que chacun juge à propos de lui assigner?
HERMOGÈNE.
C'est mon avis.
SOCRATE.
N'importe qui le fasse, soit un État, soit un particulier?
HERMOGÈNE.
Oui.
SOCRATE.
Quoi, s'il me plaît de nommer un objet quelconque, par exemple,
d'appeler cheval ce que d'ordinaire nous appelons homme, et
réciproquement, il s'ensuivra que le nom du même objet sera homme
pour tout le monde et pour moi cheval, ou bien cheval pour tout le monde
et homme pour moi : n'est-ce pas ce que tu dis?
(385b) HERMOGÈNE.
C'est bien cela.
SOCRATE.
Eh bien, réponds : admets-tu qu'on puisse dire vrai, et qu'on puisse
dire faux?
HERMOGÈNE.
Assurément.
SOCRATE.
Ainsi il y aura un discours vrai et un discours faux ?
HERMOGÈNE.
Oui certes.
SOCRATE.
Le discours vrai sera celui qui dit les choses comme elles sont, le
faux comme elles ne sont pas.
HERMOGÈNE.
Oui.
SOCRATE.
Il est donc possible de dire par le discours ce qui est et ce qui n'est
pas.
HERMOGÈNE.
Sans contredit.
(385c) SOCRATE.
Se peut-il qu'un discours soit vrai dans son entier et ne le soit pas
dans ses parties?
HERMOGÈNE.
Non, ses parties sont vraies aussi.
SOCRATE.
Toutes ses parties, ou bien les plus grandes seulement, et non les
plus petites?
HERMOGÈNE.
Toutes à mon avis.
SOCRATE.
Trouves-tu qu'il y ait dans le discours une partie plus petite que le nom?
HERMOGÈNE.
Nullement : c'est la plus petite.
SOCRATE.
Ainsi le nom peut faire partie d'un discours vrai.
HERMOGÈNE.
Oui.
SOCRATE.
Et cette partie sera vraie, de ton aveu?
HERMOGÈNE.
Oui.
SOCRATE.
Et la partie d'un discours faux n'est-elle point fausse?
HERMOGÈNE.
J'en conviens.
SOCRATE.
Un nom peut donc être vrai ou faux, dès que le discours peut être
l'un ou l'autre ?
(385d) HERMOGÈNE.
D'accord.
SOCRATE.
Mais le nom de chaque chose est celui que chacun dit?
HERMOGÈNE.
Oui.
SOCRATE
Chaque chose aura-t-elle donc autant de noms que chacun lui en
donnera, et seulement dans le temps qu'on les lui donnera?
HERMOGÈNE.
En effet, Socrate, il n'y a pas pour moi d'autre propriété dans les
noms, sinon que je puis appeler une chose de tel nom que je lui donne à
mon gré, et que tu l'appelleras si tu veux de tel autre, que tu lui donneras
de ton côté. Ainsi je rencontre, (385e) dans des villes différentes,
différents noms pour désigner un seul et même objet, et cela chez les
Grecs entre eux et entre les Grecs et les Barbares.
SOCRATE.
Voyons, Hermogène ? penses-tu aussi que les êtres n'aient qu'une
existence relative à l'individu qui les considère,
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